4ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 26 janvier 2009Journée chrétienne de la communication
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Dans la première lecture tirée du livre du Deutéronome, nous avons entendu un vieil épisode qui nous a rappelé ce qui s’est passé au Sinaï au temps de Moïse : Le peuple était rassemblé au bas de la montagne ; il entendait la voix de Dieu qui parlait à Moïse. Son cœur était partagé entre l’émerveillement et la peur. Finalement, c’est la peur qui l’a emporté. “Je ne veux plus entendre la voix de Dieu, disait-il, car je ne veux pas mourir.” Et Dieu a répondu en annonçant la venue d’un prophète, un homme qui ne parlera pas en son nom personnel mais au nom de Dieu, un homme qui dira les paroles même de Dieu.
Le texte du Deutéronome précise que cet homme ne devra pas dire de paroles autres que celle qui vient de Dieu. On se demande pourquoi il a cru bon d’apporter cette précision. En fait, il faut savoir que ce texte a été écrit bien plus tard pour mettre le peuple en garde contre les faux prophètes. Au temps de Jérémie, il y a beaucoup de beaux parleurs : “Ce qu’ils prêchent n’est que vision de leur imagination. Cela ne vient pas de la bouche du Seigneur.” (Jr. 23. 16) Le vrai prophète c’est celui qui est le porte-parole de Dieu devant les autres. Tout au long de l’Ancien Testament, nous voyons des prophètes rappeler au peuple d’Israël qu’il est le peuple de l’alliance. Ils dénoncent les ruptures et les transgressions. Ils appellent les gens à une conversion radicale. Cet appel nous rejoint tous aujourd’hui. Par notre baptême et notre confirmation, nous sommes appelés à devenir des prophètes en transmettant la Parole de Dieu.
Saint Paul insiste sur ce point. Il nous dit que nous devons “être attachés au Seigneur sans partage”. Ailleurs, il nous rappelle que “le temps est limité”. Ce message est une réponse à des questions très concrètes que les chrétiens de son temps se posaient. Il précise que vouloir plaire à son mari ou à son épouse c’est bien. Mais le plus important c’est de ne pas oublier les affaires de Dieu. C’est une priorité absolue pour tout chrétien. Cet appel vaut pour nous aujourd’hui. Il y a beaucoup de choses qui passent avant les “affaires de Dieu”, avant la prière, avant la messe du dimanche, avant l’inscription d’un enfant au catéchisme… Nous avons tous à nous convertir à Celui qui donne tout son sens à notre vie. Notre mission c’est d’être les témoins fidèles de Jésus Christ.
L’Evangile de ce jour nous présente Jésus comme LE prophète par excellence. Il est celui qui enseigne. Comme c’était l’habitude pour les juifs de son temps, il se présente à la synagogue pour commenter les Ecritures. Mais saint Marc nous dit qu’il enseignait “en homme qui a autorité et non pas comme les scribes”. Ces derniers n’avaient qu’une compétence professionnelle. Leur raisonnement intellectuel et tatillon était devenu insupportable pour le petit peuple. Ce dernier était enfermé dans une crainte et une culpabilité continuelles.
Avec Jésus, c’est tout autre chose : Sa parole n’est pas celle d’un homme mais celle de Dieu. C’est la puissance de Dieu qui agit en lui et par lui. Lorsqu’il parle c’est sous l’action de l’Esprit Saint. Avec lui c’est la bonne nouvelle annoncée aux pauvres, la libération aux captifs, une année de grâce pour tous. Et Jésus donne une illustration de cette autorité en prononçant une parole efficace pour libérer un pauvre malheureux tourmenté par un esprit mauvais. Il le remet debout et lui redonne sa liberté intérieure. C’est tout le contraire d’une parole qui écrase comme un pesant fardeau. On comprend pourquoi les foules sont séduites. Cette bonne nouvelle nous rejoint aujourd’hui. Des hommes, des femmes, des enfants sont écrasés par le malheur, la souffrance, la maladie et toutes sortes d’autres épreuves. Mais le Seigneur s’arrange toujours pour mettre sur leur route les personnes qu’il faut. Nous pouvons entendre ou lire des témoignages bouleversants qui nous disent comment il a changé leur vie.
