Baptême du Seigneur
Abbé Jean Compazieu | 31 décembre 2010Jésus immergé dans notre condition humaine
Textes bibliques du 9 janvier : Lire
Nous venons de fêter dans la joie la naissance du Christ Sauveur. L’évangile de ce dimanche nous renvoie à une trentaine d’années plus tard. Devenu adulte, Jésus se fait baptiser par Jean Baptiste dans les eaux du Jourdain. Avant de commencer son ministère public, il rejoint les hommes pécheurs qui demandaient à être purifiés de leurs péchés. Cette démarche était pour eux le signe qu’ils voulaient se purifier et se convertir. Parmi eux, il y avait des collecteurs d’impôts qui s’enrichissaient au détriment des plus pauvres, des soldats brutaux et pilleurs, mais aussi des pharisiens hypocrites qui se croyaient justes. Jean Baptiste les invitait tous à se convertir.
Or voilà que Jésus se mêle à cette foule et demande à recevoir ce baptême. Pourtant, il n’a aucun péché à se faire pardonner. Il n’a donc pas besoin de faire cette demande de purification. Jean Baptiste le lui fait remarquer : “C'est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi et c'est toi qui viens à moi !” Mais Jésus lui répond : “Laisse faire maintenant : C'est ainsi qu'il convient d'accomplir toute justice.” La justice, on en parle régulièrement dans les évangiles. Saint Matthieu par exemple nous dit que Joseph était un homme juste. Ce mot est piégé : dans notre langage, la justice c'est l'équité, c'est rendre à chacun ce qui lui est dû.
Dans l'évangile, ce n'est pas de cela qu'il s'agit. La justice c'est l'équivalent de la sainteté, c'est être “ajusté” à ce que Dieu demande. Dieu a une volonté sur l'homme et cela ne peut être qu'une volonté d'amour. Et pour que nous puissions connaître cette volonté, il nous envoie son Fils Jésus. Tout au long de sa vie, Jésus sera totalement ajusté à la volonté de son Père. Lui-même ne manquera pas de le dire : “Ma nourriture c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin.” Cette œuvre, c'est le Salut du monde. “Dieu n'a pas envoyé son Fils pour juger le monde mais pour que le monde soit sauvé.”
C'est pour remplir cette mission que Jésus a demandé à recevoir le baptême proposé par Jean Baptiste. Il a choisi d'être plongé, immergé dans la condition humaine très concrète. Il est rentré dans l'eau du Jourdain, pur de tout péché. Il en est ressorti porteur de tous les péchés du monde. C'est une manière de nous faire comprendre qu'il se laisse plonger au plus profond de notre humanité. Il prend sur lui notre condition humaine avec ses péchés. Il nous montre par ce geste qu'il veut entraîner tous les hommes dans la voie de la purification.
Cet évangile nous rejoint dans la situation qui est la nôtre : nous vivons dans un monde qui souffre de la violence, du racisme, des guerres. L'actualité nous en donne chaque jour des exemples dramatiques. En cette période d'hiver, nous pouvons penser à tous ceux et celles qui habitent “en bas de chez nous” c'est-à-dire à la rue. On y meurt de froid, mais surtout de manque d'amour. Or voilà que Jésus veut nous dégager de tout ce mal. Comme au jour de son baptême, il le prend sur lui. Il nous demande de lui donner tout ce qu'il y a de méchant dans notre vie, notre indifférence, nos mensonges, nos calomnies. Il veut nous en libérer. Il désire que nous vivions heureux. Il nous montre le chemin de son cœur pour que nous venions le voir tous les jours.
Ce baptême de Jean Baptiste nous annonce un autre baptême, celui que reçoivent les chrétiens. C'est la consigne que nous lisons à la fin de l'évangile de saint Matthieu : “Allez dans toutes les nations… Baptisez-les.” Un jour, une maman disait : “Je veux que mon enfant reçoive le même baptême que Jésus.” C'est d'une logique implacable. Mais elle ne se rendait pas compte de ce qu'elle demandait. Le baptême de Jésus l'a plongé dans notre humanité avec tout ce qu'il y a de péché en elle. Le baptême chrétien nous a immergés dans sa divinité, c'est-à-dire dans l'amour qui est en Dieu Père, Fils et Saint Esprit. En Jésus, l'humanité retrouve l'amour du Père. Il reste Emmanuel, Dieu avec nous jusqu'à la fin des temps. Par ses sacrements, il nous fait participer à sa vie divine. Au jour de notre baptême, le Père nous dit à chacun : “Tu es mon enfant bien-aimé”. Le sacrement du pardon nous redonne vie et remplit de joie le Père. Par l'Eucharistie, il vient entretenir et développer en nous cette vie.
