Homélie du 15ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 4 juillet 2021Mission sans frontières
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Les textes bibliques de ce dimanche nous présentent des hommes qui ont été appelés et envoyés par le Seigneur. Il est hors de question d’être ses missionnaires sans être appelés par lui. Le message qu’ils doivent proclamer ne vient pas d’eux mais du Seigneur. Un prophète c’est d’abord quelqu’un qui a pour mission de parler de la part de Dieu.
Nous avons tout d’abord le témoignage d’Amos ; il vivait au 8ème siècle avant Jésus Christ. C’était un simple agriculteur qui n’avait aucun lien avec les fils de prophète. Lui-même n’était pas fait pour ce métier. Mais un jour, il a été saisi par le Seigneur alors qu’il était derrière son troupeau. Il a été appelé et envoyé par le Seigneur pour dénoncer les magouilles des hommes politiques de son temps. Malgré les menaces, il ne se laisse pas intimider. Dans un langage vigoureux et rugissant, il s’efforce de secouer le monde de son temps. Il prend le parti des pauvres et des laissés pour compte.
Les injustices dans le monde sont toujours bien présentes. Mais Dieu continue à susciter des prophètes pour crier que le pouvoir de l’argent ça suffit. Ce qui est premier, c’est le respect de la dignité de l’homme, le respect des familles, le droit au logement et à la nourriture. Comme au temps d’Amos, des prophètes sont là pour dénoncer les causes de la misère et de la faim. À travers eux, c’est le Seigneur qui nous appelle à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel. Il ne peut supporter de voir ses enfants souffrir des injustices et de l’intolérance.
Saint Paul a, lui aussi, été “saisi” par le Seigneur pour annoncer l’Évangile. Et aujourd’hui, il rend grâce pour le chemin parcouru. Le projet de Dieu est en train de se réaliser. Des communautés chrétiennes sont nées et se sont développées malgré les persécutions. Saint Paul s’est dépensé sans compter pour la mission mais il reconnaît que Dieu l’a précédé. Sans l’action de l’Esprit Saint, rien n’aurait été possible. C’est pour cette merveille que saint Paul rend grâce. Et nous-mêmes, nous nous unissons à cette prière d’action de grâce. Le Seigneur est toujours là, au cœur de nos fies, toujours présent et agissant.
L’évangile commence aussi par un envoi en mission. Cet appel nous rejoint en période de vacances. Beaucoup partent pour rechercher l’évasion et le repos. C’est vrai que les vacances sont loin d’être un départ en mission. Et pourtant, nous sommes appelés à être des disciples et des messagers de Jésus, toujours et partout. Il n’y a pas de vacances pour un cœur qui aime. Alors, en vacances ou non, Dieu nous envoie pour être les témoins et les messagers de son amour.
“Jésus appelle les Douze et pour la première fois, il les envoie deux par deux.” Pourquoi deux par deux ? C’est une manière de rappeler que les commandements de la charité sont deux : l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Celui qui n’a pas la charité n’est pas qualifié pour entreprendre un ministère de prédication. Comprenons bien : Jésus nous envoie porter au monde un message d’amour. Nous devons en donner le témoignage par notre amour fraternel. C’est là le premier moyen d’apostolat ; et c’est le plus efficace : “On vous reconnaîtra pour mes amis si vous vous aimez les uns les autres. La mission a besoin du témoignage de foyers unis, de voisinage solidaire et compréhensif et de chrétiens vivant en frères entre eux.
“Il leur donne pouvoir sur les esprits mauvais…” La mission que Jésus nous confie n’est pas facile. Le tentateur est toujours à l’œuvre ; il ne prend jamais de vacances. Le mal existe autour de nous et en nous. Cela ne doit pas nous décourager : le Seigneur nous demande de rester vigilants. Le meilleur moyen c’est de rester sans cesse relié à lui comme le sarment à la vigne. C’est à ce prix que notre mission portera du fruit. Une fois de plus, le Seigneur se sert de notre faiblesse pour réaliser de grandes choses.
La suite de l’évangile va dans le même sens : Jésus demande à ses envoyés de ne rien emporter pour la route si ce n’est un bâton, de n’avoir ni pain, ni sac, ni pièce de monnaie. La mission qui nous est confiée n’est pas notre affaire personnelle mais la sienne. Nous ne devons rien emporter de nous ni compter sur nous. “Ne revêtez pas deux tuniques…” Il ne s’agit pas de la tunique de rechange mais de celle que l’on voudrait mettre par-dessus l’autre dans un souci d’adaptation au monde. Nous ne sommes pas envoyés pour dire ce qui plaît au monde mais pour annoncer le message de l’Évangile. L’important c’est de nous rappeler que nous sommes baptisés en Christ et plongés dans son amour. De ce fait, nous avons revêtu le Christ. (Ga 3, 27)
Nous sommes tous appelés et envoyés comme messagers de l’Évangile. Mais si nous voulons être crédibles, il importe que notre vie soit en cohérence avec nos paroles. La véritable conversion doit commencer par nous-mêmes. Alors oui, demandons au Seigneur de nous ramener à l’essentiel : qu’il nous libère de tout ce qui nous encombre ; que la force de sa Parole et le souffle de son Esprit nous rendent disponibles pour être les témoins et les messagers de son message d’amour et de réconciliation.
