Homélie du 1er dimanche de l’Avent
Abbé Jean Compazieu | 22 novembre 2020Le Seigneur vient…
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En ce premier dimanche de l’Avent, nous entrons dans une nouvelle année liturgique. Au fil des semaines, elle nous conduira jusqu’à Noël. Puis nous suivrons le Seigneur dans les diverses étapes de sa vie publique, sa mort et sa résurrection. Nous nous rappelons que le mot Avent signifie avènement. L’Avent, c’est le temps de la venue du Seigneur. Nous chrétiens, nous pensons tous à Noël. Nous espérons pouvoir nous rassembler à l’église pour chanter la naissance du Messie. C’est un tournant absolument essentiel dans l’histoire de notre monde.
Le Cardinal Eyt disait que nous ne sommes pas deux mille ans après Jésus Christ mais deux mille ans avec Jésus Christ. Son amour ne cesse de nous accompagner. C’est aujourd’hui que le Christ continue à venir dans notre vie. Et l’Évangile de ce dimanche nous annonce qu’il est aussi celui qui reviendra. En ce jour, nous recevons des appels à veiller et à préparer activement ce grand retour.
Dans la première lecture, Isaïe nous annonce un message d’espérance. Il faut savoir qu’il s’adresse à un peuple humilié, écrasé et dispersé. Il lui fait comprendre que tous ces malheurs viennent de son éloignement du Seigneur. Il se trouve errant, hors des chemins de celui qui agit en sa faveur. Mais quand tout semble désespéré, il y a toujours des hommes et des femmes pour rallumer le feu sacré de l’espérance. Dieu n’abandonne pas son peuple. L’annonce de cette bonne nouvelle se trouve réalisée avec la venue de Jésus. Il se présente à nous comme le chemin, la vérité et la vie. Ce message nous rejoint dans les épreuves qui accablent les plus faibles. Dans un monde où le désespoir est plus mortel que jamais, nous sommes le peuple de l’espérance.
Celui qui nous fait tenir fermes c’est Jésus lui-même. C’est cette bonne nouvelle que nous annonce l’apôtre Paul. Il nous fait comprendre que l’espérance est pour lui “la mémoire de l’avenir”. Il sait en effet avec certitude que notre avenir c’est le Christ glorieux. Au jour fixé par le Père, il nous introduira dans son Royaume. C’est ce grand retour du Christ que nous attendons dans la foi. Pour communier à la gloire de cette fête, saint Paul nous recommande d’être irréprochables. Nous sommes invités à vivre en communion permanente avec le Christ. Il est là, au cœur de nos vies pour nous accompagner et nous affermir dans la foi.
Dans l’Évangile, Jésus insiste très fortement sur cet appel à veiller ; “Prenez garde”, nous dit-il. Cela ne signifie pas “Méfiez-vous”. Nous ne devons pas nous méfier de la venue du Seigneur qui sera la plus grande des joies. Le plus important c’est de contempler sa venue d’une manière nouvelle. Nous devons donc demander la guérison du regard pour pouvoir veiller comme le Seigneur nous demande de le faire. C’est l’amour que le Seigneur veut faire grandir en nous, un amour vigilant et attentif. Nous sommes comme le serviteur qui attend son maître en pleine nuit. Il est important que nous donnions le meilleur de nous-mêmes. Son projet doit être le nôtre. Les hommes de notre monde ne s’intéresseront vraiment au Christ que s’il passionne ses disciples.
C’est pour cela qu’il est important de rester en éveil. Le Seigneur ne veut pas que nous nous laissions emporter par tous ces tourbillons qui risquent de nous disperser. Notre horizon c’est celui de Pâques, c’est celui de la victoire du Christ sur la mort et le péché. Ce retour du Seigneur, nous le préparons comme une grande fête. Nous sommes comme des serviteurs qui attendent leur maître en pleine nuit. Il nous faut absolument être prêt à l’accueillir.
On entend dire que le plus important à Noël, c’est de pouvoir se retrouver en famille. Oui, bien sûr, mais pour nous chrétiens, c’est tout autre chose. Noël, c’est d’abord Jésus qui est venu, qui vient et qui reviendra. Toutes les crèches sont là pour nous parler de cette venue. Elles nous rappellent que Dieu nous rejoint dans notre nuit. Il se fait “Emmanuel”, Dieu avec nous. Avec lui, c’est la bonne nouvelle qui est annoncée à tous ceux et celles qui n’en peuvent plus de souffrir de l’exclusion et de la solitude.
Vivre le temps de l’Avent c’est accueillir le Sauveur qui vient faire naître en nous une grande espérance. Restons éveillés pour ne pas manquer ce grand rendez-vous. Sur ce chemin de l’Avent, le Seigneur est là. Il se fait notre compagnon de route et notre nourriture. Il est Celui qui nous annonce notre délivrance. C’est pour cette raison qu’il nous recommande de rester éveillés et de prier. Chaque matin est une retrouvaille de Jésus Christ et de son Évangile. On reprend la résolution d’être attentifs à Dieu, à notre tâche et aux personnes que nous allons rencontrer. Et surtout, ne lâchons jamais la prière. Grâce à elle, nous pourrons rester éveillés pour ne pas manquer ce rendez-vous.
