21ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 14 août 2022
« Son amour envers nous s’est montré le plus fort ! »
Qui pourrait ne pas être sauvé ?
Homélie
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques de ce dimanche nous invitent à faire un pas de plus sur le chemin de la foi ; le vrai Dieu n’est pas le Dieu de quelques-uns ; il est celui qui veut rassembler tous les hommes : c’est cette bonne nouvelle que nous trouvons dans le livre du prophète Isaïe (1ère lecture): “Je viens rassembler toutes les nations, de toute langue. Elles viendront et verront ma gloire…” Ces paroles de réconfort sont adressées à des croyants qui viennent de vivre une longue période d’exil ; ils ont vécu 50 ans en terre étrangère au milieu des païens. Ils découvrent progressivement que Dieu veut rassembler toutes les nations. Son amour est offert à tous.
Cette bonne nouvelle doit être annoncée à tous les peuples. Pour cette mission, Dieu fait appel à des messagers. Ces derniers sont envoyés pour annoncer la gloire de Dieu parmi toutes les nations. Ces messagers c’étaient des rescapés d’Israël. Les rescapés d’aujourd’hui, c’est nous tous. Nous sommes tous envoyés dans le monde pour y témoigner de l’amour qui est en Dieu. Mais n’oublions pas : c’est lui qui agit dans le cœur de ceux et celles qu’il met sur notre route.
Pour l’auteur de la lettre aux Hébreux (2ème lecture), ce qui est premier c’est précisément cet amour de Dieu. Nous ne devons pas douter, même dans les épreuves. Dieu se comporte avec nous comme un père à l’égard de ses enfants : il n’hésite pas à les conseiller, à les encourager et à les reprendre. Quand on aime, on se met parfois en colère. Ce n’est que bien plus tard que les enfants comprennent les effets bénéfiques de cette colère. L’important c’est de ne jamais perdre de vue que Dieu est Amour. Il nous aime infiniment, tels que nous sommes. Il est toujours à nos côtés pour nous relever. Son grand projet c’est de nous rassembler tous dans son Royaume.
L’Évangile nous montre les conditions qui nous permettront d’entrer dans ce grand rassemblement : “Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite” nous dit Jésus. Il ne suffit pas d’accomplir quelques gestes religieux. Ce que le Seigneur attend de nous c’est une vraie conversion du cœur. Pour pouvoir entrer, nous devons nous libérer des privilèges, des honneurs, des prétentions orgueilleuses qui encombrent notre vie. Toutes les richesses que nous avons accumulées, nous devrons les laisser derrière nous. Pour aller à Jésus, il faut se faire tout petit ; il ne faut pas être imbu de notre orgueil et de nos certitudes. En définitive, cette porte étroite c’est celle de la miséricorde. On n’y entre pas sans s’être préparé, sans s’être rapproché de Dieu par la justice et le partage.
Encore une fois, le vrai Dieu est un “Dieu pour tous”. Son visage n’a rien à voir avec celui que nous proposent tous les fanatismes. Même si les paroles du Christ nous paraissent dérangeantes, nous devons comprendre que ce sont celles de l’Amour. C’est ce que l’apôtre Pierre a compris après le discours sur le Pain de vie : “Tu as les paroles de la Vie éternelle…” Comme l’interlocuteur qui s’adressait à Jésus, nous nous posons la question : “N’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ?” C’est normal de s’en inquiéter. Mais si nous réfléchissons bien, nous comprenons que ce qui est étroit, ce n’est pas la porte, c’est notre cœur. Mais l’appel du Seigneur est toujours bien présent : Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle.
Cette porte étroite c’est celle que le Christ a franchie. En mourant sur une croix et en ressuscitant, il nous a ouvert un passage vers la Vie Éternelle. Un jour, il a dit : “Je suis la porte des brebis. Celui qui entrera par moi sera sauvé.” Notre entrée dans le Royaume dépend donc de la place que nous donnons au Christ dans notre vie. Le Salut est offert à tous, mais rien n’est possible sans notre accueil. L’amour est vrai ou il n’est pas.
En ce dimanche, nous nous tournons vers le Seigneur. Nous lui redisons notre désir de vivre en lui et d’avancer avec lui. Beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas. Mais avec lui, tout est possible. Demandons-lui de nous aider à nous débarrasser de tout ce qui nous encombre et de tout ce qui retarde notre marche à sa suite. Que sa parole réveille notre foi. Alors nous pourrons marcher vers lui avec la multitude de ceux qu’il appelle. Amen.
