18ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 25 juillet 2010Être riche en vue de Dieu
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L’évangile de ce dimanche est d’une grande actualité : “Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage.” C’est le genre de conflit qui fait que l’on reste fâché toute une vie. Cette demande peut nous paraître surprenante ; cependant, elle n’a pas dû étonner le Seigneur : les gens avaient l’habitude d’aller vers “les maîtres en Israël.” Ils s’adressaient aux scribes. Ces derniers connaissaient bien les lois ; ils pouvaient donc trouver une solution aux cas litigieux. Cet homme, victime d’une injustice de la part de son frère, s’adresse donc à Jésus car il a confiance en lui. Il compte sur lui pour résoudre son problème.
Le Christ réagit vivement. Il se rend compte que cet homme n’a pas compris le vrai sens de sa mission ; il n’est pas sur la même longueur d’ondes que lui. Oui, bien sûr, il appelle Jésus “Maître” et il a raison. Mais ce Maître n’est ni un avocat, ni un juge, ni un notaire. Lui-même le dit : “Qui m’a établi pour être votre juge et faire vos partages ?” Il se refuse à ce rôle de médiateur dans nos partages d’ici-bas. Son vrai rôle, c’est celui de médiateur d’en haut. Sa mission n’est pas d’appliquer une loi humaine mais de révéler l’amour du Père. Il est le Maître qui enseigne les vraies valeurs, la vraie route pour aller à l’essentiel. Il est le Chemin, la Vérité et la Vie. Il veut nous conduire vers le Père, vers les biens qui ne périssent pas. Il veut nous faire partager son regard sur les vrais biens à acquérir.
A travers cet homme et la foule qui est autour de lui, c’est aussi à chacun de nous que le Christ s’adresse. Il sait parfaitement que le point le plus sensible de tous les hommes de tous les temps c’est leur porte monnaie. C’est pour cette raison qu’il s’empresse de les mettre en garde “contre toute âpreté au gain.” Cet avertissement est toujours d’actualité. Les scandales financiers sont étalés régulièrement dans les journaux, la radio et la télévision. On nous parle de spéculation, de détournements et de magouilles en tous genres. C’est aussi cette âpreté au gain qui pousse certains à des agressions de plus en plus violentes.
Même si nous ne sommes pas concernés par la grosse fortune, nous devons entendre cette interpellation du Seigneur : l’âpreté au gain nous guette tous plus ou moins ; elle crée des conflits à l’intérieur des familles et entre voisins. Des frères et sœurs ne peuvent plus se rencontrer pour une fête familiale, et cela dure parfois toute une vie. Pour des biens matériels qu’il faudra nécessairement laisser un jour, on se prive d’un bien supérieur, celui de l’entente fraternelle, de la paix, la joie de vivre ensemble. Bien sûr, Jésus n’est pas contre l’argent, ni contre le progrès, ni contre l’élévation du niveau de vie. Mais il nous en rappelle les dangers : “Voyez ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même au lieu d’être riche en vue de Dieu.”
Cet évangile est un appel à recentrer notre vie sur les vraies valeurs. Ce que le Seigneur veut pour nous c’est que nous nous aimions les uns les autres comme il nous a aimés. Le message de saint Paul va dans le même sens. Il nous invite à rechercher les réalités d’en haut, à vivre en ressuscité et à revêtir l’homme nouveau. Nous sommes invités à nous tourner vers le Christ qui n’a jamais cessé de nous aimer et de faire le premier pas vers nous. Aimer c’est être ouvert aux autres, c’est chercher le bonheur de l’autre, c’est donner et se donner. Si la richesse ne sert qu’à satisfaire nos désirs égoïstes, elle devient un instrument d’étouffement de l’amour. Une société qui fonctionne pour amasser des bonus et des dividendes court à sa perte. C’est dans ce monde tel qu’il est que nous avons à rappeler et à vivre les valeurs du partage et de la solidarité. Les milliards accumulés par quelques-uns au détriment du grand nombre ne sont pas selon le cœur de Dieu. Ce qui fait la valeur d’une vie c’est le sens du partage à cause de l’amour “en vue de Dieu et des autres.
