30ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 16 octobre 2022Joie pour les cœurs qui cherchent Dieu !
Homélie
Textes bibliques : Lire
En ce mois d’octobre, le pape nous rappelle le rôle missionnaire de l’Église. Nous, chrétiens baptisés et confirmés, nous sommes tous envoyés en mission. Notre pensée et notre prière vont vers ces prêtres, religieux et laïcs qui ont quitté leur famille et leur pays pour porter l’Évangile sur d’autres continents, souvent au péril de leur vie. Et nous n’oublions pas ceux qui viennent chez nous pour nous évangéliser. Notre mission à tous, c’est d’annoncer la miséricorde. C’est Jésus lui-même qui nous envoie. Pour mieux répondre à cette mission, nous nous mettons à l’écoute de la Parole de Dieu.
La première lecture nous invite à rectifier l’image que nous nous faisons de Dieu. Elle vient nous rappeler que “le Seigneur ne fait pas de différence entre les hommes.” Il entend la prière et la plainte du pauvre, de l’opprimé, de la veuve et de l’orphelin. Nous pensons à toutes les victimes des guerres en Ukraine, en Afrique et ailleurs. Nous ne pouvons pas rester indifférents face à tant de souffrances. Plus tard, Jésus proclamera que l’Évangile, c’est la bonne nouvelle annoncée aux pauvres. Et il précisera qu’il se reconnaît à travers celui qui a faim, celui qui est sans vêtement, celui qui est étranger ou prisonnier. À travers eux, c’est lui que nous accueillons ou que nous refusons.
À moment où il écrit sa lettre, l’apôtre Paul se trouve lui aussi en situation de détresse. Il est en prison et il sait que bientôt, il va être exécuté. Toute sa vie a été un combat mais il est resté fidèle jusqu’au bout. Il s’est totalement impliqué dans sa mission qui était d’annoncer l’Évangile aux nations païennes. Il attend maintenant la récompense promise au “serviteur fidèle”, rencontrer le Seigneur et être avec lui dans son Royaume. C’est là son espérance et sa force. Sa prière est entièrement tournée vers Dieu.
L’Évangile est précisément là aujourd’hui pour mettre en valeur la prière du pauvre. Jésus nous raconte une parabole pour faire passer un message de la plus haute importance. Il nous présente un pharisien et un publicain. Tous deux montent au temple pour prier. Ils pratiquent la même religion mais ils ne sont pas ensemble. Le pharisien présente à Dieu un bilan impressionnant : il n’a commis aucune faute, il jeûne, il fait l’aumône. Tout ce dont il est fier est sans doute vrai. D’ailleurs, ce n’est pas cela que Jésus lui reproche.
Le problème de cet homme c’est son orgueil. Il est convaincu d’être juste mais il n’a que mépris pour les autres. Il ne se contente pas de se donner des coups d’encensoir. II fait en même temps l’examen de conscience du publicain. Il n’a pas compris que pour être exaucé, il nous faut être plein de bonté et de compréhension pour les autres, même s’ils sont pécheurs. C’est ce que nous rappelle cette journée missionnaire : Dieu veut le salut de tous les hommes.
Bien à distance, nous avons le publicain. C’est un homme méprisé et même détesté de tous. Il a pactisé avec l’occupant romain. De plus, il a rançonné la population. Il s’avoue pécheur et se reconnaît coupable. Il est au fond du gouffre. La seule chose qu’il peut faire c’est d’implorer le pardon de Dieu à son égard : “Mon Dieu, prend pitié du pécheur que je suis.”
En nous racontant cette parabole le Christ vient nous annoncer une bonne nouvelle : il nous dit que Dieu est Amour. Et cet amour va jusqu’au pardon. Tout cela nous est offert gratuitement et sans mérite de notre part. Celui qui se croit supérieur aux autres n’a rien compris. Comment pouvons-nous nous adresser à Dieu si nous n’avons que du mépris pour ceux qui sont autour de nous ? Si nous réalisons quelque chose de bien, ce n’est pas dû à nos mérites mais à l’action du Seigneur en nous. Il attend de nous que nous venions à lui les mains vides pour les remplir de son amour. N’oublions pas qu’il a donné sa vie et versé son sang pour nous et pour la multitude, y compris pour les publicains. Il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Il compte sur nous pour les aimer et les porter dans notre prière.
En célébrant cette Eucharistie, nous venons nous nourrir de la Parole de Dieu et de son Corps. Le Seigneur se donne à nous pour nous, il vient nous remplir de force pour annoncer l’Évangile. Cette force, c’est la grâce du baptême sans cesse vivifiée par l’Eucharistie. Nous le prions pour que tous les hommes puissent entendre et accueillir cette Bonne Nouvelle que tu es venu apporter au monde.
