Homélie du 27ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 29 septembre 2012
Dimanche des familles
Textes bibliques : Lire
Les lectures bibliques de ce dimanche nous adressent un enseignement de la plus haute importance sur la vie familiale et fraternelle. Elles nous donnent l’occasion de nous rappeler de vérités fondamentales qui risquent d’être oubliées dans notre société. L’évangile nous parle de la fidélité dans le mariage et de l’accueil des enfants. Sa lecture est préparée par le récit de la Genèse. Il nous dit que l’homme et la femme forment une union inséparable. La seconde lecture (lettre aux Hébreux) nous rappelle que le Christ est resté fidèle jusqu’à la mort.
Le passage de la Genèse qui nous est proposé aujourd’hui est hautement symbolique. C’est l’un des textes les plus importants de la bible. Les mots que Dieu prononce sont significatifs : “Il n’est pas bon que l’homme soit seul… Je vais lui faire une aide qui lui correspondra.” L’homme n’a pas été créé pour vivre seul. S’il était seul, il ne pourrait pas vivre d’amour. Dieu est Amour. S’il a créé l’homme, c’est pour lui communiquer son amour. Il veut le rendre capable de vivre dans l’amour. Il a donc créé l’homme et la femme en même temps. Tous deux sont égaux devant lui.
Le but de ce récit n’est pas de nous dire comment les choses se sont passées. D’ailleurs, en y regardant de plus prés, nous voyons qu’il s’inspire de traditions orales qui circulaient dans le Moyen Orient païen. Mais sous l’impulsion de l’Esprit Saint, il nous propose une vision très riche de Dieu, du monde et de l’homme. Le texte d’aujourd’hui nous rapporte le grand projet de Dieu : “L’homme quittera son père et sa mère… il s’attachera à sa femme” non pas avec les liens de la domination ou de la soumission mais avec celui de l’amour.
Dans l’évangile, nous voyons les pharisiens interroger Jésus pour le mettre à l’épreuve : “Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ?” Jésus les renvoie à la loi de Moïse qu’ils connaissent par cœur. Ils savent qu’elle a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. Mais Jésus les reprend : “C’est en raison de l’endurcissement de votre cœur qu’il a formulé cette loi.” Ce n’était qu’une concession pour limiter les dégâts. Cette concession peut être abolie car elle ne correspond pas à l’idée originelle de Dieu : “Au commencement de la Création, il les fit homme et femme. L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront qu’un.” A l’origine, Dieu souhaitait que l’homme et la femme s’unissent dans une fidélité réciproque. Il a voulu qu’ils ne forment qu’une seule chair. Et Jésus conclut : “Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas.”
Cet enseignement du Christ est très fort. Il défend la dignité du mariage. L’homme et la femme qui décident de se marier sont appelés à former une communauté de vie, de partage et d’amour. Tout cela ne va pas sans difficultés. Il suffit de voir le nombre de divorces. Nous voyons aussi certaines vies de famille très décevantes. Certaines se contentent d’être des f amilles “hôtel restaurant” ou des “familles dortoir”. Elles sont une simple juxtaposition de personnes. Il n’y a pas de vrai dialogue sur les questions essentielles.
Mais ces échecs ne doivent pas nous faire oublier ce qui a été voulu par Dieu depuis les origines. Le mariage c’est un homme et une femme qui choisissent de fonder librement une communauté de vie et d’amour. Ils s’engagent à rester fidèles l’un à l’autre toute leur vie. Leur amour doit rester ouvert aux enfants qui naîtront à leur foyer. Ces derniers ont besoin de grandir entre un papa et une maman qui les aiment. Quand un couple s’aime, l’enfant est aimé puisqu’il est le fruit de leur amour. Jésus en profite pour nous rappeler une vérité très importante. Cet amour des parents pour leur enfant vient de Dieu. C’est cela qu’il faut leur montrer.
