Homélie du 33ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 7 novembre 2021
Nous attendons ta venue dans la gloire
Textes bibliques : lire
Nous approchons de la fin de l’année liturgique. C’est pourquoi l’Église nous propose des textes qui nous parlent de la destruction du temple de Jérusalem et de la fin du monde. Il ne faut pas les lire comme des messages de catastrophe mais comme un appel à l’espérance en période de catastrophe.
La première lecture est un extrait du livre de Daniel. Il s’adresse précisément à des gens qui sont en situation de détresse ; beaucoup se posent des questions : Comment tenir bon dans sa foi quand la violence des armes s’accélère ? Il semble que Dieu se tait et laisse faire devant le malheur des rescapés. Le livre de Daniel reflète ces questions angoissées des croyants. Il les supplie de renoncer à toute action violente. Le Salut ne viendra que du Seigneur Dieu. Lui seul est capable de faire revenir à la vie ceux qui dorment dans la mort. Il invite chacun à se laisser conduire par la sagesse et la justice.
Les catastrophes et la détresse sont toujours d’actualité dans le monde d’aujourd’hui. Dans de nombreux pays, on se fait la guerre. Les violences frappent les plus pauvres et les rendent plus fragiles. On nous parle également de la pollution, es bouleversements climatiques, des inondations… Et nous n’oublions pas tous les dégâts causés par la crise sanitaire qui a frappé le monde entier. Face à cette situation catastrophique, il y aurait de quoi désespérer. Mais aujourd’hui, le Seigneur a une bonne nouvelle pour nous.
Cette bonne nouvelle c’est que Dieu intervient : il envoie des sages, des maîtres de justice animés par son Esprit. Il met sur notre route des hommes de bonne volonté qui nous rappellent que d’autres chemins sont possibles. Il nous faut à tout prix sortir de la spirale de la violence. Il y a dans le monde des gens qui font jaillir la vie autour d’eux. Ils font se réveiller les morts-vivants enfoncés dans la souffrance. Ceux-là brillent comme des étoiles pour la multitude. Mais il nous faut ouvrir les yeux pour vraiment les reconnaître dans le ciel obscur de notre monde.
L’Évangile nous rapporte un discours de Jésus à Jérusalem. Il nous parle de guerres, de famines et de catastrophes naturelles : “Le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière et les puissances des cieux seront ébranlées” (vv 24-25). Il faut savoir qu’à l’époque de Jésus, le soleil, la lune et les étoiles étaient des dieux auxquels on rendait un culte. Avec Jésus, c’est fini : il a vaincu le mal ; le ciel est comme nettoyé. Nous devons donc recevoir cet Évangile comme une bonne nouvelle.
Le point central de ce discours c’est la personne même de Jésus, sa mort, sa résurrection et son retour à la fin des temps. Un jour viendra où nous nous trouverons face à lui. Nous nous y préparons chaque jour en vivant le présent et en construisant notre avenir avec sérénité et confiance. Il est hors de question d’avoir peur. Dans un monde bousculé qui vit des situations de détresse, le Seigneur nous assure de sa présence. Il a vaincu le mal. “Rien ne peut nous séparer de son amour.”
La parabole du figuier qui bourgeonne est un signe que l’été est proche. Cette parabole nous parle de tous les bourgeonnements que nous pouvons observer : c’est le fleurissement du partage, de la tendresse, du pardon. C’est ce qui se passe quand des chrétiens vivent la solidarité et le partage en lien avec le Secours Catholique. Tous ces gestes sont le signe d’un monde nouveau qui nait. C’est lui qui est à notre porte. Il est notre présent et notre avenir. Nous n’oublions pas ce que nous répétait souvent le saint pape Jean-Paul II : “N’ayez pas peur…”
Oui, n’ayons pas peur car le Seigneur est là à nos côtés. Il nous accompagne toujours. Il s’élève contre les faux prophètes, contre les voyants qui prévoient la fin du monde proche. Il est à nos côtés et il marche avec nous. Il n’a jamais cessé de nous aimer. Il veut nous détourner de la curiosité pour les dates, les prévisions, les horoscopes. Ce qui est premier, c’est d’accueillir la présence de Dieu et de nous laisser guider par son Évangile.
Nous vivons une époque qui connaît beaucoup de catastrophes naturelles et morales. On se lamente beaucoup mais cela ne sert à rien. C’est vers le Christ qu’il nous faut regarder. Il est la Lumière qui guide et encourage nos pas. Son pardon nous est toujours offert. C’est auprès de lui que nous retrouvons la force d’aimer et de servir nos frères. Que la Vierge Marie nous aide à avoir confiance en lui et à persévérer avec joie dans son amour.
