Dédicace de la basilique de Saint Jean du Latran
Abbé Jean Compazieu | 9 novembre 2010
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Nous célébrons aujourd’hui la dédicace de la basilique Saint Jean du Latran. Sur la façade, nous pouvons y lire : “Mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde”. Ainsi la cathédrale de Rome n'est pas la basilique Saint Pierre comme beaucoup le croient, mais celle de Saint Jean du Latran. C'est effectivement la plus ancienne église de Rome. Vingt papes ont travaillé à la rebâtir, la restaurer et l'embellir. Pour nous, c'est l'Eglise mère. Chaque année, toutes les églises de rite romain du monde entier fêtent l'anniversaire de sa consécration le 9 novembre. C'est une manière de fêter l'unique Eglise de Jésus Christ dont nous sommes les pierres vivantes. Cette fête rappelait à tous que l'homme était pris en charge par l'Eglise de la naissance jusqu'à la mort.
L'évangile qui nous est proposé pour ce dimanche nous montre Jésus très en colère devant tout ce qu'il voit dans le temple. En y arrivant, il trouve des vendeurs qui proposent tout ce qu'il faut pour offrir des sacrifices à Dieu. Alors, il confectionne un fouet avec des cordes, il renverse les comptoirs et chasse les animaux. Pourtant ce commerce était bien commode pour les pèlerins qui voulaient rendre un culte à Dieu. Mais Jésus n'est pas d'accord. Son intention n'est pas d'abord de défendre la beauté du lieu. Ce qu'il dénonce c'est le bruit d'argent si près du Saint des Saints. C'est une insulte à la grandeur de Dieu. Jésus revendique le droit de défendre le caractère sacré de ce lieu : “Vous êtes ici chez moi. Le temple est la maison de mon Père et je ne vous laisserai pas en faire une caverne de voleurs.
Le temple de Jérusalem a été détruit. Mais la petite lampe qui brille dans nos églises nous rappelle cette présence du Christ sous les espèces eucharistiques. C'est pour cette raison que ce lieu doit être respecté. On n'y entre qu'avec une tenue correcte. On n'y vient pas pour discuter mais pour se recueillir et célébrer le Seigneur. Et puis, nous ne devons pas oublier que des gens se sont investis pour embellir cette maison. Ils ont donné de leur peine, de leur temps et de leur argent. Pensons aussi aux personnes qui viennent chaque semaine pour la nettoyer et la fleurir. A travers cet effort de restauration et d'embellissement, nous voulons donner à Dieu une demeure digne de lui.
Il nous faut aller plus loin dans la compréhension de cet évangile. Quand Jésus chasse les animaux vendus dans le temple, il nous faut voir le côté hautement symbolique de ce geste. Il annonce que ces sacrifices d'animaux n'auront bientôt plus aucune raison d'être. Le seul sacrifice agréable à Dieu c'est celui que le Christ fait de lui-même, c'est une vie donnée à Dieu et aux autres. De plus le temple dont les juifs sont si fiers n'est qu'un temple de pierre construit par un païen. Plus tard, il sera détruit. Jésus nous annonce que le seul vrai temple de Dieu c'est son corps. Il est la présence de Dieu parmi les hommes.
A chaque messe, nous recevons le Corps du Christ. Cette démarche devrait nous inspirer une attitude infiniment respectueuse et recueillie. C'est le Christ qui est là. Ce Jésus que nous accueillons veut nous unir à lui et à tous nos frères. C'est tout le peuple de Dieu qui est le Corps du Christ. Il est la tête et nous sommes les membres. Ailleurs il nous dit qu'il est le cep et nous les sarments. Les uns avec les autres, nous sommes les pierres vivantes de l'Eglise. Malgré ses imperfections et ses faiblesses, cette Eglise reste la demeure de Dieu parmi les hommes. Elle est pour notre monde le signe de sa présence. Saint Vincent de Paul disait très justement qu'elle n'est pas une “institution de saints mais une institution à faire des saints.” L'important c'est qu'elle soit vraiment unie au Christ et que nous soyons unis les uns aux autres. C'est à cette intention que Jésus a prié au soir du jeudi saint.
Beaucoup se complaisent à critiquer l'Eglise et à ne voir que ce qui ne va pas. Ils n'oublient qu'une chose : c'est qu'ils en font partie. Au jour de notre baptême, nous sommes entrés dans cette grande famille. En tant que chrétiens baptisés et confirmés, nous y avons une mission à remplir. Si quelque chose ne va pas, nous sommes tous responsables. Le Temple de Dieu, c'est aussi la communauté paroissiale, où chacun a sa place, où chacun s'appuie sur les autres, où chacun porte les autres, où ensemble nous laissons passer quelque chose de la gloire de Dieu… Notre rôle aux uns et aux autres c'est d'annoncer l'Evangile du Christ, c'est de travailler ensemble à la construction d'un monde plus juste et plus fraternel. Le Christ ne cesse de nous appeler et de nous envoyer. L'Evangile est une bonne nouvelle qui doit être annoncée au monde entier. C'est notre mission et notre responsabilité. Personne ne doit rester au bord du terrain à regarder et à critiquer les autres.
Un jour, l'Eglise institutionnelle avec ses structures n'aura plus sa raison d'être. Les églises et les cathédrales seront en ruine. Il ne restera que le seul véritable temple, Dieu lui-même. C'est autour de lui que les hommes sont appelés à être rassemblés. Toute notre vie actuelle est une marche, un pèlerinage vers cette grande fête qui n'aura pas de fin. Chaque dimanche, c'est l'amour du Christ qui nous réunit dans nos églises. Prions-le pour qu'il soit pour nous source de joie et d'espérance.
D'après diverses sources
Je peux que calquer mes pauvres mots sur ceux de saint Augustin qui disait:” Le bapteme fait l’Eglise et l’Eglise fait le bapteme”, pour arriver a cette conclusion que c’est l’Homme qui fait l’Eglise et L’Eglise fait l’homme. La vraie eglise, qui est le Christ Lui-meme, n’est pas faite de pierres en voute ou pas, mais des hommes qui croient en Jesus-Christ. C’est parce qu’il y a des hommes que l’on eprouve la necessite de construire des edifices en pierres. Ce sont les hommes qui en tracent les plans, en posent des pierres et s’y rassemblent au nom du Christ. Puissions-nous prendre au serieux et avec foi les paroles de saint Paul:”nous sommes le temple de L’Esprit-Saint”.