Homélie du 5ème dimanche du carême
Abbé Jean Compazieu | 13 mars 2021
Nous voudrions voir Jésus
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Tout au long de ce Carême, nous entendons la Parole de Dieu qui ne cesse de nous appeler à revenir vers lui. Avec la première lecture, nous découvrons qu’il a fait alliance avec son peuple. Mais ce dernier n’a pas respecté le contrat. Il a préféré faire confiance à d’autres divinités ou même à sa propre force. En se détournant de son Dieu, il rejette sa protection ; il court à sa perte. Ce texte est toujours d’actualité. Il nous renvoie à notre vie et à celle de notre monde. La tentation est grande de se tourner vers d’autres dieux qui s’appellent argent, recherche du pouvoir, désir de posséder toujours plus. Mais le prophète continue à nous renvoyer à l’essentiel : le Seigneur mettra sa loi au fond de nous-mêmes. C’est en nous tournant vers lui que nous trouverons le vrai bonheur.
Or voilà que dans l’évangile de ce dimanche, nous voyons cette promesse en train de se réaliser. Quelques grecs venus à Jérusalem vont trouver Philippe pour lui dire : Nous voudrions voir Jésus. Ce dernier va le dire à André et tous deux vont le dire à Jésus. Ces Grecs, ce sont des étrangers. Ils nous font penser aux mages venus d’Orient pour se prosterner devant lui. C’est une manière de dire que la bonne nouvelle annoncée par le prophète n’est pas réservée aux seuls membres de son peuple. Elle est offerte à tous les hommes de tous les pays et de toutes les générations. Comme Philippe et André, nous venons à Jésus pour lui présenter tous ces hommes et femmes en quête de vérité. C’est cela qui doit orienter notre prière.
En réponse, Jésus leur propose de le voir dans sa gloire. Et sa gloire, c’est la croix. Nous allons entrer dans la grande Semaine Sainte. C’est l’heure que Jésus attend depuis le début de sa mission. Ces grecs vont voir un homme comme les autres hommes, affreusement bouleversé de perdre sa vie. Ils verront la mort de Celui qui est l’auteur de la vie, un homme élevé au-dessus de tous et cloué sur une croix. Ce Jésus élevé de terre connaîtra la gloire puisqu’il attirera tous les hommes à lui.
Nous voudrions voir Jésus… Oui, c’est vrai. Mais c’est surtout lui qui voudrait nous voir et nous attirer à lui. Or trop souvent, c’est nous qui lui tournons le dos. C’est ce qui se passe chaque fois que nous organisons notre vie en dehors de lui. Nous n’accueillons pas l’amour qui est en lui. Nous voyons bien ce que cela donne. Nous assistons à des conflits qui n’en finissent pas de durcir les cœurs. Nous avons besoin de quelqu’un qui nous aide à sortir de la logique de la rancune et de la haine. Seul Jésus peut nous apprendre à aimer comme lui et à pardonner. Lui seul peut nous délier du mal.
“Nous voudrions voir Jésus.” L’évangile nous dit que nous devons le reconnaître là où nous ne pensions pas le trouver et sous les traits que nous n’avions pas imaginés. Il est dans ce malade que nous ne pouvons pas visiter sur son lit d’hôpital à cause de la pandémie ; il est dans ceux qui, à cause de la crise, n’ont plus de travail, plus de logement, plus d’espérance. Tout ce que nous faisons pour le plus petit d’entre les siens, c’est à lui que nous le faisons.
Alors c’est vrai, cela vaut la peine d’aller à sa rencontre. Avec lui, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres, aux prisonniers et aux exclus de toute sorte. Il est celui qui fait miséricorde aux pécheurs. Son salut est offert à tous. Lui-même nous dit qu’il n’est pas venu pour juger le monde mais pour le sauver. Son Évangile est un message d’espérance et d’amour qu’il faut proclamer à temps et à contretemps.
Ce Jésus que nous voudrions voir est aussi aux côtés de ceux et celles qui s’engagent dans la lutte contre la misère. Chaque année, des hommes, des femmes et des enfants s’organisent en lien avec le CCFD Terre solidaire pour faire de ce dimanche une journée de prière, de partage et de collecte d’informations sur les peuples du monde. Des chrétiens prennent l’initiative de jeûner et de se priver pour mieux partager avec les plus pauvres. En raison de leur situation précaire, ces derniers savent bien que l’homme ne peut pas s’en sortir seul. C’est pourquoi, un peu partout dans le monde, des gens s’organisent pour vivre différemment. Ils veulent construire une Église qui se met au service des autres. C’est cette Église-là qui nous permettra de rencontrer Jésus.
