27ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 24 septembre 2022Réveille en toi ce don de Dieu : la foi
Homélie
Textes bibliques : lire
Les lectures bibliques de ce dimanche sont un appel à la foi et à la confiance. Le prophète Habacuc (1ère lecture) lance vers le Seigneur un cri de révolte : “Combien de temps vais-je t’appeler au secours et tu n’entends pas, crier contre la violence et tu ne réponds pas ?” la violence qu’il dénonce c’est celle de l’ennemi du moment, c’est celle des chaldéens, c’est l’Ukraine d’aujourd’hui, c’est celle de tous les pays en guerre. Depuis que le monde est monde, les mêmes horreurs se répètent. Alors Habacuc demande des comptes à Dieu : Pourquoi permet-il le triomphe de la force injuste ? A quoi bon appeler au secours face à tous les crimes et toutes les violences qui nous accablent ?
Mais Habacuc ne perd pas confiance. Il se met en attitude de guetteur “de ce que dira le Seigneur”. Il est assuré que l’aube viendra. En même temps, il comprend que son intervention est un peu osée : ayant demandé des comptes à Dieu, il s’attend à être rappelé à l’ordre. Mais Habacuc ne se fait pas rappeler à l’ordre. Dieu ne lui fait aucun reproche. Il l’invite (et il nous invite) à la patience et à la confiance. Les heures de victoire de l’ennemi ne dureront pas toujours. Le mal n’aura pas le dernier mot. Le juste sortira vainqueur s’il se cramponne fidèlement au Seigneur.
C’est important pour nous aujourd’hui. Ce cri d’Habacuc est celui de millions de chrétiens qui sont persécutés à cause de leur foi. Les violences, les pillages, les vexations en tous genres sont toujours d’actualité. Dans certains pays, par exemple en Corée du Nord, mais aussi ailleurs, il est interdit d’être chrétien. Si on en trouve, ils sont exécutés ou envoyés en captivité. Mais cela ne les empêche pas de faire preuve d’une foi et d’un courage extraordinaire.
C’est précisément ce qui se passe pour l’apôtre Paul ; quand il écrit sa lettre au jeune Timothée (2ème lecture), il est en prison à Rome. C’est peu de temps avant son exécution. Il dit lui-même qu’il est enchaîné comme un malfaiteur. Et il demande à Timothée de ne pas rougir de lui comme d’autres l’ont fait. Il sait très bien qu’il n’en a plus pour très longtemps. Timothée va devoir prendre la relève et Paul lui fait des recommandations : “Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, dit-il, mais un esprit de force, d’amour et de raison”. Timothée doit “réveiller en lui le don de Dieu”. Cela nous rappelle que des dons peuvent dormir en nous. C’est chaque jour que nous devons raviver et ranimer la flamme.
Ce n’est pas en nous qu’il faut chercher la force dont nous avons besoin. C’est auprès de Dieu que nous la puisons. Cette force qu’il met en chacun de ses disciples lui permet de tenir ferme en période de persécution. Aujourd’hui plus que jamais, nous devons penser à tous ceux et celles qui sont persécutés à cause de leur foi au Christ. Ils ont compris qu’ils ne doivent pas avoir honte de rendre témoignage au Seigneur. La honte affecte ceux dont la foi est faible. Ceux qui sont solidement enracinés en elle sont remplis de courage pour rendre témoignage au Seigneur Jésus. Ces martyrs comptent sur nous pour sortir de notre passivité. La foi doit se réveiller et pénétrer toute notre vie.
L’Évangile nous rapporte la demande des apôtres à Jésus : “Augmente notre foi !” Cette prière est aussi la nôtre quand nous prenons conscience de notre faiblesse et de notre impuissance. Nous croyons parfois que si nous étions plus riches en foi, nous serions plus efficaces. Mais Jésus nous fait comprendre qu’il ne s’agit pas d’évaluer notre foi. Le plus important c’est de compter sur la puissance de Dieu. C’est lui qui agit, ce n’est pas notre foi, petite ou grande. L’image de la petite graine est très parlante. Il n’est pas besoin d’avoir une grande foi. Rien qu’une toute petite graine suffit pour réaliser pour réaliser des choses apparemment impossibles. Car il faut bien comprendre que rien n’est impossible à Dieu. Nous ne devons jamais oublier qu’impossible “n’est pas chrétien”. Rien ne doit nous décourager.
De plus, Jésus nous rappelle une chose importante : il nous dit que nous ne sommes “que des serviteurs”. Cela signifie que nous sommes au service d’une mission qui nous dépasse ; nous ne sommes que des subalternes. C’est heureux car nous n’avons pas les reins assez solides pour porter la responsabilité du Royaume de Dieu ; cette responsabilité ne repose pas sur nous mais sur l’Esprit Saint qui nous précède dans le cœur de ceux qu’il met sur notre route.
