32ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 30 octobre 2022
Croire en la résurrection malgré tout,
en toutes circonstances
Homélie
Textes bibliques : Lire
Il est heureux que les textes bibliques de ce dimanche nous parlent de la résurrection. Ces jours-ci, nous nous sommes rendus au cimetière pour un temps de recueillement et de prière. Beaucoup ont demandé que des messes soient célébrées pour ceux et celles qui nous ont précédés. Nous les confions tous à la miséricorde du Seigneur. Et bien sûr, nous n’oublions pas les victimes des guerres, de la violence et des catastrophes. Ce qui motive notre prière, c’est notre foi en la résurrection. C’est précisément cette bonne nouvelle que nous trouvons dans les textes bibliques de ce jour.
La première lecture nous donne un témoignage extraordinaire : cela se passe à une époque dramatique de l’histoire d’Israël ; les empereurs grecs veulent imposer leur civilisation, leur culture et leur religion ; ils rencontrent une farouche résistance en Israël. Aujourd’hui, nous entendons l’histoire de cette mère et de ses sept fils qui sont torturés et mis à mort de la manière la plus cruelle. En acceptant cette mort, ils témoignent de leur foi en la résurrection. Ils comprennent que Dieu ne peut pas abandonner les justes qui lui sont fidèles.
En écoutant ce récit, nous pensons à tous les chrétiens d’aujourd’hui qui sont persécutés à cause de leur foi. Nous en avons de nombreux témoignages dans le monde entier mais aussi chez nous jusque dans nos églises. Leur fidélité nous interpelle : qu’avons-nous fait de notre baptême ? Arrêtons de nous installer dans l’indifférence. Nous vivons dans un monde qui veut ignorer la foi des chrétiens ou qui la tourne en dérision. C’est là que nous sommes envoyés pour être les messagers de la bonne nouvelle du Christ.
L’apôtre Paul a lui aussi été confronté à des “gens pervers” qui ne partageaient pas sa foi. Son message d’aujourd’hui est écrit pour des chrétiens persécutés. Il les invite à se laisser réconforter par le Seigneur Jésus lui-même. Ce réconfort est source de joie et d’espérance. C’est auprès du Seigneur que les chrétiens persécutés trouvent la force et l’espérance dont ils ont besoin pour rester fermes dans la foi.
L’Évangile de ce dimanche nous montre Jésus face à des sadducéens qui ne croient pas en la résurrection des morts. Ils la refusent parce qu’elle n’est pas inscrite dans la loi de Moïse. Ils vont même jusqu’à la tourner en dérision. Pour mettre Jésus dans l’embarras, ils lui soumettent un cas absurde : une femme a eu sept maris, tous frères entre eux et qui sont morts l’un après l’autre. Et voici la question : “À la résurrection, cette femme, de qui sera-t-elle l’épouse ?”
La réponse de Jésus est double ; tout d’abord, il leur dit que dans l’au-delà, les relations conjugales et la génération humaine sont dépassées. Il n’est plus question de concevoir la vie future de manière terrestre et matérielle ; c’est ce que nous lisons dans l’évangile de ce jour : “Les enfants de ce monde se marient. Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne se marient pas, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont fils de Dieu, en étant héritiers de la résurrection.”
Puis vient l’argument en faveur de la résurrection. Pour cela Jésus s’appuie sur la révélation de Dieu à Moïse : “Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob n’est pas le Dieu des morts mais des vivants.” À la suite de ces patriarches et de bien d’autres croyants, nous sommes tous appelés à une vie nouvelle que Jésus appelle le Royaume de Dieu. Ce monde nouveau n’est pas la continuation de celui dans lequel nous vivons actuellement. Il est tout autre. C’est de cela que nous devons nous rappeler chaque fois que nous nous rassemblons à l’église pour des funérailles et aussi chaque fois que nous évoquons le souvenir de nos défunts.
Ce trésor de la résurrection, nous ne pouvons pas (nous ne devons pas) le garder pour nous. Il nous faut le transmettre, le crier au monde entier. Au-delà de la mort, nous serons vivants en Dieu. Cette espérance doit nourrir notre prière, surtout en ce mois qui est consacré aux défunts. N’oublions jamais le Dieu des vivants. Il nous appelle tous à partager sa vie dès maintenant.
Que la Vierge Marie, reine du ciel et de la terre, nous confirme dans l’espérance de la résurrection. Qu’elle nous aide à faire fructifier par de bonnes œuvres la Parole de son Fils semée en nos cœurs.
