18ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 23 juillet 2022« Apprends-nous la vraie mesure de nos jours. »
Homélie
Textes bibliques : Lire
En cette période de vacances d’été, les textes liturgiques nous proposent de réfléchir sur les biens matériels. Oui, bien sûr, nous en avons besoin pour assurer notre quotidien. Mais le vrai problème est ailleurs : on se donne beaucoup de peine pour accumuler les richesses, on fait preuve d’ingéniosité, on s’impose des fatigues qui ruinent la santé, l’union des foyers, l’éducation des enfants. Le confort matériel c’est bien, mais si notre vie n’est pas remplie d’amour, il manque l’essentiel.
Dans une de ses homélies, le pape François nous dit que “la cupidité est une idolâtrie.” Il nous recommande de la combattre avec la capacité de partager, de donner et de se donner aux autres. Un homme vient demander à Jésus de se faire l’arbitre dans ses problèmes d’héritage. Jésus refuse d’être juge dans cette affaire. Il en profite pour dire qu’il y a des richesses que nous n’emporterons pas au paradis.
Pour mieux se faire comprendre, il raconte une parabole. Il nous parle d’un homme riche “dont le domaine avait bien rapporté” ; son grand souci, c’est qu’il n’a pas assez de place pour entreposer toute cette récolte. Ce que Jésus dénonce dans cette histoire, ce n’est pas les richesses mais l’attachement aux richesses. Ailleurs, il nous dit qu’il est très difficile à un homme attaché aux richesses d’entrer dans le Royaume des cieux. Le pape François précise que cet attachement immodéré aux richesses est une idolâtrie ; nous sommes en face de deux dieux : “Dieu le vivant… et de dieu d’or dans lequel je mets ma sécurité”.
Il ne faut jamais oublier que la terre et ses richesses ont été créées par Dieu. Elles continuent à lui appartenir. Il nous les a confiées pour que nous les fassions fructifier au bénéfice de tous ses enfants. Nous avons le droit d’en user mais pas d’en abuser. Par la bouche de Jésus, Dieu traite de fous ceux qui s’y laissent enfermer. Ils s’enferment devant le veau d’or ; ils oublient d’aimer Dieu et le prochain. En cette période d’été et de dépenses, cela vaut la peine de réfléchir sur le vrai sens de la vie. C’est important car nous savons bien que les richesses, petites ou grandes, risquent de nous empêcher de prendre l’Évangile au sérieux.
Pour Jésus, le seul bonheur qui dure, c’est la rencontre avec Dieu, c’est d’être “riche en vue de Dieu”. Nous sommes tous riches des richesses de Dieu, de sa joie, son amour, son pardon. Ces richesses-là, on peut même les offrir aux autres. Nous connaissons tous des hommes, des femmes et même des enfants qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour aider les autres à avoir une vie meilleure.
Ce qui fait la valeur d’une vie c’est précisément notre amour de tous les jours pour tous ceux et celles qui nous entourent. Pour comprendre cela, c’est vers la croix du Christ qu’il nous faut regarder : il s’est donné jusqu’au bout. Il nous a aimés “comme on n’a jamais aimé”. Lui-même nous recommande de nous aimer les uns les autres “comme il nous a aimés” (autant qu’il nous a aimés). Nous voyons bien que nous, pauvres pécheurs, nous sommes loin du compte. Mais l’important c’est d’accueillir cet amour qui vient de lui ; c’est une richesse qu’il nous faut communiquer au monde.
Cet Évangile est une très belle réponse au regard désabusé de Quohelet (1ère lecture). On se donne beaucoup de peine, puis un jour, il faut tout laisser. Saint Paul (2ème lecture) nous invite à faire mourir “tout ce qui n’appartient qu’à la terre… en particulier cette soif de posséder qui n’est qu’idolâtrie”. Si nous voulons trouver le Christ, nous devons rechercher “les réalités d’en haut”. Ces réalités s’appellent justice, amour, charité. N’oublions jamais qu’au jour de notre baptême, nous avons été plongés dans cet océan d’amour qui est en Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. Avec lui, plus rien ne peut être comme avant. C’est une vie entièrement renouvelée qui s’ouvre devant nous. Pour Paul, l’homme accompli c’est Jésus Christ. C’est vers lui que nous devons orienter notre existence.
Nous sommes donc tous invités à édifier le monde des hommes non sur la fortune de quelques-uns mais sur la justice qu’inspire l’amour. Alors, plus que jamais, nous accueillons cet appel à la conversion : “Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur mais écoutons la voix du Seigneur.”
Télécharger : 18ème dimanche du temps ordinaire
Sources : Revue Feu Nouveau, Missel communautaire, pour la célébration Eucharistique (Feder et Gorius), lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye), François selon saint Luc.
Cette semaine, je serai absent. Je ne pourrai pas mettre en ligne vos commentaires avant samedi soir. Bon dimanche et bonne semaine à tous.
