Homélie du 6ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 2 mai 2021Sur les chemins de notre humanité sauvée,
écoutons le ressuscité nous dire :
« Je vous appelle mes amis, et je vous envoie. »
Textes bibliques : Lire
La liturgie de ce jour nous présente de magnifiques textes qui nous parlent de l’amour de Dieu et du prochain. C’est un commandement que nous trouvons tout au long de la Bible, surtout dans le Nouveau Testament. “Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour.” Cet amour nous vient du Père. Pour nous atteindre, il passe par le cœur de Jésus. Et il ne demande qu’à passer par le nôtre pour se communiquer à tous ceux et celles qui nous entourent. Jésus nous communique cet amour qui est en Dieu pour le rayonner autour de nous. Grâce à lui et avec lui, nous pouvons travailler à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel.
En y regardant de près, nous voyons bien que ce n’est pas gagné. Nous vivons dans un monde qui souffre de la violence, de l’égoïsme, de l’indifférence, de la misère et des injustices de toutes sortes. En ce jour, le Christ nous invite à mettre plus d’amour et plus de fraternité autour de nous. Cela doit commencer à l’intérieur de nos familles et dans toutes nos relations. Des familles, des voisins qui n’arrivent pas à s’entendre, cela n’est pas acceptable. C’est un contre témoignage. Il est absolument essentiel de ne jamais oublier cette parole du Seigneur : “Demeurez dans mon amour.” Demeurer, cela veut dire : “Installez-vous et restez-y.”
Dans la première lecture, nous voyons que Pierre n’avait pas compris. Pour les juifs convertis au Christ, tout soldat romain était un ennemi national. Tout étranger était exclu de la plénitude de l’Alliance. Il était interdit à tout juif pieux de fréquenter la maison des païens. Les premiers chrétiens partageaient cette façon de voir. L’expansion de l’Évangile devait se traduire dans un premier temps par le rassemblement des douze tribus d’Israël.
Mais l’Esprit Saint fait voler en éclat cette barrière. Pierre doit intégrer dans la communauté des croyants un païen converti. L’Évangile de Jésus Christ est pour tous, même pour ceux qui sont très loin. Cet appel nous rejoint quand avons tendance à juger ceux qui ne sont pas de notre bord. Il y a des paroles méprisantes et blessantes qui sont un obstacle à l’annonce de l’Évangile. Nous oublions que ces personnes ont la première place dans le cœur de Dieu. Elles sont son bien le plus précieux. En les rejetant, c’est contre Dieu que nous péchons.
La lettre de saint Jean (2ème lecture) insiste fortement sur le grand commandement de l’amour : “Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres puisque l’amour vient de Dieu”. L’amour du frère s’enracine dans l’amour dont Dieu nous aime. Il faut le dire et le redire : Dieu nous a aimés, il a aimé le monde pour que nous vivions de la vie divine. Il s’est offert en sacrifice pour le pardon des péchés. Il attend de nous une réponse qui soit à la mesure de son amour pour nous.
En venant à l’Eucharistie, nous accueillons cet amour qui vient de Dieu. En Jésus, il se donne à nous pour que nous vivions. Il ne cesse jamais de faire le premier pas vers nous. Nous n’aurons jamais fini de contempler ces merveilles dans l’histoire de notre monde et dans notre vie.
Dieu nous a créés à son image et à sa ressemblance. Nous ne pourrons accéder à cette image et à cette ressemblance qu’en aimant comme il aime. Ce sont les paroles de Jésus lui-même : “Aimez-vous les uns les autres COMME je vous ai aimés” (Autant que je vous ai aimés). L’amour que nous devons avoir les uns pour les autres nous vient du Père par Jésus. Ce qui est premier, c’est cette affirmation : Dieu est amour. Cet amour, ce n’est pas une simple qualité de Dieu. C’est tout son être qui est amour.
Quant à nous, nous ne sommes pas l’amour, mais nous avons en nous celui qui est l’Amour. C’est pour cette raison que saint Jean écrit : “celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui.” On ne peut pas vivre sans cet amour qui est en Dieu Père, Fils et Esprit Saint. Et cet amour qui vient de Dieu, nous ne pouvons le vivre qu’en passant par les autres.
Il nous appartient d’en tirer toutes les conséquences dans nos familles, nos villages, nos quartiers. Quand un chrétien se propose pour un service, quand il va visiter une personne malade ou un prisonnier, c’est toujours au nom de cet amour qui est en Dieu. Il en est de même quand nous partageons avec les plus pauvres, ceux qui ont tout perdu. C’est toujours une réponse à Jésus qui nous commande de nous aimer les uns les autres. Aimer nous fait ressembler à Dieu.
“Prier pour les autres est la première façon de les aimer et cela nous pousse à une proximité concrète” (Pape François). Alors oui, prions ensemble les uns pour les autres. Que le Seigneur nous rassemble tous dans la paix de son amour.
