2ème dimanche du temps ordinaire (20 janvier)
Abbé Jean Compazieu | 12 janvier 2013
L’alliance éternelle
Textes bibliques : Lire
Après le temps des fêtes, nous entrons aujourd’hui dans celui du temps ordinaire. Ce n’est pas un temps où il ne se passe rien. C’est plutôt celui où notre Dieu déploie ses bienfaits dans le quotidien des jours et des semaines. C’est le temps de la croissance et de la maturité. Dans le creuset de nos journées les plus ordinaires, le Seigneur nous annonce que nous sommes appelés à un repas de noces. En faisant alliance avec l’humanité, il met en place les prémices d’une communion d’amour.
C’est cette bonne nouvelle qui apparaît déjà dans la première lecture. Bien avant la venue de Jésus, le prophète Isaïe intervient pour raviver l’espérance d’Israël. Ce dernier voit sa situation se dégrader inexorablement. Vivant sous la coupe d’une puissance étrangère, son existence en tant que peuple est plus que menacée. Le prophète s’épuise à les remettre devant la foi de toujours. Il leur rappelle que Dieu n’a jamais cessé de les aimer. Ce Dieu se présente à eux comme l’époux qui est passionné d’amour pour sa femme. Sa puissance et sa gloire vont éclater, à tel point que les pays voisins seront émerveillés.
L’eau changée en vin à Cana est le premier des signes que Jésus n’a jamais cessé d’accomplir. Nous remarquons d’abord que cela se passe dans une région méprisée de tous à cause du mélange des juifs et des païens. La présence de Jésus à cet endroit est en elle-même une bonne nouvelle pour tous, juifs fidèles et païens étrangers à la foi. Tout au long de son ministère, il ne cessera de rappeler qu’il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Sa mission, c’est de relever l’humanité déchue et la faire entrer dans une fête incroyable. Ce sera l’alliance éternelle, scellée dans le sang de l’Agneau. Voilà cette fête extraordinaire qui nous est offerte dans l’ordinaire de nos jours.
Mais revenons à Cana. Ce jour-là, la noce a failli être gâchée. On n’avait pas prévu assez de vin. Marie, qui était présente, s’en est aperçue. Elle ne va pas alerter le maître du repas. Elle s’adresse directement à Jésus. Puis, se tournant vers les serviteurs, elle leur dit : “Faites tout ce qu’il vous dira”. Cette parole a été prononcée par celle qui s’était déclarée “la servante du Seigneur”. Et elle a été proclamée heureuse parce qu’elle a cru à l’accomplissement des promesses qui lui furent dites de la part du Seigneur. Marie est toujours là pour nous inviter inlassablement à faire “tout ce qu’il nous dira”.
Il ne faut pas lire cet évangile comme un simple fait divers qui se termine bien. C’est d’abord un signe qui manifeste la gloire de Jésus, celle de l’amour qui rend possible les noces entre Dieu et son peuple en faisant de nouveau alliance avec lui. Ce qui est merveilleux, c’est que Jésus voit grand. Six cents litres de vin, c’est bien plus qu’il n’en faut pour une noce. Mais ici, il ne s’agit pas d’une simple fête de famille. L’abondance de vin témoigne de la profusion de la grâce qui est offerte à l’humanité tout entière. Jésus est venu pour mettre en œuvre cette alliance avec tous les hommes.
On manqua de vin à Cana. Dans le monde de la Bible, le vin c’est le symbole de la joie, de l’amour et de la fête. En langage symbolique, manquer de vin, c’est manquer d’amour. Ce manque, nous le constatons tous les jours dans nos communautés chrétiennes. S’adressant aux Corinthiens, l’apôtre Paul leur reproche leurs divisions. Il leur explique que les dons de la grâce sont variés. Mais c’est toujours le même Esprit qui agit dans le cœur de chacun. Et comme à Cana, ses dons sont surabondants. Lors de la Pentecôte, les apôtres ont vécu cette expérience. L’Esprit de Dieu les a remplis de joie et d’enthousiasme. C’est ce don qui nous est offert à tous. Mais il y a une condition que Marie ne cesse de nous rappeler : “Faites tout ce qu’il vous dira”
Ce vin qui manquait à Cana nous renvoie à tous les manques de nos vies : manque d’amour, manque de joie, manque de paix… Nous vivons dans un monde qui souffre de l’indifférence, de la haine et de la violence : les SDF à la rue en plein hiver, le terrorisme, les conflits à l’intérieur des familles. Tout cela, Marie le voit. Comme à Cana, elle dit à Jésus : Ils n’ont plus de vin… Ils n’ont plus d’amour… ils n’ont plus d’espérance. Et comme à Cana, elle nous renvoie à lui en nous redisant : “Faites tout ce qu’il vous dira.” L’eau qu’il nous faut puiser, c’est celle de la vie qui est en Dieu, c’est celle de son amour. Il ne demande qu’à nous combler de cette vie qui est en lui.
