Homélie du 6ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 26 avril 2012Demeurez dans mon amour
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La liturgie de ce dimanche nous présente de magnifiques textes qui nous parlent de l’amour de Dieu. Ce message est au cœur de la révélation du Nouveau Testament : “Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour.” Cet amour nous vient du Père. Pour nous atteindre, il passe par le cœur de Jésus. Et il ne demande qu’à passer par le nôtre pour se communiquer à tous ceux et celles qui nous entourent. Jésus nous communique cet amour qui est en Dieu pour le rayonner autour de nous. Grâce à lui et avec lui, nous pouvons travailler à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel.
Cette mission doit être le principal but de notre vie. Il s’agit de mettre plus d’amour et plus de fraternité autour de nous. Cela doit commencer à l’intérieur de nos familles et dans toutes nos relations. Des familles, des voisins qui n’arrivent pas à s’entendre, cela n’est pas acceptable. C’est un contre témoignage. Il est absolument essentiel de ne jamais oublier cette parole du Seigneur : “Demeurez dans mon amour.” Demeurer, cela veut dire : “Installez-vous et restez-y.” Si nous baignons dans cet amour de Dieu, nous ne pourrons plus regarder les autres comme des étrangers mais comme des frères.
Dans la seconde lecture, saint Jean insiste très fortement sur ce commandement. A la fin de sa vie, c’était pratiquement devenu son principal message : “Celui qui aime est fils de Dieu.” Le grand désir de Jésus c’est que son amour se répande des plus proches jusqu’aux plus lointains. En venant à l’Eucharistie, nous accueillons cet amour qui vient de Dieu. En Jésus, il se donne à nous pour que nous vivions. Il ne cesse jamais de faire le premier pas vers nous. Nous n’aurons jamais fini de contempler ces merveilles dans l’histoire de notre monde et dans notre vie.
C’est très important car on a beaucoup déformé l’image du vrai Dieu. On a voulu se servir de lui pour rétablir l’ordre. On a insisté sur les commandements qu’il faut observer. Dans une société qui perd ses repères, on voudrait rappeler les exigences de la morale chrétienne et imposer une morale stricte. Il faut alors se rappeler que l’Evangile ne se réduit pas à une morale. Il est d’abord une bonne nouvelle. L’Eglise n’a pas reçu pour mission de prêcher une morale mais d’annoncer l’Evangile
Pour comprendre cela, il nous faut revenir au témoignage des nouveaux baptisés dans les premières communautés chrétiennes. Ils venaient d’un monde sans Dieu ; leur vie n’avait aucun sens. Le baptême était pour eux le point de départ d’une rupture avec l’existence qu’ils avaient connue jusque là. Ils comprenaient que c’est seulement par le baptême qu’ils commençaient à vivre vraiment. Tout ce qu’ils avaient connu jusque là était absurde et vide. C’était un monde décadent. Le sens de la vie était perdu. Leur seule préoccupation était la recherche effrénée des plaisirs, des fêtes et de tout ce qui pouvait exciter les sens et la curiosité. Le baptême était le point de départ d’une rupture avec toute cette agitation. Au cours de la cérémonie, ils renonçaient au mal et à l’absurdité d’une vie éloignée de Dieu. Le baptême était pour eux comme une nouvelle naissance. C’est un sacrement qui nous fait participer à la nature divine.
Le vrai Dieu c’est celui qui veut nous combler de sa joie. Cette joie, c’est le fruit de son amour. C’est la joie exubérante que nous trouvons chez les apôtres après la Pentecôte. Et nous-mêmes, au jour de notre baptême, nous avons été plongés dans cet océan d’amour qui est en Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. Il est essentiel pour nous d’y rester immergés tout au long de notre vie. Dieu se donne, il fait alliance, mais rien ne sera possible si nous n’accueillons pas librement ce don de Dieu.
Dieu nous a créés à son image et à sa ressemblance. Nous ne pourrons accéder à cette image et à cette ressemblance qu’en aimant comme il aime. En lisant l’Evangile, nous comprenons que cela va jusqu’au don de sa vie : “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.” C’est en levant les yeux vers la croix que nous commençons à comprendre cela : “Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés.” L’Evangile ne nous demande pas de chercher à imiter l’amour infini qui unit le Père, le Fils et le Saint Esprit. Nous serons toujours très loin du compte. Il nous faut tout simplement ouvrir nos mains et notre cœur. C’est ainsi que nous pourrons accueillir l’amour qui vient du Père par Jésus. Forts de cette présence, notre vie portera du fruit. Nous pourrons alors nous engager contre la violence, les injustices, la misère et les injustices de toutes sortes.
En ce jour, nous pouvons faire nôtre la prière de St François d’Assise :
“Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix,
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.
O Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer.
Car c’est en se donnant qu’on reçoit,
c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,
c’est en pardonnant qu’on est pardonné,
c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie.”
Sources : Revues Signes et Feu Nouveau, Lectures bibliques des dimanches B (Albert Vanhoye)
Vidéo à partir du 7 mai sur le site de Claire
Je suis absent du 30 avril au 9 mai. A mon retour, je mettrai les commentaires en ligne.
Bonjour Père Jean,
Je vous remercie beaucoup pour cette homélie du 6ème dimanche de Pâques. J’ai tiré beaucoup de chose, et ça fait pour moi très bonne leçon.
Merci de tout coeur
Merci beaucoup Père Jean. C’est souvent malheureureux de se dire “chrétien” et qu’en même temps nous cultivons une culture de haine, de conflits, de mésentente. L’amour devrait être notre carte d’identité, càd ce qui nous identifie au Christ. Cet évangile nous invite à nous remettre en question, nous et notre vie dans nos communautés chrétiennes qui souvent sont constituées des petits groupes qui ne s’acceptent pas, qui ne s’aiment pas. Où est Jésus dans tout cela? Quelle est la place de Jésus dans nos célébrations? C’est lui qui est au centre ou c’est nous?
Cher Jean, mon frère en Christ, Il me semble que vous insistez sur l’Eucharistie Mais je voudrais tout simplement vous demander quel langage parlez-vous auprès de tout ceux et toutes celles qui en sont exclu(e)s? Ou bien ces personnes n’existent plus pour vous?
Pour ma part, je pense que depuis au moins 4 ans, je vis une magnifique retraite spirituelle au coeur du monde, dans mes rencontres avec les autres, mes engagements au coeur de ce monde…Je fais partie du peuple de Dieu, en étant à la fois paesteur et agneau au sein du monde où je découvre de plus en plus la présence du Christ Présent et Vivant…
Alice
Pere jean
Je te remerci de la grande priere
ca va droit au coeur de reciter cette prierre
Que Dieu vous benisse