Dans l'Église primitive, les candidats au baptême venaient d'un monde sans Dieu dont la vie n'avait aucun sens. Le baptême était pour eux le point de départ d'une rupture avec l'existence qu'ils avaient connue jusque là. Ils avaient le sentiment que c'est seulement par le baptême qu'ils commençaient à vivre vraiment. Tout ce qu'ils avaient connu jusque là était absurde et vide. Leur seule préoccupation était la recherche effrénée des plaisirs et des fêtes et tout ce qui pouvait exciter les sens et la curiosité. Le baptême était le point de départ d'une rupture avec toute cette agitation. C'était pour eux comme une nouvelle naissance. C'est un sacrement qui nous fait participer à la nature divine. Le baptême nous arrache à une voie sans issue, à une voie de solitude. Il nous offre de participer à la nature divine.
Nous te prions, Seigneur, aide-nous à vraiment redécouvrir la force et la grandeur de notre baptême. Donne-nous de plonger tous les jours dans cet océan d'amour qui est en Dieu Père, Fils et Saint Esprit. Amen
Un point de vue que personne ne m’avait ainsi résumé en deux phrases si concises :
— “Le baptême de Jésus l’a plongé dans notre humanité avec tout ce qu’il y a de péché en elle.
— Le baptême chrétien nous a immergés dans sa divinité, c’est-à-dire dans l’amour qui est en Dieu Père, Fils et Saint Esprit.”
Merci, L.J.
Merci d’avoir souligné cette réalité importante. La démarche de Jésus ne pouvait qu’être différente de celle de ses contemporains. Eux venaient pour se faire purifier. Lui, il entre dans l’eau boueuse du Jourdain pour prendre sur lui tous nos péchés. Cette démarche inaugure son ministère public au cours duquel il annonce la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu
bonjour,
Je viens avec un peu de retard, vous souhaiter de bonnes fêtes de fin d’année. Que l’amour que nous donne chaque jour notre Seigneur soit pour le monde entier , notre manière de vivre. Je vous souhaite espérance sante et paix pour cette année qui va commencer.
Encore merci ,
amitié Noële
Du Père RD
BAPTEME DE JESUS – année A – dimanche 9 janvier 2011 – Evangile de Matthieu 3, 13-17
BAPTISÉS DANS L’AMOUR DU PÈRE
On doit être en l’an 28 de notre ère : depuis plus de 90 ans, les Romains occupent le pays d’Israël et oppriment durement la population qui souffre d’exactions et de grande pauvreté. La tension est forte : des partisans armés appellent à la révolte, des soulèvements éclatent et la répression est impitoyable. La violence est partout. Le Messie annoncé va-t-il enfin paraître ?…Jésus, qui a environ 33 ans, vit avec sa mère veuve dans le petit village de Nazareth en Galilée où il exerce le métier de charpentier. Une rumeur se répand : en Judée, un prophète exhorte les gens à se préparer à la catastrophe finale en confessant leurs péchés et en acceptant le baptême dans le Jourdain. Appel inouï puisque le pardon s’obtient normalement au temple en offrant des sacrifices. Le temps de l’Avent nous a rappelé cette activité de Jean: voici aujourd’hui la suite. Comment va se produire la véritable « révolution » de l’humanité ?????
Jésus, arrivant de Galilée, paraît sur les bords du Jourdain et il vient à Jean pour se faire baptiser par lui. Jean voulait l’en empêcher et disait : « C’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi et c’est toi qui vient à moi ? ». Mais Jésus lui répond : « Pour le moment laisse-moi faire : c’est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste ». Alors Jean le laisse faire.
On remarque l’embarras de tous les évangélistes qui se doivent de raconter un fait connu : Jésus, véritable Messie, FILS DE DIEU, et donc très supérieur à Jean, a accepté son baptême !? Dieu demandait qu’il en soit ainsi, dit-il. Mais après une vague allusion au rite, Matthieu explique la profondeur réelle de l’événement qui s’est passé alors et que personne, semble-t-il, n’a remarqué.
