24ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 5 septembre 2010Le fils perdu et retrouvé
Textes bibliques : Lire
Cette parabole du fils prodigue est peut-être la plus connue de tout l’évangile. Elle est souvent reprise dans les célébrations du pardon, y compris dans les groupes d’enfants. Nous ne devons pas seulement la recevoir comme une belle histoire mais comme une bonne nouvelle pour les pécheurs que nous sommes. En nous la racontant, Jésus nous parle de nous et de toute l’humanité. Il voudrait que nous abandonnions une fois pour toutes l’image que nous nous faisons trop souvent de Dieu. Non, il n’est pas le Dieu vengeur qui chercherait à nous prendre en défaut pour nous punir. Il est un Dieu plein d’amour et de tendresse. Il tient à chacun de nous comme à son bien le plus précieux. Il veut à tout prix sauver ceux qui vont à leur perte.
Ce fils qui part loin de son père c’est toute l’humanité, c’est chacun de nous. Il demande sa part d’héritage. Il a vraiment tort car son père avait prévu de tout lui donner comme à son frère. C’est une manière de dire qu’il n’y a pas de limite dans l’amour infini de Dieu. Le départ de ce fils est une remise en cause de cet amour qui veut tout donner. Trop souvent nous pensons à lui avec nos raisonnements humains. Il nous faut nous le représenter un peu comme un papa et une maman qui aiment chacun de leurs enfants. Leur plus grand souci c’est celui qui tourne mal et ils font tout pour l’aider à s’en sortir. Ils veulent le bonheur de tous et de chacun. C’est ainsi que Dieu se comporte avec nous.
Voilà donc ce fils qui part dans un pays lointain. Ayant tout dépensé, il finit par se retrouver dans la misère. Faisant un retour sur lui-même, il se souvient de son Père. Il se dit que celui-ci pourrait peut-être le recevoir ; il pense aussi qu’il risque fort d’y mettre des conditions. Alors, ce fils réfléchit aux belles paroles qui pourraient amadouer son Père. Il pense à une place de serviteur avec un salaire. Là, il aurait de quoi manger et vivre. Autrement dit, il achète la bienveillance et le pardon. Ainsi, il pourra manger le pain qu’il aura lui-même gagné. C’est là sa deuxième erreur. L’amour de Dieu ne s’achète pas. Il se donne gratuitement et sans mérite. Nous n’avons pas à juger car cette erreur a souvent été la nôtre. On nous a présenté un Dieu dont il fallait acheter la bienveillance et le pardon par des “œuvres de pénitence”, des sacrifices, des efforts. Mais pour Dieu, ce n'est pas grave. L'important c'est que nous revenions à lui, même si notre démarche est pleine d'arrières pensées.
Comprenons bien, la grande hantise de Dieu c'est qu'un seul de ses enfants manque à son appel. Alors, il fait tout pour le retrouver. C'est pour cela que Jésus est venu dans le monde. Il veut à tout prix chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Certains croyaient que leur situation était désespérée. Pour Dieu, cela n'est pas vrai. A partir d'un mal, il peut toujours faire surgir un bien. En nous racontant cette parabole, Jésus pense à tous ces pauvres en manque d'amour, ceux et celles qui sont captifs de leur misère morale. Il vient les libérer, leur redonner la liberté des enfants de Dieu. Ces pauvres publicains et pécheurs, exclus de la société et méprisés de tous, ont bien compris. Alors, ils viennent tous à Jésus pour l'écouter. Ils découvrent un Dieu qui les aime et les veut prés de lui, avec lui.
Les bons pratiquants de l'époque sont choqués. Accueillir à sa table des gens de mauvaise réputation, c'est toujours mal vu, aujourd'hui comme autrefois. Cela n'est pas raisonnable. On ferait mieux de se méfier. Mais c'est ainsi que Dieu nous aime. Et c'est la mission qu'il a confiée à son Eglise. Si nous voulons être en communion avec Dieu, nous ne pouvons faire autrement que de partir avec lui à la recherche de la brebis perdue et faire la fête avec lui quand elle est retrouvée. Même les plus grands pécheurs peuvent être sauvés par son amour. Pensons à ce bandit qui était avec Jésus sur la croix. Jésus lui a répondu : “Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis.”
