15ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 30 juin 2010“Tu aimeras…”
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Le début de cet évangile nous montre un docteur de la loi qui cherche à mettre Jésus dans l’embarras. Il fait partie de ces gens qui n’en finissent pas de débattre sur la manière de comprendre et d’appliquer la loi de Moïse. Ils argumentent beaucoup sans vraiment s’engager. Aujourd’hui, Jésus le ramène au premier de tous les commandements : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force.” Un jour, j’ai voyagé à côté d’une petite fille qui disait souvent : “Maman, je t’aime.” Cette maman était, bien sûr, très heureuse d’entendre cela. Pour notre Dieu, c’est la même chose : il attend de nous que nous lui disions notre amour et surtout que nous le lui montrions par notre manière de vivre.
Dans l’évangile de ce jour, nous découvrons, une fois de plus, que la qualité de notre amour pour Dieu se mesure à celui que nous avons pour notre prochain. Jésus nous raconte l’histoire de cet homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho. Cette descente de trente kilomètres traverse une zone désertique. A l’époque, les brigands s’y cachaient pour dépouiller les voyageurs qui s’y aventuraient. Voilà donc cet homme victime de cette agression. A son malheur physique et moral, s’ajoute pour lui une exclusion d’ordre religieux. Touché par des impurs, il est lui-même devenu impur. C’est ce qui explique l’attitude du prêtre et du lévite. Se rendant au temple pour offrir un sacrifice à Dieu, ils doivent éviter tout contact avec un impur. Bien sûr, le samaritain n’a pas de scrupule de ce genre.
Ce samaritain qui est mis en avant par Jésus fait partie des ennemis du peuple juif. Aux yeux de ces derniers, c’est un hérétique. Et pourtant, cet homme méprisé de tous, Jésus le déclare plus proche de Dieu que tous les dignitaires du temple. C’est lui qu’il nous donne comme modèle à imiter. Avec cette parabole, il nous montre que ce n’est pas à nous de décider qui est notre prochain. C’est à nous de devenir le prochain de celui qui est sur notre route, quel qu’il soit. Les docteurs de la loi faisaient des distinctions entre les différentes catégories de prochain. Avec Jésus, il y a un renversement radical. L’important c’est de nous faire proche de l’autre, de nous approcher de lui.
Cet évangile nous parle de Jésus. Il est celui qui s’est fait proche de l’humanité blessée par le péché et le mal sous toutes ses formes. Il s’est approché des malades, des paralysés, des lépreux et des exclus de toutes sortes. Il a pardonné à la pécheresse. Il est même allé chez les publicains que tous considéraient comme des traitres. Lui-même s’en est expliqué : Je ne suis pas venu pour les justes mais pour les pécheurs… Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus.”
Comprenons bien, cet homme abandonné, à moitié mort au bord du chemin, c’est nous tous, c’est l’humanité entière, c’est cet enfant victime du divorce de ses parents ; c’est ce malade qui vit dans la solitude, ce délinquant qu’on enfonce dans son passé et sa réputation. Ils sont nombreux ceux et celles qui vivent sans espérance, victimes du chômage, de la pauvreté, du terrorisme, des guerres, des famines, des épidémies, de la prison. Ils sont brisés par la haine, la violence et le mépris. Beaucoup passent à côté sans les voir, sans leur adresser une parole car ils ne veulent pas se compromettre.
Mais il y a des hommes et des femmes qui ont compris le commandement de Dieu et qui ont su se montrer inventifs. Une nuit d’hiver, l’abbé Pierre a rencontré un homme complètement désespéré qui voulait se suicider. Au lieu de lui proposer un secours, il lui a dit : “Viens, j’ai besoin de toi. Il y a tellement de malheureux. On s’en sortira ensemble en les aidant.” C’est ainsi qu’est née l’œuvre d’Emmaüs. Des exclus sont devenus des donateurs. L’important n’est plus d’aller vers les pauvres pour les assister mais de construire. C’est à ce prix qu’ils retrouveront leur dignité. Ils ne sont plus des gens sur lesquels on se penche pour les assister mais des partenaires, des frères.
Prenons le temps d’accueillir les appels de cet évangile. Le prochain, c’est celui ou celle dont je me fais proche. Reconnaissons-le, nous avons du mal à nous approcher de certaines personnes. Nous avons peur de nous compromettre avec des gens qui ont une certaine réputation. Aujourd’hui, le Seigneur nous rappelle que nous serons jugés à la qualité de notre amour envers les blessés de la vie, victimes de la séparation, de la pauvreté, de l’exclusion. Il est facile de faire un grand détour pour ne pas croiser leur regard. Mais si nous voulons être en communion avec le Christ, cela n’est pas acceptable. C’est auprès d’eux qu’il nous attend. A travers eux, c’est lui que nous accueillons ou que nous rejetons.
En venant à l’Eucharistie, nous nous tournons vers toi Seigneur pour te dire que nous t’aimons. Donne-nous d’accueillir l’amour qui est en toi. Ainsi nous pourrons aimer comme tu aimes. Toi qui ne cesses de prendre soin de nous, béni sois-tu et donnes-nous de te ressembler. Amen.
D’après diverses sources
Je n’ai pas reçu le 15 Dimanche dans ma boîte
Bonsoir. Je voudrais savoir si on peut aussi se permettre de vous poser quelques questions sur votre site.
Merci.