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Sources : Revues “Prions en Église”, “Feu Nouveau” – Pour la célébration de l’Eucharistie (Feder et Gorius), Lectures bibliques des dimanches C (A. Vahoye)
« À l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain, un collecteur d’impôts. » (Lc 18:9-10) La parabole met en avant deux personnages bien connus pour leur position sociale : le pharisien réputé pour sa piété et le publicain souvent perçu comme profiteur, détournant à son profit une part des sommes perçues. Ils sont tous les deux, au même moment, dans le Temple pour prier. Une conduite vertueuse. Une démarche louable.
La parabole est magnifiquement présentée et le sens nous saute aux yeux. À son écoute, nous constatons que le pharisien est indéniablement un honnête homme. Il respecte la Loi et il est généreux. En revanche, « le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel… » (Lc 18:13) Tous les deux viennent à la rencontre de Dieu. Mais ce qui diffère du tout au tout entre ces deux hommes, c’est leur attitude devant Le Seigneur ! Le pharisien, rempli de lui-même, se fait une gloire d’être ‘juste’ selon ce qu’il pense. Du haut de son piédestal, il se contemple lui-même et se compare à ceux qu’il côtoie dans la vie. Du coup, il ne se met pas vraiment en contact avec Dieu. En revanche, le publicain, conscient de ses fautes, se tient humblement devant Lui dans une attitude d’attente. « Il se frappait la poitrine, en disant : Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! » Il se reconnaît dans sa réalité : il n’est pas dans le droit chemin, mais son âme reste ouverte à Dieu. Il sait qu’il ne peut s’en sortir seul et espère en sa miséricorde. Alors, qui des deux, le pharisien ou le publicain, est ‘juste’ devant Dieu ? Et là, quel renversement ! La conclusion de Jésus est sans appel : « Quand ce dernier rentra chez lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. » (Lc 18:14)
La grande leçon que nous pouvons tirer de ce passage de l’Évangile, c’est l’humilité ! Une valeur oubliée du monde contemporain. Très souvent, les gens l’associent au manque d’estime de soi et de confiance dans ses propres capacités et pire encore à un complexe d’infériorité. Autour de nous, la société ne cesse de nous inciter à l’affirmation de soi. On cherche à se donner une image flatteuse, à paraître plus beau, plus désirable à défaut de l’être. Mal perçue, l’humilité est considérée comme une faiblesse. Pourtant, c’est une force qui nous pousse à aller de l’avant. C’est la vertu fondamentale pour tous les chrétiens. L’ humilité est un terrain favorable à l’éclosion des valeurs essentielles de la foi. Elle est la vertu de celui qui mesure tout ce qui lui reste à apprendre et qui voit le chemin qu’il doit encore parcourir. Les gens humbles ont mieux à faire que de s’observer sans cesse. Ils ont le courage d’affronter leur propre vérité. Leurs faiblesses mais aussi leurs talents. Leurs aptitudes et leurs succès. Et ce, sans se sentir inférieurs ou supérieurs aux autres. Sans essayer d’être quelqu’un d’autre.
Être humble, c’est savoir reconnaître la réalité de son être, tout simplement. L’humble se présente devant Dieu et devant les autres, avec modestie. L’humilité, c’est loin d’être l’attitude de celui qui se dévalorise lui-même. Au contraire, c’est la force de quelqu’un qui sait mettre en valeur ses talents en toute discrétion. L’humilité n’est donc pas passivité. Dans la parabole des Talents, Jésus met en avant la diversité de dons que Dieu offre à chacun de nous : « À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. » (Mt 25:15) Jésus fait l’éloge des serviteurs qui ont su faire fructifier l’argent confié au profit de leur maître. L’humble rend grâce à Dieu pour les talents qu’Il a déposés en lui. Il cherche ensuite comment les valoriser non pas pour son propre intérêt mais pour les mettre au service de Dieu et des autres. Gardons-nous de nous comparer à ceux qui sont différents de nous. Ne nous évaluons pas pour voir si nous sommes bien classés dans le concours des vertus. Dieu seul sait ce que nous valons !
Se croire supérieur aux autres est un vice dont nul n’est exempt. Cette attitude nous fait même horreur quand nous le découvrons chez autrui. Examinons humblement notre conscience. En effet, qui d’entre nous oserait prétendre qu’il n’a jamais eu un air hautain ou pire encore une pensée méprisante à l’égard d’une personne ou d’une catégorie de personnes ? L’orgueil, nous ne pouvons pas savoir à quel point nous en sommes atteints ! N’oublions pas la remarque cinglante de Jésus : « Quoi ! Tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? » (Mt 7:3) En écoutant la parabole, nous pouvons nous demander de qui sommes-nous le plus près, du pharisien ou du publicain ?
Saint Jacques nous conseille vivement : « Abaissez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera. » (Jacques 4:10) Prenons le chemin de sainteté à la suite de Jésus, Lui qui s’abaisse pour laver les pieds de ses apôtres. « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. » (Mt 11:29)
Nguyễn Thế Cường Jacques