Homélie du 15ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 7 juillet 2012Textes bibliques : Lire
Les lectures de ce dimanche nous rappellent que Dieu ne peut laisser son peuple sans prophète et sans parole. Il a appelé Amos. Il l’a saisi quand il était derrière son troupeau et il l’a envoyé dénoncer les injustices du pouvoir politique. Le prêtre Amazias qui était une sorte “d’aumônier de cour” évitait de parler de ces sujets qui fâchent. Il choisit donc de rester très prudent par rapport à ce pouvoir en place, sans doute pour éviter les représailles. Il conseille à Amos d’aller exercer son ministère ailleurs. Mais Amos lui répond que c’est là que Dieu l’a envoyé et il restera fidèle à sa mission jusqu’au bout.
Les injustices dans le monde sont toujours bien présentes. Mais Dieu continue à susciter des prophètes pour crier que le pouvoir de l’argent ça suffit. Ce qui est premier, c’est le respect de la dignité de l’homme, le respect des familles, le droit au logement et à la nourriture. Comme au temps d’Amos, des prophètes sont là pour dénoncer les causes de la misère et de la faim. A travers eux, c’est le Seigneur qui nous appelle à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel. Il ne peut supporter de voir ses enfants souffrir des injustices et de l’intolérance.
Saint Paul a, lui aussi, été “saisi” par le Seigneur pour annoncer l’Evangile. Et aujourd’hui, il rend grâce pour le chemin parcouru. Le projet de Dieu est en train de se réaliser. Des communautés chrétiennes sont nées et se sont développées malgré les persécutions. Saint Paul s’est dépensé sans compter pour la mission mais il reconnaît que Dieu l’a précédé. Sans l’action de l’Esprit Saint, rien n’aurait été possible. C’est pour cette merveille que saint Paul rend grâce. Et nous-mêmes, nous nous unissons à cette prière d’action de grâce. Le Seigneur est toujours là, au cœur de nos fies, toujours présent et agissant.
L’évangile commence aussi par un envoi en mission. Cet appel nous rejoint en période de vacances. Beaucoup partent pour rechercher l’évasion et le repos. C’est vrai que les vacances sont loin d’être un départ en mission. Et pourtant, nous sommes et nous devons être des disciples et des messagers de Jésus, toujours et partout. Il n’y a pas de vacances pour un cœur qui aime. Alors, en vacances ou non, Dieu nous envoie pour être les témoins et les messagers de son amour. Chacun peut faire sien cette parole de saint Paul : “Malheur à moi si je n’évangélise pas…”
“Jésus appelle les Douze et pour la première fois, il les envoie deux par deux.” Pourquoi deux par deux ? C’est une manière de rappeler que les commandements de la charité sont deux : l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Celui qui n’a pas la charité n’est pas qualifié pour entreprendre un ministère de prédication. Comprenons bien : Jésus nous envoie porter au monde un message d’amour. Nous devons en donner le témoignage par notre amour fraternel. C’est là le premier moyen d’apostolat ; et c’est le plus efficace : “On vous reconnaîtra pour mes amis si vous vous aimez les uns les autres. Chacun de nous peut s’interroger : où en sommes-nous ? La mission a besoin du témoignage de foyers unis, de voisinage solidaire et compréhensif et de chrétiens vivant en frères entre eux.
“Il leur donne pouvoir sur les esprits mauvais…” La mission que Jésus nous confie n’est pas facile. Le tentateur est toujours à l’œuvre ; il ne prend jamais de vacances. Le mal existe autour de nous et en nous. Cela ne dit pas nous décourager : le Seigneur nous demande de rester vigilants. Le meilleur moyen c’est de rester sans cesse relié à lui comme le sarment à la vigne. C’est à ce prix que notre mission portera du fruit. Une fois de plus, le Seigneur se sert de notre faiblesse pour réaliser de grandes choses.
La suite de l’évangile va dans le même sens : Jésus demande à ses envoyés de ne rien emporter pour la route si ce n’est un bâton, de n’avoir ni pain, ni sac, ni pièce de monnaie. La mission qui nous est confiée n’est pas notre affaire personnelle mais la sienne. Nous ne devons rien emporter de nous ni compter sur nous. “Ne revêtez pas deux tuniques…” Il ne s’agit pas de la tunique de rechange mais de celle que l’on voudrait mettre par-dessus l’autre dans un souci d’adaptation au monde. Nous ne sommes pas envoyés pour dire ce qui plaît au monde mais pour annoncer le message de l’Evangile. L’important c’est de nous rappeler que nous sommes baptisés en Christ et plongés dans son amour. De ce fait, nous avons revêtu le Christ. (Ga 3, 27)
Il est hors de question d’impressionner, d’éblouir ou de peser sur la réponse des autres. Nous devons laisser à l’Esprit de Dieu un chemin libre et dégagé. Nous sommes envoyés pour dire et témoigner, mais c’est lui qui agit dans le cœur des hommes. Par l’Eucharistie, il veut nous garder unis à lui. Alors, nous serons les messagers fidèles qu’il désire. Nous serons de bons instruments de son œuvre.
Alors oui, Seigneur, garde-nous pauvres de nous-mêmes et riches de toi et de ton amour. Amen
Sources : Revues Signes et Feu Nouveau, Avec saint Marc (Claire Patier), Pensées sur l’Evangile de Marc (Christoph Schönborn, la Parole de Dieu pour chaque jour de 2012
Merci de nous accompagner, même en période de vacances! Bon repos, à vous aussi!
P. François Beauchesne
Merci pour cet accompagnement spirituel. Vous nous donnez chaque fois l’occasion d’entrée dans la célébration du Dimanche avec des intentions de prières et de quoi méditer durant toute la semaine. Merci pour ce travail édifiant.
Jésus les envoie deux par deux pour souligner la dimension communautaire de toute mission. On ne s’y rend pas de son intitiative. Mais parce que l’on est envoyé. Celui qui envoie ne laisse pas seul, il assure l’envoyé de sa compagnie et lui joint d’autres compagnons. La collaboration dans la mission est porteuse de fruit en abondance. Saint Paul nous en a laissé des leçons éloquentes. Ses lettres pastorales, il ne les signait guère seul, il y ajoutait toujours des noms de ses collaborateurs. Le manque de collaboration tue la mission et rend le missionnaire vulnérable et exposé aux loups de persécution, d’argent, des relations interessées. Il faut s’armer des recettes et de strategèmes. Il faut se montrer ouvert et disponible par la prières à la puissance de l’espirt de celui qui envoie.
Merci beaucoup pour ces beaux et riches commentaire de Parole, c’est un rendez-vous heureux à chaque weekend end. Une reconnaissance spéciale à Sr Claire Patier qui nous permet d’entrer dans la profondeur et la beauté précieuse du texte de l’évangile. Ce que vous faites me sert beaucoup à préparer mes homélies dominicales. Que Dieu vous bénissent et donne longue vie à ce ministère que vous exercez. Abbé Denis (du Québec).
Merci à tous pour vos commentaires toujurs bien sympathiques. Certains n’osent pas se lancer. Et pourtant ce serait bien d’avoir le témoignage de ce qui se vit en paroisse, ADAP ou autres… Vous pouvez aussi nous proposer votre prière universelle. Je me ferai un plaisir de mettre tout cela en ligne.
Une précision : si les commentaires sont en attente de modération, c’est prour nous protéger contre les sectes et les “tordus”. Toute participation constructive sera la bienvenue.