2ème dimanche de l’Avent (envoyée par un ami)
Abbé Jean Compazieu | 2 décembre 20082ème dimanche de l’Avent – année B – 7 décembre 2008 – Evangile de Marc 1, 1–8
Eglise Témoin comme Jean Baptiste
Crise ou non, la machine commerciale est lancée: nos boîtes aux lettres débordent de publicités alléchantes, les étalages croulent sous des objets merveilleux, les restaurants affichent leurs menus gastronomiques et les agences de voyages, leurs programmes des stations de ski tandis que les diffuseurs dégoulinent du sirupeux “White Christmas” !…
Quant aux crèches de notre enfance, il faut bien chercher pour en découvrir l’une ou l’autre.
La paganisation des fêtes chrétiennes se poursuit. Que faire ?…
LA GRANDE FIGURE DE JEAN LE PRECURSEUR
Chaque année, la liturgie de l’Avent nous présente la haute figure de Jean le Baptiseur, le prophète qui eut la charge et l’honneur d’annoncer la venue imminente du Messie. C’est avec lui que Marc commence son livret: ce qu’il nous en dit nous aidera à accomplir notre mission chrétienne aujourd’hui.
Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus, Christ et Fils de Dieu.
Il était écrit dans le livre du prophète Isaïe:
“Voici que j’envoie mon messager devant toi pour préparer ta route. A travers le désert, une voix crie: Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route !”
Et Jean le Baptiste parut dans le désert.
Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés.
Toute la Judée, tout Jérusalem, venait à lui. Tous se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain en reconnaissant leurs péchés.
Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Il proclamait: ” Voici venir derrière moi Celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales.
Moi, je vous ai baptisés dans l’eau: lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint”.
1. EN MARGE
Jean, d’après saint Luc, était fils de prêtre: il aurait donc dû exercer le sacerdoce au temple de Jérusalem. Or Dieu l’a appelé à laisser les fastes du culte pour devenir prophète, à quitter le coeur du pays pour s’installer à la frontière. Il s’est posté au gué du fleuve Jourdain, au lieu où les esclaves hébreux, jadis, fuyant l’Egypte, arrivèrent pour pénétrer dans le pays que Dieu leur avait promis. C’est là que Jean proclama un nouvel “exode”: belles sont les cérémonies mais l’essentiel est de se convertir!
Nous aussi, citoyens de la société et citoyens du Royaume de Dieu, nous vivons à la frontière de deux mondes enchevêtrés. Partageant la vie de nos voisins, nous avons à indiquer qu’un autre monde est possible et déjà présent. Dans ce but, il est important que nous retrouvions la valeur de la solitude, du silence. C’est là, comme Jean, que nous ferons l’expérience de la Présence de Dieu, que nous puiserons la force de témoigner, le courage d’être différents. En effet, si nous, les croyants, demeurons, comme les autres, englués dans la société telle qu’elle va, nous n’avons plus rien à dire aux hommes.
Etre une Eglise-pont, une Eglise qui propose un passage, qui sollicite une démarche, qui invite à faire le pas de la nouvelle “pâque”.
2. DANS LA SOBRIÉTÉ
Jean avait revêtu un manteau (comme jadis le prophète Elie) et il se contentait d’une nourriture frugale. Car comment témoigner de la venue du Royaume si l’on ne montre pas que l’on est détaché des nourritures terrestres ?
Par notre conduite, nous devons témoigner que l’homme ne sera jamais comblé par une société de consommation et qu’il ne trouvera l’achèvement de son humanité qu’en découvrant le Sauveur.
Au moment où apparaît crûment le péril mortel où nous projette la surconsommation, allons-nous enfin renoncer à cette course effrénée au confort et aux bons placements où l’homme moderne perd son âme ?
Lorsqu’il découvrit le monde occidental, Soljenitsyne criait l’urgence de nous auto-limiter: qui l’a écouté ?
Longtemps on a laissé aux moines le soin de faire “vœu de pauvreté”, ce qui autorisait les laïcs à user du monde à leur aise. Il n’y a pas de christianisme à deux vitesses: en plein monde, sollicités par les tentations, responsables de la course de l’histoire, les fidèles ont à refréner leurs envies et à opter résolument pour une existence plus simple, de renoncer autant que possible à la voiture et à l’avion, d’économiser les énergies, etc.
3. PREPARER LA VENUE D’UN AUTRE
Ce n’est pas l’Eglise qui est “la Lumière du monde” mais seul le Christ. Comme Jean, l’Eglise n’a pas à imposer sa présence, à prendre toute la place mais à annoncer qu’elle ne vient que pour préparer la venue d’un Autre.
“Préparez le chemin du Seigneur: aplanissez sa route!”.
Nous alertons la société, dénonçons ses dérives, mettons le doigt sur ses perversions. Nous appelons les hommes de bonne volonté à prendre conscience des mensonges qui les égarent, les incitons à changer de comportement, leur prouvons qu’un autre avenir est possible, leur montrons par nos actes comment on prépare la venue de Dieu. Et nous-mêmes, nous commençons par “confesser nos péchés” et cherchons comment aujourd’hui “préparer la venue du Christ Seigneur”
Le croyant est le témoin d’un Autre: comme Jean et Marc, sa joie est de “commencer la Bonne Nouvelle de Jésus, Christ et Fils de Dieu” puis de s’effacer et de se taire.
4. JESUS VOUS PLONGERA DANS L’ESPRIT – SAINT
Jean interpellait, il pressait ses auditeurs à reconnaître leurs fautes. Mais cela ne suffisait pas. Son message culminait dans la grande promesse finale: Moi je reste impuissant, je ne peux que vous faire des remontrances et des promesses… Seul CELUI QUI VIENT – Jésus – pourra vous conduire dans la Vie de Dieu. La différence entre Lui et moi est infiniment plus grande qu’entre un maître et son esclave: “Je ne suis pas digne…”
La prédication du prophète et de l’Eglise, n’est que préparatoire: Jésus qui vient ensuite n’est pas simplement le prédicateur suivant. Car Lui, et Lui seul, peut accomplir ce qu’ aucun prophète, aucun roi, aucun prêtre n’a pu réaliser.
Parce qu’il est LE FILS, il peut donner l’Esprit de Dieu, faire communier l’homme à Dieu en Esprit, c’est-à-dire “diviniser” l’homme.
Devant cette vision prodigieuse de l’Evangile, que le barnum des fêtes mondaines paraît ridicule et dérisoire ! Rien ne surpasse notre vocation chrétienne !
POUR UN AVENT INSPIRÉ PAR JEAN LE BAPTISTE:
Ne pas se contenter de cérémonies:
prendre des temps de solitude, de désert, de prière.
Reprendre conscience de notre engagement de baptême
Simplifier notre mode de vie
Faire entendre une voix prophétique : Il y a urgence !!
Préparer les chemins du Seigneur: trouver des actions à accomplir.
Confesser nos péchés d’omission, de cupidité,
Annoncer dans la joie la venue du Seigneur, donner un sens à l’histoire.
R. D. dominicain