Homélie du 13ème dimanche du temps ordinaire (1er juillet)
Abbé Jean Compazieu | 24 juin 2012Textes bibliques : Lire
L’évangile de ce dimanche nous montre Jésus accueilli par une grande foule. Pour lui, ce n’est pas une foule anonyme à laquelle on adresse un message impersonnel. Ce qu’il voit, ce sont des personnes bien concrètes, des visages particuliers. Il prend le temps de les écouter dire leur souffrance. Il reste disponible à tous, individuellement. Il est venu “pour que tous les hommes aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance. Les foules s’assemblent autour de lui parce que, inconsciemment, elles ont trouvé en lui la vraie source de Vie.
Cela rejoint précisément le message de la première lecture : “Dieu ne se réjouit pas de voir mourir les vivants. Il a créé toutes choses pour qu’elles subsistent”. (Seigneur 1, 14) Et une autre parole importante : Dieu n’a pas créé la mort. Il a créé l’homme pour une existence impérissable. La mort est entrée dans le monde par la jalousie du démon.” Il est dans la nature même de Dieu de lutter contre elle. Son grand projet, c’est que la vie, le bien et le bonheur puissent triompher. Jésus est venu dans le monde pour réaliser cette volonté de Dieu. On le voit dans chaque page de l’Evangile, en particulier celle d’aujourd’hui.
Saint Marc nous présente d’abord ce chef de synagogue ; il vient supplier Jésus pour sa petite fille qui est à toute extrémité. Sa foi est celle que nous aurions pu avoir en pareille circonstance. Si j’ai un parent atteint d’une maladie incurable, j’ai envie d’aller consulter n’importe qui, de chercher n’importe quel remède. “Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive.” Voilà un homme qui se dépouille de son orgueil de chef et de l’arrogance du pouvoir. Il n’a pas honte de s’agenouiller et de supplier pour demander du secours. Ses paroles ne sont pas un long discours mais une prière simple et dramatique.
Jésus se met donc en route avec ce père de famille. Au cours du trajet, il s’arrête pour répondre à un autre appel à la vie. Une malade s’approche de lui et touche son vêtement pour être guérie. En touchant son vêtement, elle rejoint Celui qui est la Source de vie. Elle espérait une simple guérison corporelle ; en fait, elle trouve la Vie en plénitude, celle qui demeure pour toujours. Etre sauvé, ce n’est pas seulement être bien dans sa peau, mais être bien avec les autres et être réintégrés dans la communauté. Cette femme trouver une relation vraie avec Dieu ; avec ses frères, elle pourra aller à la synagogue pour chanter la gloire de Dieu. Elle pourra aussi retrouver des relations normales avec son entourage. Le Christ se présente à tous comme celui qui sauve et relève.
C’est ce qui se passe pour la fille de Jaïre qui vient de mourir. Jésus soutient le père dans sa démarche : “Ne crains pas, crois seulement”. Il l’accompagne jusque chez lui ; il s’approche de l’enfant inerte et la prend par la main : “Lève-toi”. Ce verbe c’est celui de la résurrection des morts, en particulier celle de Jésus. En disant que Jésus la fait “se lever”, il fait comprendre à tous qu’une nouvelle vie lui est accordée par Dieu. Ce miracle est un signe qui nous entraîne plus loin. Notre vie présente nous prépare à cette autre vie que Jésus appelle le Royaume de Dieu.
Ces deux miracles, Jésus les a faits pour des gens bien précis. Chacun souffrait à sa manière d’un mal bien concret. Mais c’est aussi pour nous que saint Marc raconte des deux miracles. Il veut nous aider à mieux connaître Jésus. Quand il rencontre des gens affrontés au mystère du mal, de la souffrance et de la mort, il commence par lutter contre ce mal. Il met en œuvre la puissance créatrice de Dieu qui est en lui pour faire échec au mal. Alors oui, nous pouvons toujours aller à Jésus quand nous nous sentons pécheurs. “Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé.”
En réponse à cette bonne nouvelle, nous ne pouvons que suivre le Christ sur le chemin qu’il nous montre. Et en le suivant, nous découvrons mieux qui il est et comment il opère. Comme cette femme dont nous parle l’évangile, nous pouvons nous approcher de lui ; il se laisse toucher par nous. Dans chaque sacrement, une force sort de lui. Il peut guérir les corps et surtout remplir l’âme de cette force. Si nous accueillons vraiment le Christ dans notre vie, rien ne peut plus être comme avant.
Remplis ce cette force et de cet amour qui est en Jésus, nous sommes envoyés vers les autres. Ils sont nombreux ceux et celles qui souffrent de la maladie, de la solitude et du deuil. Nous pensons aussi à tous ceux et celles qui connaissent le chômage, la précarité et les violences de toutes sortes. Dieu ne se réjouit pas de voir mourir les siens. Il faut que cela se voie dans notre vie. Il nous envoie les uns vers les autres pour construire ensemble un monde plus juste et plus fraternel, un monde rempli de l’amour qui est en lui.
En ce jour, nous sommes venus à toi Seigneur. Comme autrefois, tu te laisses toucher par nos prières. Tu ne veux pas la mort : Rends-nous audacieux et inventifs pour défendre la vie partout où elle est menacée. Fais de nous des témoins de ton amour auprès de tous ceux et celles qui nous entourent. Amen
Sources : Revues Signes et Feu nouveau, La Parole, de Dieu pour chaque jour 2012 (Vincenzo Paglia), pensées sur l’Evangile de Marc (Cardinal Christoph Schönborn), dossiers personnels.
Le Christ se présente à tous comme celui qui sauve et relève.
C’est beau, tout simplement