Cette eau changée en vin est une annonce de l’Eucharistie. Lors de la dernière Cène, Jésus prend le vin et dit : “Cette coupe est la nouvelle alliance n mon sang” (Luc 22, 20). L’Eucharistie que nous célébrons nous ramène à l’ambiance de Cana. Elle est “source et sommet de toute vie chrétienne”. Jésus offre son Corps et son sang pour notre joie et celle de la multitude. Le Christ offre le vin de l’Alliance à notre monde. Et le salaire des serviteurs, c’est une joie à nulle autre pareille. C’est une joie pour l’Eglise, pour le monde, pour tous les serviteurs de l’Evangile.
Nous te rendons grâce, Seigneur, pour cette joie que tu mets en nous ; avec toi, nous repartirons pleins d’espérance et de dynamisme; ainsi nous pourrons témoigner autour de nous de la Bonne Nouvelle de ton amour pour l’humanité.
Sources : Revues Signes, Feu Nouveau et Dimanche en paroisse, Lectures bibliques des dimanches année C (Albert Vanhoye)
2ème dimanche ordinaire – année C – 20 janvier 2013 – Evangile de Jean 2, 1-11
À VOTRE SANTÉ…….À VOTRE SAINTETÉ
Il est encore courant de parler du « miracle de Cana » et de l’époustouflante intervention de Jésus qui offre des barriques de vin exquis (du « Château Margaux » ?) à une noce de village qui ne lui demandait rien. Pourtant saint Jean, ne dit pas qu’il s’agit d’un miracle (mot qu’il n’utilise jamais) mais d’un « signe ».
Il y a en effet dans ce récit plusieurs éléments curieux, qui « font signe », qui alertent le lecteur : n’était-il pas plus simple de se faire dépanner par les voisins prêts à apporter un tonneau ? Et pourquoi cette quantité énorme : 6 cuves de 2 à 3 mesures, cela donne 600 litres (De quoi affoler la « Ligue antialcoolique du coin !) ? Et pourquoi ce geste s’est-il produit « le 3ème jour » (notation que la liturgie omet) ? Et que signifie la présence de la mère de Jésus ?…
Le lecteur attentif remarque qu’il ne s’agit pas du reportage d’un journaliste fier d’offrir un scoop aux lecteurs du journal local (« Le Canasson ») mais d’un récit très élaboré, rédigé des dizaines d’années plus tard, lorsque l’Eglise a pris plus nettement conscience de l’identité de Jésus. Tout y est signe c.à.d. appels discrets au lecteur pour qu’il scrute le texte avec attention et qu’il s’émerveille plutôt de la véritable noce qui s’est célébrée et dont il est, dans la foi, partie prenante.
Car rien n’est dit à propos du couple qui fête son mariage pas plus que de la réaction finale de l’assemblée qui aurait dû sauter de joie devant cette aubaine inattendue. Mais en parfaits connaisseurs des Ecritures saintes, Jean et ses premiers lecteurs juifs n’ont pas oublié que Dieu avait promis de nouer avec son peuple une Alliance nouvelle. Basée non plus sur le rapport de la Loi mais sur l’amour conjugal. « Celui qui t’a faite, c’est ton Epoux…Sans relâche, avec tendresse, je vais te rassembler ; avec un amour sans fin, je te manifeste ma tendresse » (Isaïe 54, 5-8). Et le « Cantique des Cantiques » était interprété comme le chant passionné de deux amoureux, le Messie et son Epouse Israël.