La traduction liturgique est ici rectifiée : chaque phrase est à commenter dans sa richesse :.
Dès que Jésus fut baptisé, aussitôt il remonta de l’eau et voici que les cieux s’ouvrirent
et il vit l’Esprit de Dieu descendant comme une colombe, venant sur lui ;
et voici une voix des cieux disant : « Celui-ci est mon fils bien aimé, en qui je me complais »
« DÈS QUE JÉSUS FUT BAPTISÉ, AUSSITÔT IL REMONTA DE L’EAU »
Jésus s’est mêlé au petit peuple et il adopte la démarche des pénitents: il s’est dévêtu, est « descendu » dans l’eau et en « remonte ». L’orgueil humain veut se grandir mais toujours s’effondre : la foi est humble (humus) et Dieu l’exalte. Le baptême est un geste qui mime le trajet pascal : descente (mort) et montée (résurrection)…et non « une bénédiction porte-bonheur » !
Rappelons-nous l’hymne célèbre que les premières communautés composeront sur ce thème :
« Lui qui était de condition divine, il s’est dépouillé, Il s’est fait semblable aux hommes,
Il est devenu obéissant jusqu’à la mort. C’est pourquoi Dieu l’a souverainement exalté… » (Phil. 2, 6)
« ET VOICI QUE LES CIEUX S’OUVRIRENT »
L’image est classique pour désigner le domaine caché de Dieu. Depuis des siècles, Israël souffrait de l’interminable silence de Dieu : plus de rois, plus de prophètes, plus de voyants. L’un des derniers d’entre eux (on l’appelle le 3ème Isaïe : – 5ème siècle) suppliait Dieu de se manifester enfin :
«Seigneur, regarde depuis le ciel : où sont ton zèle et ta vaillance et ta miséricorde ? Tes tendresses sont-elles oubliées ? C’est que notre Père, c’est toi ! Pourquoi nous laisses-tu errer loin de tes chemins, pourquoi nos cœurs endurcis ? Reviens pour notre cause ! Nos agresseurs ont écrasé ton sanctuaire. Depuis longtemps nous sommes ceux sur qui ton Nom n’est pas appelé
AH ! …. SI TU DECHIRAIS LES CIEUX ET SI TU DESCENDAIS !!! » (Isaïe 63, 14-19)
Après le désastre de la destruction de Jérusalem, l’incendie du temple (-587), la déportation, la fin de l’indépendance nationale, le prophète comprenait que pour sortir du marasme, les lois, les institutions politiques et cultuelles demeuraient impuissantes. Il ne fallait rien moins qu’une intervention directe de Dieu : « Descends ! ». Eh bien, l’impossible se réalise maintenant.
« ET IL VIT L’ESPRIT DE DIEU, DESCENDANT COMME UNE COLOMBE, VENANT SUR LUI »
« L’Esprit-Saint » : La « rouah » de Dieu (le mot hébreu est au féminin) désigne son inspiration, son souffle puissant, son dynamisme. Jésus n’est pas un homme qui, en ce moment, serait « adopté » par Dieu puisqu’il nous a été dit qu’il avait été engendré par l’Esprit (1, 18)
a)dès le début de la Bible, l’Esprit planait (comme un oiseau) sur le tohu bohu pour qu’il devienne un cosmos ordonné où la vie allait jaillir (Genèse 1, 2) ; ici lors du baptême, la Rouah investit Jésus de la force agissante de Dieu afin de commencer sa mission, la re-création de l’humanité.
b) au déluge, la colombe apporta la branche d’olivier, signe de la fin de la purification (Gen 8, 11) ; Jésus est le messager de la réconciliation, il prodiguera la paix du pardon.
c) dans le Cantique des cantiques, parabole de l’amour entre Dieu et son peuple, celui-ci est appelé « ma colombe » (Cq 2, 14 ; 5, 2…) : Jésus s’assimile à son peuple et accepte de le porter, le prendre en charge.