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Sources : Revues Feu Nouveau, Cahier prions en Église – Homélies pour l’année C (le Chemin d’Emmaüs A. Brunot) – Missel des dimanches et fêtes – François selon saint Luc
De tout temps, ‘la Vie après la vie’ suscite bien des débats aussi passionnants que passionnés ! Ce qui confirme que l’au-delà reste une préoccupation humaine bien légitime. En cette fin d’année liturgique, l’Église nous propose d’orienter notre réflexion vers la fin de notre vie terrestre. L’Évangile de ce dimanche nous projette vers le monde de l’éternité. Saint Luc nous rapporte la confrontation entre Jésus et les élites religieuses au sujet de la résurrection. Tous n’adhèrent pas à cette doctrine. D’un côté, les pharisiens l’acceptent, de l’autre, les Sadducéens la refusent parce qu’elle n’est pas inscrite dans la loi de Moïse. En référence au livre de l’Exode, Jésus amène ces derniers à découvrir que la vie après la mort ne sera pas la sur le modèle du monde présent. C’est tout autre. « Le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui. » (Lc 20:37-38) Une affirmation centrale de la foi chrétienne !
La mort, c’est la porte d’entrée dans la vraie Vie. L’homme revient vers Dieu, l’origine de tout ce qui existe. Notre vie ne s’arrête pas avec la mort, mais elle est juste transformée en celle de Dieu ! À l’heure de sa mort, Jésus dit à ses disciples : « Je vais vers le Père » (Jn 14-28) Mourir pour Jésus, c’est aller vers le Père. C’est retourner à Dieu, le Principe de Vie ! Pourtant, nombreux sont ceux qui ont du mal à croire à une vie éternelle. Beaucoup pensent que cette vie temporelle n’a pas de suite : tout est fini lorsque l’on meurt. À Athènes, sur le chemin d’évangélisation, saint Paul se heurtait déjà au refus de la résurrection des morts : « Quand ils entendirent parler de résurrection des morts, les uns se moquaient, et les autres déclarèrent : ‘Là-dessus nous t’écouterons une autre fois.’ C’est ainsi que Paul, se retirant du milieu d’eux, s’en alla. » (Act 17:32-33) Mais pour ceux qui gardent l’espérance en Dieu, croire à la résurrection, c’est préparer dès maintenant l’éternité, le but de toute existence ! L’élément central de la foi chrétienne. À chaque célébration eucharistique nous professons : « Je crois à la résurrection de la chair et à la vie éternelle. » Nous proclamons notre foi en Celui qui a déclaré : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. » (Jn 11:25-26)
Dès sa naissance, l’homme est connecté à l’Éternel ! Nous sommes issus de Dieu et nous reviendrons vers Lui, Principe de Vie ! La mort, c’est le retour vers son Créateur. C’est le cheminement normal d’une goutte d’eau qui retourne vers l’immensité de l’océan, son milieu naturel. Et ce chemin commence dès ici-bas. Et il ne tient qu’à nous de faire en sorte qu’il soit le plus droit et le plus agréable possible. La mort n’est qu’un passage de la vie terrestre vers l’Éternité. L’Éternité est hors du temps. Elle est tout le temps ! Et la beauté de notre destination finale dépendra de la qualité de vie du moment présent. Pour cela, Jésus nous propose le chemin d’Amour : une route ouverte sur la beauté de l’Infini. Dès à présent, prenons le temps d’aimer… Laissons l’Éternité prendre place en nous. Laissons l’Amour s’engouffrer dans notre vie. Notre participation active à cette nature divine nous ouvrira la porte à la vie d’En-Haut. Il ne s’agit donc pas de bouder les réalités terrestres, de mépriser la beauté de ce que Dieu nous offre mais de rayonner l’amour de Dieu dans notre quotidien. Vivre pleinement tout en pratiquant un certain détachement pour nous élever aux réalités spirituelles. Jésus nous exhorte : « Faites-vous des trésors dans le ciel, là où il n’y a pas de mites ni de vers qui dévorent, pas de voleurs qui percent les murs pour voler. » (Mt 6:20)
La mort, cette réalité incontournable, est pourtant un sujet loin d’être aisé à aborder. Face au moment de cette suprême solitude, personne n’échappe à une peur légitime ! Cette anxiété est dans le cœur de l’homme. L’appréhension est plus ou moins profonde pour chaque personne… Mais, en accueillant sereinement l’idée de fin de vie et en la transformant positivement, nous donnons un objectif à notre existence. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, en excluant la mort de la vie on se priverait d’un moteur d’action. La pensée à la mort ne doit pas étouffer notre épanouissement, ni nous empêcher d’avancer et de construire nos projets. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus disait : « Je ne meurs pas, j’entre dans la Vie ». La mort appartient donc à la Vie. L’âme en paix, nous ferons un dernier pas vers Dieu. La vie qui prend fin nous projette dans une Vie sans fin. Pour quelqu’un qui a l’habitude d’être en relation fréquente avec Dieu, ce face-à-face ultime avec Lui deviendrait plus paisible.
Ici et maintenant vivons pleinement le temps présent. Profitons de chaque instant de la vie que Dieu nous offre. Accueillons-la telle qu’elle est et essayons d’en tirer le meilleur parti. Posons un regard positif sur le monde et cherchons à l’améliorer. Pour cela, il est essentiel d’aimer. Cette plénitude de la vie chrétienne dans la joie et l’amour est déjà une anticipation de la vie éternelle. Saint Paul nous exhorte : « Mes frères, tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela, prenez-le en compte. » (Philippiens 4:8)
Nguyễn Thế Cường Jacques