Cet évangile nous invite à changer notre regard sur le mariage. L’homme et la femme sont créés à l’image de Dieu. C’est beau de voir un couple aimant et uni. Cela nous dit quelque chose de l’amour qui est en Dieu. Or c’est précisément cela que Dieu a voulu depuis les origines. Il a voulu que leur amour soit un écho de celui qui est en en lui. Cela signifie aussi que les couples qui n’arrêtent pas de se déchirer ne remplissent pas cette mission que Dieu leur a confiée. Mais Dieu reste toujours fidèle à son alliance. Par le sacrement de mariage, il devient le compagnon de route des époux. Il leur offre de marcher avec eux dans l’amour et la fidélité. Il est indispensable que les époux bâtissent leur amour sur le Christ. C’est en le prenant comme guide qu’ils poursuivent ensemble leur “ascension de la montagne de l’Amour”.
La lettre aux hébreux ne parle pas spécialement du mariage. Mais elle nous révèle cet amour passionné de Jésus pour tous les hommes. C’est un amour qui est resté fidèle et qui s’est donné jusqu’au sacrifice de sa vie. Par sa Passion, sa mort et sa résurrection, il nous a ouvert le chemin de la vraie vie. Ce qu’il attend de nous, c’est que nous venions à lui comme les petits enfants dont nous parle l’Evangile. C’est autour de lui que doit se construire l’unité des familles et celle des communautés chrétiennes.
Dieu de l’alliance éternelle, “Toi qui es Lumière, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour”.
Sources : Revues Feu Nouveau et Signes, L’Evangile au présent (D. Sonnet, lectures bibliques des dimanches (A Vanhoye), Semainier chrétien, Avec saint Marc (Claire Patier)
Un peu d’humour pour faire passer le reste :
Une petite fille demande un jour à sa mère : ‘Maman, comment la race humaine est-elle apparue?’
La maman répond: ‘Dieu fit Adam et Ève et ils eurent des enfants. C’est ainsi que la race humaine est apparue’.
Deux jours plus tard, la petite fille demande à son père la même question.
Le père répond: ‘Il y a très longtemps existaient les singes. Au fil des années ils se transformèrent pour devenir des hommes. C’est ainsi qu’est apparue la race humaine.’
Confuse, la petite fille retourne voir sa mère et lui demande:’Maman comment se fait-il que tu m’aies dit que la race humaine a été créée par Dieu et que papa m’affirme qu’elle vient du singe?’
‘Chérie, répondit la maman, c’est que moi je t’ai parlé de l’origine de ma famille et ton père de la sienne!’
Le texte de la CEF : « Élargir le mariage aux personnes de même sexe, ouvrons le débat ! »
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Un grand merci à Père Jean pour son homélie. Le texte de la Conférence des Evêques est vraiment très clair. Sœur Claire nous redit à l’aide de la Parole le projet de Dieu sur l’homme et la femme. J’ai apprécié l’intervention de Mgr Vingt trois ! Je me permets d’ajouter un lien vers 2 articles de mon blog : HOMOSEXUALITE ET BIBLE Replaçons l’homosexualité dans son contexte biblique. http://monique-info-net.over-blog.com/article-l-homosexualite-et-la-bible-109288837.html LE GENDER théorie actuelle qui vient des Etatd Unis et qui provient du désir d’uniformité au lieu de complémentarité de l’homme et de la femme. Qu’on l’accepte ou non, à la naissance, apparaît le sexe du bébé. http://monique-info-net.over-blog.com/article-le-gender-110609615.html
Le Mariage ! 27ème Dimanche 2012 – 7 octobre
L’actualité politique et religieuse voit figurer des problèmes importants concernant le mariage et la famille. La sexualité y prend une bonne part quand il est question du mariage homosexuel et de l’adoption de l’enfant par un tel couple. Sans vouloir ici répondre à quantité de questions sur ce sujet il est bon de nous éclairer sur la partie essentielle fournie par la liturgie de ce jour.
Le livre de la Genèse (1ère lecture), après la création de la terre et du ciel, nous indique, comme but, que Dieu a bâti l’humanité ! Sous des traits imagés il la compose, au départ, de l’homme et de la femme « aide qui lui correspondra ». La terre est aussi la demeure des animaux, si nombreux et si divers. S’ils sont amenés vers l’homme qui leur donne un nom, c’est dire qu’ils sont dominés par lui. Quant à la femme, dans une époque où elle était considérée comme inférieure à l’homme, Dieu la crée à partir de l’homme, de même chair. Biologiquement elle est donc égale à l’homme, même si sa constitution diffère. Elle est voulue, avec l’homme, pour la réalisation de la famille humaine : « à cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un »
Constatons la concordance extraordinaire entre le mariage et Dieu-même. Jésus a révélé Dieu dans l’unité parfaite du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Il est lui-même véritable Famille. Dieu est Amour ! (et l’homme a été créé « à l’image de Dieu »)
Le Psaume 127 nous a fait chanter : « Que le Seigneur vous bénisse tous les jours de votre vie » Cette prière se veut appel à Dieu qui nous aime et ne nous abandonne jamais. Nous avons besoin de lui pour bâtir une famille unie, un monde où l’amour se veut nécessaire pour son unité et la paix. Le travail mais aussi la fonction d’engendrer des enfants pour créer son peuple, voilà la volonté du Seigneur : « tu verras les fils de tes fils ».
