16ème dimanche ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 16 juillet 2023
Appelés par amour au discernement
Pistes pour l’homélie
Textes bibliques : Lire
Les lectures bibliques de ce dimanche nous invitent à découvrir le vrai visage de Dieu. Autrefois, on se le représentait comme un Dieu vengeur qui condamne sans pitié tous les ennemis de son peuple. De fait, les abominations commises chez les païens étaient incroyables. Et pourtant, Dieu ne les a pas exterminés. Il a fait preuve à leur égard d’une patience extraordinaire. Son grand désir a toujours été que le pécheur se convertisse et qu’il vive. Cela vaut même pour les ennemis de son peuple. Il leur laisse à tous cette possibilité.
Le grand message de cette première lecture, c’est qu’en définitive, Dieu est plus humain que l’homme. C’est important pour notre monde d’aujourd’hui. Le gros problème de notre société, c’est la montée de l’intolérance. Quand un homme ou une femme sont enfermés dans leur mauvaise réputation, on ne leur laisse aucune chance. En ce jour, nous nous tournons vers le Seigneur pour lui demander de nous donner un peu d’humanité. Qu’il nous apprenne à voir ce monde comme lui-même le voit, avec un regard plein d’amour.
C’est aussi ce message que nous retrouvons dans l’Évangile. Cette parabole du bon grain et de l’ivraie, nous la connaissons bien parce que nous l’avons entendue souvent ; cet homme qui sème le bon grain c’est Dieu. Nous n’oublions pas ce qui est dit dans le premier récit de la Création : « Dieu vit que cela était bon ». Tout ce qui vient de Dieu est beau et bon. Le bon grain est mis en terre par Dieu. Il faut le dire et le redire, Dieu ne nous donne que du bon grain.
Le problème c’est qu’au lieu de « veiller au grain », nous dormons. Nous nous installons dans la routine, la facilité ; nous oublions le Seigneur et son Évangile. Pendant que les gens dormaient, l’ennemi est venu. Il vient toujours pendant que nous dormons. Ce n’est pas pour rien que Jésus nous demande de veiller et de prier pour ne pas succomber à la tentation. C’est ce qui est arrivé à Pierre, Jacques et Jean au Jardin des Oliviers, la veille de la mort de Jésus. Nous ne devons jamais oublier que notre vie chrétienne est un combat de tous les jours contre « l’ennemi ». La priorité c’est le bon grain semé par le Seigneur.
L’ennemi, lui, ne dort pas. Il est toujours à l’affût pour semer l’ivraie. En grec, l’ivraie se traduit par « zizania ». Ce que l’ennemi sème, c’est toujours la zizanie, c’est le trouble, la discorde, les bagarres, les calomnies. C’est tout ce qui est contraire à la communion. Tout cela est semé par l’ennemi. Nous le voyons dans nos paroisses, nos communautés, nos familles : on s’endort tranquillement, on n’est pas vigilant ; et quand on se réveille, on s’aperçoit qu’il y a de la zizanie partout.
Ce mal, nous le voyons tous les jours : à côté du pape François, ardent défenseur des pauvres, nous avons des extrémistes qui tuent et massacrent. Le pire, c’est qu’ils prétendent agir au nom de Dieu. Nous voudrions faire le ménage en enlevant l’ivraie. Mais Jésus nous demande de ne pas le faire. Ce serait ajouter de la haine à la haine, de l’ivraie à l’ivraie. Cet Évangile nous dit l’immense patience de Dieu. Il ne veut pas risquer d’arracher le bon grain avec l’ivraie. Il ne veut pas nous abimer. Et il nous demande de faire preuve de la même patience envers les autres. Il nous laisse discerner ce qui ne va pas dans notre vie. Lui-même nous accompagne jusqu’à la moisson.
Saint Pierre nous parle lui aussi de l’infinie patience de Dieu. Nous ne devons pas nous décourager quand nous avons l’impression qu’il y a de l’ivraie partout et que Dieu ne fait rien. Le Seigneur use de patience envers tous. Il veut absolument que personne ne périsse mais que tous arrivent au repentir. Il est important que nous méditions sur cette patience de Dieu et sur le fait qu’il faut être rempli d’espérance : l’ivraie et la zizanie n’auront pas le dernier mot. Mais bien que ce soit les vacances, il ne faut pas passer son temps à dormir. Nous devons rester dans la vigilance.
Dans la seconde lecture, saint Paul nous invite à nous tourner vers notre Dieu. Mais laissés à nous-mêmes, nous en sommes bien incapables. C’est alors que le Seigneur intervient pour nous donner son Esprit Saint. Avec lui, nous devenons capables de nous ouvrir à l’amour du Père et à répondre à sa volonté. Le vrai Dieu n’est pas celui qui écrase ses ennemis. Il se présente à nous comme un Dieu plein d’amour qui veut le salut de tous les hommes.
Seigneur, nous te prions : apprends-nous à te suivre sur le chemin de l’accueil et de la tolérance. Par cette Eucharistie, viens renouveler notre foi et notre confiance en ton amour. Amen
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Sources : Revue Feu nouveau, lectures bibliques des dimanches (Albert Vanhoye), Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (Jean-Pierre Bagot), Commentaire de Claire Patier