Télécharger : 6ème dimanche de Pâques
Sources : revues liturgiques – Lectures bibliques d’un vieux prêtre de Montpellier (anonyme) – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP. Bagot) – Ta Parole est ma joie (Joseph Proux)
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D’avance merci à tous.
La voie de l’Amour, c’est l’épine dorsale de la ‘Bonne Nouvelle’. Aimer Dieu et vivre en harmonie avec son prochain. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. […] Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » (Mc 12:29-31) Cette Parole de Jésus résume l’ensemble de son enseignement. L’Amour c’est la doctrine la plus simple du monde. Jésus nous invite à le vivre pleinement et à le faire rayonner autour de nous. Notre foi en Dieu se traduit concrètement dans le lien étroit entre nous. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 15:12) « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13:35) Dans sa lettre aux premiers chrétiens, saint Jean insiste bien sur ce point essentiel : « Si quelqu’un dit : ‘J’aime Dieu’, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. » (1 Jean 4:20)
Au début de l’évangélisation au Vietnam, la population ne connaissait pas encore très bien ce mouvement religieux venu d’Occident et s’étonnait de voir un grand nombre de personnes de tout âge et de toute condition sociale préférer souffrir la prison, les tortures et la mort plutôt que de fouler aux pieds la Croix et faillir ainsi à leur foi. Sidérés, les gens se demandaient : ‘Quelle est donc cette religion ?’ Dans un rapport daté du 31.12.1632, après cinq ans d’évangélisation à Thăng Long, aujourd’hui Hanoi, le père jésuite Gaspar d’Amaral écrivait : « Les chrétiens d’ici comptent plus d’un millier, ils s’entr’aiment tant que ceux d’alentour, ne sachant pas encore comment les nommer, mais ayant bien vu comment ils vivent, les ont appelés ‘ceux qui suivent la religion de l’amour mutuel.’ » (Cf. rapport annuel signé par Gaspar do Amaral – ‘Lisbonne, Biblioteca da Ajuda, collection Jesuitas na Ásia’, volume 49/V/31, fol. 219v) ‘La religion de l’amour mutuel.’ Un merveilleux éloge aux premiers chrétiens du Vietnam qui laissaient transparaître l’essence de la foi chrétienne. Un magnifique témoignage que ces martyrs ont rendu à la Parole de Jésus que nous méditons aujourd’hui : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Cela nous rappelle l’expérience de l’Église primitive de Jérusalem décrite dans les Actes des Apôtres : « Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun. » (Actes 2:44-45) « La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. » (Actes 4:32)
L’amour vécu comme un don de soi ! « La foi sans les œuvres est morte. » (Jacques 2:26) le dit saint Jacques. La foi en action. Et beaucoup cultivent ce courage au quotidien. Cette abnégation suscite le respect. Car il arrive des fois qu’on accomplisse un service plus par devoir que par enthousiasme. Et pourtant, malgré la fatigue et les embûches du chemin parcouru, on en revient régénéré ! En effet, le fondement de l’Amour réside, non seulement dans les sentiments ou les paroles, mais aussi dans le dévouement. Il est facile d’être ami quand tout va bien, mais la vraie amitié se révèle quand les problèmes surgissent. « Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » (Mt 25:35-36) L’amour véritable requiert sacrifice, abnégation et fidélité. Il demande un investissement en temps d’écoute, de partage, de réflexion et de préparation… La gratuité du don. Certes, cet élan de cœur n’est pas sans effort, mais quel bonheur de voir les gens heureux et rayonnants de joie autour de soi. Prendre du temps pour se mettre à l’écoute et aider les gens en difficulté semble parfois contraignant, exigeant et pourtant cela peut procurer une paix intérieure. Jésus nous invite à bâtir une société heureuse et réconciliée où il peut introduire l’Amour. Un amour généreux et pleinement fraternel. Cet Amour là vaut la peine d’être vécu !
En ce jour, faisons nôtre la prière de saint François d’Assise :
« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. Là où est la haine, que je mette l’amour. Là où est l’offense, que je mette le pardon. Là où est la discorde, que je mette l’union. Là où est l’erreur, que je mette la vérité. Là où est le doute, que je mette la foi. Là où est le désespoir, que je mette l’espérance. Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière. Là où est la tristesse, que je mette la joie. »
« Ô Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimé qu’à aimer. Car c’est en se donnant qu’on reçoit, c’est en s’oubliant qu’on se retrouve, c’est en pardonnant qu’on est pardonné, c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »
Nguyễn Thế Cường Jacques
Merci à tous les deux pour votre très beau plaidoyer sur l’amour que nous devons nous porter entre nous.
J’ai lu l’article JESUS EST RESSUSCITE et j’ai eu un gros coup de coeur pour la magnifique chanson d’EVARISTE.
Bonne semaine à tous;