Le Baptême du Seigneur
Abbé Jean Compazieu | 3 janvier 2021Immergé dans le monde pécheur
Textes bibliques : Lire
Dimanche dernier, nous fêtions l’Épiphanie du Seigneur. Cette fête nous a rappelé comment Dieu s’est manifesté à des mages, des hommes qui étaient totalement étrangers à la foi mais qui se sont mis en route vers “le roi des juifs.” Trente ans plus tard, nous arrivons au baptême de Jésus. C’est sa première manifestation publique. C’est le premier dévoilement aux yeux de tous de ce qu’il est réellement. Beaucoup ne voient en lui qu’un homme comme les autres. Aujourd’hui, c’est Jean Baptiste qui nous le fait connaître : “Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales.”
Les textes bibliques qui précèdent l’Évangile nous préparent à accueillir son message. Nous avons entendu le prophète Isaïe : son message a été écrit pour des exilés. Après quarante ans d’exil, certains n’étaient pas très décidés à rentrer en Palestine. Isaïe leur annonce que la Parole de Dieu est efficace. La terre promise comblera tous leurs besoins. L’alliance entre Dieu et son peuple continuera. Mais pour que cette alliance soir possible, il faut une réponse effective de le part des hommes : “Prêtez l’oreille, écoutez, cherchez, que le mécréant revienne vers le Seigneur, mes pensées ne sont pas vos pensées…” C’est ainsi que le prophète nous prépare à accueillir les fruits du baptême.
Dans la seconde lecture, saint Jean nous parle de l’Esprit Saint, de l’eau et du sang. L’Esprit de Pentecôte témoigne de la condition divine du Christ. Du baptême jusqu’à la croix, nous découvrons en lui le Fils de Dieu. Il nous rejoint dans notre humanité. Comme le disait le pape Jean-Paul II, il est celui qui a donné les hommes à Dieu et Dieu aux hommes. Et dans l’Évangile de saint Jean, nous lisons que Dieu a tellement aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique.
L’Évangile de saint Marc nous rapporte l’événement du baptême de Jésus. Ce baptême donné par Jean Baptiste était un geste de pénitence. Ceux qui demandaient à le recevoir manifestaient qu’ils se reconnaissaient pécheurs. Ils étaient plongés dans les eaux du Jourdain et en ressortaient purifiés. Cette démarche les engageait sur la route d’une véritable conversion. Or voilà que Jésus est là. Il se tient au milieu de tous ces gens qui demandent à Dieu de les apaiser. Bien sûr, lui, le Fils bien-aimé du Père n’avait pas de péché à se faire pardonner. Alors pourquoi demande-t-il à recevoir ce baptême de conversion ?
Certains répondent qu’il a voulu donner l’exemple. C’est sans doute bien, mais il nous faut aller plus loin. La démarche de Jésus a une signification unique. Il faut savoir que le mot “baptême” signifie “plonger”. Au jour de son baptême, Jésus, pur de tout péché, a été plongé dans l’eau du Jourdain. Il en est ressorti porteur de tout le péché du monde. Il l’a pris sur lui pour nous en libérer. Quant à nous, au jour de notre baptême, nous avons été immergés dans l’amour qui est en Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. Ce jour-là, Jésus nous a dit : “Tu es mon enfant bien-aimé.”
Jésus n’avait pas besoin de ce baptême donné par Jean Baptiste. Il n’avait pas de péché à se faire pardonner. Mais il a tenu à rejoindre tous les hommes pécheurs. Il a pris sur lui tous leurs péchés et toutes leurs misères. Avec nous, il porte sa croix et nous la portons avec lui. Notre vie peut être marquée par bien des faiblesses, des histoires tourmentées ou malheureuses. Mais le Seigneur est là. Il nous rejoint. Avec lui, c’est l’espérance qui renaît. La bonne nouvelle est annoncée aux pauvres, les pécheurs sont pardonnés, les malades sont guéris et relevés. Quand Jésus est là, plus rien ne peut être comme avant.
Le baptême de Jésus a été le point de départ de sa mission. Tout au long de son ministère, il a annoncé la bonne nouvelle aux pauvres, il a pardonné, guéri, relevé. Il a fait renaître l’espérance là où il n’y en avait plus. Comme lui, nous sommes envoyés dans le monde pour déchirer le voile qui empêche les hommes de reconnaître qu’ils sont les enfants bien-aimés du Père. Il suffit parfois de peu de choses : un regard d’amour pour celui qui n’arrive plus à s’aimer, un geste de solidarité pour celui qui n’a plus rien, une démarche de pardon pour celui qui nous a blessés ou que l’on a blessé, une marque de très grand respect pour celui qui est méprisé et qui n’arrive plus à se respecter lui-même. Ces gestes de solidarité sont très importants. Ils contribuent à faire déchirer ce qui empêche de savoir qu’ils sont les fils bien aimés du Père.