En ce monde assoupi dans l’injustice et l’indifférence, nous demandons au Seigneur qu’il ne laisse pas le sommeil nous gagner. Qu’il dirige nos regards vers Celui qui vient faire fleurir la paix et la vie. Qu’il nous aide à devenir les veilleurs de notre humanité. C’est là, au cœur de notre vie de tous les jours, que nous voulons l’accueillir.
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Sources : Revues liturgiques – Homélies pour l’Année B (Amédée Brunot) – Homélies du dimanche Année B (Monseigneur Léon Soulier) – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP Bagot), Entretiens du dimanche (Noël Quesson), Homélies pour l’année B (A Brunot), Commentaire de Claire Patier
Avec ce premier dimanche de l’Avent, nous entamons une nouvelle année liturgique, année ‘B’. En ce début du nouveau cycle, l’Église nous fait revivre le temps de l’espérance du salut porté par le peuple d’Israël. Au fur et à mesure que nous avancerons dans le temps de l’Avent, la liturgie nous fait entendre les annonces de la venue du Messie à travers les trois grandes figures de la Bible que sont Isaïe, Jean-Baptiste et Marie. Isaïe parce qu’il est le chantre de l’espérance et de la joie messianique, Jean Baptiste parce qu’il désigne le Messie et Marie parce qu’elle est celle en qui Dieu a pris chair en ce monde. La liturgie de ce dimanche nous fait entendre le soupir d’impatience d’Isaïe dans la première lecture : « Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes seraient ébranlées devant ta face… » L’attente déchirante du peuple juif d’un Sauveur.
À présent, le Messie tant attendu est déjà là. Nous n’avons plus à ‘guetter le ciel’, mais ce temps de l’Avent, et même au-delà de cette période, c’est une invitation à préparer notre âme pour accueillir Dieu dans notre vie. Une attente active. On retrouve cet état d’esprit dans plusieurs paraboles des Évangiles : celle des vierges attendant l’arrivée de l’époux (Mt 25:1-13), celle des serviteurs attendant le maître à son retour de noces (Lc 12:36-40)… Et toujours, cette conclusion : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. » (Mt 25:13) Jésus nous exhorte à la vigilance : « Veillez ! » Être vigilant pour ne pas se laisser surprendre et perdre de vue l’objectif principal. Attentif au moindre signe de la présence de Dieu à travers les événements qui peuvent survenir au cours de notre existence et surtout prêt au moment crucial de notre vie. « Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment. » Veiller, ce n’est pas être sur le qui-vive, énervé et inquiet mais c’est prendre le temps de nous arrêter, de faire silence et retrouver le chemin de paix intérieur. Un temps de pause pour se réorienter dans la bonne direction pour mieux avancer. Veiller, c’est rester actif et se projeter vers l’avenir. C’est précisément le principal message de Jésus pour ce premier dimanche de l’Avent : « Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »
Le temps de l’Avent est comparable à la durée nécessaire pour construire un projet. Au départ, on définit les objectifs à atteindre, puis élabore un plan d’avancement en tenant compte des imprévus ou une réalité difficile à anticiper. Ensuite, on reste vigilant pour ne pas se laisser surprendre et veille à son bon achèvement. Cette feuille de route est un peu comme une page blanche qu’il nous appartient de remplir, de bien remplir surtout. Chacun de nous a en lui des réserves d’énergies nécessaires prêtes à se détendre, du désir de s’investir dans les projets les plus variés. Seulement voilà, tout le monde n’a pas la même détermination ! Tous n’ont pas le même état de veille et de vigilance ! Car, pour beaucoup d’entre nous, la vie suivra son cours, tranquille et régulière dans la routine du train-train quotidien. D’autres, se laisseront entraînés jour après jour dans le tourbillon de la vie, tête baissée, échine courbée…
‘Veiller’, c’est vivre intensément tout en étant prêt à faire face à l’imprévu. C’est dans la réalité du présent que l’on peut s’éveiller à la beauté et aux merveilles qui nous entourent.
‘Veiller’, c’est rester lucide à l’aventure humaine. C’est ouvrir largement notre cœur aux valeurs de l’amour et à la solidarité. Découvrir la présence de Dieu à travers le prochain.
‘Veiller’, c’est prendre garde à ne pas passer à côté du vrai sens de la vie. C’est se recentrer sur l’essentiel, libérant ainsi de l’espace dans notre âme pour accueillir Dieu.
‘Veiller’, c’est enfin se tenir prêt à accueillir en nous ce que saint Paul appelle les fruits de l’Esprit : « L’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi. » (Galates 5:22-23.)
En ce temps de l’Avent, prenons le temps nécessaire pour réorienter notre vie vers Celui qui est notre Chemin, notre Vérité et notre Vie. Tenons notre cœur en éveil, prêt à accueillir Celui qui vient. Cette année, spécialement en ce temps de crise, préparons Noël autrement ! La fête de la Nativité nous rappelle que Dieu vient à notre rencontre dans une extrême simplicité. Revenons aux valeurs essentielles de partage et fraternité. Que l’Amour de Dieu soit au plus profond de notre cœur, au plus profond de nos relations avec nos prochains !
Nguyễn Thế Cường Jacques
Merci pour vos passionnants commentaires et je suis tout à fait d’accord avec les propos du Cardinal Eyt. veillons comme l’explique si bien Jacques.