Pour terminer, voici un témoignage : un évêque avait été invité dans une famille. A la fin du repas, les enfants veulent lui montrer leur “ange”. L’évêque est intrigué : un ange dans la maison, ça peut poser des questions. A la fin du repas, il suit les enfants avec les parents jusque dans une chambre. Ils se retrouvent devant un petit garçon très handicapé dont les membres étaient complètement atrophiés. La maman avait expliqué aux enfants que leur frère Mickaël était un ange envoyé par Dieu pour enseigner l’amour à toute la famille. Et lorsqu’ils auront appris cette leçon importante, il retournera à Dieu. L’évêque leur a fait cette réponse : “vous avez raison ; et je souhaiterais que davantage de personnes puissent reconnaître les messagers de Dieu pour apprendre cette leçon : Comment aimer ?
Puissions-nous tous retenir ce message : Notre trésor est dans notre cœur. En cette période d’été et de dépenses pour beaucoup, ça vaut la peine de réfléchir au vrai sens de la vie. “Par ta résurrection, Seigneur, tu fais de nous des héritiers de Dieu, destinés à recevoir pleinement la vie divine. Nous puisons déjà dans cet héritage lorsque nous nous ajustons à toi, lorsque nous aimons nos frères. Donne-nous de le partager sans retenue. ”
D’après diverses sources
Un monsieur très riche et très radin avait demandé qu’à sa mort on mette toute sa fortune dans sa tombe. A moment de refermer le cercueil, son épouse lui met une enveloppe dans la poche de sa veste. Sa sœur lui dit : “Tu ne l’as pas fait !”. Ce à quoi elle répond : “Si, j’ai répondu à sa demande, je lui ai fait un chèque.”
Du Père RD
18ème dimanche ordinaire – année C – 1er août 2010 – Evangile de Luc 12, 13 – 21
Comment assurer son avenir ?
On en a fait la remarque bien souvent: l’enseignement de l’Eglise semble pointer avec insistance les manquements à la morale sexuelle – dont on souligne vivement la gravité – tandis que son enseignement sur l’argent et la fortune paraît davantage théorique et secondaire. Or, dans l’Evangile, c’est précisément le contraire. Certes sur le domaine sexuel, Jésus n’a guère besoin de rappeler des évidences : il s’adresse à un peuple très éloigné des pratiques païennes assez laxistes car Israël a été éduqué dans un grand contrôle des mœurs – même s’il y a, comme partout, des infractions. Mais d’autre part – et notamment dans l’évangile de Luc -, Jésus multiplie les avertissements sur le danger de l’attachement aux richesses : ainsi dans l’évangile de ce dimanche.
JESUS NE REGLE PAS LES LITIGES
Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage ».Jésus répondit : « Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? »
On demandait souvent aux scribes et aux rabbins d’intervenir dans les litiges et de prononcer une sentence juste pour régler les différends entre personnes. Jésus refuse d’endosser ce rôle et d’entrer dans les interminables discussions pour aboutir à une décision qui, de toute façon, mécontente toujours une partie. Ainsi le prêtre n’a pas charge non plus de régler les héritages délicats. Généralisant ce cas particulier qu’on lui soumet et approfondissant la question, Jésus va enseigner la foule en remontant à la source d’où naissent ces jalousies et ces chamailleries.
Puis s’adressant à la foule il dit: « Gardez-vous de toute âpreté au gain,
car la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses ».