Le grand message de cet évangile c'est un appel à nous associer à la joie du Père quand il retrouve son fils difficile. Nous ne nous en rendons peut-être pas compte, mais ils commencent à être nombreux ceux et celles qui redécouvrent la foi. Des jeunes se remettent à lire l'évangile et ils se rendent compte que cela ne correspond pas à ce que vivent bien des adultes. Beaucoup se mettent en route vers le baptême. Des gens qui ne l'avaient pas fait depuis longtemps demandent à recevoir le sacrement du pardon. Et chaque fois, c'est un jour de fête et de joie pour Dieu et ses anges.
L'évangile emploie des symboles forts : Le plus beau vêtement c'est l'habit de lumière qu'Adam et Eve avaient rejeté. L'anneau au doigt, ce n'est pas seulement un signe d'alliance. C'était surtout celui qui servait à apposer le sceau sur les actes importants du roi. C'est ainsi que le fis retrouve sa place de fils mais aussi son autorité. Les sandales aux pieds servent à marcher à la suite du Christ mais aussi à aller annoncer la bonne nouvelle. Mais pour retrouver une telle dignité, il fallait que le fils fasse la démarche de se lever et de revenir vers son Père. Et nous, accepterons-nous de nous lever et de nous jeter dans ses bras ?
En ce dimanche, nous nous tournons vers toi, Seigneur. Donne-nous un cœur de pauvres pour t'écouter et partager avec toi la joie des enfants de Dieu. Donne-nous d'être les messagers de l'amour du Père pour tous les hommes. Amen
D'après diverses sources
Une vidéo :
Un homme avait deux fils
envoyé par sdlpPierre. – Plus de vidéos de blogueurs.
Du Père Raphaël D
Que dire qui n’ait été dit mille fois au sujet de cette célèbre parabole dite « de l’enfant prodigue » ? Impossible d’inventer plus belle, plus émouvante histoire. Mais d’abord rectifier son titre car il y a deux fils et c’est au premier, l’aîné, que l’histoire s’adresse. Et surtout il y a l’immense, la pathétique, la douloureuse figure du père qui souffre d’être méconnu et de ne pouvoir réunir ses deux enfants. Et au fait, pourquoi n’y a-t-il pas de mère ? On verra qu’elle est bien là, cachée.
LA MISE EN SCENE DE LUC.
Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et il mange avec eux !? ». Alors Jésus leur dit cette parabole :…
Il est certain que Jésus n’est pas en train, comme un maître pharisien, d’énoncer des principes et de rappeler les listes interminables des prescriptions de la loi. Si les pécheurs s’approchent de lui pour l’écouter avec intérêt, c’est donc qu’il tient un autre discours : il ne fait pas la morale, il présente un Dieu de pardon. Mais il est certain par ailleurs qu’il n’envoie pas les lois aux orties et qu’il n’offre pas une religion laxiste, édulcorée, un laisser-aller facile.
Pas simple pour l’Eglise d’imiter son Seigneur. Trop souvent on l’entend prendre un ton sévère : les dogmes se dressent comme une muraille de citadelle aux portes closes ; la morale se hérisse d’interdits comme de fils de fer barbelés ; le droit canon porte bien son nom : entrepôt de munitions pour tirer sur quiconque y a manqué. « Eglise pharisienne », drapée dans sa justice. Et les pécheurs la craignent et la fuient. Mais par ailleurs, si les chrétiens et leurs prêtres mangent et rient avec les pécheurs, ils donnent l’impression sinon de les approuver, en tout cas de minimiser leurs fautes et de laisser penser qu’ « au fond Dieu n’en demande pas tant ». A chacun sa vérité : chacun a été sincère en suivant sa voie.
Or il faut souligner que si Jésus « parle aux pécheurs et mange avec eux », il ne les approuve nullement et il n’agit de la sorte que pour les amener au changement. Le berger se passionne pour chercher la brebis perdue, il court jusqu’à ce qu’il la retrouve, il veut la ramener au troupeau et il fête son retour : « Réjouissez-vous avec moi car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue ». Il en va de même de la femme qui a perdu une de ses 10 drachmes.
