2ème dimanche de l'Avent
Abbé Jean Compazieu | 28 novembre 2010Préparez le chemin du Seigneur
Textes bibliques : Lire
L'évangile de ce dimanche nous rapporte la prédication de Jean Baptiste le précurseur. Il annonce un message très important qui concerne le Royaume de Dieu tout proche. Mais alors, pourquoi avoir choisi le désert et non le Centre ville ou un lieu de grands passages ? Le désert c'est le lieu de l'aridité ; rien n'y pousse ; c'est aussi le lieu de tous les dangers pour celui qui ose s'y aventurer ; on peut y mourir de faim et de soif. De plus, nous savons aussi que le désert c'est aussi le lieu des enlèvements et des prises d'otage.
Mais en ce dimanche, la Parole de Dieu vient nous rappeler un point absolument essentiel : Dans le monde de la Bible, le désert c'est le lieu de la conversion. Il suffit de relire le livre de l'Exode pour s'en rendre compte. Comme les hébreux, nous sommes invités à découvrir que c'est le lieu de passage obligé pour celui qui veut renouveler sa foi en Dieu. Il nous faut aller au désert pour accueillir Celui qui doit venir. La question n'est pas d'aller dans le désert de la Judée ni celui du Sahara. Ce qui nous est proposé, c'est de nous retirer loin des bruits de ce monde, loin des sollicitations publicitaires qui ont tendance à prendre une place de plus en plus envahissante dans notre vie. Aller au désert, c'est nous dépouiller de toute chose superficielle pour ne retenir que l'essentiel. La véritable conversion passe par un dépouillement de notre cœur et de notre esprit.
Cet appel à nous convertir passe par des choix très concrets : “Aplanissez la route pour Dieu”, nous recommande Jean Baptiste. Cela signifie qu'il nous faut faire sauter tous les obstacles qui nous éloignent de la confiance en Dieu, l'indifférence ambiante, la peur de la critique, l'impression que le mal est toujours triomphant. Quand nous lisons les journaux ou quand nous regardons la télévision, nous ne voyons souvent que ce qui va mal, la violence, le racisme, la crise économique. Ce temps de l'Avent nous invite à revenir à l'évangile pour apprendre à voir le monde avec le regard de Dieu, un regard plein d'amour et d'espérance. Avec le Christ, nous pouvons être sûrs que le mal n'aura pas le dernier mot. C'est l'amour qui vaincra.
“Produisez un fruit qui exprime votre conversion” nous dit encore Jean Baptiste. Prier tous les jours et aller à la messe c'est bien. C'est même indispensable. Mais les fruits que Dieu attend de nous, c'est aussi le respect des autres, c'est le partage avec celui qui a faim et froid, c'est aussi le courage de pardonner à celui qui nous a blessé ; c'est aussi lutter contre tout ce qui détruit une personne, un groupe ou une société. On nous parle parfois des armes de destruction massive. C'est vrai qu'elles existent et elles font mal. Mais celles qui anéantissent le plus notre monde, c'est l'égoïsme, l'indifférence, l'injustice sociale, les scandales financiers qui plongent les plus pauvres dans la misère. Préparer la venue du Seigneur dans notre vie et notre monde, cela passe par des gestes d'accueil, de partage et de réconciliation.
C'est en regardant vers sa croix que nous comprenons ce qu'il attend de nous. Devant cet amour passionné de celui qui a donné sa vie pour le salut du monde, nous découvrons que nous sommes loin du compte. Il nous faudra bien toute notre vie pour vraiment nous convertir à Jésus Christ. Il ne cesse de nous appeler à marcher à sa suite, mais de notre part, c'est souvent un pas en avant et deux en arrière. Il nous arrive de tomber mais le Seigneur est toujours là pour nous relever et nous aider à nous remettre en route. Son amour nous est offert une fois pour toutes et rien ni personne ne peut nous en séparer.
Il ne s'agit donc pas de performances spirituelles à accomplir avec la seule force de notre volonté. Les lectures de ce dimanche nous parlent de l'Esprit Saint et de son action transformante. C'est avec lui et grâce à lui que le désert devient un lieu de rencontre et d'échange, un lieu d'égalité entre tous, un lieu de partage et d'accueil. Quand le Père François a fondé la Fraternité chrétienne des personnes malades et handicapées, il voyait bien le désert de solitude dans lequel des personnes étaient plongées. C'est pour cela qu'il les a encouragées à sortir pour aller vers les autres. Il disait : “La Fraternité c'est un malade qui va vers un autre malade et ensemble, ils vont vers un troisième”. Et ce mouvement s'est étendu comme un feu dans le monde entier.