L’avertissement vise ce qui est désigné par le mot grec : « pleonexia » qui signifie « le fait d’avoir trop, du superflu ; le fait de désirer plus qu’on ne doit ; d’où cupidité, esprit de convoitise ; appétits insatiables » (dictionnaire). Cette envie insatiable est un péril grave. Pourquoi ? Parce que la VIE ne dépend pas de l’AVOIR. Evidemment on ne peut vivre sans moyens de subsistance mais la qualité de VIE n’est pas proportionnelle à l’ABONDANCE DES POSSESSIONS. Il arrive même que la surabondance des biens empêche la vie !
Jésus va le montrer par une petite parabole.
COMMENT UTILISER LES BIENS EN SURPLUS ?
Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche dont les terres avaient beaucoup rapporté. Il se demandait : « Que vais-je faire ? Je ne sais où mettre ma récolte ». Puis il se dit : « Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède. Alors je me dirai : Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence ». Mais Dieu lui dit : « Tu es fou ! Cette nuit même, on te redemandera ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l’aura ? »
Au point de départ, cet homme était donc déjà un riche propriétaire qui ne manquait de rien. Cette année-là, suite à sa bonne gestion, mais également du fait des conditions atmosphériques favorables, et aussi grâce au travail et à la peine de ses serviteurs, sa récolte avait battu un record. Que faire ? Il décide de tout garder en réserve pour lui et donc de démolir ses greniers trop exigus pour en bâtir de plus vastes. Et contemplant avec joie l’extension de ses biens, notre homme envisage de longs jours comblés de plaisirs. « Plus besoin de s’inquiéter pour l’avenir : ces biens surabondants vont me permettre à moi et à ma famille de jouir de l’existence ».
Mais ce PLUS AVOIR ne garantit pas la VIE. Un accident cardiaque va survenir cette nuit même et alors ? A quoi serviront cet amoncellement et ces agrandissements ? L’homme a eu plus de biens mais il n’a pas eu plus de vie. Et toutes ses propriétés passeront à un autre.
Jadis un sage juif, témoin de pareille mésaventure, avait lancé cette remarque désabusée et devenue célèbre (Qohélet, chap. 1 – 1ère lecture du jour)
Vanité des vanités ! Tout est vanité ! ….
Un homme s’est donné de la peine : il était avisé, il s’y connaissait, il a réussi. Et voilà qu’il doit laisser son bien à quelqu’un d’autre qui ne s’est donné aucune peine. Cela aussi est vanité, c’est un scandale. En effet que reste-t-il à l’homme de toute la peine et de tous les calculs pour lesquels il se fatigue sous le soleil ? ….
Qohélet, comme les gens de son temps, n’avait d’autre perspective que celle d’ici-bas : il est absurde d’amasser « sous le soleil » alors que la mort peut vous arracher subitement tout le résultat de vos peines lequel échouera chez un autre. Mais Jésus résout le scandale en prolongeant les horizons : la mort n’est pas un point final. Tant que l’homme vit « sous le soleil » et qu’il a la chance de voir ses affaires prospérer, il peut et il doit assurer son avenir en vue du monde futur. D’où la conclusion de la parabole :
Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même au lieu d’être riche en vue de Dieu.
On s’en va toujours de cette terre les poches et les mains vides et sans ses comptes en banque. Mais où l’on va, ce qui seul importe, c’est d’avoir le cœur plein d’amour. Le véritable enrichissement de l’homme n’est paradoxalement pas le cumul mais le DON. Tant qu’il chemine ici-bas, « sous le soleil », il peut et il doit « s’enrichir en vue de Dieu » c’est-à-dire en aimant jusqu’à partager ses surplus avec les pauvres. Notre homme aurait pu se contenter des résultats habituels qui le satisfaisaient chaque année et vendre le surplus inattendu à des conditions avantageuses, ou offrir les bénéfices à son personnel, ou même donner ce surplus à des voisins moins chanceux, à des familles tombées dans la misère. Il n’a pas compris que ce cumul de biens ne lui appartenait pas ! Jésus dira plus tard :
« Donnez en aumônes ; faites-vous des bourses inusables, un trésor inaltérable dans les cieux » (12, 33). Et encore : « Faites-vous des amis avec l’argent trompeur pour qu’une fois celui-ci disparu, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles » (16, 9).