« Vanité des vanités, tout est vanité ! » (Ecclésiaste 1:2) Cette parole biblique est sans doute l’une de celles qui, depuis quelques siècles, a été le plus souvent citée, commentée dans les contextes les plus divers. L’Ecclésiaste dénonce la frivolité des plaisirs et la fugacité de la vie. Tout passe ! « J’ai vu tout ce qui se fait et se refait sous le soleil. Eh bien ! Tout cela n’est que vanité et poursuite du vent. » (Ecclésiaste 1:14) La sagesse réagit, avec ironie et scepticisme, aux aspects de notre monde. La quête des plaisirs et des richesses est définie ici comme ‘la poursuite du vent’. « Tout est vanité ! » Tout change. Une éternelle mouvance… Un constat peu réjouissant de l’existence humaine !
Peut-on en conclure que tout est vain, tout est passager, le bonheur comme le malheur ? Quoi qu’on fasse, toute action humaine est-elle vaine ? Vanité des efforts et de la bonne volonté. L’absurdité de toute chose ! Est-ce que cela veut dire que la richesse est perverse et le plaisir dangereux ? À quoi bon de se donner tant de peine pour rendre notre vie et celle de nos proches heureux lorsque nous nous apercevons qu’en fin de compte, tout cela n’est que vanité ? À quoi bon de se démener pour réaliser nos projets alors que, hélas, quelqu’un d’autre peut ramasser la mise ? C’est la pure réalité de la condition humaine ou ce n’est qu’une vision pessimiste de la vie ? On se demande comment un tel message a pu être le canon des Écritures ! Cela nous laisse rêveur ! Est-ce que c’est bien ainsi le message du Christ alors qu’il ne cesse de nous encourager à répandre le bonheur autour de nous ? Comment accueillir avec lucidité et sérénité les fluctuations inéluctables dans notre existence ?
Cet extrait du livre de l’Ecclésiaste est une excellente introduction au message que nous livre Jésus dans l’Évangile de ce jour. L’Ecclésiaste nous parle de peine perdue si nous n’arrivons pas à donner un vrai sens à notre vie : « Quel profit l’homme retire-t-il de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ?. » (Ecclésiaste 1:3) Jésus met l’accent sur un point essentiel : Le bonheur terrestre ne peut être la finalité de l’homme ! Tout est éphémère là où l’homme échange le but de sa vie contre des biens périssables. Un appel à recentrer notre vie sur les vraies valeurs. La parabole du riche agriculteur souligne le côté éphémère des biens tangibles sur lesquels l’homme veut s’assurer face à l’incertitude de son avenir. « Il y avait un homme riche, dont le domaine avait bien rapporté. » Empressé de profiter de sa richesse, l’homme se dit : « Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence. » (Lc 12:19) Mais Jésus lui rappelle la fragilité de la vie : « Insensé, cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. » (Lc 12:20-21) Jésus nous met en garde : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède. » (Lc 12:15) Il nous rappelle la précarité de la vie et le côté fragile des biens de ce monde : « Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. » (Lc 12:20-21)
La suite de cet Évangile nous ouvre les yeux sur la vraie richesse : le trésor du cœur. « Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne détruit pas. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. » (Lc 12:33-34) Jésus nous invite à ne pas perdre de vue la vraie valeur des ressources mises à notre disposition : le partage ! Dans sa lettre aux Colossiens, saint Paul nous exhorte : « Recherchez les réalités d’en haut… Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. » (Colossiens 3:2-3) Ainsi, sommes-nous invités, par trois paliers successifs, à la lucidité du regard, au détachement du cœur et à ne pas perdre de vue la vraie valeur des ressources mises à notre disposition. Plus le détachement est profond, plus nous aurons de la place dans notre cœur. En consacrant la majeure partie de notre temps à amasser de l’argent et à jouir de tous les plaisirs, ce n’est pas la meilleure stratégie pour atteindre le bonheur. Tout cela est vanité. Le coffre-fort ne suit pas le cercueil ! Jésus nous exhorte à ne pas nous laisser enchaîner par les biens de ce monde, l’idole impitoyable qui détruit ceux qui s’échinent à gagner toujours davantage. La richesse n’est pas mauvaise en soi mais c’est notre attitude envers elle qui nous entrave. Accaparé par les nécessités de la vie, l’homme a tendance à se laisser absorber par le plaisir immédiat, par le confort matériel éphémère comme l’objectif de sa vie.
Le chrétien ne méprise pas les joies que Dieu nous offre dans ce monde ni ne condamne la richesse, mais il sait que tout cela n’est pas durable ! « Mille ans n’est qu’un songe… C’est une herbe changeante : elle fleurit le matin ; le soir, elle est fanée, desséchée. » (Psaume 90).
Nguyễn Thế Cường Jacques
J’ai très souvent lu vos homelies des dimanches et je voudrais les avoir frequement pour le lire après les dimanches pour ma nourriture spirituelle? Vous avez un langage qui me convient bien votre pratique et simple mais profond dans les commentaires des textes. merci
J’ai très souvent lu vos homelies des dimanches et je voudrais les avoir frequement pour le lire après les dimanches pour ma nourriture spirituelle? Vous avez un langage qui me convient bien vos homelies sont très pratiques et simples mais profondes dans les commentaires des textes. merci
Elles sont toujours sur le site. Mais les envois se font difficilement. Vous pouvez toujours aller sur https://dimancheprochain.org/ et le mettre dans vos favoris