Homélie du 1er dimanche du Carême
Abbé Jean Compazieu | 9 février 2013
“Un Carême révolutionnaire ou un carême biblique”
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Depuis le mercredi des Cendres, nous sommes entrés dans un nouveau Carême. Chaque année, on se dit qu’il faut faire des efforts ; on nous parle d’aumônes, de prières, de jeûnes et de privations. Chacun pense aux résolutions qu’il va prendre pour vaincre les tentations qui nous détournent de la Parole de Dieu, de l’adoration et de la confiance en Dieu. Et à Pâques, nous regarderons le bilan : si nous avons tenu, nous parlerons d’un bon carême et nous aurons l’impression de nous être rapprochés de Dieu. Mais si nous n’avons pas réussi à tout tenir, nous aurons l’impression d’avoir fait un mauvais carême et de nous être éloignés de Dieu.
Mais le vrai Carême, c’est beaucoup mieux. Pour le comprendre, il faut attentivement la première lecture qui nous propose un carême “révolutionnaire”. Ce texte nous invite à une véritable révolution dans notre relation à Dieu : il ne s’agit plus d’offrir des sacrifices pour recevoir de lui ce que nous demandons. Il y a un renversement à opérer : Au lieu de donner à Dieu pour recevoir de lui, nous sommes invités à lui offrir ce que nous avons reçu de lui. C’est cela qui est demandé au peuple D’Israël avant d’entrer dans la Terre promise : les premières gerbes qu’il devra offrir à Dieu sont le fruit de la terre que le Seigneur lui a donnée. Elles sont le fruit d’un travail d’hommes libres et non plus celui d’un esclave.
Tout cela vient nous faire comprendre que le Carême n’est pas d’abord un temps d’effort mais un temps de libération. Le principal travail, c’est le Seigneur qui le fait en nous. Il continue à voir la misère de son peuple. Il veut le libérer de la servitude de l’argent, du confort et de la volonté de réussir à tout prix. Il voit aussi ceux et celles qui sont brimés, les victimes du chômage, la violence, l’exclusion, tous ceux et celles qui sont jetés à la rue.
Alors nous comprenons que vivre un bon carême, ce n’est pas d’abord faire des efforts pour plaire à Dieu. C’est plutôt lui ouvrir notre cœur ; c’est lui ouvrir notre porte pour accueillir l’amour qui est en lui. Cet amour qui ne demande qu’à traverser notre vie doit être rayonné autour de nous. Vivre un bon carême c’est offrir à Dieu le fruit de son amour. Nous le ferons dans le don de nous-mêmes à Dieu et aux autres dans la prière et le jeûne et le partage. Et s’il nous arrive de tomber, ne nous arrêtons pas sur l’échec, mais accueillons le pardon comme un nouveau don à offrir.
La seconde lecture nous montre que les chrétiens vivent dans une situation semblable à celle des Hébreux. Eux aussi ont été libérés par la croix et la résurrection de Jésus. Ils doivent eux aussi rendre grâce à Dieu. Ils doivent reconnaître qu’il est grand, généreux et qu’il est intervenu avec puissance, mais surtout avec un amour généreux. Nous sommes invités à reconnaître en lui celui qui est “Maître et Seigneur de nos vies”. Mais si nous y regardons de près, nous voyons bien que nous avons beaucoup de maîtres et Seigneurs qui nous rendent esclaves, notre égoïsme, notre lâcheté. Le péché c’est cette idolâtrie de nous-mêmes, de nos choix, de nos idées. C’est de cela que le Christ veut nous libérer. Et il est le seul à pouvoir le faire.
L’Evangile nous rapporte qu’après son baptême, Jésus est conduit par l’Esprit au désert. Le tentateur se présente à lui en commençant par le flatter : “Si tu es le Fils de Dieu…” Lorsqu’il s’approche de nous, il utilise la même technique en disant par exemple : “si tu es un homme libre, si tu es une personne qui a l’initiative de sa propre vie, fais donc ce qui te plaît ; ainsi, tu pourras manifester ta liberté et ta dignité.” En fait, cette tentation nous conduit vers une impasse qui nous détourne de l’amour de Dieu.
Aujourd’hui, Jésus nous apprend qu’être fils de Dieu, c’est se laisser conduire par Dieu sans lui imposer nos voies et nos moyens ; c’est lui faire totalement confiance sans vouloir obtenir des garanties, sans espérer de miraculeux prodiges qui nous démobiliseraient de nos luttes et de nos engagements. Etre fils de Dieu c’est faire de la volonté de Dieu notre nourriture de tous les jours. C’est à ce titre de fils que le peuple d’Israël était appelé au cours de sa marche dans le désert. Mais il n’a jamais su vivre sa vocation. Jésus s’est retrouvé face aux mêmes tentations. Il a été le seul à se montrer vraiment Fils jusque dans sa Passion et sa mort. La réponse du Père fut la Résurrection.
Toutes les tentations ont pour but de nuire à la relation qui existe entre l’homme et Dieu. C’est l’objectif que s’est fixé le tentateur. Il se dit qu’il pourra faire ce qu’il veut de la personne concernée car elle sera devenue son esclave. La Parole de Dieu nous invite à reconnaître la bonté de Dieu. Dans le désert sans Dieu qu’est notre monde, personne ne peut vivre en fils de Dieu s’il ne l’apprend du Christ lui-même. Le Carême c’est une réponse aimante à un amour qui fait sans cesse le premier pas vers nous.
C’est toi, Seigneur, qui nous donnes le désir et la force de te suivre et de t’aimer. Sois avec nous sur le chemin qui nous même à Pâques. Avec toi, nous marcherons comme un peuple de frères, heureux de témoigner que Dieu nous aime, qu’il nous sauve et qu’il est Amour.
Sources : Revues Signes, Feu Nouveau, Dimanche en paroisse, Lectures bibliques des dimanches année C (Albert Vanhoye), Commentaires du missel communautaire (Père André Rebré),
je suis très touché à chaque fois que je lis vos commentaire d’homélie qui m’aide à comprendre pleinement la parole de Dieu et je vous dis merci pour tout le soutient que vous nous accordé egalement j’ai besoin que vous m’aidez à resortir les grandes lignes d’un thème que j’aimerais proposer à notre chorale pour recolection :le theme est le chretien et le carème merci encore une foi de plus
C’est super intéressant, j’aime beaucoup ses commentaires des lectures du dimanche. Merci !