L’homme devrait donc réfréner ses appétits d’accumulation et partager son surplus avec ceux qui manquent. Ne prendre des assurances que pour l’avenir terrestre, c’est être « fou », « insensé » car tout peut vous être enlevé en un instant. Le propriétaire sage, au contraire, limite ses besoins et donne autant qu’il le peut : ces « placements » à la banque du ciel ne lui seront jamais arrachés et lui vaudront d’obtenir le trésor de la Vie éternelle.
* A leur tour, les Apôtres répéteront la sévère mise en garde du Seigneur contre cette passion d’avoir toujours plus : (Lettre aux Colossiens, chap.3 = 2ème lecture du jour).
« Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ….Tendez vers les réalités d’en haut et non pas vers celles de la terre… En effet vous êtes morts avec le Christ et votre vie reste cachée avec lui en Dieu…Faites donc mourir en vous ce qui appartient encore à la terre : débauche, impureté, passions, désirs mauvais et cet « appétit de jouissance » qui est un culte rendu aux idoles».
L’Apôtre emploie le même mot : « pleonexia » : cette envie exacerbée d’avoir toujours plus est, dit-il, de l’idolâtrie, un culte rendu au dieu argent, un péché grave contre la foi (on base son assurance sur son avoir), contre l’espérance (on doute de la providence) et contre la charité (puisque l’on conserve un surplus qui devrait être donné aux indigents)
LA SOCIÉTÉ DE CONSOMMATION : COMMENT AVOIR ET ÊTRE ?
Il est vrai que l’avenir n’est pas toujours sûr et qu’une crise peut soudainement vous envoyer au chômage ou réduire votre pension. Donc il importe d’être prévoyant, de veiller aux prochaines nécessités de sa famille. Mais qui ne voit la puissance colossale de cette « pleonexia » dans les mœurs d’aujourd’hui ? La publicité martèle ses slogans enjôleurs : on nous persuade qu’ « il faut » posséder telle chose, faire tel voyage, on éveille en nous des besoins de choses inutiles : il s’agit d’être un consommateur à la page. Mais cette excitation à l’avoir pousse à l’égoïsme, à la rivalité, à l’indifférence envers ceux qui n’ont pas les moyens. Pire ! L’enrichissement érode la foi qui est confiance dans l’avenir, remise entre les mains de Dieu. Idolâtrie !
Ce temps de vacances pourrait aménager un espace de réflexion dans les familles chrétiennes :
Ne sommes-nous pas pris dans les excès de cette société ? Comment résister à l’appel des sirènes ? Comment former nos jeunes à cesser de vouloir à tout prix les mêmes choses que les copains ? Comment surveiller nos dépenses, revenir à un mode de vie plus sobre, à une existence plus frugale ? Comment « être riche en vue de Dieu » ? Question : Si nous gagnions 25.000 euros à une loterie, qu’en ferions-nous ?…
Si notre style de vie est identique à celui des autres, nous ne sommes plus témoins de la Bonne Nouvelle !!
P.S. : Gros problème : à qui donner ? Il est vrai que le discernement des appels vraiment utiles est difficile. La charité ne doit pas être idiote.
Raphaël D.
Merci Père Jean pour ton homélie que j’ai lue trois fois pour bien m’en imprégner car elle contient bien des paroles essentielles.
Pour ce qui concerne la maison C…, nous avons un peu d’argent de côté que nous distribuons à nos enfants petit à petit. Je donne moins d’argent , il est vrai, aux associations car nous pensons en priorité aux enfants et ne dit – on pas charité bien ordonnée commence par soi-même ?
La difficulté que je connais avec l’argent réside dans le fait qu’il me fait facilement oublier une autre dimension tout aussi importante ; MA VIE NE DÉPEND PAS DE MES RICHESSES. et je ne dois jamais avoir une âpreté au gain qui confine à la cupidité.