Quant à la 2ème lecture, elle redit l’identité divine de Jésus. « Abaissé un peu au-dessous des anges », mais, après sa résurrection et son ascension, il a été « couronné de gloire et d’honneur à cause de sa passion et de sa mort », et cela « pour le salut de tous ». Fils de Dieu il est vraiment homme et n’a pas honte de nous appeler « ses frères ».
L’Evangile (Marc 10, 2-16) nous enseigne que le mariage d’un homme et d’une femme est de condition divine. Interrogé par des pharisiens Jésus doit répondre à leur question : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Rappelons la coutume de cette époque où l’homme était vraiment le maître. « Moïse l’avait permis avec un acte de répudiation ».
Après avoir indiqué que Moïse l’avait formulé « en raison de leur endurcissement », Jésus rappelle – ce qui a été précisé en 1ère lecture – que l’union matrimoniale se veut unité totale de l’homme et de la femme. « Ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu’un. Donc ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas » Et il taxera de péché d’adultère l’action de l’homme ou de la femme quittant le couple pour en épouser un ou une autre.
Il n’est pas possible ici d’envisager tous les problèmes des divorcés-remariés nombreux à ce jour. L’Eglise elle-même doit tenir compte de la valeur divine du sacrement de mariage. Pourra-t-elle un jour définir des possibilités de communion à l’Eucharistie sous certaines conditions ( ?) Il en est ainsi pour les chrétiens orthodoxes.
Ce que nous savons présentement, comme tous les pécheurs que nous sommes, c’est que les divorcés, remariés civilement, restent aimés du Seigneur qui veut tous nous sauver, et qu’une vie d’amour vrai pour Dieu et le prochain est le chemin demandé par Jésus pour parvenir au Royaume de l’Amour. Comprenons encore, pour mieux le vivre, la nécessité d’une préparation sérieuse du mariage, autrefois souvent négligée.
Et demandons tous à Marie, notre Mère du ciel, de nous obtenir la possibilité de nous sanctifier, et pour la rejoindre, et avec elle son fils, le Sauveur du monde.
27ème dimanche ordinaire – année B – 7 octobre 2012 – Evangile de Marc 10, 2-16
TERRIBLES EXIGENCES !
Jésus a accepté le titre de Messie confessé par ses apôtres : oui, il vient en effet ouvrir le royaume de Dieu sur terre. Mais rejetant toute perspective de violence, il montre peu à peu par quelles exigences (par quelles morts !) ce salut messianique va se réaliser. D’emblée il a prédit que lui-même serait contredit et supprimé par les autorités de la capitale et il a prévenu ses disciples que le suivre, c’était se renoncer et donner sa vie pour la trouver (Marc 8, 31-38). Cette annonce commande toute la suite.
A la 1ère étape de sa montée vers Jérusalem (symbole de la dureté de la marche chrétienne), il a obligé ses disciples à renoncer à leurs rêves de grandeur et à leurs rivalités mesquines (dimanche passé).
Aujourd’hui (2ème étape) il énonce une exigence aussi radicale à l’endroit des gens mariés.
Des pharisiens abordent Jésus et, pour le mettre dans l’embarras, ils lui demandent : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? ». Jésus dit : « Que vous a prescrit Moïse ? ». Ils répondent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation ». Jésus réplique : « C’est en raison de votre endurcissement qu’il a formulé cette loi. Mais au commencement du monde, quand Dieu créa l’humanité, il les fit homme et femme. A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un. Ainsi ils ne sont plus deux mais ils ne font qu’un. Donc ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ».