« Etre perdu », pour Jésus, est dramatique : il est empoigné par le devoir de tout faire, de ne s’épargner nulle peine afin de retrouver. La joie n’est folle que parce que la perdue est « retrouvée » (huit fois répété !). Le repas chez Lévi était joyeux parce que l’ancien publicain s’était converti (5, 29) ; le festin chez Zachée sera réussi parce que le petit voleur décidera sur le champ de changer de vie (19, 10). Les repas de Jésus avec les impies ne sont ni joyeux intermèdes ni approbation de leurs mœurs. Il mange avec eux mais ils acceptent de « l’écouter », de commencer au moins à se convertir.
La mission se doit de conjuguer vérité et charité, enseignement et commensalité. Dans le partage de nourriture, la parole ne peut être dure et exclusive. Le banquet est appel de communion.
La vie terrestre de Jésus se clôturera par un banquet où le Maître mangera avec des amis fanfarons et tout près de l’abandonner. Mais ressuscité, il reviendra les chercher au cœur de leur honte et des ténèbres où ils étaient « perdus »: et ils seront enfin convertis, « retrouvés ».
LE PARCOURS DU CADET
« Père, donne-moi ma part »…Et il partit pour un pays lointain…Il gaspilla sa fortune dans une vie perdue…Or une famine survint. Il se trouva dans la misère. Il dut aller s’embaucher pour garder les cochons…Il aurait voulu manger les gousses mais personne ne lui donnait rien… »
« Si Dieu est, je ne suis pas libre » lançait un philosophe. Tentation permanente de ne croire devenir un vrai homme – enfin libre ! – que si l’on « tue le père ». Or, si l’on rejette l’être, il n’y a plus de fondement à l’existence que dans l’AVOIR. « Donne-moi », crie le garçon: avoir la fortune pour être heureux dans la satisfaction des envies. Mais sans l’ETRE, l’AVOIR se révèle une chimère : si puissant paraisse-t-il, il fond, se dissout, disparaît. Car dans ce « pays lointain » (loin de Dieu), il n’y a pas d’amour vrai : le cadet n’a pas trouvé d’épouse aimante et son patron l’exploite. On peut faire une société sans Dieu mais elle ne sera jamais humaine. Et l’homme continue d’ «avoir faim ».
Il réfléchit: « Les ouvriers chez mon père ont du pain, moi ici je meurs : je vais retourner, je lui dirai : « Père, j’ai péché ; je ne mérite plus d’être appelé ton fils ; traite-moi comme un ouvrier ». Et il partit…
Son échec le fait réfléchir. Il ne ressent nul remords d’avoir peiné son père dont il garde toujours la même fausse idée : « quelqu’un qui donne, quelqu’un qui châtie ». S’il revient, c’est par intérêt encore, pour survivre. Sans doute en chemin cherche-t-il à rencontrer quelqu’un qui le nourrirait et lui épargnerait l’humiliation du retour : mais personne ne lui donne rien. Car seul Dieu peut donner la Vie, la vraie Vie, aux hommes qui sont ses enfants. Mais il respecte leur liberté : tu veux partir ? Va. Tu veux rentrer ? Je ne te force pas.
Mais si tu savais, mon enfant, avec quelle impatience, quel désir passionné je t’attends !!!
LA PLUS BELLE IMAGE DE DIEU
La scène suivante devrait à tout jamais anéantir toutes les caricatures de Dieu que nous inventons.
Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut bouleversé aux entrailles : il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. « Père, j’ai péché…. ». Mais son père dit : « Vite, apportez son plus beau vêtement, une bague, des sandales. Tuez le veau gras : mangeons et festoyons car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la Vie ; il était perdu et il est retrouvé ». Ils commencèrent la fête.
Accueil stupéfiant, inimaginable. Loin de fermer sa porte, de déchainer sa colère, d’exiger « la contrition parfaite » et une dure pénitence, Dieu est non pas « pris de pitié » mais « ému aux entrailles » : le verbe vient du mot « matrice ». Car Dieu évidemment est paternel et maternel. Le fils fuyait un maître écrasant : il découvre un amour de miséricorde.
Dieu est comme le bon Samaritain : il s’approche, il voit, il est « matricié »(Chouraqui), il court, il soigne par les baisers, il couvre de cadeaux, il conduit à l’auberge, à la maison.