Pendant des siècles, sous les interminables occupations des troupes étrangères (perse, grecque, romaine), l’espérance des Noces finales, de l’union de Dieu et des hommes, était restée vivace.
Un jour que Jésus participait à un joyeux repas et que les Pharisiens lui rappelaient vertement que c’était jour de jeûne, Jésus avait répliqué : « Les invités à la noce peuvent-ils jeûner pendant que l’époux est avec eux ? » (Marc 2, 19). Or quel est un des devoirs de l’époux ? La coutume de l’époque l’obligeait à offrir le vin de ses noces. C’est pourquoi malicieusement Jésus fait goûter son vin par le « maître du repas », c.à.d. le traiteur et ce spécialiste se précipite vers le jeune marié pour dire sa stupéfaction : « D’habitude on sert le bon vin d’abord et quand les gens sont un peu pompettes, on leur verse la piquette ! Et toi tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant ??…». Le jeune époux n’a rien à répondre.
Mais encore une fois, les fidèles des Ecritures savaient que, lorsque le Messie viendrait nouer l’Alliance définitive, sceller le mariage de Dieu avec sa communauté, il offrirait un bonheur qui aurait trois caractéristiques : une joie inépuisable (donc il y a 600 litres), d’une qualité jamais expérimentée, bien supérieure à tous les plaisirs antérieurs (d’où l’appréciation de grand cru) et absolument gratuite (Jésus ne fait rien payer). Le régime de la Loi était comme de l’eau à côté du vin de la foi !
Donc comment se termine la scène ? Laissant la noce du village à son ivresse, Jésus s’éclipse en entraînant ses disciples qui maintenant « croient en lui et le suivent », de même que sa mère. Les jours précédents, Jean avait raconté que Jésus avait été désigné par Jean-Baptiste, que celui-ci avait pressé ses disciples de le quitter pour partir derrière « l’Agneau de Dieu ». André et un anonyme avaient suivi Jésus ; puis André avait amené son frère Simon aussitôt surnommé Pierre ; puis Jésus avait appelé Philippe qui avait convaincu son ami Nathanaël. Ces 5 jeunes gens vivaient donc avec Jésus depuis quelques jours seulement, ils le connaissaient peu, l’observaient, l’écoutaient. Etait-il le Messie que Jean le baptiseur avait désigné ?
Ici à Cana, leur décision est prise : peut-être, sur le moment, n’y a-t-il là pour eux qu’un « miracle » mais la suite va leur révéler la signification profonde du geste de Jésus.
En leur offrant son vin nouveau, Jésus s’est attaché à ses jeunes compagnons : désormais ils constituent une « communauté », une petite Eglise « ivre de joie » parce qu’elle va vivre non plus sous les commandements d’un Dieu lointain et redoutable mais avec son Messie, son Fils, son Berger qui marche à sa tête pour la guider vers le paradis, l’Agneau qui, un jour, donnera sa vie pour eux.
En effet, au Golgotha, ils comprendront pourquoi, à Cana, il avait affirmé « Mon heure n’est pas encore venue » : en voyant le cœur ouvert de Jésus crucifié et le filet de sang coulant de son cœur transpercé, ils comprendront. « L’Heure était venue », l’Heure pour Jésus de manifester sa Gloire, c.à.d. son identité avec son Père et son amour infini envers ses disciples pour lesquels il donnait sa vie. Plus besoin de se purifier par l’eau : il faut boire le vin offert. Les Noces étaient définitivement scellées.
LA MERE DE JESUS
Curieusement Jean ne l’appelle pas par son nom Marie : il dit « la mère de Jésus ». Mais sa présence n’est pas fortuite ni ses paroles anodines.
D’abord elle est la femme attentive qui remarque le manque : « Ils n’ont plus de vin ». Les prophètes employaient souvent cette image pour dire l’état de désolation d’Israël qui avait gravement manqué à son Dieu, qui était infidèle à ses volontés et qui souffrait de grands malheurs. Marie exprime la détresse des hommes: « Ils n’ont pas de vin » c.à.d. ils ont perdu la joie de vivre, ils pleurent le bonheur perdu, ils ne parviennent pas à aimer – car le vin est le symbole de l’amour.