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Site : Puiser à la Source
Sources : Revue Feu Nouveau, Missel communautaire, Pour la célébration Eucharistique (Feder et Gorius), lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye), L’intelligence des Écritures Tome 6 Année C (Marie Noëlle Thabut) – dossiers personnels
« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas. » (Lc 13:24) Dans les Évangiles, il y a des textes que nous sommes toujours heureux de retrouver. Mais des fois, il y a aussi des paroles difficiles à entendre comme celles qui nous sont proposées aujourd’hui. Porte étroite ! Porte fermée ! Des gens exclus du Royaume de Dieu ! La Parole de Jésus semble bien sévère !
L’accès au Royaume de Dieu est donc si difficile ? On est bien loin de la miséricorde de Dieu. Décidément, cette Parole de l’Évangile est bien dérangeante car, tout au long de son ministère, Jésus manifeste sans cesse de l’indulgence envers les pécheurs. Il fait preuve de bonté envers toute personne désireuse de reprendre le bon chemin. Un Dieu aimant qui ouvre grand ses bras aux repentants. « Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. » (Lc 15:10) Jésus se présente Lui-même comme le bon Berger qui prend la peine d’aller chercher une brebis égarée. Il n’hésite pas à venir chez ceux que la société rejette et à manger avec eux. Dans son enseignement, Jésus nous révèle l’immensité de la bonté divine : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » (Jn 3:16) Et, aussi curieux que cela puisse paraître, aujourd’hui, nous L’entendons parler de ‘porte étroite’ qui exclut une partie de ses enfants du Royaume des cieux ! Des exigences implacables comme si Dieu fait un choix strict à l’entrée d’un club très fermé. Les places sont-elles donc comptées au paradis ? C’est un peu déroutant ! Et nous comprenons fort bien la réaction de quelqu’un dans la foule qui L’écoute : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » (Lc 13:24) Cette question traduit bien l’inquiétude de celui qui se reconnaît imparfait. C’était sans doute aussi ce que pensaient certains de ceux qui entouraient Jésus.
Sélection et exclusion à l’entrée du Royaume des Cieux ? Certainement pas ! L’image de la ‘porte étroite’ n’est en rien restrictive. « Efforcez-vous d’entrer » nous encourage Jésus. On ne passe pas une ‘porte étroite’ par hasard, sans avoir l’intention d’y entrer. C’est un choix personnel. Tout le monde est convié au Royaume des Cieux. Dieu nous y accueille sans distinction, mais on n’y accède qu’en pleine conscience. Le Royaume des Cieux est ouvert à tous. C’est à nous de trouver la bonne voie, la bonne manière de franchir la porte. Elle n’est étroite que pour ceux qui sont trop encombrés, car il faut se faire petit pour pouvoir s’y faufiler, il faut savoir s’abaisser pour y passer. L’important, c’est de réussir à avoir la bonne stature pour pouvoir y pénétrer. Certains efforts sont donc à fournir. À chacun de trouver le bon chemin qui mène vers cet accès au salut !
Le salut n’est jamais acquis d’avance, il se mérite. Ce n’est pas parce qu’on observe machinalement les pratiques religieuses, qu’on se croit méritant une place au paradis. Jésus nous a bien prévenu : « Il ne suffit pas de me dire ‘Seigneur, Seigneur’ pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7:21) Le salut appartient à tous ceux qui s’efforcent de vivre les valeurs de fraternité, de service, de don de soi. Ceux-là seront bien étonnés, et certainement émerveillés, lorsqu’ils entendront le Roi leur déclarer : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » (Mt 25:34-36) Serons-nous de ceux-là ? C’est la seule vraie question !
Aujourd’hui, Jésus nous invite à un examen de conscience sur ce qui nous empêche de franchir la porte du Royaume des Cieux. Pour passer cette ‘porte étroite’, il faut se délester du superflu et ne garder que l’essentiel. Il faut avoir l’humilité de se baisser pour l’emprunter. Rester petit et humble de cœur. Jésus nous encourage à ne pas nous enliser dans le train-train quotidien. Vivons notre foi chrétienne de façon convaincante. La pratique religieuse ne doit pas être pour nous une routine mais un vrai engagement. N’assistons pas aux offices religieuses par habitude. Évitons de réciter les prières machinalement mais faisons des efforts pour y mettre notre cœur ! Il s’agit de nous secouer pour nous impliquer davantage dans nos actions. Mettons de la passion dans ce que nous faisons. Ne soyons pas des croyants qui ont la foi comme un vernis superficiel. Notre entrée dans le Royaume des Cieux dépend donc de la place que nous donnons à Dieu dans notre vie et de l’amour sincère que nous prodiguons à notre entourage, de ce que nous accomplissons de bien dans notre vie. Soyons de ceux qui ont ce courage, cette audace ! C’est cela « passer par la porte étroite ».
Dieu ouvre largement la porte de son Royaume à l’humanité tout entière ! Soyons de ceux qui viennent partager avec Lui le Bonheur éternel. « On viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. » (Lc 13:29)
Nguyễn Thế Cường Jacques