Depuis 2000 ans l’Eglise continue à annoncer et à enseigner la Parole de Dieu. Et elle continue à le faire avec les moyens qui sont ceux de notre monde d’aujourd’hui. Chaque année, le premier dimanche de février, les chrétiens sont invités à porter leur attention et leur prière sur cette réalité de plus en plus importante dans le monde d’aujourd’hui, la communication. Lors du Concile Vatican II, les évêques avaient bien compris qu’elle est l’essence même du christianisme. Communiquer l’évangile a été la tâche majeure des apôtres et des disciples.
Aujourd’hui plus que jamais, la mission passe par les médias. L’Eglise nous invite à mieux connaître ceux qui sont au service des chrétiens, bulletins diocésains et paroissiaux, les revues et journaux chrétiens, la radio, la télévision, les livres. Et depuis quelques années, nous assistons à une montée des blogs et des sites Internet des diocèses, des paroisses, des communautés religieuses, mais aussi de nombreux chrétiens qui contribuent à annoncer l’Evangile au monde entier.
Ce phénomène Internet est de plus en plus présent dans toutes les couches de la société, chez les enfants, les jeunes, les adultes et même les aînés. Pour beaucoup de personnes malades, c’est un moyen pour sortir de la solitude. Il est important que chacun soit guidé vers des sites qui “élèvent” et aident à grandir. C’est dans ce monde tel qu’il est et avec les moyens dont il dispose que l’Eglise est appelée à remplir sa mission d’annoncer l’Evangile de Jésus Christ. Mais comme nous le rappelle le Deutéronome, l’important c’est de dire la Parole qui vient de Dieu. Nous ne sommes pas à notre compte mais à celui de Jésus qui nous appelle et nous envoie. Et n’oublions pas que le premier communicateur c’est l’Esprit Saint. Sans lui, rien ne serait possible. C’est grâce à lui que nous trouvons la force nécessaire pour être de vrais témoins de Jésus Christ.
D’après diverses sources
4ème dimanche – année B – 1 février 2009 – Evangile de Marc 1, 21 – 28
Enseigner la Bonne Nouvelle
La fête de saint Paul, dimanche passé, ne nous a pas permis d’écouter la phrase capitale que Marc place en exergue à la vie de Jésus et qui définit le cœur de sa mission telle qu’il va l’accomplir jusqu’à sa mort:
“Jésus vint en Galilée. Il proclamait l’Evangile de Dieu : ” Le temps est accompli et le Règne de Dieu s’est approché: convertissez-vous et croyez à l’Evangile”.
L’ancien charpentier de Nazareth revient dans sa région qu’il va sillonner comme le héraut de la Bonne Nouvelle. Jusqu’alors les prophètes prédisaient une intervention de Dieu pour un futur indécis: aujourd’hui Jésus proclame que, au cadran de l’histoire, le moment est venu. Désigné comme Fils-Roi après son baptême, investi par la force de l’Esprit-Saint, Jésus inaugure ici et maintenant le Royaume de Dieu sur terre.
Voilà “la Bonne Nouvelle” absolue, indépassable. Elle doit se dire. L’Evangile n’est pas d’abord un livre mais un cri, l’annonce d’un événement qui provoque une explosion de joie puisqu’il porte l’homme à son accomplissement
Ce règne de Dieu ne s’enclot pas dans des frontières ni ne s’impose par la violence: il se propose. Que tout homme écoute l’appel et se décide librement. Au lieu d’attendre un changement de monde, qu’il se laisse changer lui-même, qu’il fasse confiance à Jésus et modifie sa mentalité, qu’il subvertisse radicalement sa façon de voir et sa manière de vivre.
Le Règne de Dieu n’est pas l’indépendance nationale, la victoire sur les ennemis, la santé, la gloire, la réussite, la fin du mal, ni encore moins la domination de l’Eglise: il est l’accueil, le don total de soi au Père, la vie de fils de Dieu sur le modèle de Jésus, au souffle de l’Esprit dans l’Eglise.
