26ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 19 septembre 2010
26ème dimanche du temps ordinaire
Ouvre nos yeux Seigneur...
Textes bibliques : Lire
“Il y avait un homme riche…Un pauvre était couché devant son portail.” C'est toujours le même contraste aujourd'hui. Des riches vivent dans l'abondance pendant que des pauvres de plus en plus nombreux restent dans la misère. Actuellement, ce ne sont plus seulement des individus mais aussi des nations entières qui se retrouvent en situation de précarité. Dans le même temps, nous voyons des riches qui font des dépenses somptueuses. Ils spéculent en bourse et font tout pour s'enrichir. Cela devient une insulte pour les victimes des licenciements qui restent chômeurs pendant des mois et des années. Cette pauvreté n'est pas que matérielle : nous ne devons pas oublier ceux et celles qui sont privés d'instruction, de culture, de considération sociale et surtout d'amour.
Devant ce constat douloureux, la tentation est grande de se révolter contre Dieu. Des propos insultants et odieux ont été écrits contre lui à l'époque du séisme en Haïti. Mais réfléchissons un peu : ce pays a été laissé à l'abandon pendant des mois et des années, y compris par ceux qui s'en prennent à Dieu. On savait qu'il y avait de la misère, mais on n'a pas réagi ; le riche qui ne voit pas le pauvre Lazare assis à sa porte, c'est aujourd'hui que cela se passe ; nous pouvons le constater même sur notre paroisse : des familles n'ont plus les moyens de payer les charges ni de se nourrir. Le problème c'est que nous ne voyons pas la souffrance qui est autour de nous. Beaucoup se montreraient plus accueillants et plus fraternels s'ils prenaient la peine d'ouvrir les yeux sur cette souffrance. Ils comprendraient qu'il n'y a pas d'autre solution que de partager. Alors ils seraient sauvés.
Mais quand nous prenons conscience de cette situation catastrophique, nous risquons de nous sentir dépassés. Pourquoi ces millions d'hommes, de femmes et d'enfants qui meurent de faim ? Nous ne devons pas accuser Dieu. Il n'est pas responsable de tous ces malheurs. Ce monde, il l'a fait pour que tous les hommes y vivent en frères ; il nous invite à partager les biens qu'il a créés en abondance. Or ce n'est pas ce qui se passe actuellement : Une infime minorité possède plus de la moitié de la richesse globale. Mais ce constat douloureux ne doit pas nous dédouaner : Ce pauvre qui vit une situation difficile c'est peut-être mon voisin de quartier ou de village. Il a besoin d'une aide matérielle ; oui, bien sûr, mais il attend surtout que nous le regardions et que nous lui parlions.
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Arrivé au terme de sa vie, le riche s'aperçoit trop tard des conséquences catastrophiques de son aveuglement. Tout au long de sa vie, il n'a pensé qu'à ses richesses, ses vêtements de luxe, ses festins somptueux. Chez lui, il n'y avait pas de place pour les autres. La parabole semble suggérer qu'il n'y a pas de convive à sa table bien garnie. Il est seul et il va le rester dans l'autre vie. Là, personne ne pourra venir à son secours. L'évangile nous parle d'un grand abîme entre lui et Lazare. Mais cet abîme infranchissable, c'est le riche qui l'a creusé. Cette terrible solitude dans laquelle il se trouve, c'est lui qui l'a organisée. Il s'y est complètement enfermé et maintenant, personne ne peut rien pour lui.
Et pourtant, ce riche n'avait rien fait de mal. Son problème c'est qu'il ne voyait pas. Ses richesses lui ont bouché les yeux et fermé le cœur. Comprenons bien : le but de cet évangile n'est pas de dénoncer les grandes fortunes des autres. Il s'adresse aussi à chacun de nous. Il veut nous montrer tout ce qui nous accapare, tout ce qui ferme notre cœur à nos frères. Il est important que nous prenions conscience de nos enfermements qui nous empêchent d'accueillir et de partager avec nos frères notre pain, notre amitié et notre temps. Le Seigneur compte sur nous pour que nous ouvrions notre cœur à tous ceux et celles qui souffrent de la précarité, du mépris et de l'exclusion. Nous n'avons peut-être pas grand-chose à donner, mis nous pouvons toujours offrir un sourire, un bonjour, un regard.