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Sources : Revue Feu Nouveau – Fiches dominicales – Missel des dimanches et des fêtes (Bayard) – François Selon saint Marc – Dossiers personnels…
« En ces jours-là, après une pareille détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté. Les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. » (Mc 13:24-25) Sidérant ! Une vision de la fin du monde ! L’image forte utilisée par Jésus nous décrit les catastrophes à l’échelle astronomique. Le texte du livre de Daniel, en première lecture de la liturgie de ce dimanche, renforce le côté dévastateur à l’échelle humaine : « Car ce sera un temps de détresse comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent, jusqu’à ce temps-ci. » (Daniel 12 :1) Préoccupées par les phénomènes dramatiques survenues dans le monde en ce moment, beaucoup de chrétiens se demandent si le cataclysme décrit par Jésus nous prévient que la fin des temps sera pour bientôt ! Pandémie, inondation, sécheresse, guerre, famine… sans compter le scandale, un vrai séisme, qui éclabousse l’Église à l’heure actuelle. Tous ces bouleversements secouent les esprits et perturbent notre vie chrétienne. Ces dévastations impitoyables laissent-elles entendre une note de fin du monde ? L’apocalypse !… Ces textes liturgiques se situent dans un ‘style apocalyptique’ bien particulier, difficile à comprendre. Le mot ‘Apocalypse’ est souvent associé à tort aux ‘catastrophes’. Or ce terme en grec signifie ‘dévoilement, révélation’.
À travers son message, Jésus annonce la fin d’un monde et le début d’un autre ! Une révélation ! Un monde nouveau en devenir, placé sous le signe de l’Amour. Ce qui nous arrive, des catastrophes survenus dans le monde ou le remous perturbant notre vie chrétienne est un avertissement pour un changement radical. Un coup de semonce qui réveille nos consciences et nous pousse à agir ! Ne cédons pas au catastrophisme ambiant, mais sachons reconnaître avec sagesse le signe des temps. Une lecture éclairante des événements. « Quand vous voyez un nuage monter au couchant, vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir, et c’est ce qui arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du sud, vous dites qu’il fera une chaleur torride, et cela arrive. Hypocrites ! Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel ; mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? » (Lc 12:54-56)
« Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. » (Mc 13:28) En utilisant l’image de la régénération du figuier, Jésus nous invite à être attentifs à tout ce qui ne demande qu’à naître, à se lever et à grandir. Une image simple mais réconfortante. Après un hiver rigoureux, les bourgeons du figuier annoncent le retour de la belle saison. Ainsi, derrière des images de dévastations, les textes liturgiques nous ouvrent sur la perspective d’une renaissance. Ils nous invitent à une prise de conscience pour aboutir à un sursaut salutaire. Un basculement qui donne naissance aux conditions d’un changement profond. Loin de nier l’existence des problèmes, les désastres survenus doivent provoquer en nous les démarches de conversion. Une transformation du cœur. Une foi profonde pour rester connecté avec Lui quoi qu’il arrive. Au lieu de se laisser bloquer par les dérèglements, partons à la recherche d’une voie qui nous permet d’harmoniser notre foi avec les défis du temps et les imperfections humaines. Nous allons devoir réviser notre mode de vie, réexaminer notre foi ! Ce sera une réorientation bénéfique, si nous y mettons toute notre bonne volonté. L’occasion de retrouver les bienfaits d’un changement de vie.
Nous sommes bel et bien dans l’urgence de retrouver l’essentiel. Une opportunité pour retrouver l’intimité avec Dieu et renouer avec une vie plus partagée. Des facteurs majeurs d’un monde à venir. Dans les moments éprouvants de notre vie, le monde semble s’écrouler sous nos pieds. Mais au-delà des perturbations, il y a toujours un chemin de libération. C’est au cœur de ces événements difficiles que nous avons à témoigner de notre espérance. Jésus est là pour nous accompagner. « N’ayez pas peur, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. » (Mt 28:20) Ce monde nouveau instauré par le Christ est déjà là. Il ne nous reste qu’à le mettre en place. Ne nous laissons pas embobiner par le catastrophisme qui ne voit que malheur et désastre autour de nous. Bien sûr tout n’est pas rose… mais honnêtement, observons bien ce qui se passe dans notre entourage. Ouvrons les yeux sur notre monde. Que d’hommes et de femmes œuvrent en ce moment même pour répandre un peu de joie autour d’eux, pour faire reculer la misère et la souffrance. Ils s’obstinent à aimer malgré toutes les grimaces aux mille visages. Ce monde de fraîcheur existe, cette terre d’amour existe, la générosité existe… Le printemps d’un monde nouveau annoncé par Jésus a commencé et continue toujours à grignoter du terrain grâce à ces âmes généreuses.
Dans deux semaines, nous allons accueillir une nouvelle année liturgique. Abordons cette nouvelle étape avec amour et confiance. Ne restons pas enfermés dans notre propre univers. Ouvrons notre cœur sur ce monde d’Amour instauré par le Christ. Suivant son enseignement, les bénévoles, chrétiens ou non, jeunes et moins jeunes, persistent toujours à se donner pour hâter la venue d’un monde meilleur ! La Parole de Dieu a fait son chemin, même indirectement. Abordons avec confiance la Vie ! Ayons des regards positifs sur un avenir qui s’annonce. Participons à ce renouveau d’un monde meilleur.
Nguyễn Thế Cường Jacques