Homélie du 31ème dimanche du temps ordinaire (B)
Abbé Jean Compazieu | 24 octobre 2021Dieu te dit : “Écoute”
« Écoute Israël, tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces ». Ces quelques versets de la première lecture sont le cœur de la foi d’Israël. Ils insistent dès le départ sur l’importance de l’écoute. On devait se les répéter chaque jour. Et pourtant, tout au long de l’Ancien Testament, nous voyons que bien souvent, le peuple d’Israël n’a pas su écouter. À plusieurs reprises, les prophètes sont intervenus pour les inviter à entendre la Parole de Dieu et à revenir vers lui.
L’histoire du peuple de Dieu dans l’Ancien Testament est aussi notre histoire personnelle. La Parole de Dieu nous interpelle et nous dérange. Trop souvent, nous nous laissons imprégner par la mentalité et les bruits de ce monde. L’Ancien Testament nous demande d’aimer l’immigré, la veuve et l’orphelin. Nous avons dépassé l’Ancien Testament mais le problème des immigrés reste toujours bien présent. Il suffit de voir comment on en parle. On les laisse se noyer dans la mer. De nombreux enfants sont victimes d’abus et de violences. Notre monde est loin d’être un monde d’amour et de paix, de respect de Dieu et de sa loi.
Les textes bibliques de ce dimanche nous appellent à une vraie conversion : aimer Dieu, aimer notre prochain. L’un ne va pas sans l’autre. La source de cet amour c’est Dieu lui-même. Dans l’Ancien Testament, nous lisons qu’il est celui qui a vu la misère de son peuple et il veut le sauver. L’Évangile va plus loin : Jésus s’y présente comme celui qui est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. C’est pour nous et pour le monde entier qu’il a donné sa vie sur une croix. Il est vraiment celui qui nous a aimés comme on n’a jamais aimé.
Aujourd’hui, nous recevons le grand commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Cela ne peut être qu’une réponse à celui qui fait sans cesse le premier pas vers nous. Mais pour bien accueillir cet amour qui vient de Dieu, nous avons besoin de prendre du recul par rapport à la mentalité et aux bruits du monde. Ce n’est pas pour rien que le Seigneur nous demande d’écouter sa Parole et de la mettre en pratique. Notre attention doit être constamment attirée vers cet appel de Dieu.
Nous sommes donc créés pour aimer. Dieu qui est amour nous a créés pour que nous puissions, nous aussi, aimer et demeurer unis à lui. Nous ne trouverons la vraie joie qu’en aimant. Il ne nous est pas demandé de faire beaucoup de choses. Ce qui est primordial, c’est de vivre dans un esprit filial envers Dieu et fraternel envers les autres. En nous faisant le prochain des autres, nous nous approchons de Dieu qui est amour. Mon prochain, c’est celui dont je me fais proche, celui que je prends le temps de rencontrer et d’écouter. C’est un seul et même amour qui nous attire vers Dieu et vers les autres.
Pour répondre à cet amour infini de Dieu pour nous, nous ne pouvons pas nous contenter d’un « programme minimum », une « petite messe de temps en temps, une « petite prière » le soir. L’amour de Dieu doit prendre toute notre vie, de la tête aux pieds, du matin au soir, de la prime enfance jusqu’aux cheveux blancs. Cet amour doit prendre en compte notre vie intime mais aussi nos responsabilités et engagements collectifs. Rien de ce que nous vivons ne peut lui être étranger.
L’amour du prochain doit être compris à la lumière de l’Évangile. Pour Jésus, c’est clair, le seul véritable amour c’est de donner sa vie pour ceux qu’on aime. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » c’est-à-dire d’un amour respectueux du bonheur de l’autre comme si c’était le nôtre. « Aimer c’est tout donner et se donner soi-même ». Dans l’Évangile de saint Matthieu, nous trouvons cette règle d’or : « Tout ce que vous désirez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux. Chaque Eucharistie nous prépare à cet amour selon Jésus.