Il est frappant de constater que le seul commandement que nous laisse Jésus dans l'évangile de saint Jean ne mentionne plus l'amour de Dieu : “Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres.” (Ev. Jean, XIII, 35, 36) Nous devons nous interroger : Quelle est la qualité de mon amour pour les autres ? Nous ne devons pas nous contenter d'un simple souci de justice et de respect des autres, ce qui est déjà pas mal. Le plus important c'est de nous ajuster au regard de Dieu sur chaque personne. Trop souvent, nous ne voyons que l'apparence, mais Dieu voit le cœur.
Un pauvre mendiant avait affiché devant lui cette demande : “Au moins, n'ayez pas peur de me regarder”. Par ton Eucharistie, Seigneur, vient nous transformer pour que chacun de nous te voie dans ses frères quels qu'ils soient. Tu nous renvoie à Moïse et aux prophètes ; tu nous interpelles par ton Evangile mais aussi par la voix de celui qui crie sa détresse. Ouvre nos yeux et nos cœurs, libère-nous de nos égoïsmes car c'est dans le partage que nous pourrons être fidèles à ta parole. Amen.
D'après diverses sources ( dimancheprochain.org )
Distance à l’homme = Distance à Dieu
Lorsque Jésus a conclu la parabole du gérant malhonnête, en disant : « Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent » (texte de dimanche passé), Luc a noté la réaction des pharisiens « qui aimaient l’argent, écoutaient tout cela et ils ricanaient à son sujet » (16, 14). Jésus ne se laisse pas décontenancer et il va reprendre le même enseignement dans une nouvelle parabole où il les met en garde contre le péril mortel de la dureté de cœur.
LE RENVERSEMENT DES SITUATIONS
« Il y avait un homme riche qui portait des vêtements de luxe et faisait chaque jour des festins somptueux. Un pauvre, nommé Lazare, était couché devant le portail, couvert de plaies. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche, mais c’étaient plutôt les chiens qui venaient lécher ses plaies.
Le pauvre mourut et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi et on l’enterra.
Au séjour des morts, il était en proie à la torture : il leva les yeux et vit de loin Abraham avec Lazare tout près de lui. Alors il cria :
– Abraham, mon père, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper dans l’eau le bout de son doigt pour me rafraîchir la langue car je souffre terriblement dans cette fournaise.
– Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie et Lazare, le malheur. Maintenant il trouve ici la consolation et toi, c’est à ton tour de souffrir. De plus un grand abîme a été mis entre vous et nous pour que ceux qui voudraient aller vers vous ne le puissent pas et que de là-bas non plus on ne vienne pas vers nous ».
Il n’est pas reproché au riche de posséder beaucoup de biens mais de les utiliser égoïstement pour ses propres plaisirs et de demeurer fermé à la détresse du misérable. Pourtant il ne peut s’empêcher de voir celui qui gît devant sa porte : d’ailleurs il ne cherchera pas d’excuse en prétextant qu’il ne l’a pas vu.
Le pauvre, lui, n’est pas jaloux du riche, il n’exige pas le partage de ses biens : simplement il se contenterait de recevoir les restes des banquets afin de survivre.
Le premier jouit de tout dans une vie paradisiaque : le second traîne une vie d’enfer.
Mais quel que soit notre train de vie, à un moment le train s’arrête pour toujours.
Et la situation que nous aurons voulue sur terre se retrouvera dans l’au-delà … INVERSEE !!!!!!
Lazare est emporté « dans le sein d’Abraham » selon la conception juive du temps, à la place d’honneur du banquet présidé par le patriarche de la foi. En effet, puisque Dieu est Amour et Miséricorde, il ne peut que compatir à la détresse de ceux qui sont délaissés et écrasés et les combler de sa Vie.
Quant au riche au cœur dur, il se retrouve au loin, à la distance qu’il avait mise lui-même entre lui et le misérable. Dieu ne le hait pas : c’est lui-même qui a forgé son destin. Il ne voulait pas de compassion, de charité, de partage : il se retrouve dans un état où il n’y a plus de compassion, de charité, de partage. Comme il ne voulait pas donner, il ne peut recevoir. Il brûlait d’envie de consommer tout seul : il se consume dans la solitude.
Quiconque s’enferme en lui-même, se retrouvera enfermé en lui-même.