C'est dans ces gestes d'amour et de partage que nous reconnaissons la présence et l'action de l'Esprit Saint. Ils sont le signe que Dieu est déjà parmi nous. Nous aussi, nous sommes invités à l'accueillir et à accueillir tous nos frères. En ce jour, Jean Baptiste nous oriente vers Celui qui doit baptiser dans l'Esprit Saint et le feu. Par ce baptême, il nous donne une force extraordinaire de renouvellement et de recréation capable de saisir les plus grands pécheurs pour en faire des saints. Ce feu dont parle l'évangile c'est celui de l'amour qui est en Dieu. Jean Baptiste a annoncé cette bonne nouvelle mais il n'a pu en voir la réalisation. C'est pour cette raison qu'un jour, Jésus a dit : “Le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. (Mt 11, 11)
En te suivant, Seigneur Jésus, nous sommes plongés dans l'amour de Dieu. C'est mieux que les sacrifices de l'ancienne alliance. Que cette Eucharistie nous permette de partager ce bonheur avec tous ceux qui nous entourent. AMEN
Jean C. (D'après diverses sources)
Du Père Raphaël D
2ème dimanche de l’AVENT – année A – 5 décembre 2010 – Evangile de Matthieu 3, 1-12
Jean pour que vienne Jésus
Au seuil de chaque évangile, se tient un portier : Jean. Personnage d’une importance exceptionnelle puisque c’est lui qui désigne Jésus comme le Messie attendu. S’il faut donc toujours passer par lui, pour connaître Jésus le Christ, demandons-nous : Jean était-il le PRECURSEUR authentique du seul Messie-Sauveur du monde ??? Faisons un peu d’histoire.
LE PROPHETE ELIE.
Vers 850 avant le Christ apparut tout à coup un homme de feu : le prophète Elie osa se dresser contre le roi Achab qui, influencé par sa femme Jézabel, introduisait en Israël le culte des faux dieux. Fidèle à son nom « Eliyyah » (qui signifie « YHWH est mon Dieu »), Elie combattit de toutes ses forces pour imposer l’unique culte du seul Dieu YHWH. Il connut une fin mystérieuse : près de Jéricho, au-delà du Jourdain, sous les yeux de son disciple Elisée, il disparut dans le ciel.
Son souvenir marqua les esprits : ce champion du monothéisme était donc toujours vivant.
Quatre siècles plus tard, dans les années 475, alors qu’Israël n’était plus qu’une petite province de l’empire perse, le prophète Malachie transmit un mémoire de Dieu :
« Voici que vient le Jour brûlant comme un four. Les méchants ne seront que paille. Mais pour vous qui craignez mon nom, le soleil de justice se lèvera portant la guérison….Voici que je vais vous envoyer Elie le prophète, avant que ne vienne le Jour du Seigneur, Jour grand et redoutable.
Il ramènera le cœur des pères vers leurs fils, celui des fils vers leurs pères, pour que je ne vienne pas frapper la terre d’interdit ». (Malachie 3, 1-24)
Donc YHWH promettait d’intervenir « un jour » pour sauver son peuple en envoyant « le soleil de justice » (donc le Messie). Mais auparavant, en préparation, devait venir Elie qui aurait la curieuse mission de restaurer la relation entre les pères et les fils. C’est cela qui empêcherait la destruction générale. Soulignons que ces lignes de Malachie sont les dernières du recueil des livres des Prophètes : le message biblique se clôt donc sur cette promesse, cette ouverture à l’avenir,.
Depuis lors l’attente demeura vivante et aujourd’hui encore l’espérance juive guette le retour d’Elie, prélude certain à la venue du Messie donc à la libération.
——— D’autre part il faut évoquer un autre personnage important.
LE MESSAGER DE LA BONNE NOUVELLE.
