28ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 2 octobre 2022
Faisons mémoire et rendons grâce au Christ sauveur
Homélie
Textes bibliques : Lire
Notre pape François ne cesse de nous inviter à aller « aux périphéries ». Cette année, il demande à l’Église de vivre « un mois missionnaire extraordinaire ». La bonne nouvelle de l’Évangile doit être annoncée au monde entier et à tous les milieux. En communion avec toute l’Église, nous chrétiens baptisés et confirmés, nous sommes envoyés pour en être les messagers. L’Évangile de Jésus Christ est pour tous.
C’est ce message que nous trouvons dans les lectures bibliques de ce dimanche. Le peuple d’Israël a été le premier à bénéficier de cette annonce de la Parole de Dieu. Mais dans le Livre des Rois (1ère lecture), nous découvrons que ce trésor est également offert à des étrangers. Le général Syrien Naaman ne connaissait pas le Dieu d’Israël. Mais il a eu foi en la parole du prophète Élisée. C’est cette foi qui a été le point de départ de sa guérison et de sa conversion. Il décide alors de quitter les idoles pour ne plus adorer que le Dieu d’Israël. Ce Dieu n’est pas celui d’un peuple mais aussi celui de toute la terre. C’est de cela que nous avons à témoigner.
C’est ce qu’avait compris l’apôtre saint Paul : il a quitté son pays pour annoncer l’Évangile au monde entier. Au moment où il écrit sa lettre, il est en prison. Son message dérangeait beaucoup de gens. Ceux qui l’ont arrêté pensaient enrayer la diffusion de l’Évangile. Mais, dit Paul « on n’enchaine pas la parole de Dieu ». Rien ni personne ne peut l’empêcher d’être communiquée au monde entier. Le témoignage des martyrs a toujours été source de conversion. En voyant leur foi courageuse, des étrangers et même des persécuteurs se sont convertis à Jésus Christ. À la suite de Paul, ils sont devenus des messagers de l’Évangile.
L’Évangile de ce dimanche nous montre Jésus au cours de sa montée à Jérusalem. C’est là qu’il va livrer son Corps et verser son Sang pour nous et pour le monde entier. Or voici que dix lépreux viennent à sa rencontre. Ils supplient Jésus d’avoir pitié d’eux. Ces hommes étaient des exclus car leur lèpre les rendait impurs. Jésus les renvoie vers les prêtres pour faire constater leur guérison. Ils pourront alors être réintégrés dans leur communauté.
Mais parmi eux, il y avait un samaritain. En tant que samaritain, il restait un exclu. Il ne pouvait donc pas se présenter au prêtre. Alors il revient vers Jésus « en glorifiant Dieu à pleine voix ». Sa foi ne l’a pas simplement guéri, elle l’a sauvé. Il peut maintenant retourner auprès des siens qui ne font pas partie du peuple de Dieu. Il pourra y témoigner de cette bonne nouvelle : Jésus est le sauveur de tous les hommes, ceux qui font partie de son peuple et ceux qui sont loin. Au jour de l’Ascension, il demandera à ses apôtres d’aller annoncer l’Évangile au monde entier.
Voilà donc trois textes bibliques qui nous disent tout l’amour de Dieu pour nous. Il ne s’intéresse pas seulement à ceux qui font partie de son Église. Son grand projet c’est de rassembler tous les hommes du monde entier, y compris ceux qui sont les plus éloignés et même les plus opposés à la foi. Il aime chacun bien au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer. C’est pour tous qu’il a donné sa vie sur une croix.
Notre réponse à cet amour infini doit être l’action de grâce. Naaman est revenu vers le prophète Élisée pour rendre grâce à Dieu. Toute la vie de saint Paul a été une action de grâce car, même en prison, il constate que la Parole de Dieu porte du fruit. Et dans l’Évangile, nous voyons le Samaritain lépreux se prosterner au pied de Jésus : il reconnaît en lui l’origine de sa guérison. À notre tour, nous sommes invités à rendre grâce à Dieu pour tout ce qu’il nous donne. Trop souvent, nous ne voyons que ce qui ne va pas. Nous oublions que Dieu est « là, au cœur de nos vies ». Alors oui, rendons-lui grâce par nos chants de louange et par toute notre vie.
Le seul désir de Dieu c’est de voir l’homme debout, vivant et aimant. Saint Irénée de Lyon nous le dit à sa manière : « La gloire de Dieu c’est l’homme vivant. La vie de l’homme, c’est de contempler Dieu. » Dieu nous a créés pour la vie en plénitude. Il ne se contente pas de nous guérir. Avec lui, c’est la porte de la Vie éternelle qui s’ouvre. C’est de ce salut que nous avons à témoigner auprès de ceux et celles que nous croisons sur notre route.
Tout au long de ce mois du Rosaire, nous nous tournons vers la Vierge Marie. Dans le Magnificat, elle rend grâce au Seigneur non seulement pour ce qu’il a fait en elle mais aussi pour son action dans l’histoire du Salut. En célébrant cette Eucharistie, nous nous unissons à cette action de grâce de Marie et nous lui demandons de nous aider à rester fidèles à la mission qui nous est confiée.