Ce retournement des situations est un leitmotiv de l’évangile de Luc :
LES BEATITUDES : « Heureux vous qui avez faim maintenant : vous serez rassasiés… Malheureux vous qui êtes repus maintenant : vous aurez faim » (6,20-26)
LE MAGNIFICAT DE MARIE : « Les affamés, il les comble de biens : et les riches, il les renvoie les mains vides » (1, 51-53)
MEME UNE APPARITION NE LES CONVERTIRAIT PAS
Le riche répliqua :
– Eh bien, père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. J’ai 5 frères : qu’il les avertisse pour qu’ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de tortures.
– Ils ont Moïse et les prophètes, dit Abraham, qu’ils les écoutent.
– Non, père Abraham, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.
– Non, dit Abraham : s’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts, ils ne seront pas convaincus. »
La charité à l’égard du pauvre, le devoir de venir en aide à l’affamé n’est pas un enseignement nouveau révélé par Jésus : il s’agit d’une exigence de toujours, qui était exprimée et maintes fois répétée dans les Ecritures. Parmi tant de passages citons :
LA LOI : « S’il y a chez toi un pauvre, l’un de tes frères, tu n’endurciras pas ton cœur et tu ne fermeras pas ta main à ton frère pauvre, mais tu lui ouvriras ta main toute grande… » (Deut 15, 7-11)
LES PROPHETES : « Ecoutez ceci, vous qui vous acharnez sur le pauvre pour anéantir les humbles… : le Seigneur le jure : jamais je n’oublierai aucune de vos actions « (Amos 8, 4-7)
_______________ Et lire la 1ère lecture tirée de ce prophète
LA SAGESSE : « Mon fils, ne prive pas le pauvre de sa subsistance, ne le fais pas languir, ne fais pas souffrir une âme affamée…De l’indigent, ne détourne pas ton regard ; incline ton oreille vers le pauvre…délivre l’opprimé…Tu seras comme un fils du Très Haut » (Siracide 4, 1-10)
Le riche sait que ses frères connaissent cet enseignement fondamental des Ecritures et qu’ils ne l’observent pas plus qu’il ne le faisait lui-même ! Mais il s’imagine que s’il survenait un miracle, si Dieu opérait une merveille devant leurs yeux – par exemple qu’un ressuscité survienne et les exhorte – alors ils se convertiraient certainement !
Eh bien NON, dit Jésus, même un ressuscité ne parviendrait pas à les persuader !
Terrifiant ! On a rarement souligné à ce point combien l’égoïsme peut rendre un cœur inaltérable, et comment l’attachement à l’argent peut enfermer dans une dureté inexpugnable !
N’oublions pas que Luc publie son évangile pour des chrétiens qui croient en Jésus ressuscité, qui vivent la rencontre avec lui notamment dans l’Eucharistie. Veut-il mettre en garde certains convertis qui, même lorsqu’ils confessent leur foi en Jésus vivant, demeurent néanmoins crispés sur leurs possessions, rétifs à soulager leurs frères plus pauvres ?
Les Ecritures dispensent sur le sujet un enseignement parfaitement clair : il suffit de lire…et de se décider à le mettre en pratique avant qu’il ne soit trop tard. Si l’on refuse d’obéir aux Ecritures, la résurrection n’obtient aucun résultat.
Raphaël D
Pauvreté ! – – 26ème Dimanche.
« Jésus Christ s’est fait pauvre, lui qui était riche, pour qu’en sa pauvreté vous trouviez la richesse ». L’antienne de l’Evangile de ce jour et de dimanche passé mérite bien d’être approfondie.
Que Jésus se soit fait pauvre, c’est toute sa vie ici-bas : dès sa naissance dans une crèche, avec son effacement divin à Nazareth, tout son parcours d’annonce de la Bonne Nouvelle, comme évidemment sa passion et sa mort en croix. Que dans sa pauvreté nous trouvions la richesse, richesse qu’il veut communiquer à l’humanité entière, comme nous avons intérêt à nous en préoccuper ! C’est la richesse de Dieu, du Dieu-Amour, de la Sainte Trinité. Les textes de la liturgie viennent nous éclairer.
La 1ère lecture du prophète Amos ? Dieu ne peut accepter le mal ! Il dénonce ceux qui ne pensent qu’à bien vivre« vautrés sur leurs divans », n’ayant aucun souci du désastre de leurs frères d’Israël. Ils seront déportés « et la bande des vautrés n’existera plus ».
Le Psaume 145 fait chanter l’amour de Dieu pour les pauvres : « Chantons le Seigneur, il comble les pauvres ». Détaillé cet amour toujours fidèle de Dieu : « il fait justice aux opprimés » – « aux affamés donne le pain » – « délie les enchaînés » – « ouvre les yeux des aveugles » – « redresse les accablés » – « aime les justes » – « protège les étrangers ».
