19ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 31 juillet 2022“Dieu, veille sur ceux qui mettent leur espoir en ton amour !”
Homélie
Textes bibliques : Lire
En ce mois d’août, les lectures bibliques nous invitent à méditer sur l’attente de la venue du Seigneur. Nous ne devons jamais oublier qu’il est toujours fidèle à ses promesses. Cette bonne nouvelle, nous la trouvons tout au long de la Bible. Elle doit être pour chacun de nous source d’espérance et de joie.
Pour comprendre la 1ère lecture, il faut se rappeler qu’autrefois, les Hébreux étaient esclaves en Égypte. Dieu les a fait “passer” vers la terre de liberté. La Pâque, c’est précisément ce passage de la mort à la vie. D’un côté, nous avons le sort des Hébreux : ils sont libérés, ils quittent la terre où ils étaient esclaves. Face à eux, c’est le sort dramatique des Égyptiens et du pharaon : leur violence s’est retournée contre eux ; le pouvoir oppresseur les a entraînés vers la mort. En faisant le choix de la violence et de l’oppression, ils ont provoqué eux-mêmes leur mort. Toutes les dictatures finissent ainsi.
La bonne nouvelle, c’est cette révélation de Dieu libérateur. Désormais, son peuple sera celui de la nuit pascale en marche vers la lumière. Ce texte du livre de la Sagesse a été écrit bien plus tard pour des croyants tentés par le doute. En leur rappelant les merveilles que Dieu a accomplies dans les temps anciens, il veut raviver leur espérance. Les croyants ne doivent jamais perdre de vue le but de leur vie. La joie finira par l’emporter sur la peur. La vie vaincra la mort.
La lettre aux Hébreux (2ème lecture) se présente précisément comme un éloge de la foi des patriarches. Ces ancêtres sont un exemple pour les croyants. “La foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître ce que l’on ne voit pas”. Tous les grands personnages d’Israël ont été portés par cette foi. Ils étaient “tirés en avant pour un avenir mal connu”. Avec le Christ, nous sommes des voyageurs à la recherche d’une patrie. Lui-même nous a dit qu’il est “le Chemin, la Vérité et la Vie. Personne ne va au Père sans passer par lui. C’est là une bonne nouvelle qui doit raviver la foi des croyants affrontés au doute, à l’indifférence et à la persécution.
Dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus nous recommande de rester à “l’heure de Dieu”. Il insiste très fortement sur trois attitudes absolument essentielles : veiller, se tenir prêts et servir. Ce sont là trois verbes bien connus qui risquent d’être dévalués. Pour comprendre cet Évangile, il faut connaître la situation des premiers chrétiens. Saint Luc a écrit son Évangile après Pâques. Il s’adresse à des chrétiens affrontés au doute. Ces derniers ont entendu dire que le Seigneur doit revenir dans la gloire pour nous emmener dans son Royaume. Or le temps passe et rien ne vient. Certains se demandent s’ils ne se seraient pas trompés.
C’est là qu’il nous faut réentendre la réponse de Jésus. Il nous faut surtout la comprendre dans le contexte d’aujourd’hui. “VEILLEZ !” Oui, nous devons veiller sur nos mots, nos regards, nos gestes de tous les jours, nos lectures, nos loisirs… Nous connaissons les dégâts provoqués par une parole malveillante, un regard accusateur ou indifférent, un refus de tendre la main ou de serrer dans ses bras un malade en grande souffrance. Le veilleur c’est celui qui se tient debout.
“Tenez-vous prêts” nous dit encore Jésus. Il s’agit de se tenir prêts pour aller de l’avant, pour sortir de la routine et des habitudes. Le risque est toujours de dire : “On a toujours fait comme ça !” Il nous faut accepter que l’Esprit Saint nous sorte de notre confort et nous conduise sur des chemins que nous n’avions pas prévus. Le pape François nous invite à aller vers les “périphéries”, celles du chômage, celles de la solitude, celles des malades abandonnés par leur famille, celles des migrants qui n’ont plus rien et qui vivent parfois sans leurs enfants.
Troisième consigne : “Restez en tenue de service !” Servir c’est le contraire de dominer. Rappelons-nous du geste de Jésus au soir du Jeudi Saint : il s’est agenouillé devant ses disciples pour leur laver les pieds. Il s’est toujours refusé de répondre à ceux qui voulaient le faire roi à la manière des hommes. Il nous apprend à servir sans prendre la place des autres, sans décider à leur place. C’est important pour nous dans nos familles, au travail, dans nos associations. Nous avons facilement des bonnes raisons de penser que nous savons mieux ce qui est bon pour l’autre. Le serviteur fidèle n’est pas celui qui s’impose mais celui qui s’efface pour permettre à l’autre de grandir.