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Sources : Revue Feu nouveau – Pour la célébration de l’Eucharistie (Feder et Gorius) – Missel communautaire – François selon saint Luc
L’Évangile de ce dimanche nous relate le miracle de la guérison des dix lépreux. « L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain. » (Lc 17:15-16) Le récit de saint Luc laisse paraître l’étonnement de Jésus de ne voir qu’un seul revienne Lui exprimer sa reconnaissance ! « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? » (Lc 17:17) L’attitude du samaritain nous donne une belle leçon de vie. La gratitude, c’est l’enseignement important à tirer de ce passage de l’Évangile.
‘Merci’ c’est un des premiers mots que nos parents nous ont appris dès notre petite enfance. ‘Merci’, un petit mot tout simple, facile à prononcer, et pourtant il est de moins en moins utilisé ! Or, c’est la base même d’une bonne relation avec le monde qui nous entoure. Savoir faire preuve de gratitude est indispensable pour une entente cordiale en société. Un acte éminemment social. La reconnaissance provient du cœur. Cela devrait être systématique chaque fois que nous recevons quelque chose. Un ‘Merci’ sincère et enthousiaste apporte du bonheur à celui qui nous fait du bien. Pourtant, pour certains, cette attitude ne va nullement de soi. Pour eux, le remerciement n’est pas un élan naturel. La gratitude ne leur monte pas facilement au cœur. Ils ne sont pas très à l’aise pour exprimer ce qu’ils ressentent ! Pire encore, beaucoup de gens croient qu’ils ne doivent rien à personne. Et la société actuelle renforce plutôt cette tendance quand elle nous persuade que nous avons des droits exigibles aucune contrepartie ! Nul n’est besoin de dire ‘Merci’ !… Beaucoup de gens n’ont pas conscience de l’importance de cet acte dans la vie sociale et plus rare encore sont ceux qui ont l’habitude d’élever leur âme vers Dieu pour Lui remercier des bienfaits reçus.
Et nous, nous arrive-t-il souvent de rendre grâce à Dieu ? Oh oui, pensons-y ! Souvent, nous manifestons une certaine indifférence aux dons de Dieu que nous vivons au quotidien. Nous considérons que tout cela va de soi. Devant les succès dans notre carrière, nous croyons que ‘Dieu n’a rien à voir’ dans nos réussites jusqu’au jour où un petit ‘grain de sable’ vient s’y glisser et enrailler la machine ! Baignés dans bonheur, nous pensons que c’est uniquement grâce à nos efforts personnels. En revanche, quand le malheur nous frappe, nous pensons que Dieu nous oublie ! Le poids des épreuves nous voile les belles choses de la vie. Pourtant, il y a tellement de raisons de dire ‘Merci’ à Dieu ! Pour la vie reçue, pour les petites joies du quotidien, pour la splendeur d’un paysage… Tout peut être occasion d’action de grâce. Nous profitons des largesses de Dieu sans nous en rendre compte. À trop rester focalisés sur notre propre personne, nous oublions les largesses que le Seigneur nous accorde. Autrefois, on disait ‘Merci’ au Seigneur avant et après le repas. On remerciait Dieu à la fête de l’Action de grâce pour les récoltes… On dirait que ces traditions se perdent au fil des temps ! À l’heure actuelle, bon nombre de chrétiens n’ont plus l’habitude de rendre grâce à Dieu. « Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Éternel est son amour ! » (Psaume 117:1)
‘Eucharistie’ signifie ‘rendre grâce’. Participer à l’Eucharistie, c’est prendre part à cette action de grâce. Une excellente occasion de renforcer en nous cette attitude envers Dieu. L’attitude du lépreux, c’est la démarche même de l’Eucharistie. « Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. » (Lc 17:16) Le Samaritain de l’Évangile devient non seulement un symbole de la personne sauvée mais aussi un symbole de la personne qui sait rendre grâce, qui sait s’agenouiller devant Dieu. L’abandon du culte dominical par des milliers de baptisés est l’illustration la plus caractéristique de cette perte de louange et d’adoration. On ne sent plus le besoin de dire ‘‘Merci’ et de glorifier Dieu. Sommes-nous donc trop habitués aux dons reçus, au point de ne plus les voir ? Devant le petit nombre de chrétiens qui vivent l’Eucharistie dominicale, on est tenté de dire comme Jésus : « Où sont donc tous les autres ? » Dans l’épreuve, nous savons mettre Dieu à contribution pour qu’Il nous aide à résoudre les difficultés de la vie, mais nous arrive-t-il de Lui dire ‘Merci’ pour tous les dons reçus ? Un bienfait si vite oublié, c’est vraiment regrettable !
Le chrétien n’est pas celui qui ne sait que demander des grâces mais aussi celui qui sait rendre grâce, qui sait remercier. ‘Nous rendons grâce à Dieu’, c’est la louange que nous prononçons à chaque célébration eucharistique. Qu’elle ne devienne pas pour nous une formule routinière et vide de sens. Réapprenons à nous agenouiller devant Dieu pour le remercier de tout ce qu’Il a fait dans notre vie. « Venez dans sa maison lui rendre grâce, dans sa demeure chanter ses louanges ; rendez-lui grâce et bénissez son nom ! » (Psaume 99:4) Saint Paul invite vivement les Thessaloniciens à rendre grâce à Dieu en toute circonstance : « Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. » (1 Th 5:16-18)
Nguyễn Thế Cường Jacques