Ensuite Marie, loin de se sentir rabrouée par la réplique de son fils (« Que me veux-tu, femme ? »), exhorte les serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Si nous voulons vraiment être les serviteurs de Jésus, nous ne pouvons nous croiser les bras et exiger une intervention fulgurante de Dieu. Il faut nous mettre au travail sur le champ, nous épuiser à « remplir » nos devoirs de façon parfaite (comme à Cana ils puisèrent des centaines de litre d’eau…pour remplir jusqu’au bord !!), ne pas nous plaindre de la banalité des jours, de la répétition des tâches quotidiennes, de la dureté des engagements de foi, du manque de soutien des autres, du peu de résultats apparents de nos efforts.
Car, « le 3ème jour », qui est devenu tout de suite la dénomination du jour de Résurrection de Jésus (« Il est ressuscité le 3ème jour »- 1 Cor 15, 4), et que les chrétiens vont appeler « Jour du Seigneur » – en français « dimanche »-, tous les croyants peuvent s’empresser de se rendre à Cana, à leur église, chapelle ou cathédrale, afin d’écouter les paroles lumineuses de Jésus et partager son Pain de Vie et son Sang. Car « celui qui mange ma chair et boit mon sang a la Vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraie nourriture et mon sang vraie boisson » (Jean 6, 54).
A chaque Eucharistie, la mère de Jésus est là dans son double rôle. Elle nous apprend à remarquer « les manques », à intercéder pour une humanité privée d’amour ; et elle nous pousse à travailler sans relâche, à « faire tout ce que Jésus dit » c.à.d. l’Evangile.
Emerveillés par ces « signes » reçus et célébrés, nous pouvons, alors, avec Marie, nous enfoncer en plein monde en suivant Jésus, en vivant selon l’Evangile, en témoignant du bonheur de croire, en invitant aux Noces de Dieu les multitudes qui n’ont jamais goûté la joie de croire, qui confondent la foi avec des contraintes et qui ne soupçonnent pas que la foi chrétienne est réellement un mariage, une noce où Dieu et l’humanité enfin peuvent s’unir dans un torrent de joie inexprimable.
Chaque « 3ème jour » (surlendemain du jour de la croix), la communauté se précipite aux noces pour se laisser pardonner et aimer follement par son Dieu ; elle chante avec allégresse sa reconnaissance ; elle boit le Vin de l’Alliance ; avec la mère de Jésus, elle entonne son « Magnificat ».
Vivons-nous ces Noces ? Le signe de Cana nous rappelle la valeur « amoureuse » du « signe de la Messe ». En faire un temps de piété morose, une coexistence temporaire d’inconnus, une corvée nécessaire : quelle tristesse ! Allumez le feu de l’amour !!
Raphaël D, dominicain
J’ai bien aime’ les homelies ainsi que la video de Soeur Claire. Merci.
Mais comment expliquer cet evangile aux islamistes d’Egypte, qui viennent de faire voter , avec l’appui des occidentaux politiquement corrects, la nouvelle constitution , dont la sharia autorise le mariage des filles a partir de 9 ans, et considere les buveurs de vin et autres boissons alcooliques comme des infideles (kouffars)..?
J’ai bien aime’ les homelies ainsi que la video de Soeur Claire. Merci.
Mais comment expliquer cet evangile aux islamistes d’Egypte, qui viennent de faire voter , avec l’appui des occidentaux politiquement corrects, la nouvelle constitution , dont la sharia autorise le mariage des filles a partir de 9 ans, et considere les buveurs de vin et autres boissons alcooliques comme des infideles (kouffars)..?
J’ai deja parle’ de ce probleme crucial ici, mais dans un autre contexte. J’essaye d’ouvrir les yeux des aveugles et les oreilles des sourds a l’etranger, qui ne se rendent pas compte de l’invasion qui va les submerger apres nous. Il y en a trop qui s’inquietent davantage de l’economie et du taux de l’euro sur leurs marche’s. Je crois que Dieu a dit a un prophete :Parle-leur, meme s’ils ne t’ecoutent pas.