Le livre du Deutéronome (attribué à Moïse) disait qu’un mari « qui trouvait en sa femme quelque chose qui lui fait honte et qui cesse de la regarder avec faveur » devait « rédiger un acte de répudiation et le lui remettre en la renvoyant de chez lui » (Deut. 24, 1). Le divorce était donc une pratique autorisée mais il n’était le fait que du mari (société patriarcale). Toutefois les rabbins débattaient sur le sens de « honteux » : l’école de Shammaï enseignait qu’il fallait une raison très grave pour répudier tandis que l’école de Hillel estimait que tout motif était bon (mauvaise cuisinière, rencontre d’une femme plus jolie,… !!??).
On questionne donc Jésus mais « pour le piéger » : qu’il donne une réponse laxiste ou rigoriste, de toute façon, il aura des gens contre lui. Il refuse d’entrer dans cette casuistique. Le divorce n’est pas une loi mais une concession due à l’ « endurcissement du cœur humain », expression qui ne vise pas l’affectivité mais l’aveuglement de l’esprit, le refus de comprendre et d’accepter le dessein de Dieu.
Et Jésus remonte « au commencement », au fondement du mariage : dans le récit de la création, Dieu est présenté comme l’auteur d’une humanité à deux sexes. Donc lorsque Adam et Eve (figures prototypiques de tout couple) s’aiment et s’unissent, les deux deviennent un et c’est Dieu lui-même qui a créé la sexualité bonne et qui scelle leur alliance. L’amour des cœurs et des corps est une « alliance » qui réalise l’ « image de Dieu », qui devient l’épiphanie, la réalisation visible de l’ « alliance » entre Dieu et l’humanité.
Il n’y a qu’un Dieu : ce n’est pas une Force, une Transcendance, une Loi mais Quelqu’un qui est capable d’amour, qui n’est qu’amour. Et il n’y a qu’une humanité dont tout membre est revêtu d’une égale dignité. Déclarer que le mariage n’est pas polygamique, c’est défendre la femme dans sa dignité d’être humain égal à l’homme et c’est confesser l’unité de Dieu. Déclarer que le mariage est indissoluble n’est pas une loi disciplinaire, une contrainte imposée par une autorité cléricale mais une façon de dire que Dieu veut, lui aussi, s’unir à l’humanité non comme un créateur, un maître, un seigneur, mais en l’aimant jusqu’à ne plus jamais vouloir se séparer d’elle. Dieu s’allie, épouse et ne divorce jamais. Il ne dira jamais ce que l’être humain peut lui dire : « Je ne t’aime plus, tu n’existes plus pour moi ». Le mariage fidèle est signe du monothéisme aimant.
Tout de suite évidemment cette exigence paraît trop énorme, invivable, inobservable, ne tenant pas compte des aléas de l’existence, des variations du cœur, des difficultés caractérielles. Les apôtres eux-mêmes réagissent – en quoi sans doute ils anticipent les réticences et les objections des premières communautés de Rome (où Marc écrit et où le divorce par la femme était possible)
De retour à la maison, les disciples l’interrogent sur cette question ; il leur répond : « Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d’adultère envers elle. Si une femme a renvoyé son mari et en épouse un autre, elle est coupable d’adultère ».
Ainsi Jésus ose contredire la Loi pour édicter un enseignement qui ne cessera jamais de susciter stupéfaction, dénégation, refus catégorique. Les débats sur le sujet cesseront-ils jamais ? On sait que les évêques sont submergés de demandes, que des théologiens creusent le texte et la tradition des Eglises. Une interprétation nouvelle se fera-t-elle jour ? L’Eglise catholique continuera-t-elle à opposer un refus à toute demande de « remariage » ? Le dialogue œcuménique permettra-t-il des ouvertures ?… Grand sujet de prière en tout cas pour nous aujourd’hui. Il y a tant de souffrances.
ETRE COMME UN ENFANT QUI ACCUEILLE
On présentait à Jésus des enfants pour les faire toucher mais les disciples les écartaient vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas car le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le Royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas ».
Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.