L’eucharistie qui nous rassemble chaque dimanche est le sacrement de la “nouvelle alliance” entre Dieu et les hommes. C’est pour cela qu’elle est si importante pour nous. Elle est “source et sommet de toute vie chrétienne et de toute évangélisation. Le Seigneur ne cesse de rejoindre les communautés rassemblées en son nom. Il nous suffit d’accepter que l’amour de Dieu nous habite.
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Sources : Revues liturgiques, Dimanche en Paroisse, Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP. Bagot), Homélies pour l’année B (Amédée Brunot),
« En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. » (Mc 1:9) Jésus commence sa mission par ce geste humble dans l’eau du Jourdain. Lui, sans péché, vient nous rejoindre là où nous sommes par un symbole de repentance ! Il veut partager notre condition humaine pour nous montrer le nouveau chemin à emprunter pour aller vers Dieu. Mais dès que Jean le voit s’approcher, il perçoit en cet Homme « l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. » (Jn 1:26) Saint Luc, dans le livre des Actes des Apôtres précise que le baptême de Jean n’est qu’un baptême de pénitence, il prépare le peuple de Dieu à la conversion pour accueillir dignement le Messie. « Jean donnait un baptême de conversion : il disait au peuple de croire en celui qui devait venir après lui, c’est-à-dire en Jésus. » (Actes 19:4)
La fête du Baptême de Jésus nous invite à réfléchir sur notre baptême, le point de départ de notre chemin de foi. ‘La fête du Baptême du Seigneur est une occasion propice pour renouveler avec gratitude et conviction les promesses de notre baptême, en nous engageant à vivre quotidiennement en cohérence avec lui’ nous dit le pape François dans son ‘ANGELUS’ à la Place Saint-Pierre le 13 janvier 2019. ‘Ce n’est donc pas une formalité ! C’est un acte qui touche notre existence en profondeur’. Le baptême nous immerge dans la grande assemblée des chrétiens en route vers Dieu. Il ne doit pas être considéré comme une tradition familiale ou une simple inscription dans un registre.
Chrétien d’aujourd’hui, comment je vis ma foi ? Ai-je l’ardeur de témoigner aux yeux du monde ma conviction religieuse dans ma façon de vivre les valeurs chrétiennes ? Le fait d’être assidu à la messe du dimanche ne fait pas de moi ‘un bon chrétien’. Car, quand la routine s’installe, la quête spirituelle s’égare en recherche émotionnelle. Quand la pratique religieuse n’est qu’un rituel à suivre, la foi perdra de son intensité. La foi est un don de Dieu ! Mais si elle est mal entretenue, fatalement, elle se dessèche.
Pour les chrétiens volontiers appelés ‘non-pratiquants’, le baptême n’est qu’un passage obligé ! Ils étaient baptisés ‘sans leur consentement’ ! Chrétiens ou non, pour eux, le baptême ne fait aucune différence. Ils s’éloignent de la pratique communautaire de la foi. Pour d’autres, la religion se vit en sourdine, d’une manière frileuse, se contentant du minimum de pratique quand cela les arrange ! Nous entendons souvent cette phrase dans certaines conversations : ‘Nous sommes croyants mais pas pratiquants.’ Pour ceux-là, est-ce si important que cela de participer aux cérémonies religieuses ? Ne vaut-il pas mieux ‘vivre en chrétien’ toute la semaine ? Et c’est là que les choses s’embrouillent ! Vivre sa foi, c’est laisser le Christ entrer dans son existence et faire de l’Évangile la règle concrète de sa vie. Vivre sa religion suppose la connaissance de son histoire, de ses enseignements. Et comme toute chose, une pratique régulière favorise l’intégration de ses valeurs. Une culture religieuse éclairée nous aide à mieux intérioriser les valeurs chrétiennes pour orienter notre vie. Sans la pratique, cet idéal s’émousse ! On ne sera plus chrétien que de nom. En harmonie avec Dieu et son entourage, le chrétien s’ouvre davantage à la société. Il est le sel et la lumière de son milieu de vie. Nous sommes invités à faire rayonner les valeurs chrétiennes à travers le monde. « Que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5:16)
Au jour de notre baptême, le Père nous dit : « Tu es mon enfant bien-aimé. » Vivons donc notre foi en bien-aimés de Dieu. La religion n’est pas un joug qui nous pèse mais un chemin spirituel d’épanouissement ! « Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est aisé, et mon fardeau léger. » (Mt 11:29-30) Nous nous rappelons de l’homélie désormais célèbre du pape Jean Paul II au Bourget le 1er juin 1980 : « Alors permettez-moi, pour conclure, de vous interroger : ‘France, Fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?’ Permettez-moi de vous demander : ‘France, Fille de l’Église et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse éternelle ?’ » Cette interpellation concerne chacun de nous personnellement !
Nguyễn Thế Cường Jacques
Je suis heureuse de retrouver vos écrits père Jean, Jacques et soeur Claire, après une double opération de la cataracte. Que votre semaine soit paisible et riche en contacts virtuels et réels.
Je vous souhaite un bon rétablissement
Jacques NGUYEN
Une homelie enrichissante pour cette occasion !