L’Eucharistie est vraiment le moment où “Dieu est là pour nous servir, pour nous faire passer à table”. C’est l’heure où le Fils de l’Homme est glorifié. Seigneur Jésus, tu nous promets un avenir de joie et de lumière auprès de toi. Garde-nous vigilants dans l’espérance, ouverts et accueillants aux signes de l’Esprit Saint. Alors ta venue, loin de nous surprendre, sera notre bonheur pour les siècles des siècles. Amen
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Sources : Revues Feu Nouveau et Fiches dominicales, Missel communautaire, Pour la célébration Eucharistique (Feder et Gorius), lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye), Semainier chrétien
« Là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. » (Lc 12:34) Une réalité indubitable. L’évidence de la vie ! Posséder un trésor, c’est le rêve de tous. Le trésor, l’objet de toutes les convoitises, nous séduit à tel point que non seulement il monopolise toute notre attention mais qu’en plus il focalise toute notre énergie. Hélas, un tel trésor n’est pas facile à trouver ! Et si par chance, nous le tenons dans nos mains, nous prenons bien soin de ne pas le laisser filer entre les doigts. Avec mille précautions, nous faisons bien attention à ne pas perdre ce que nous considérons comme l’élément essentiel de notre vie, un gage de réussite. Par tous les moyens, nous cherchons à le protéger, à le bichonner. Rien de plus normal ! Mais peut-on identifier le trésor qui nous comble vraiment de bonheur ? Comment reconnaître cette valeur inestimable qu’on est prêt à tout sacrifier pour l’approprier ? Une question fondamentale !
Qui n’a pas souhaité voir un jour son rêve le plus fou se réaliser ? L’argent, le pouvoir, la satisfaction personnelle… tous ces ‘trésors’ nous séduisent et nous charment. Il y a des moments où ils accaparent totalement notre esprit. Et il est d’autant plus difficile de nous dégager de cette emprise quand nous considérons ces ‘trésors’ comme les indicateurs de notre réussite. Le ‘trésor’ représente souvent, dans notre mode de pensée, une ressource matérielle ou une relation humaine, ce à quoi nous avons un grand attachement. Une personne aimée ou un objet de grande valeur. Un bien-être ardemment recherché ou une richesse qui fait déjà partie intégrante de notre vie. Ce que l’on ne doit pas perdre de vue dans la quête du bonheur. Ce ‘trésor’ incarne à nos yeux la qualité de vie, l’accès au bonheur ! Et pourtant notre expérience de la fugacité de la richesse et des plaisirs terrestres devrait nous inciter à nous rendre compte de la fragilité des biens matériels et de la frivolité dans certaines relations humaines. Jésus nous invite à ne pas perdre de vue l’essentiel : les valeurs spirituelles, un trésor inaltérable. « Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne détruit pas. » (Lc 12:33) Il nous appelle aussi au partage des ressources mises à notre disposition : « Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. » (Lc 12:33) L’attachement à Dieu et l’amour fraternel !
Tout donner !… Un appel, hélas, difficilement réalisable pour le commun des mortels. Cependant, partager le peu que nous possédons est à la portée de tous. Le trésor du cœur à partager ! Nous avons tous en tête ce passage de l’Évangile de saint Marc (12:41-44) où une veuve vient au Temple déposer deux piécettes, ‘tout ce qu’elle avait’ nous dit Jésus. Un geste d’une grande générosité. Un total oubli de soi au profit des autres. Pour beaucoup d’entre nous, il est bien loin cet altruisme. Mais cette valeur humaine nous rapprochera de Dieu. Notre attachement à Dieu s’exprime par une solidarité active envers les autres. C’est le cœur de l’enseignement de Jésus. La charité n’est pas laissée aux desiderata de chacun mais elle est instituée en devoir religieux dont chaque chrétien veille à s’acquitter. Chacun devra rendre des comptes à Dieu sur l’utilisation des biens et des talents qui nous sont confiés. « À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. » (Lc 12:48) Toutefois, Jésus ne cherche pas à nous pousser au-delà de nos capacités. À chacun, selon sa possibilité, d’apporter sa contribution au bien-être de tous !
« Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. » (Lc 12:35) Jésus nous exhorte à réagir contre notre façon de vivre axée sur le profit et le plaisir et à veiller au besoin d’autrui. Être vigilant pour ne pas nous laisser berner par toutes sortes de tentations qui cherchent à nous détourner de l’essentiel. Car le gros danger, c’est de nous assoupir dans l’aisance et de construire notre vie sur des valeurs qui n’en sont pas. Certes, nous ne renonçons pas à forger des projets et à construire notre propre vie, mais nous devons être conscients que vivre intensément notre foi donne de la valeur à notre existence. Dans toute relation humaine, cette mise à disposition au service des autres, est un trésor inestimable. Autant pour soi que pour les bénéficiaires. La foi active, c’est le feu qui ne demande qu’à être alimenté pour nous réchauffer et aussi les personnes autour de nous.
Cette flamme ne sera belle qu’avec des choix éclairés pour ne pas rester dans l’égoïsme et la médiocrité. Cependant, il se peut qu’au cours des tempêtes de notre vie, cette flamme vacille. Elle est étouffée par un choix difficile lié à l’inquiétude pour assurer notre avenir. Des tracas de la vie quotidienne. Soyons généreux et gardons toujours confiance dans le Seigneur. Il veillera sur nous et nous guidera. « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. » (Lc 12:32) nous promet Jésus.
Nguyễn Thế Cường Jacques