3ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 16 janvier 2022
« Aujourd’hui s’accomplit la parole
que vous venez d’entendre »
Homélie
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En ce dimanche de la Parole voulu par notre pape François, nous lisons le début de l’Évangile selon saint Luc. Dès le départ, il précise qu’il désirait affermir la foi de Théophile dont le nom signifie “ami de Dieu”. Voilà déjà un appel qui nous rejoint aujourd’hui. Ce récit s’adresse aussi à chacun de nous pour que, nous aussi, nous le communiquions à d’autres. C’est pour nous une manière de faire grandir l’Église. Nous ne mesurons sans doute pas assez le cadeau qui nous est fait : Cela vaudrait la peine d’entreprendre cette semaine une lecture continue de l’évangile de Saint Luc en nous rappelant que le plus important c’est de nous en nourrir et d’y rencontrer le Christ.
Le texte de ce dimanche nous présente le début du ministère de Jésus. Peu de temps après son baptême, il commence à enseigner en Galilée. Tous les gens parlent de lui. Ce jour-là, il revient à Nazareth, le village où il a grandi. Comme il en a l’habitude, il va à la synagogue et il se lève pour faire la lecture. Cette lecture, c’est lui qui la cherche et il la trouve. “L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur”.
En écoutant Jésus proclamer ce texte, nous pouvons déjà imaginer son grand amour pour les Écritures. Qu’en est-il pour nous ? Aujourd’hui, le même Christ voudrait nous apprendre à prier en ouvrant la Bible avec soin et en lisant les textes proposés pour ce dimanche. Il est indispensable que toute prière, tout témoignage et toute prédication s’appuient sur la Parole de Dieu. Il est heureux de constater que l’Écriture retrouve toute sa place dans la liturgie. De plus en plus de familles prennent du temps dans la semaine pour se préparer à mieux accueillir les textes qui seront proclamés le dimanche. Cette Parole doit être accueillie avec le même respect que l’Eucharistie.
En ce jour, le Christ a une bonne nouvelle à nous annoncer : l’Écriture devient Parole parce qu’elle est proclamée ; c’est une bonne nouvelle pour les pauvres et les exclus de tous les temps ; c’est une annonce de libération et de guérison. Dieu s’intéresse aux petits, aux pauvres, aux captifs, aux malades et aux pécheurs. Alors, n’ayons pas peur de nous tenir devant lui pour nous reconnaître petits, pauvres, aveugle et pécheurs. C’est ainsi que nous pourrons accueillir la libération que le Christ est venue apporter et en être les messagers dans le monde d’aujourd’hui.
Deux mille ans après, le mal, les injustices, les souffrances de toutes sortes sont toujours là. Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sont profondément meurtris par les catastrophes, la pandémie qui sévit partout dans le monde. Et bien sûr, nous n’oublions pas ceux et celles qui sont victimes de la haine et de la violence des hommes. Et même tout près de nous, des personnes peuvent être en grande difficulté et ne pas avoir de quoi se nourrir. Quand nous voyons tant de malheurs, nous risquons de nous sentir dépassés. Et beaucoup en viennent à se poser la question : “Où est-il cet aujourd’hui de la bonne nouvelle ?”
Pour répondre à cette question, il suffit de regarder les nombreux témoignages vécus autour de nous et dans le monde : Cette bonne nouvelle, nous la voyons se réaliser dans cet immense élan de générosité des chrétiens et des non chrétiens à l’égard de ceux qui ont tout perdu. Elle est aussi à l’œuvre quand nous allons v un malade sur son lit d’hôpital, quand nous partageons avec celui qui a faim.
Il nous appartient de faire en sorte que cette Parole de Dieu se réalise aujourd’hui dans nos divers milieux de vie. Cela ne sera possible que si nous nous en imprégnons pour en devenir les serviteurs fidèles. Comme les gens de la synagogue, nous fixons notre regard sur Jésus pour accueillir son message libérateur. Et comme lui, nous sommes ensuite envoyés pour rejoindre les gens là où ils vivent. Cette bonne nouvelle doit être annoncée dans les églises mais aussi dans les divers lieux de vie, de travail et de loisirs. C’est en vue de cette mission que l’Esprit du Seigneur nous est donné. Aujourd’hui comme autrefois, il nous conduit vers les pauvres, les exclus, ceux et celles qui ont perdu ou oublié leur dignité.
L’exemple du Christ nous invite aujourd’hui à rendre la parole de Dieu vivante et vraie dans notre vie de tous les jours. Cette parole devient alors «lumière pour nos pas», «chemin, vérité et vie», «création d’un ciel nouveau et une terre nouvelle». Cette parole, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit.