Remarquons bien que c’est ainsi que Jésus justifie sa conduite. Voilà pourquoi je vais vers les pécheurs et pourquoi je mange avec eux : c’est parce que je suis bouleversé ! Ces hommes perdus, ils sont retrouvés ; morts, ils sont vivants ! Le comportement que vous me reprochez est celui-là même de Dieu Père. Si vous avez une autre image de Dieu (la Loi !), elle est fausse !
Or précisément les pharisiens sont enfermés dans cette conception : le fils aîné va les représenter.
L’AINÉ : LE FIDÈLE OBSERVANT IRRÉPROCHABLE.
L’aîné était aux champs. Arrivé près de la maison, il entend de la musique.
Un domestique lui explique : « C’est ton frère qui est revenu : ton père a tué le veau gras… ». Alors il se mit en colère et refusa d’entrer. Son père sortit et le suppliait. Il éclate : « Voilà tant d’années que je te sers : jamais tu ne m’as donné un chevreau. Et quand ton fils arrive, après avoir dépensé ton bien avec des filles, tu as fait tuer le veau gras !!?? ».
Le père répondit : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi ! Mais il fallait festoyer et se réjouir car ton frère était mort et il est revenu à la vie ; perdu, il est retrouvé ».
Les pharisiens étaient des hommes très pieux, ulcérés de voir tant de leurs frères désobéir à la Loi divine ; en réaction, ils se voulaient des observants minutieux, pratiquant à la lettre tous les préceptes, en en rajoutant même pour montrer leur foi. Pour eux, le pécheur était abominable devant Dieu : il devait se convertir, s’infliger toutes les pénitences prévues par la Loi. Aussi voir Jésus offrir le pardon avec une telle facilité ne pouvait leur apparaître que comme un scandale, un mépris de la volonté de Dieu. L’aîné refuse d’entrer dans cette maison où l’on fête le retour d’un pécheur – fût-ce son frère ! Dieu pour moi mais pas pour l’autre.
TOUS PECHEURS : TOUS INVITES GRATUITEMENT
L’aîné comme le cadet, le pharisien comme le pécheur, ont une fausse idée de Dieu : l’un veut se justifier par ses actes ; l’autre veut s’épanouir dans ses passions. Pour les deux, Dieu est quelqu’un qui étouffe, qui doit donner ou qui réprime.
Et Jésus tente de leur révéler QUI EST-CE PERE : il est heureux de voir ses fils demeurer dans sa maison et vivre comme il le demande. Mais il est encore plus heureux lorsqu’il voit revenir un de ses fils qui s’était éloigné de lui et qui lui revient. Dieu donne une Loi mais il n’est pas un Dieu de règlements. Sa joie est d’offrir sa miséricorde à tous. De libérer le pécheur du désespoir. Et de persuader le fidèle qu’il ne peut rester fils du Père qu’en acceptant le pardon donné à son frère déchu.
La Joie de Dieu est de réunir dans la même demeure le bon pratiquant et l’impie. Seul il peut créer une communauté chrétienne où personne ne se targue de ses mérites, où nul ne ferme la porte à l’autre, où chacun se reconnaît pécheur pardonné.
Les deux fils représentent également la déchirure qui est en nous. Chacun est en même temps juste et pécheur : nous faisons le bien et nous tombons aussi dans le mal. Nous sommes déchirés. Seul Dieu le Père, Dieu l’Amour nous réconcilie avec nous-même, nous unifie.
L’Eglise, publicaine et pharisienne, pratiquante et pécheresse, est invitée au banquet offert gratuitement à tous ceux qui acceptent le pardon de Dieu et célèbrent dans une allégresse infinie ce Père tellement différent de nos conceptions mesquines. Et le banquet ouvert est celui où Jésus, l’Agneau innocent immolé, est partagé pour qu’ensemble nous chantions :
« Nous étions perdus et nous sommes retrouvés ;
Nous étions morts et nous voilà vivants.
Nous étions séparés et nous nous accueillons»
Raphaël D
Que nous soyons riches ou que nous ayons de la notoriété ne fait en fin de compte ni notre bonheur et encore moins celui de Dieu. Jésus veut en fait pour nous le meilleur, QU’IL EST LUI-MEME.