Jésus a près du peuple renom de grande personnalité spirituelle : aussi les mères se pressent-elles à sa rencontre, lui demandant de toucher leurs petits afin de leur obtenir la bénédiction de Dieu. Mais en ce temps, on n’a pas le culte de « l’enfant-roi » et les apôtres, énervés, s’interposent : « Rentrez avec votre marmaille ! Nous, les hommes, sommes occupés à une affaire essentielle ! ». Alors qu’ils croient empêcher Jésus de perdre son temps à des futilités, au contraire celui-ci se fâche – ce qui est très rare, donc preuve de l’importance du sujet – car précisément c’est ressembler à un enfant qui est essentiel.
Attention, il ne s’agit pas d’infantilisme, de babillage, d’airs niais, de goût des contes de fées, de fausse innocence. L’enfant, à cause de sa faiblesse, est obligé de faire confiance : il écoute, il suit ses parents, il se fie à eux parce qu’il est lui-même en tension vers l’avenir. Ainsi le vrai disciple ne décrète pas qu’il sait : il fait confiance à Jésus qui tient des propos jugés exorbitants par « les grandes personnes », qui a des comportements qui scandalisent les « adultes ».
Car le Royaume n’est pas une réalité que l’on construit avec héroïsme, un chemin dont on trace l’itinéraire avec bonne volonté, une morale bien-pensante, un vernis religieux pour consoler des ennuis de l’existence.
Nous ressemblons à ces braves apôtres : pleins d’idées et d’initiatives, nous nous imaginons en train de bien faire, sûrs de nos mérites. Mais nos discours, sont-ils ceux que Jésus tenait ? Nos attitudes correspondent-elles à l’Evangile ? Ne sélectionnons-nous pas les enseignements qui nous agréent, prétextant que « Dieu n’en demande pas tant » ?
Par son élan vers les enfants, Jésus apprend aux disciples que le Royaume s’accueille, qu’ils n’ont pas, et n’auront jamais, les connaissances et les forces suffisantes pour le faire advenir.
Aussi le disciple peut être plein de joie : il ne désespère plus de n’être jamais à la hauteur, il ne s’étonne plus de ses chutes et de ses craintes, il rit de ses balourdises, il abandonne sa « dureté de cœur », il reste ouvert à la nouveauté, il court vers l’avenir de Dieu sans demander de garanties.
Comme les mamans priaient Jésus de « toucher » leurs petits, le disciple demande à l’Eglise de lui permettre un contact avec Jésus afin de recevoir sa bénédiction et ainsi être rendu capable d’accueillir ses paroles et de le suivre sur des chemins réputés inaccessibles.
De sorte que la confiance de l’enfant le fait, paradoxalement, devenir adulte dans la foi.
Raphaël D, dominicain
« Divers motifs, tels l’incompréhension réciproque, l’incapacité de s’ouvrir à des relations interpersonnelles, etc., peuvent amener à une brisure douloureuse, souvent irréparable, du mariage valide. Il est évident que l’on ne peut envisager la séparation que comme un remède extrême, après que l’on ait vainement tenté tout ce qui était raisonnablement possible pour l’éviter (………………) »
LES « DIVORCES-REMARIES » : « Il faut d’urgence affronter ce problème avec la plus grande sollicitude. L’Eglise, instituée pour mener au salut tous les hommes ne peut pas abandonner à eux-mêmes ceux qui ont voulu passer à d’autres noces. Elle doit donc s’efforcer de mettre à leur disposition les moyens de salut qui sont les siens …………. » JEAN-PAUL II : Les tâches de la famille chrétienne, § 84 — 1981 !)
Vingt-neuvième dimanche dans l’année B
La deuxième lecture rappelle à ces Hébreux découragés, que Christ qui a rejoint nos souffrances, a déjà forcé la porte par laquelle nous pourrons, à sa suite, multitude de fils dans le Fils, entrer dans la vie définitive avec Dieu.