ET PUIS, SI J’ÉTAIS TROP RICHE , JE N’AURAIS PLUS BESOIN DE DIEU !!! Quel sacrilège.
Et la seule richesse que Dieu connaît est celle du DON GRATUIT.
La vocation de mon argent n’est donc pas de produire de l’argent, mais un bien à partager avec celui qui en a le plus grand besoin. Plus facile à dire qu’à faire !
Pour finir, je sais que ma vie peut s’interrompre demain. Alors, méditer sur la mort est un impératif quotidien. Alors, préparons – nous au jour de la Rencontre !
Christiane
La première lecture, celle du livre de Qohélet (l’Ecclésiaste) , tient des propos désabusés : « Vanité des vanités, tout est vanité ! ». « Tous ses jours sont autant de souffrances, ses occupations sont autant de tourments : même la nuit, son cœur n’a pas de repos. Cela est encore vanité ». Le mot est très fort. « Vanité » dans la Bible veut dire « buée ». La buée disparaît peu après que l’haleine la fait apparaître sur une vitre. Tout a beau scintiller sous le soleil, tout est vanité, tout est buée. « Buée des buées » dit l’Ecclésiaste, « vanité des vanités ».
Cette expérience tout homme doit la faire, qu’il le veuille ou non, qu’il soit scandalisé ou non. Notre vie a cet aspect de fragilité, d’évanescence auquel nul ne peut échapper .
Dans l’Evangile, Jésus précise qu’il n’est pas venu faire œuvre de juge de paix en aidant les hommes à faire le partage de leur héritage : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage ». La réponse de Jésus est claire : « Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire votre partage ? ». Là n’est pas son rôle. Il vient pour donner des valeurs, pour offrir du sens à la vie humaine. « Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie de l’homme, fût-il dans l’abondance ne dépend pas de ses richesses ». Nous avons tous tendance à croire, volontairement ou involontairement, que la valeur de la vie d’un homme se mesure à ce qu’il a ou ce qu’il fait : richesse humaine, richesse financière, richesse de possibilités. Le Seigneur ne voit pas de cette façon là, il regarde au contraire d’une autre façon.
La petite parabole de l’homme riche nous instruit bien : un homme riche détruit ses greniers pour en construire de plus grands, pour entasser tout son blé et se donner des années de réserves. Le Seigneur se moque de lui : « Tu es fou : cette nuit même on te redemande ta vie. Et ce que tu as mis de côté, qui l’aura ? ». Et, dans cette petite formule, le Seigneur ramasse tout l’enseignement : « Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même au lieu d’être riche en vue de Dieu ».
Il s’agit d’amour. Vous avez entendu, il s’agit d’être. Oui, il s’agit d’être ce que le Seigneur veut que nous soyons : tout tournés vers le mystère de Dieu pour le rencontrer et découvrir que toutes les richesses sont en lui et non pas dans les biens de la terre. Etre riche pour Dieu. Thésauriser non pas pour soi-même ni pour ce monde qui passe. Devenir riche « en vue de Dieu ». L’invisible richesse dont il est question ici et qui fait la substance même d’une vie, la seule valeur dont on puisse se prévaloir auprès de Dieu, c’est l’amour et les fruits qu’il produit : justice, vérité, plénitude de vie…
Et il est vrai que ces richesses d’être, si elles sont partagées fraternellement dès maintenant, sont de nature à embellir singulièrement la vie sur terre. Ce n’est pas l’argent que condamne le Christ, mais « l’âpreté au gain. » Aussi bien, rendus conscients de la fragilité des choses de ce monde, de la valeur des êtres et de la brièveté de la vie, écoutons la voix du Seigneur. Il nous engage à ne pas gaspiller notre existence mais à lui donner, au contraire, toute sa consistance, en la vivant au diapason du désir et de la générosité de Dieu. Une oraison de la liturgie le dit bien en demandant qu’ « en faisant un bon usage des biens qui passent », les fidèles « s’attachent à ceux qui demeurent ».