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À la synagogue de Nazareth, Jésus lisait un extrait du livre du prophète Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. » (Lc 4:18-19) Il commentait ensuite le texte en proclamant : « Cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. » (Lc 4:21) Jésus se révèle devant les siens. C’est bien Lui le Messie !
À cette époque, les juifs voyaient en la prophétie d’Isaïe un Messie souverain qui apporte gloire et prospérité. Ils attendaient un Messie libérateur qui va rétablir l’ordre et ramener l’indépendance au peuple Israël ! En vérité, la mission de Jésus est tout autre. Le Messie qui amène l’Amour et la Paix sur terre, à toute l’humanité, sans oublier personne ! Jésus résumera plus tard cette ‘Bonne Nouvelle’ : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. […] Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu’il y a dans l’Écriture, dans la Loi et les Prophètes, dépend de ces deux commandements. » (Mt 22:37-40) Cette ‘Bonne Nouvelle’ est parvenue jusqu’à nous. C’est à nous maintenant de faire en sorte qu’elle se réalise dans notre milieu de vie. Mais cette mission ne sera accomplie que si tous les chrétiens travaillent main dans la main. En cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, la prière que Jésus adresse à son Père nous revient avec insistance : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jn 17:21)
Au cours de l’histoire, des schismes se sont produits au sein du christianisme. Aujourd’hui, les églises chrétiennes sont multiples ! Ce problème n’est pas nouveau. Il se posait déjà dans les premières communautés de chrétiens. Saint Paul est attristé par cette désunion : « Frères, je vous exhorte au nom de notre Seigneur Jésus Christ : ayez tous un même langage ; qu’il n’y ait pas de division entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensées et d’opinions. Il m’a été rapporté à votre sujet, mes frères, par les gens de chez Chloé, qu’il y a entre vous des rivalités. Je m’explique. Chacun de vous prend parti en disant : ‘Moi, j’appartiens à Paul’, ou bien : ‘Moi, j’appartiens à Apollos’, ou bien : ‘Moi, j’appartiens à Pierre’, ou bien : ‘Moi, j’appartiens au Christ’. Le Christ est-il donc divisé ? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? » (1 Cor 1:10-13) On ne peut que déplorer cette division. Et on n’insistera jamais assez sur le fait que l’action des chrétiens au service de l’humanité ne sera fructueuse que si notre unité dans le Christ est visible aux yeux du monde. Dieu continue à parler à travers nos diverses communautés qu’elles soient catholiques, protestantes ou orthodoxes. Le monde actuel aspire à trouver un milieu où les liens humains soient solides et profonds. Les chrétiens peuvent, sur ce plan, apporter un témoignage convaincant. C’est donc autour du Christ que doit se construire l’unité des chrétiens. Là où la communion fraternelle est vivante et intense, Jésus sera réellement présent parmi nous : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » (Mt 18:20)
En échouant à être le signe visible de l’unité dans le corps du Christ, les chrétiens manquent à leur devoir missionnaire de l’Évangile. À l’heure actuelle, pleinement conscients du problème, les chrétiens sont engagés dans un effort d’harmonisation. Un travail profond de dialogue. Le Concile Vatican II insiste sur le fait que la division entre communautés chrétiennes ‘s’oppose ouvertement à la volonté du Christ ; elle est pour le monde un objet de scandale et fait obstacle à la plus sainte des causes : la prédication de l’Évangile à toute créature’ (Unitatis redintegratio). Dans l’encyclique ‘Ut unum sint’ le pape Jean-Paul II écrit : ‘La recherche de l’unité des chrétiens n’est pas un acte facultatif ou d’opportunité, mais une exigence qui découle de l’être même de la communauté chrétienne.’ Saint Paul insiste déjà auprès des premiers chrétiens : « C’est dans un unique Esprit, en effet, que nous tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés pour former un seul corps. Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit. » (1 Cor 12:13) Quelle que soit notre diversité, nous ne formons qu’un seul corps dans le Christ. « Vous êtes le corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes les membres de ce corps. » (1Cor 12:27)
L’unité dans la diversité. Cette unité se traduit dans nos différentes activités pour témoigner de notre foi aux yeux du monde. Ce chemin commence d’abord dans notre propre paroisse en nous accueillant les uns les autres dans la diversité de nos cultures et traditions. « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13:35) Chacun a sa personnalité, son histoire individuelle et sa façon de pratiquer la foi mais tous apportent leur contribution à la communauté fraternelle dans le Christ. « Que tous soient un ! » nous dit Jésus. Tous n’empruntent pas le même chemin mais s’orientent dans la même direction : Dieu ! Et tous œuvrent pour la même cause : l’évangélisation suivant la recommandation de Jésus ! « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » (Mt 28:19)
Nguyễn Thế Cường Jacques