Télécharger : 15ème dimanche du Temps ordinaire
Sources : Revues liturgiques Feu Nouveau, Fiches dominicales, Cahiers prions en Église, Enseignement de Claire Patier (vidéo)
« Jésus appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. » (Mc 6:7) Jésus envoie ses disciples là où lui-même va se rendre, en leur recommandant la plus grande simplicité. Ses consignes sont précises : « Il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. » (Mc 6:8) Voyager léger et aller au devant des personnes sans a priori pour préparer leur cœur à accueillir ses enseignements ! Sobriété et cordialité.
À première vue, partir en mission sans rien apporter peut nous paraître totalement irréaliste. Comment travailler efficacement sans tout ce qu’il nous faut pour être en mesure de nous débrouiller dans des situations difficiles ? Dans notre mode de fonctionnement, nous prenons bien soin de nous doter avec précaution des moyens nécessaires pour mener à bien un projet ! Bien planifier pour maîtriser l’incertitude, c’est une attitude de prudence que nous adoptons avant de nous lancer dans l’action. Cependant, la recommandation de Jésus « de ne rien emporter pour la route » n’est pas présentée ici en terme d’insouciance mais plutôt comme une manifestation de confiance et d’ouverture. D’ailleurs les disciples ne sont pas invités à mendier, mais simplement à faire le bien, comptant sur la bonté et la solidarité de ceux qui voudront bien les recevoir. Ils ne se présenteront pas comme des ‘autorités’ ayant droit à une récompense ou à un salaire, mais simplement comme des messagers de Dieu. En envoyant ainsi ses disciples, Jésus les amène à prendre leur part dans l’annonce de la ‘Bonne Nouvelle’. Il leur impose ce dénuement pour leur faire comprendre que l’annonce de la Bonne Nouvelle ne repose pas sur l’aisance et l’abondance des moyens, si précieux soient-ils, mais sur la disponibilité de cœur à transmettre ce qu’ils ont appris auprès de Lui.
L’évangélisation est la tâche de tous les chrétiens. Ce que Jésus attend de nous, c’est de faire tout ce que nous pouvons là où Dieu nous place. Témoigner de notre foi avec les moyens qu’il nous donne. C’est à nous de trouver notre chemin sous la lumière et la conduite de l’Esprit. Soyons simples dans nos actions comme dans nos paroles. Laissons Dieu nous éclairer. Engageons-nous en fonction de ce que nous sommes et de ce que nous pouvons donner. N’ayons pas peur de nos faiblesses, c’est par là que Dieu peut toucher d’autres à travers nous. Saint Paul témoigne : « Le Seigneur m’a dit: ‘Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse.’ Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. » (2 Corinthiens 12:9) C’est quand nous sommes faibles que nous devenons forts par la grâce de Dieu.
Pour cette mission, Dieu ne nous demande pas de faire l’impossible. Soyons ouverts à tout ce qui se passe, disponibles à ceux que nous rencontrons et attentifs à leurs attentes. N’hésitons pas à oser proclamer la Parole et mettre en lumière les valeurs chrétiennes. Et c’est ainsi que Dieu a appelé le prophète Amos et l’a envoyé en mission. Il reconnaît sa condition modeste mais a accepté d’être le messager de Dieu : « Je n’étais pas prophète ni fils de prophète ; j’étais bouvier, et je soignais les sycomores. Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : ‘Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël.’ » (Am 7:14-15) Même sans expérience, Amos a su s’adresser à un roi. Il ose entrer en conflit contre les faux prêtres du temple de Béthel. Il trouve les mots qu’il faut pour leur parler, car ce sont les mots de Dieu, des mots sans idéologie, sans mensonge.
Soyons léger de tout superflu pour annoncer avec simplicité la Bonne Nouvelle. Les bonnes conditions peuvent être nécessaires mais pas primordiales. Dieu agit et s’exprime à travers notre sincérité. Nous nous donnons en toute simplicité avec la densité de notre histoire personnelle. L’importance c’est d’être habités par l’Esprit-Saint. Cela implique un détachement de nous-mêmes, de nos biens, de nos idées et de nos certitudes. Ce dénuement est le signe de l’ardeur et de la sincérité de notre engagement. Le messager du Christ est invité à puiser sa force en Dieu, à accepter les risques face aux situations critiques et au jugement des hommes. Il ne s’impose pas par son titre ou par les moyens matériels. Ce qui est primordial, c’est le désir de mettre en avant un Autre que soi-même. Cela nous demande une rupture avec nos habitudes, nos activités habituelles pour ajuster notre manière avec les personnes que nous rencontrons sur notre chemin.
Jésus nous assure de son soutien en toute circonstance : « Quand on vous livrera, ne vous inquiétez pas de savoir ce que vous direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là. Car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. » (Mt 10:19-20)
Nguyễn Thế Cường Jacques
Merci au Père Jean, à Jacques et à Soeur Claire pour vos explications claires.
je suis très très heureuse de savoir que le Pape François va beaucoup mieux : il n’a plus de fièvre, se promène dans le couloir et lit : MERCI SEIGNEUR.
Merci pour vos commentaires sur les lectures de ce 15ème Dimanche ordinaire. Que Dieu vous apporte son assistance pour pouvoir nous nourrir toujours et pour toujours de sa Parole de vie.