Toute cette énumération concerne le peuple d’Israël. Il avait connu l’esclavage, la faim, la déportation. Une indication valable pour notre temps et non seulement pour le peuple juif. Avec Jésus et l’Evangile regardons-la sous son aspect spirituel, dépassant le corporel. Prière, sacrements (l’Eucharistie), mission de l’Eglise, sont concernés.
Dans sa lettre à Timothée l’apôtre St Paul écrit d’utiles recommandations pour vivre en disciples de Jésus : « être juste et religieux », vivre « dans la foi et l’amour, la persévérance et la douceur ». S’il recommande « de bien se battre dans la foi », chacun comprendra que la seule arme à employer dans ce combat se nomme : aimer !
L’Evangile (Luc 16, 19-31) peut surprendre. La parabole prononcée par Jésus est cependant très évocatrice. L’histoire racontée ? Celle d’un riche en « vêtements de luxe », qui abonde en « festins somptueux », sans voir « devant le portail » Lazare « couvert de plaies » et affamé. Ce « pauvre mourut » mais se trouve « emporté auprès d’Abraham ». Le riche aussi mourut mais « au séjour des morts » il est condamné « en proie à la torture ». Il s’adresse alors à Abraham pour être rafraîchi, car « il souffre terriblement dans cette fournaise ». Justice est rendue : Lazare « trouve la consolation », le riche « c’est son tour de souffrir ». Un grand abîme les sépare avec l’impossibilité de communiquer cette destinée aux cœurs fermés à l’écoute de « Moïse et des prophètes ».
Oui, évocatrice cette parabole évangélique ! Elle ouvre les yeux sur la destinée humaine, voulue par Dieu dans l’Amour. Ecoutons Jésus nous dire dans les Béatitudes : « Heureux, vous les pauvres : le Royaume de Dieu est à vous » (Luc 6, 20), et avec St Matthieu, précision spirituelle : « Heureux les pauvres de cœur , le Royaume des cieux est à eux ». « Avec les miracles, l’évangélisation des pauvres est le signe donné par Jésus aux envoyés de Jean Baptiste pour reconnaître qu’il est le Messie attendu » (Mt 11,5)
Dieu-Amour, Dieu des pauvres et des humbles, c’est ce que nous a fait découvrir en sa personne Jésus Christ. Sa gloire est sa résurrection, il veut nous la faire partager pour la vie éternelle. Il est « le Chemin ».
Avec foi, avec courage, avec l’Esprit d’amour, marchons à sa suite. Vivons l’esprit de pauvreté et de partage. Marie saura nous y aider , prions-la
Un citoyen du monde sur deux vit quotidiennement avec moins d’un euro et demi et une personne sur six habite dans un bidonville. Cette parole du Père Tanguy-Marie me traumatise !
La cause du coeur endurci de nos sociétés occidentales réside dans l’avarice, péché qui entraîne au repliement sur soi.
Personnellement, je tiens à mes “petites richesses” : en effet, j’ai deux enfants que j’aide chaque mois. Mais en moi-même, Lazare ne cesse d’interpeller “la riche”. Parfois, il m’arrive d’écouter la voix qui m’appelle du plus profond de moi-même et me dit que je suis davantage que ce que je possède ou ce que je fais. INSTANT FUGITIF QUI MARQUERA J’ESPERE, LE DEBUT D’UN NOUVEAU CHEMIN DE VIE.
Ceci étant, j’ai été généreuse envers une jeune fille roumaine qui mendiait dans le métro. Je constate avec plaisir qu’elle n’a pas été expulsée. Par contre, le genre de vie qu’elle mène chez nous, est désolant.
Seigneur, aide-moi à PARTAGER DAVANTAGE AVEC LES AUTRES. En effet, si je donne presque tout ce que j’ai à mes enfants sans sourciller, lorsqu’il s’agit d’aider des inconnus, je réfléchis beaucoup.
Pourtant, il ne se passe pas une seule semaine sans que je reçoive des demandes de dons de la part d’associations honnêtes. Je les pose sur la table, mais Henri ne donne jamais suite et de plus, il ne les lit pas. Il ne se sent vraiment pas concerné.
Jésus, dorénavant, je ferai de mon mieux pour aider davantage mes frères et soeurs.
Christiane