« ET VOICI UNE VOIX DES CIEUX DISANT :
« CELUI-CI EST MON FILS BIEN AIMÉ, EN QUI JE ME COMPLAIS »
La voix céleste est évidemment celle du « Père » puisqu’il s’adresse à son fils. En fait sa vocation est constituée d’une triple référence aux Ecritures :
a) « Celui-ci est mon fils » : reprend la phrase du psaume 2 où était énoncée la formule d’investiture du roi par Dieu : « Le Seigneur(Dieu) m’a dit : « Tu es mon Fils : aujourd’hui je t’ai engendré. Demande-moi et je te donne les nations en héritage » (Psaume 2, 7).
Par son baptême, Jésus devient bien le Roi du monde, sans autre puissance que son amour.
b) « Bien-aimé » : le qualificatif n’est pas si courant. Il désigne Isaac dans la scène dramatique où Abraham croyait être appelé à sacrifier son fils (Genèse 22). Jésus sera conduit au supplice par les hommes mais son Père sauvera son Fils « chéri » de la mort.
c)« en qui je me complais » : Au temps du long exil à Babylone, Dieu avait promis par un prophète d’envoyer son « serviteur », c.à.d. un homme parfaitement loyal qui viendrait accomplir sa volonté : libérer le peuple et apporter le droit au monde :
« Voici mon Serviteur que je soutiens, mon élu que j’ai en faveur : j’ai mis mon Esprit sur lui. Il fera paraître le jugement pour les nations ; il ne criera pas, n’élèvera pas le ton ; il ne brisera pas le roseau ployé…Ainsi parle Dieu, le Seigneur, qui a créé les cieux. Je t’ai appelé selon la justice, je t’ai destiné à être l’alliance de la multitude, à être la lumière des nations… » (Isaïe 42, 1-8)
D’ailleurs plus tard Matthieu citera cet extrait en entier pour décrire le mode de comportement de Jésus, doux et humble de cœur, et montrer qu’ainsi il « accomplit les Ecritures » (12, 16-21)
CONCLUSION
A travers ce bref récit, on voit comment Matthieu et l’Eglise primitive ont compris la personnalité unique de Jésus et le caractère unique de sa mission.
La convergence de tant de références aux Ecritures assure les chrétiens qu’ils ont raison de croire en Jésus, Messie, Fils de Dieu, fils de l’homme, roi d’amour et de paix. Ils peuvent le rejoindre dans son Eglise et témoigner de lui avec assurance.
—- Démarche très humble dans laquelle Jésus « descend », le baptême révèle en même temps sa grandeur et sa majesté. Jean Baptiste disait bien : « Celui qui vient après moi est plus fort que moi… »(3, 11) : Jésus est « le Fils » unique, le bien-aimé, le serviteur réalisant la mission de Dieu, le roi d’Israël et de tous les peuples, celui qui apporte droit, justice et paix au monde entier.
Le baptême est son investiture, le point de départ de sa mission. Loin des fastes des palais et des armées, ce moment marque la naissance de l’humanité divinisée.
NOTRE BAPTEME
Commençant par le baptême de Jésus, l’évangile de Matthieu se terminera par l’appel au baptême des hommes : Jésus ressuscité dira :
« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre ; allez donc, de toutes nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous jusqu’à la fin des temps » (28, 18-20).
On sait que les familles perdent peu à peu l’usage de baptiser les nouveau-nés mais du coup, le nombre de baptêmes de jeunes et d’adultes progresse sans cesse. Le rite cesse d’être une coutume religieuse et une « petite bénédiction hâtive » pour redevenir un engagement libre et décisif. Faut-il s’en plaindre ? Puissent ces néophytes introduire un souffle nouveau dans l’Eglise, nous faire reprendre conscience de l’extraordinaire grandeur du baptême qui nous configure à Jésus pour être, comme lui et avec lui, enfants du Père, humanité recréée, temples de l’Esprit, témoins de la paix dans toutes les nations.
Au seuil de l’année nouvelle, dans un monde déchiré par la violence, saurons-nous tirer les exigences pratiques de notre baptême et retrouver l’urgence de notre mission ?