En – 587, Jérusalem fut conquise et détruite par Nabuchodonosor et la population déportée à Babylone. L’histoire d’Israël semblait vouée à l’échec définitif. Or tout à coup, vers – 538, un prophète reçut mission de proclamer la Bonne Nouvelle :
« Réconfortez mon peuple » dit Dieu…
Une voix proclame : « Dans le désert dégagez un chemin pour YHWH, nivelez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu. Que tout vallon soit relevé, toute montagne abaissée…Alors la Gloire de YHWH sera dévoilée et tous les êtres de chair ensemble verront que la bouche de YHWH a parlé… Joyeuse messagère, élève la voix et dis : « Voici votre Dieu, il vient avec vigueur ; comme un berger il fait paître son troupeau… » (Isaïe 40)
Ce prophète anonyme (auteur des chapitres 40 à 55 du livre d’Isaïe) proclamait l’incroyable Bonne Nouvelle : la mort en exil n’était pas irrémédiable car YHWH lui-même allait intervenir pour libérer son peuple et lui permettre de retourner sur sa terre. Or effectivement, peu après, le roi perse Cyrus s’empara de Babylone et renvoya les déportés juifs chez eux. C’était le deuxième retour, le deuxième « exode » après celui hors d’Egypte plus de 11 siècles auparavant.
Cet « évangile » se grava dans les mémoires et devint le cœur de l’espérance juive : quoi qu’il arrive dans l’avenir, YHWH nous libérerait toujours de toutes les servitudes.
JEAN LE BAPTISTE EST LES DEUX : ELIE ET LE PROPHETE DU 3ème RETOUR
Les siècles passèrent: après la domination perse puis grecque, Israël tomba sous l’occupation romaine. Mais, à travers ces époques de malheur et de détresse, la prière demeurait fervente : on continuait à supplier pour que les miracles de YHWH se réitèrent :
– Oui, Elie reviendrait.
– Oui, la Bonne Nouvelle annoncerait la libération définitive par YHWH.
Et en effet la prière fut exaucée ! Cette année-là (en 28 après J.C.), enfin SURGIT UN HOMME : son nom était JEAN (en hébreu IOHANNAN = « Dieu fait grâce ») et il accomplissait ce que promettaient les Ecritures :
– Il se posta au-delà de la rive du Jourdain, là même où Elie avait disparu dans le ciel.
– Il reprit le même vêtement (« Jean porte un vêtement de poils de chameau ») et adopta son régime frugal (« il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage »)
– Il dénonça les mœurs des puissants et s’attira leur haine.
– Il prépara la rectification du lien entre pères et fils en désignant Jésus, vrai FILS de YHWH son PERE.
– Et il annonça le 3ème et dernier Exode : non plus le retour d’Egypte ou de Babylone mais la libération de l’esclavage du péché, l’entrée dans le Royaume de Dieu.
En tout cas pour Jésus, les Apôtres et les premiers chrétiens, Jean était bien l’actualisation des promesses, le héraut du salut tout proche.
QU’A FAIT JEAN ? QUE FAIRE POUR PREPARER LA VENUE DU CHRIST ?…
Il n’appelle pas à l’insurrection armée contre les ennemis mais à la conversion « car le Royaume des cieux est tout proche ».
Il demande que chacun regrette et avoue ses péchés et descende dans les eaux du fleuve afin d’être purifié. Mais le prophète n’est pas naïf : il remarque que certains se plient à l’aveu des fautes et au rite du baptême mais sans adopter un comportement converti, changé – car leur ascendance juive semble les assurer du salut. C’est pourquoi Jean tonitrue :
« Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ?
Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion et n’allez pas dire en vous-mêmes :
« Nous avons Abraham pour père » ! Car je vous le dis : avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham ».
Regretter ses fautes passées, pratiquer des rites, avoir des parents croyants ne sont que des préalables : le baptême appelle à « fructifier » c.à.d. à porter des fruits concrets de justice et de paix.
JEAN ANNONCE UN AUTRE
Rigoureux, intrépide, Jean se rend compte néanmoins des limites de sa mission : ce ne sont pas les sermons et les remontrances qui peuvent réaliser le changement du cœur, rendre efficace la véritable conversion. Aussi sa prédication devient promesse :
« Moi, je vous baptise dans l’eau pour vous amener à la conversion…Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu… »
Jean est bien le nouvel Elie qui annonce le Jour de Dieu. Il est aussi le nouveau messager qui promet la fin de l’exil. Mais c’est UN AUTRE, « après lui », qui accomplira l’œuvre de salut.
En effet JESUS accepte le baptême de Jean, prêche comme lui mais il est une personne d’une tout autre envergure. Il y a un abîme entre Jean et lui. Car seul il sera capable non seulement de prêcher et de baptiser mais il communiquera l’ESPRIT, le SOUFFLE, la VIE de Dieu pour que les humains – tous pécheurs, loin de Dieu – deviennent des FILS et aiment YHWH leur PERE.