Qu’est-ce qu’être homme ? Pourquoi la sexualité, l’amour, le mariage ? La première lecture répond par un récit aussi imagé que profond. L’homme ne trouvant aucune aide qui lui corresponde dans le monde animal, Dieu fait tomber sur lui un mystérieux sommeil. Puis de sa chair, il forme la femme. L’homme s’écrie à son réveil : « cette fois-ci j’ai reçu ce qui me manquait, os de mes os et chair de ma chair. ». La correspondance de l’homme et de la femme, du ish et de l’isha ,est si forte, l’un a tant besoin de l’autre, qu’ils quittent ce qu’ils ont de plus cher, père et mère, pour ne plus faire qu’un. C’est presque trop beau, direz-vous, au regard de tant d’échecs de l’amour…
L’évangile rapporte la controverse sur le divorce de ces pharisiens qui cherchent à mettre Jésus dans l’embarras. Pourquoi ne pas permettre le divorce pourtant bien autorisé par Moïse dans la Torah ? On ne peut pas faire l’impasse sur l’enseignement sûrement historique1 de Jésus à propos du divorce. « C’est en raison de votre endurcissement que Moïse a formulé cette loi. AU commencement, il n’en était pas ainsi. » C’est, dans les évangiles, la rupture la plus nette de Jésus avec la loi mosaïque.
Jésus poursuit en disant ce qu’est le plan de Dieu. Au commencement, Dieu créa l’humanité homme et femme : différents mais complémentaires, destinés à s’unir pour se parfaire. Ce besoin du complément est si fort, que l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un. La répudiation va contre ce projet. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas.
Cet idéal tellement révolutionnaire, tant pour la mentalité d’alors que pour la nôtre, met le doigt sur une plaie bien réelle : nous avons perdu le sens de la fidélité. Ainsi avons-nous donné à l’amour son coup mortel. Il faut tout faire pour que l’amour ne refroidisse pas, pour qu’il dure. Voilà qui est très exigeant, cruel même pour les divorcés-remariés.
Où est la miséricorde de Jésus ? Dans cet échec même ! Car Jésus est venu pour sauver ce qui était perdu. Oui, si ceux qui ont échoué dans leur amour ne sont pas capables d’une solitude souvent héroïque, et donc se remarient – si leur deuxième amour est, cette fois-ci, plus averti, plus exigeant – s’ils prient, éduquent chrétiennement leurs enfants, participent à la vie de la communauté- même s’ils ne sont pas en règle avec une loi, ils ne sont pas privés de la miséricorde de Jésus.
Marc ajoute alors un geste important de Jésus. Peut-être est-ce parce que Jésus vient de prendre parti pour la femme sans défense devant l’arbitraire des maris de la société de son temps, que l’épisode sur le respect des petits enfants que l’évangéliste l’a placé en conclusion du discours sur le divorce L’enfant de l’époque était regardé comme un être inachevé, incapable d’observer la loi et, pour cette raison, quelqu’un d’insignifiant.
Jésus se fâche. Il prend leur défense, les embrasse, les bénit, leur impose les mains. Il nous les donne en modèle. Nous avons à accueillir Dieu à la manière d’un enfant, en étant pauvre devant Lui et humble devant le frère, la sœur que nous ne pouvons jamais mépriser.
1- C’est ce que démontre l’exégète américain John P. Meier dans son « Un certain juif Jésus » Tome IV, ,pp. 94-100- Editions du Cerf 2009
Les homélies sur kerit.be
La démarche des pharisiens est encore une fois vicieuse. Ils s’approchent de Jésus pour le mettre dans l’embarras et non pas pour tirer bénéfice de cette rencontre. Ils vont vers lui en ayant une coupe déjà pleine. Une tête bourrée des idées reçues. Leur question : est-il permis à un mari de renvoyer sa femme? Eux en tant qu’hommes et maris savaient en quoi s’en tenir et cette question masquait mal leur hypocrisie. J’aurais voulu cette question tournée dans un autre sens: est-il permis à une femme de renvoyer son mari? Pour eux, ce serait un impensable renversement des valeurs. Et pourtant Jésus est là dessus fort explicite. Dieu les a crées homme et femme jouissant des mêmes droits et partageant les mêmes prérogatives. Si l’homme s’est arrogé tous les droits et les privilèges jusqu’à rendre son partenaire comme un objet que l’on peut jeter, ajouter, compléter, récupérer, c’est de suite de son égoïsme viséral et du ravage néfaste du péché. L’heure arrive de reconquérir la pureté originelle de la communion d’amour entre homme et la femme, reflet de l’unité du Dieu trinitaire.
Je suis très reconnaissante pour ces Homélies car en même temps je me nourrie personnellement je fais nourrir aussi tant de personnes. Je vous remercie infiniment. Que le Bon Dieu augmente en vous la joie de le servir dans cette mission. Mon humble prière vous accompagne.
Petite joël (S joëline )