En ce jour, la Parole de Dieu nous interpelle. Elle nous invite à changer notre regard sur Dieu et le prochain. Le Christ veut nous entraîner tous à sa suite. Il veut nous apprendre à voir tous nos frères et sœurs avec le cœur même de Dieu. Célébrer l’Eucharistie c’est communier à l’amour du Christ pour le Père et pour chaque être humain. C’est se mettre en disposition d’aimer. En ce jour, nous te prions Seigneur : Envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre. Amen
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Autres approches : Préparons dimanche
Sources : Revues Feu Nouveau et fiches dominicales, Homélies des prochains dimanches (Diocèse de Blois), Les entretiens du dimanche (Noël Quesson), Ta Parole est ma joie (Jseph Proux), lectures bibliques des dimanches (Albert Vanhoye)…
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. […] Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » (Mc 12:30-31) Voilà le meilleur résumé de la Bonne Nouvelle : Aimer Dieu et aimer son prochain. Deux commandements indissociables. Deux conditions inhérentes à l’Amour proclamé par Jésus : offrir à Dieu une place de choix dans notre vie et ouvrir notre cœur à toutes les personnes que Dieu met sur notre chemin. En parcourant les Évangiles, nous pouvons remarquer combien Jésus insiste sur un point capital : le chemin qui mène à Dieu passe par celui de l’amour fraternel. « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13:35)
L’amour, c’est ce que tout le monde recherche dans sa vie. Un vrai amour ! À ce besoin inné se joint toutefois une question : Que mettre sous le mot ‘Amour’ ? À cela s’ajoute encore, pour un chrétien qui s’efforce de mettre en pratique les enseignements de Jésus, la grande question : Qu’est-ce qu’aimer Dieu et aimer le prochain ? Le message de l’Évangile de ce dimanche insiste sur un point important : nous ne parviendrons au grand Bonheur qu’en combinant de la meilleure façon ces deux amours. L’harmonisation entre foi et vie sociale. Savoir déceler la présence de Dieu dans chacun de nos frères et sœurs. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 15:12) nous dit Jésus. L’amour de Dieu n’est pas un concept abstrait, elle s’enracine dans le concret de nos rapports avec les autres. L’amour du prochain vérifie notre attachement à Dieu. La meilleure preuve d’être dans l’intimité de Dieu, c’est l’entente cordiale avec tous ceux qui nous entourent. Ainsi, le culte rendu à Dieu ne Lui sera agréable que si nous sommes en paix avec le prochain : « Lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. » (Mt 5:23-24) La foi chrétienne ne se réduit pas à l’obéissance aux préceptes et à l’exécution fidèle de rites, si nobles soient-ils, elle doit se traduire en actes.
La charité envers son prochain est le reflet de l’intimité avec Dieu. Ce message important de Jésus est maintes fois relayé par les apôtres. Saint Jean explique : « Si quelqu’un dit : ‘J’aime Dieu’, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. » (1 Jean 4:19-20) Saint Paul nous éclaire : « J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. » (1 Corinthiens 13:3) L’Amour ne se limite donc pas à un sentiment éphémère ou à un frémissement du cœur. L’amour sincère ouvre tout notre être à l’existence des autres. Il se mesure au don de soi, à la générosité envers ceux qui nous entourent. C’est notre capacité de les comprendre, de deviner ce qui peut nous rapprocher d’eux. Loin d’être une inclination instinctive, c’est la volonté d’aller vers les autres. À l’heure où la haine se déverse violemment, l’amour est l’arme la plus puissante que nous avons pour construire un monde meilleur. C’est une œuvre de longue haleine, parfois épuisante mais toujours exaltante.
Aimer, c’est ouvrir sa porte à Dieu et à son prochain. C’est y mettre une cale et veiller à ce qu’elle ne se referme jamais. Aimer, c’est ouvrir les bras et fermer les yeux.
Aimer, c’est accepter d’être dérangé par les autres. C’est être capable de dire : ‘Viens faire un tour chez moi’ même si nous n’avons que l’amitié à offrir.
Aimer, c’est des fois être là tout simplement pour que l’autre ne se sente pas seul, même si nous sommes incapables de répondre à ses appels.
Aimer, c’est ouvrir la bouche pour ne dire que la vérité et retenir sa langue afin de ne pas offenser. C’est écouter l’autre et accueillir ses paroles, même si elles sont maladroites.
Aimer, c’est être capable d’encaisser des coups sans vouloir les rendre. C’est accepter de lutter sans écraser les autres. C’est faire la paix et assurer le bonheur autour de soi.
Aimer, c’est être capable d’accepter l’autre tel qu’il est et de pardonner. C’est savoir dire ‘Excusez-moi’ et reconnaître que l’autre peut avoir raison.
Cet amour demande un apprentissage continu et persévérant. C’est un long chemin à parcourir. Mais cette ouverture de cœur est source d’équilibre et de bonheur. Saint Paul nous le décrit : « L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien de malhonnête ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais. » (1 Corinthiens 13:4-8) Un travail de longue haleine. Un projet d’envergure. Bon courage à nous tous !…
Nguyễn Thế Cường Jacques
J’ai beaucoup apprécié le commentaire du Père Nguyen The Cuong .
Commentaire rafraîchissant et concret. Merci. Union dans la prière.
Merci Père Jacques CASTANIER
Je ne suis qu’un paroissien. J’ai le plaisir de partager le fruit de mes réflexions.
Nguyễn Thế Cường Jacques