Jean-Paul II écrivait : « La vie entière du fidèle laïc a pour but de le porter à connaître la radicale nouveauté chrétienne qui découle du baptême, sacrement de la foi, pour qu’il puisse en vivre les obligations selon la vocation que Dieu lui a fixée » (Les fidèles laïcs, § 10. 1988)
Et Christian de Chergé, le père abbé de Thibérine, disait :
« Ce à quoi Jésus nous invite, c’est à naître. Notre identité d’homme va de naissance en naissance, de commencement en commencement. De naissance en naissance, nous arriverons bien, nous-mêmes, à mettre au monde l’enfant de Dieu que nous sommes ; car l’Incarnation pour nous, c’est de laisser la réalité filiale de Jésus s’incarner dans notre humanité, dans mon humanité à moi….L’Eglise, c’est l’Incarnation continuée. Elle a été choisie pour continuer l’Incarnation et elle n’a que nous pour la continuer. Au jour le jour, elle ne peut compter que sur nous, pour le meilleur et au-delà du pire »
(« L’invincible espérance », éd. Bayard, 1997)
On sait que « le pire », pour lui et ses frères, est arrivé : mais lorsque « le pire » pour des baptisés est le Golgotha, don total des « bien-aimés du Père », alors ils sont « des colombes » pour la paix du monde et leur ultime naissance est éternelle.
Raphaël D. dominicain
Père Jean Mourdon
Baptême du Seigneur – 9 janvier 2011
Le Baptême du Seigneur ! Un événement qui peut surprendre : Dieu aurait-il besoin d’être baptisé ? Avec le Christ nous découvrons non seulement sa valeur pour lui-même mais une lumière éclairant notre propre baptême si nous sommes chrétiens.
Le prophète Isaïe (1ère lecture), bien avant la venue du Messie, annoncé et attendu par le peuple d’Israël, décrit le bénéficiaire de ce baptême : Ainsi parle le Seigneur : Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j’ai mis toute ma joie.
Son attitude ? Il ne criera pas, ne haussera pas le ton. Il n’aura rien d’un tribun autoritaire, se présentera dans l’humilité et la pauvreté.
Son action ? Il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, prendra soin des faibles – ouvriras les yeux des aveugles, de tous ceux qui ne voient pas la vérité de Dieu ; fera sortir les captifs de leur prison, emprisonnés par leurs péchés ; de leur cachot ceux qui habitent les ténèbres, celles de l’orgueil, de la haine, du mensonge. Il rétablira mon Alliance avec le peuple, Dieu sera connu et aimé. Il sera la lumière des nations, son action débordera le peuple d’Israël. Enfin il fera paraître le jugement que j’ai prononcé … en toute fidélité, jugement de Dieu survenant à la fin du monde.
Les îles lointaines aspirent à recevoir ses instructions : la connaissance du Messie ? une action qui se perpétuera à travers toute la planète ! Voilà tracé le programme du Sauveur du monde.
Dieu, bénis ton peuple, donne-lui la paix. Nous l’avons chanté avec le psaume 28. Du Messie nous attendons le don de la Paix, si nécessaire dans notre monde où croit la violence, le terrorisme. Pas de bonheur sans Dieu. Après son action : Rendez au Seigneur la gloire de son nom ; adorez le Seigneur éblouissant de sainteté ; il est roi pour toujours.
Messie de Dieu Jésus est venu. Nous avons médité sur sa naissance et les premiers temps de sa jeunesse. Il a constitué son Eglise avec à sa tête Simon Pierre. Nous rejoignons celui-ci à Césarée chez un centurion de l’armée romaine, donc chez un païen (2ème lecture). Et Pierre déclare : je le comprends, Dieu ne fait pas de différence entre les hommes ; il accueille les hommes qui l’adorent et font ce qui est juste.
L’Evangile (Matthieu 3, 13-17) nous restitue l’événement du Baptême de Jésus. C’est le départ de sa mission évangélisatrice. Il se présente sur les bords du Jourdain auprès de Jean pour se faire baptiser par lui. Jean ne comprend pas : c’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi. Jésus lui dit : Pour le moment laisse moi faire. Jean le baptise.
Signalons tout de suite que le baptême est un rite religieux de purification. Chez les juifs il intégrait le désir du pardon des péchés que seul Dieu peut accorder. Le baptême proclamé par Jean est un baptême de repentance à tout le peuple d’Israël (Actes 13, 24). Jésus baptisé les cieux s’ouvrirent, il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. La voix du Père se fit entendre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour.
