Fête de tous les saints
Abbé Jean Compazieu | 26 octobre 2011Fête de tous les saints
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Nous voici parvenus à la fête de Toussaint. Nous avons peut-être du mal à en faire une fête joyeuse. Toutes ces visites aux cimetières réveillent en nous de douloureux souvenirs. En ce jour, beaucoup se sont mis en route vers la terre de leur famille pour se souvenir de ceux qui nous ont précédés. Toutes ces fleurs que nous avons déposées sur les tombes de nos défunts veulent témoigner de l’affection que nous leur portons. Mais en ce jour, l’Eglise nous invite à voir plus loin. Cette journée est bien plus que celle du souvenir. Elle nous invite à fêter tous les saints du ciel, tous ceux et celles qui ont obtenu la récompense de leur amour et de leur fidélité.
En célébrant cette fête, nous pouvons nous poser des questions : qui est saint ? Les saints, qui sont-ils ? Si nous cherchons dans le dictionnaire la définition du mot “saint”, nous trouvons : “celui qui mène une vie irréprochable, en tous points conforme aux lois de la morale et de la religion.” Alors, la tentation est grande de refermer le livre et de se dire que ce n’est pas pour nous. C’est vrai qu’en parcourant le calendrier, nous trouvons des êtres d’exception, des martyrs, des docteurs de la foi, des personnes consacrées à Dieu. Nous pensons à saint Dominique, au Père Charles de Foucauld, Bernadette de Lourdes, sainte Thérèse et bien d’autres. C’est au terme d’une longue enquête que l’Eglise a reconnu leur sainteté. Alors, si nous regardons notre vie, nous voyons bien que nous en sommes loin.
Après avoir refermé le dictionnaire, nous lisons l’Evangile des béatitudes. Il nous montre les pauvres de cœur, les doux, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de la justice, ceux qui ont un cœur pur, ceux qui sont artisans de paix. Et en plus, nous avons ceux qui sont persécutés pour la justice puis ceux qui sont insultés à cause de Jésus. Quel décalage entre cet idéal et notre vie de tous les jours. Alors, nous risquons de nous décourager, de nous dire que nous ne serons jamais heureux et que nous n’aurons pas la récompense dans les cieux.
Et si nous regardions Jésus qui rencontre des hommes et des femmes en Palestine !… Aucun ne correspondait à la définition du dictionnaire. Au contraire, nous le trouvons auprès des malades, des marginalisés, des possédés du démon, des femmes adultères, des prostituées. Il a même rencontré des païens, des soldats romains… Même les apôtres qu’il a choisis étaient loin de cet idéal de sainteté. Aucun de ces hommes et aucune de ces femmes ne vivaient les exigences des béatitudes. C’est d’ailleurs cela qui scandalisait les pharisiens et tous les bien pensants. A plusieurs reprises, ils lui ont reproché d’aller chez des pécheurs.
Ce qui est frappant, c’est que Jésus ne pose jamais de condition préalable pour rencontrer des gens mal famés. Quand il est entré dans la maison de Zachée, il n’a pas dit : “Commence par te repentir de tes péchés”. Dans tous les cas, c’est toujours lui qui fait le premier pas. C’est lui qui tend la main et qui va manger avec eux. S’il agit ainsi c’est d’abord parce que Dieu les aime. C’est pour eux et pour l’humanité toute entière que le Christ est mort sur la croix. S’il attendu que les hommes soient parfaits pour les aimer, il attendrait toujours.
Mais la sainteté, ce n’est pas cela. On n’y parvient pas en accomplissant des performances à coups de sacrifices et de renoncements. Le seul qui est saint c’est Dieu avec son Fils bien-aimé. La sainteté c’est Dieu qui la donne. C’est lui qui vient mettre gratuitement son amour dans le cœur des hommes. Le salut qu’il propose est offert à tous. Personne n’en est exclu. Tous, même les plus grands pécheurs, peuvent être sauvé. Quelqu’un a dit un jour qu’un saint c’est un pécheur dont Dieu s’est occupé. Il nous appartient de voir si nous acceptions que le Seigneur s’occupe réellement de nous.
En ce jour, c’est vers le Christ que nous nous tournons. Comme autrefois sur les routes de Palestine, sa présence et son amour nous sont offerts. Cette rencontre avec lui, c’est toujours quelque chose de bouleversant. Avoir un cœur de pauvre, c’est lui donner la première place dans notre vie, c’est le suivre sur la montagne et nous laisser instruire par lui. Il est le Chemin, la Vérité et la Vie. C’est lui qui nous met la sainteté à portée de main. Il nous l’a déjà donnée en germe au jour de notre baptême. C’est avec lui que nous apprenons à vivre l’évangile des béatitudes. Il nous entraînera sûrement à aller plus loin que nous ne pensions. Nous serons appelés à aller à contre-courant de la mentalité du monde et de toutes les propagandes contraires à la mentalité de l’évangile.
Mais nous ne sommes pas seuls : Le Seigneur nous assure de sa présence chaque jour jusqu’à la fin du monde. Marie, la reine des saints est là pour nous ramener au chemin des béatitudes. J’ai lu quelque part que la Toussaint c’est la “séance de rattrapage”. Elle nous annonce la destinée glorieuse de tous les membres du Peuple de Dieu, non pas les purs mais les pécheurs sauvés, les pécheurs que Dieu veut combler de sa sainteté à lui.
En union avec la foule immense de tous les saints du ciel et avec tous les chrétiens du monde entier, nous te chantons notre action de grâce Seigneur. Et nous te prions de nous aider à faire de toute notre vie une marche vers ce Royaume que tu as préparé pour tous ceux qui acceptent de te suivre.
“les pauvres DANS l’Esprit Saint”, propose soeur Claire Patier. J’aime beaucoup mais les grammaires n’enseignent-elles pas que le datif ne revêt jamais le sens locatif dans le NT ? (tô pneumati). Je ne souhaite que me laisser convaincre. Il vaut sans doute mieux dire “les pauvres PAR l’Esprit Saint”, ce qui véhicule un même message.