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Les réalités d’En Haut ! – 18ème Dim.
« Vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez donc les réalités d’en haut ». En s’adressant ainsi aux chrétiens de Colosse (2ème lecture) l’apôtre St Paul s’adresse aussi à tous les disciples de Jésus, dont nous sommes. Que veut-il signifier par ces réalités d’En Haut ? Il dit ensuite « non pas celles de la terre ». Chacun comprend qu’il ne s’agit pas d’évoquer des situations atmosphériques ou montagneuses réelles. Encore que !
Encore que, Dieu pour mieux se faire comprendre, nous le voyons dans la Bible, a parlé de la « Montagne de Dieu », et que Jésus, dans son ministère, a choisi fréquemment la montagne justement pour annoncer ou vivre des « réalités d’en haut ».
La première réalité c’est d’être « ressuscités avec le Christ ». La baptême qui nous unit à Lui nous place dans un état de vie de ressuscités à une vie nouvelle avec lui. St Paul nous fait comprendre que vivre avec le Christ ne peut comporter des attitudes franchement détestables qu’il énumère : « débauches, impuretés, désirs mauvais, appétit de .jouissance », comme tout ce qui peut nous éloigner les uns des autres : « mensonges, agissements de l’homme ancien », d’un homme qui se laisse aller à la haine, l’égoïsme, la violence, la vengeance, …
« Morts avec le Christ », qui veut nous voir morts au péché, « notre vie est cachée avec lui en Dieu ». Dieu « en Haut » mais non éloigné de nous. Il est en nous, qui que nous soignons, par son Esprit, si nous aimons. Jésus et ses apôtres, voyons St Jean, saurons le dire et le redire, comme l’exprime si souvent la Bible : « éternel est son amour ».
Réalités d’en haut, donc, celles qui nous éloignent du péché et nous rapprochent du Christ dans les façons de nous conduire. « Vanités des vanités », les attachements exclusifs ou trop attachés aux réalités terrestres, des meilleures aux pires, (1ère lecture) nous séparent de ces réalités.
Nous sommes invités à prendre conscience que « l’homme retourne à la poussière », que pour Dieu « mille ans sont comme un jour », et à réfléchir sur « la vraie mesure de nos jours ». Puissions-nous chanter avec le Psaume : « D’âge en âge, Seigneur, tu as été notre refuge ». Si le poids de nos péchés, de nos faiblesses nous obsède : « rassasie-nous de ton amour » doit jaillir de nos cœurs.
Avec l’Evangile (Luc 12, 13-21) Jésus veut nous éloigner d’une passion si fréquente qu’elle n’est pas sans atteindre nombre de ses disciples. N’y avons-nous pas plus ou moins souscrits ? Il n’est pas venu pour partager nos richesses terrestres, dont il est d’ailleurs le créateur, l’accumulation d’euros ou de biens fonciers. « Pas d’âpreté au gain », « la vie d’un homme, fut-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses ».
L’exemple qu’il donne en parabole d’un homme qui cherche à amasser toujours davantage, comme moi vous l’avez plus d’une fois remarqué dans la presse ou la télé. « Faire bonne vie » ici bas, grâce à des salaires ou des biens importants, des retraites fastueuses … et survient la maladie, de fortes souffrances, la mort. Qui héritera ?
« Etre riche en vue de Dieu », voilà la plus belle des réalités d’en haut. L’Evangile nous en donne la recette. Elle se conjugue avec l’amour de Dieu et du prochain. C’est la Loi du Seigneur, à vivre « de notre mieux », comme le proclament les jeunes Louveteaux.
J’ai lu soigneusement tous les commentaires et merci à tous les participants.
Je vous souhaite une très belle Eucharistie dimanche.
Christiane