Accueillons cet enseignement qui nous vient de la Parole de Dieu : Oui, donne-nous, Seigneur, de vivre et de progresser dans la foi et l’humilité. Donne-nous amplement “l’Esprit qui poursuit son œuvre dans le monde et qui achève toute sanctification” (Prière Eucharistique 4). Amen
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Sources : Revues Feu Nouveau et Fiches dominicales – Pour célébrer l’Eucharistie (Feder et Gorius) – Semainier chrétien – Missel communautaire – Lectures bibliques des dimanches (A Vanhoye) – L’intelligence des Ecritures (Marie-Noëlle Thabut)
‘La Foi’, c’est le maître mot de l’Évangile de ce dimanche. Depuis quelque temps, répondant à l’appel de Jésus, les apôtres ont accepté de changer leurs habitudes de vie pour Le suivre partout où Il va. Ils sont conquis par la puissance de son message. Et ils Lui ont accordé une confiance sans faille ! Bien qu’à certains moments, le caractère tranchant de sa Parole les déconcerte, comme dans le cas du discours sur le ‘Pain de Vie’. « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » (Jn 6:60) Mais aussi, des fois, ils ne saisissent pas totalement le sens de son message comme sur le sujet des biens matériels : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! » (Mc 10:23) « De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : ‘Mais alors, qui peut être sauvé ?’ » (Mc 10:26) L’Évangile évoque aujourd’hui une demande fondamentale des apôtres : « Seigneur augmente en nous la Foi ! » (Lc 17:5)
La foi est indispensable pour accueillir la Bonne Nouvelle. Un impératif pour que ses messages touchent les cœurs. Dès le début de sa mission, Jésus insiste sur cette confiance. Il demande à tous ceux qui L’écoutent une adhésion sans réserve à son enseignement. « Le règne de Dieu est proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » (Mc 1:15) Mais la réponse à cet appel ne va pas sans difficultés. Beaucoup l’accueillent avec enthousiasme : « Les foules restèrent frappées de son enseignement, car il les enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme leurs scribes. » (Mt 7:28-29) Mais d’autres restent sceptiques : « Les pharisiens, pour le mettre à l’épreuve, cherchaient à obtenir de lui un signe venant du ciel. » (Mc 8:11) Pourtant, certains croient en Lui mais ne souhaitent pas se montrer : « Il y avait un homme, un pharisien nommé Nicodème ; c’était un notable parmi les Juifs. Il vint trouver Jésus pendant la nuit. » (Jn 3:1-2) Beaucoup de ses miracles se basent sur la foi des gens. Il arrive que Jésus lui-même manifeste son enthousiasme devant la foi de certains, comme chez ce centurion romain. « Amen, je vous le déclare, chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi » (Mt 8:10) ou chez la Cananéenne qui Le supplie de guérir sa fille : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » (Mt 15:28) C’est aussi pourquoi, à Nazareth, chez Lui, Jésus « ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là, à cause de leur manque de foi. » (Mt 13:58)
Mais au juste, c’est quoi ‘avoir la Foi’ ? Pour beaucoup de chrétiens, la foi exprime leur croyance en Dieu. Croire en l’existence de Dieu, c’est tout ? Et que nous dit l’Église ? Le catéchisme nous éclaire : ‘La foi est un acte personnel : la réponse libre de l’homme à l’initiative de Dieu qui se révèle.’ Avoir la foi, c’est donc avoir l’audace d’une confiance absolue en Dieu malgré nos doutes, et nos questionnements… Quoi qu’il arrive ! Une adhésion de l’intelligence et du cœur à l’enseignement de Jésus. Même quand on est ébranlé par les événements, par les mauvais exemples provenant de certaines autorités religieuses. Cette foi-là c’est du solide. Elle nous ouvre à une relation personnelle avec Dieu. C’est la boussole qui nous indique la direction à suivre avec la garantie que Dieu marche avec nous. C’est une force intérieure qui nous donne le courage de faire face à la vie et aux problèmes qui se présentent. Sans nous soustraire aux intempéries, la foi nous aide à passer à travers les tempêtes. Jésus la compare à une énergie fantastique capable de soulever le monde. « La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : ‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous obéirait. » (Lc 17:6) Si petite qu’elle soit, elle peut déplacer les montagnes. Mais il faut que cette foi soit réelle, vraie et active !
La foi est un don gratuit de Dieu (2 Tm 1:6) nous rappelle saint Paul. Mais cela ne veut pas dire que nous n’ayons rien à faire. Au contraire, notre coopération est absolument nécessaire. Dieu attend de l’homme une collaboration étroite. « Dieu nous a créés sans nous ; il n’a pas voulu nous sauver sans nous. » nous dit saint Augustin. Voilà pourquoi, la foi doit être sans cesse en mouvement. Elle ne doit pas se barricader derrière une forteresse de certitudes. Elle commence par une rencontre personnelle avec Dieu et se poursuit tout au long de notre vie. Le croyant ne peut pas se contenter d’une foi routinière faite de dévotions plus ou moins cérémonieuses. Elle doit être vivifiante et constamment ranimée par le Souffle de l’Esprit. Notre foi aura toujours besoin d’un ‘coup de pouce’ pour progresser dans le chemin spirituel. « Seigneur augmente en nous la Foi ! »
La foi active est une flamme à partager ! N’hésitons pas à l’allumer autour de nous et avant tout dans le cœur de nos enfants. Une famille aimante et unie est le premier lieu où la joie de la foi peut être communiquée ! La famille est un lieu propice à l’éveil de la foi, un environnement favorable pour qu’elle puisse se développer.
Nguyễn Thế Cường Jacques