Jésus est vraiment Dieu parmi nous. Il a le pouvoir de pardonner les péchés et prend sur lui la grâce de les expier. Il le fait élevé sur la croix dans le don de sa vie et de son sang libérateur, marque de son amour infini et éternel. C’est là aussi la 2ème phase de son Baptême : Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire et être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ?(Marc 10, 38-39) dira Jésus à ses apôtres décontenancés par son annonce de mort et résurrection. Baptême de la Croix ! Par lui nous sommes sauvés. Unis à Jésus nos péchés sont pardonnés ; nous tous avons été baptisés pour ne former qu’un seul corps (1 Cor. 12,13), le Corps du Christ !
De toutes les nations faites des disciples les baptisant au nom du Père, et du Fils , et du Saint Esprit. Programme d’action tracé par Jésus à son Eglise dont nous sommes les membres.
Marie, notre Mère du ciel, saura nous le faire accomplir … dans l’Amour !
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de Kerit.be
Baptême du Saigneur A
Après Noël, l’Épiphanie, voici le Baptême de Jésus, la plénitude du mystère inépuisable de Noël ! Plus d’anges, de bergers, ni d’étoile ou de mages, mais des cieux qui s’ouvrentsur Jésus sortant des eaux du Jourdain. C’est là que nous est manifesté le grand secret du mystère de Jésus : solidaire des pécheurs, dont il partage toutes les détresses, Jésus est en même temps rempli de l’Esprit par lequel le Père nous adopte comme ses enfants bien-aimés.
Jésus, solidaire des pécheurs
Loin de se tenir à distance, Jésus, – le pur, le sans péché -, se solidarise les pécheurs que nous sommes. Non qu’il soit complice du mal qui est en nous, mais il descend plus profondément que ce cancer qui nous ronge… « Il n’écrasera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui faibli ». La douceur de sa compassion est telle que derrière le péché de chacun, il voit plus encore la souffrance qui le mine.
« Il faut que s’accomplisse toute justice ». Il faut que s’accomplisse l’humanité qui ne peut se nier elle-même. Le salut de Dieu ne se fait pas au mépris de l’humain. Il l’accomplit. Il épouse ses méandres, assume son péché. Pas de déni ; pas de mépris de l’humanité ni de refus de la condition humaine. Tout en l’homme, même et surtout son mal, est touché par le salut de Dieu, lorsque Jésus plonge humblement dans le Jourdain.
Rempli de l’Esprit, Jésus fait de nous les bien-aimés du Père
Mais il ya plus dans ce baptême. Il y a plus qu’un mystère de partage et compassion. Il est un mystère d’illumination, de transfiguration de nos vies. Au bord du Jourdain nous est manifesté le secret le plus profond du mystère de Jésus et de chacune de nos vies. Par le baptême de Jésus, nous sommes introduits, au-delà du voile, dans l’intimité de Dieu, de ce lieu inaccessible et caché où le Père murmure à son Fils : « C’est toi mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai mis tout mon amour. »
Quand Dieu se dépouille pour s’incarner dans l’Enfant de Bethléem, quand il incline la tête devant Jean-Baptiste et descend dans les eaux du Jourdain, c’est le mystère de Dieu, de l’amour du Père, du Fils et de l’Esprit, le mystère de trinitaire qui nous est révélé.
Saint Cyrille d’Alexandrie (4e – 5e s.) écrit dans son commentaire de l’évangile de Jean : « Celui qui était Dieu, engendré par lui avant les siècles, le Père dit qu’il est engendré aujourd’hui ; cela signifie qu’il nous accueille en lui comme des fils adoptifs, car toute l’humanité était contenue dans le Christ en tant qu’il était homme » (Office des lectures du jeudi après l’Epiphanie).
Tout engoncé que nous soyons encore dans la boue de notre mal, et l’Eglise catholique de Belgique en prend douloureusement conscience, nous sommes pourtant déjà étoilés de lumière et de grandeur par l’Esprit de nos baptêmes qui murmure au fond de notre cœur : « Abba, Père. »
Du baptême à l’aube de notre vie jusqu’à l’ultime baptême de notre Passion et de notre mort, qu’un seul mot remplisse et comble nos vies, comme celle de Jésus : « Tu es mon Enfant bien-aimé ; en toi, j’ai mis tout mon amour ! »
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