CONCLUSION
Quelles « gens » ont joué le rôle de Jean (Baptiste) dans ma vie ? Qui m’a expliqué les Ecritures ?
Suis-je convaincu, comme Jean-Baptiste, que les promesses de Dieu s’accomplissent toujours…mais pas toujours comme je le pense ?
L’Eglise est-elle encore aujourd’hui celle qui, comme le Baptiste, exhorte et baptise mais ose dénoncer le pharisaïsme, la foi non réelle, la fausse assurance religieuse ?
Sait-elle s’effacer pour montrer Jésus Sauveur ?
Pourquoi les « pères » ne parviennent-ils plus guère à transmettre la foi aux « fils » ?
Raphaël D
De Kerit.be
Deuxième dimanche de l’Avent A
Isaïe est le prophète de l’Avent. La liturgie nous propose de larges extraits de l’œuvre de celui qui est sans doute le plus grand écrivain de la langue hébraïque. Nous avons aujourd’hui entendu le formidable chapitre 11.L’avenir de notre monde, y est-il dit, réside dans un homme sorti de la communauté humaine comme un rameau est issu de sa racine. Il réalise les attentes des hommes car, sagesse, discernement, esprit de conseil, esprit de force, esprit de connaissance, de crainte de Dieu constituent sa personnalité. Il est l’homme de justice, de droiture et de fidélité.
En images hardies, qui rapprochent les extrêmes, le prophète réunit le loup et l’agneau, le léopard et le chevreau, le nourrisson et le cobra… Osons les actualiser : Chinois et les Tibétains font la fête ensemble, les Tutsis gouvernent avec les Hutus, les Juifs et les Arabes vivent dans une palestine unie, les deux Corées se réunifient paisiblement, flamands et wallons se mettent à s’entendre… Il n’y a plus de gens ni de gauche ni de droite, ni d’extrême centre non plus, il n’y a que des rencontres, des vis-à-vis.
Mais plus près de nous encore, en nous-mêmes, il y a aussi des rapprochements à réaliser. Je ne suis plus allergique à la présence de telle personne, je cherche à échanger avec celui que j’ai envie d’exclure, je vais au devant de celui que je voudrais fuir.
C’est sur cette base que Jean le Baptiste crie dans le désert. Il appelle à la conversion, car ce que le prophète Isaïe annoncait est proche. Le message est si fort que les gens n’hésitent pas à gagner le désert « en grand nombre pour se faire baptiser par lui en reconnaissant leurs péchés. »
L’intervention de Jean a mis encore au clair bien des choses. L’aveu du péché n’est pas seulement un acte de purification comme on prend un bain pour se laver. Il doit conduire à des comportements nouveaux, au changement complet de sa façon de vivre.
Jean exprimait sa pensée en des invectives violentes. IL n’a rien du politicien populiste qui flatte son auditoire pour en récolter les votes ! Comme Isaïe, il est saisi par le sens de Dieu. Il n’est pas en colère contre ce qui ne lui plaît pas. Il ne règle aucun compte. Son langage n’est pas l’expression de sa rancœur envers les pharisiens et les sadducéens, camouflée sous les citations de la Bible.
Il revendique hautement le droit de Dieu, en commençant à être sévère contre lui-même. Il le dit : Dieu dépasse à l’infini son prophète. Lui, il ne propose qu’un rite de l’eau, alors que l’œuvre de Dieu est le souffle de feu qui infuse en l’homme la vie divine. Il faut tout simplement tracer un chemin, enlever tout ce qui bloque la route pour que le Messie puisse venir.
Le monde, notre cœur sera alors rempli de la connaissance du Seigneur, « comme les eaux qui couvrent le fond de la mer. » Le mot est du prophète Isaïe. Et St Paul nous redit la même expérience : « Dieu sera tout, en tous ».
Jean-Baptiste a raison : il y a urgence à nous convertir. Alors supplions le Dieu « de la persévérance et du courage » de venir à notre secours. Et tout à l’heure, en venant communier, nous recevrons la force de renouveler notre relation avec Dieu et nos relations avec nos proches…
Les homélies sur kerit.be
Le texte esu un peu long. J’aimerais que vous le resumez au moins au 1/4 de son volume initiale.
Merci pour votre compréhension
Chacun peut le retravailler et le résumer comme il l’entend.