Par l’Eucharistie, c’est l’heure de Jésus qui se poursuit. Prions-le pour qu’il nous entraîne dans son amour; cet amour qui va jusqu’au bout.
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D’avance merci à tous
« Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit. » (Jn 12:24) L’étonnante renaissance d’une graine ! Enfoui dans une terre fertile, le grain de blé se désagrège, se décompose mais ne reste pas stérile. Il germe et promet de surcroît une récolte abondante, prête pour la moisson. Une merveille de la nature. Cette Parole du Christ est un véritable hymne à la Vie. Une image marquante pour illustrer le passage de sa Passion à sa Résurrection. La Croix porte en elle le germe de Vie ! Le paradoxe fondamental de la foi chrétienne.
Avec ce cinquième dimanche de Carême, nous nous avançons à grands pas vers Pâques. Jésus commence à ressentir le poids de son sacrifice. Pourtant, résolument, Il va au-devant de ses souffrances. Il est prêt à affronter ce parcours le plus accidenté de sa vie terrestre. Sa mort mènera l’humanité à la Vie. « Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? ‘Père, sauve-moi de cette heure’ ? Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! » (Jn 12:22) La Rédemption passe par ce don suprême. Malgré cette apparence de désarroi avant les événements tragiques de la Passion, l’Évangile de ce dimanche nous prépare à célébrer la Résurrection du Christ, la clé de voûte de notre foi chrétienne. Mais avant de pouvoir renaître spirituellement dans le Christ, nous sommes appelés à nous transformer de l’intérieur et à mourir à nous-mêmes. Ce n’est qu’à cette condition que nous parviendrons à la Vie éternelle. « Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle. » (Jn 12:25) Mourir à soi pour porter du fruit, garder jalousement sa vie c’est rester improductif. Le renfermement sur soi nous conduit à un isolement stérile.
L’égoïsme nous prive de la vraie Vie. Jésus nous invite à sortir de notre individualisme et à nous donner. Le chemin du vrai Bonheur se trouve dans cette ouverture de l’âme. En nous donnant aux autres, nous accédons à la pleine Vie. Ce don de soi stimule notre élan de cœur et relance notre vie spirituelle. Une exaltation au bout des sacrifices ! Mourir à soi-même pour renaître dans le Christ. C’est l’intime conviction de saint Paul : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi. » (Galates 2:20) Le sacrifice du Christ nous montre le chemin de l’Amour. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15:13) La force de sa Résurrection s’exprime à travers tous ceux qui ont la générosité de donner leur vie, ou une partie de son existence, pour faire régner l’Amour et la Paix dans le monde. Même au prix de grands efforts, la générosité est une source féconde d’énergie et de bonheur. Le don de soi nous procure de la joie et apporte en même temps du réconfort à notre entourage. ‘Veux-tu être heureux ? Donne du bonheur.’ (Antoine de Saint-Exupéry) Une magnifique réalité de la vie qu’on oublie si souvent !… Ainsi, vivre Pâques au quotidien, c’est passer de la Croix à la Résurrection, du renoncement à soi à l’ouverture au monde.
Le Carême est dans une période de l’année où la nature se prépare à une renaissance après de longs mois de mûrissement. Autour de nous, la nature s’anime, elle s’est dépouillée de son ancienne carcasse pour renaître plus resplendissante. À l’approche de Pâques, nous sommes invités à nous émerveiller devant cette éclosion éclatante de la Vie. Le temps de Carême nous invite à nous transformer pour nous ouvrir spirituellement à une nouvelle vie bien meilleure. Dépouillons-nous de tout ce qui nous alourdit sur notre chemin vers Dieu. Saint Paul nous recommande : « Il s’agit de vous défaire de votre conduite d’autrefois, c’est-à-dire de l’homme ancien corrompu par les convoitises qui l’entraînent dans l’erreur. Laissez-vous renouveler par la transformation spirituelle de votre pensée. » (Éphésiens 4:23-24) En cette fin de Carême, nous nous préparons à revivre la Passion du Christ dans la perspective de sa Résurrection. La commémoration de sa mort nous rappelle que le chemin de notre salut passe par ce don suprême. En mourant sur la Croix, Jésus nous mène vers la Vie ! Sa Résurrection concrétise son Amour pour les hommes. Jésus nous invite à Le suivre généreusement sur ce chemin : Nous dessaisir de nous-mêmes au profit d’autrui.
Bonne fin de Carême à toutes et à tous ! Que la Vie du Christ resurgisse en chacun de nous. Que son Amour sans limite resplendisse en notre cœur !
Nguyễn Thế Cường Jacques
J”ai trouvé vos commentaires émouvants. Il ne faut pas que j’oublie le CCFD.
Que nos efforts de carême tiennent jusqu’au bout.