Et si Jésus fait bon accueil aux pécheurs que nous sommes, ce n’est pas pour nous encourager dans nos vices. Au contraire ! Sa plus grande joie est de nous voir nous convertir. Et d’ailleurs, un des secrets de la joie est donc de fuir le péché pour nous unir à Dieu, source de la joie parfaite.
Mais quel péché fais-je ? C’est d’abord un acte libre que je pose en ayant conscience de la transgression, c’est-à-dire qu’il s’oppose concrètement à l’amour de Dieu, ce que précisent LES DIX COMMANDEMENTS.
C’est là que, comme le fils prodigue, je fais l’expérience de la profondeur de l’amour de mon Père QUI COURT SE JETER A MON COU.
Seigneur, aide-moi à vivre loin du péché ET AIDE MOI A VIVRE DANS UNE ACTION DE GRACE CONTINUELLE.
Portez-vous bien !
Christiane
24e dimanche dans l’année C (de Kerit.be)
Les pharisiens reprochaient à Jésus ses fréquentations douteuses : « Il fait bon accueil aux pécheurs et il mange avec eux ». ce qui est une autre façon de dire : il pactise avec eux, il est leur complice. Repas de pécheurs avec force libations, chansons à boire et histoires paillardes. Brebis perdues, pièces perdues, fils perdus, pensaient les pharisiens. Brebis retrouvées, pièces retrouvées, fils retrouvés, nous dit Jésus. Non qu’ils soient revenus d’eux-mêmes, mais parce qu’on a été les chercher, qu’on a balayé la maison, qu’on s’est précipité à leur rencontre, qu’ils se sont laissés porter sur les épaules et serrer dans les bras.
Malheureux sont ces pharisiens, engoncés dans leur fausse justice, et qui se privent du meilleur de la joie de croire : se savoir pardonné ! La Bonne Nouvelle de Jésus est celle du pardon offert : ni au paralytique, ni à l’aveugle-né, ni à Zachée, ni à la femme adultère, Jésus ne dit qu’ils sont pécheurs, mais à chacun Jésus révèle qu’il est pardonné.
Mais malheureux aussi ces chrétiens qui, en venant confesser leurs fautes, cherchent à sauver la face de leur bonne conscience. Ils limitent leur confession à quelques peccadilles qu’il ne viendrait à l’esprit de personne de leur reprocher. En refusant d’avouer qu’ils sont gravement coupables de trahison de l’Amour, ils se privent de la joie se savoir gravement et grandement pardonnés. Paul, qui avait persécuté les chrétiens et nourri une haine féroce contre Jésus, savait ce que c’était d’être pardonné par le Christ. Il nous en dit la joie.
Si j’ai eu l’occasion de prendre mieux conscience de l’énormité de l’amour dont je suis aimé, alors il me sera donné de pouvoir me réjouir « pour un seul pécheur qui se repent ». Car, alors, je saurai, par expérience, ce que cela veut dire : « Il m’a aimé et s’est livré pour moi ».
Prenons une comparaison toute simple. Une petite fille a commis une désobéissance. Elle sait qu’elle a mal agi. Elle est mal à l’aise. Survient sa maman, qui la prend dans ses bras et l’embrasse. C’est à ce moment-là, quand elle se sent aimée de sa maman, que, tout d’un coup lui est révélé le mal qu’elle a fait. Elle avoue sa désobéissance à sa maman. Elle est triste, mais pas comme tout à l’heure lorsqu’elle était toute seule avec sa désobéissance. Elle est triste, mais en même temps elle est heureuse, car elle se sait aimée dans sa désobéissance elle-même. Reconnaître son péché, c’est, en quelque sorte, le voir en étant « dans les bras de Dieu », comme la petite fille dans les bras de sa mère.
La vraie notion du péché n’est pas du côté des tabous, des interdits, mais du côté de l’amour. Le péché, c’est « ce qui fait souffrir Dieu qui nous aime ». Le berger souffre de brebis perdue. La femme souffre de sa pièce de monnaie perdue. Le père souffre de son enfant perdu.
Et la vraie notion de conversion n’est pas « l’effort pour devenir quelqu’un de bien ». La conversion, c’est « donner de la joie à Dieu .»