L’ ENSEIGNEMENT DE JESUS
Après cette PROCLAMATION initiale – qui ne peut jamais être remplacée ou supposée connue et qui doit toujours retentir comme pour la première fois -, vient la seconde sorte de prédication, l’ENSEIGNEMENT: il faut expliquer en quoi consiste la “conversion”. Aussi, sans tarder, comme d’habitude, Marc montre Jésus en train d’exercer cette oeuvre ( = le texte de ce jour).
Accompagné de ses disciples, Jésus arrive à Capharnaüm.
Aussitôt, le jour du sabbat, il se rend à la synagogue et là il enseigne.
La Galilée est une province où se côtoient les deux mondes, juif et païen; Capharnaüm est une petite ville au bord nord-ouest du lac, au carrefour des routes internationales avec un bureau de douane. C’est là que Jésus établit son centre à partir duquel il rayonnera dans la région.
En bon Juif pratiquant, Jésus, chaque 7ème jour, se rend à la synagogue où a lieu le grand office liturgique de la semaine: lectures de la Torah et chant des psaumes. Le responsable lui cède la parole et “JESUS ENSEIGNE”.
Remarquons qu’il ne s’adresse pas à des païens mais à ses compatriotes croyants: c’est à eux d’abord qu’il faut révéler que maintenant les Ecritures s’accomplissent. Au lieu de vitupérer contre les mœurs dissolues et la corruption des païens (ce qu’il ne fait jamais), Jésus interpelle les croyants. Qu’ils ne s’assoupissent pas dans le ronron liturgique: la conversion n’est jamais accomplie une fois pour toutes. Il faut sans cesse “enseigner” les pratiquants.
Curieusement Marc ne rapporte pas le discours de Jésus: ce qui compte, ce n’est pas le contenu mais son style, son mode d’enseigner:
“On était frappé par son enseignement
car il enseignait en homme qui a autorité et non pas comme les scribes”.
Les scribes faisaient de longues études et expliquaient les Ecritures en s’appuyant sans cesse sur des citations: “Jérémie a dit ceci…Mon Maître racontait cela…Les anciens interprétaient de cette façon…”. Jésus, lui, qui n’est ni prêtre, ni lévite, ni docteur de la Loi, n’argumente pas à partir des autres. Son “autorité” ne signifie pas qu’il crie, qu’il fait des effets de manche, qu’il menace avec violence: sa simple parole porte en elle sa force.
Alors que les orateurs utilisent des méthodes de rhétorique, fignolent des figures de style, cherchent des “trucs” pour plaire et convaincre, Jésus, lui, PARLE tout simplement. Et sa PAROLE est vraie car il n’y a aucune distance entre ce qu’il est, ce qu’il vit, ce qu’il pense et ce qu’il dit. Cette adéquation, cette vérité de l’être interpelle. Rempli de l’Esprit reçu après son baptême, Jésus n’a nul besoin de références. Il dit la Parole de Dieu “qui est vivante et énergique, plus tranchante qu’un glaive à deux tranchants” ( Hébreux 4, 12).
UNE PAROLE QUI AGIT
Or il y avait là un homme tourmenté par un esprit mauvais qui se mit à crier:
“Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais fort bien qui tu es: Le Saint , le Saint de Dieu !”
Jésus l’interpelle vivement : “Silence ! Sors de cet homme !”
L’esprit mauvais le secoua avec violence et sortit de lui en poussant un grand cri.
Dans l’Antiquité, les maux étaient souvent attribués à la présence de “démons”, d'”esprits impurs” càd. opposés à la Sainteté divine. Il y a donc chez cet homme (aux apparences convenables sans doute) un refus secret et tenace de la Volonté divine. Il est possédé, donc esclave et les “enseignements” des scribes ont toujours échoué à le délivrer. Aujourd’hui, la Parole de Jésus est tellement prégnante de la force de l’Esprit qu’elle atteint cet ennemi caché dans le cœur de l’homme. Immédiatement le démon se sent menacé et, extrêmement lucide, il discerne tout de suite la personnalité de ce nouveau prédicateur: ce Jésus de Nazareth n’est rien moins que le Saint de Dieu, càd. le Messie, celui qui vient mettre fin aux puissances qui aliènent l’homme, “le plus fort” qu’annonçait Jean-Baptiste, celui qui exorcise l’homme pour le rendre à lui-même.
Jésus lui intime le silence. Pourquoi ? Parce qu’il ne faut pas divulguer maintenant que Jésus est le Messie car ce titre est entendu dans le peuple comme un chef de guerre qui anéantira tous les ennemis d’Israël. Certes Jésus est bien le Christ, le Messie, le Saint de Dieu mais dans un sens radicalement autre – que l’Evangile va peu à peu expliciter.
Saisis de frayeur, tous s’interrogeaient: ” Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité ! Il commande même aux esprits mauvais et ils obéissent”. Sa renommée se répandit dans toute la Galilée.
L’auditoire est sidéré: on était habitué à entendre des sermons incolores et insipides, des discours savants, des morceaux d’éloquence…qui suscitaient admiration ou bâillements mais ne changeaient rien. A présent lorsque Jésus entre dans une “synagogue” (une assemblée), le démon doit en sortir.
Voici venu le Sauveur, le Libérateur, le seul capable de libérer l’homme de son esclavage intérieur. Car notre aliénation n’est pas d’abord psychique ou sociale mais spirituelle.
Le récent synode des évêques vient de rappeler l’importance capitale de la PAROLE DE DIEU, la nécessité primordiale de l’évangélisation. Nous déployons en vain des efforts gigantesques pour la catéchèse, les sacrements, les institutions, la morale chrétienne…: tout cela demeure souvent inefficace parce qu’on présuppose (à tort) que l’Evangile a été écouté et reçu. Il faut sans cesse, au préalable, annoncer, proclamer la Bonne Nouvelle.
ENSEIGNER. – Le synode s’est plaint de la fréquente médiocrité des prédications, de la non pertinence des homélies. Comment laissons-nous le Christ s’exprimer ? “C
'est le Christ qui parle tandis qu'on lit dans l'Eglise les Ecritures" ( Concile Vatican II – Liturgie § 7). Pourquoi les artistes et les acteurs préparent-ils mieux leurs textes que nous, prêtres et lecteurs, dans nos églises ?.....
R. D... , dominicain
Proposition pour une prière universelle
Le Seigneur nous appelle à être ses témoins dans le monde. Tournons-nous vers lui qui est la Lumière et laissons la prière renouveler notre cœur et notre regard.
1. Pour les prédicateurs de l’Évangile, les prêtres, les diacres, les catéchistes et tous ceux qui annoncent courageusement ta Parole. Qu’ils sachent trouver les mots pour dire Jésus Christ. Seigneur, nous te prions
2. Pour les messagers de l’Évangile par l’écrit, par la parole, par l’image. Donne-leur d’être porteurs de ta lumière. Seigneur, nous te prions
3. Pour tous les professionnels de la communication, les libraires, les journalistes, les animateurs de radio de télévision et de l’Internet. Qu’ils gardent le souci d’un monde juste et fraternel. Seigneur, nous te prions
4. Pour nous tous ici rassemblés. Que nous soyons de vrais témoins de la lumière de Dieu. Seigneur, nous te prions
Seigneur, donne-nous force et courage pour accomplir ta volonté et pour te révéler par nos actes à tous les hommes. Toi qui es vivant pour les siècles des siècles.
Communication !
Avec le problème des communications sociales qui, en notre siècle, se trouvent vraiment changées, perfectionnées, sur la majorité du siècle précédent, les chrétiens sont invités à user de nouveaux moyens pour annoncer la Bonne Nouvelle. Tout récemment le Pape Benoît XVI en faisait allusion avec la puissance grandissante d’Internet. Il incitait tous les chrétiens et en particulier les jeunes à en être acteurs pour communiquer l’Evangile.
Les textes de ce dimanche nous en confirment l’utilité.
Dans la lecture du Deutéronome (1ère lecture) Moïse annonce au peuple d’Israël, si souvent sourd aux paroles des envoyés du Seigneur, la venue d’un futur prophète. Il aura « dans sa bouche mes paroles » (celles de Dieu) « et vous l’écouterez ».
Comme une recommandation le Psaume 94 nous a fait chanter : « Aujourd’hui ne fermons pas notre cœur mais écoutons la voix du Seigneur ». Au peuple d’Israël était dit : « Ne fermez pas votre cœur comme au désert », au désert où le peuple de Dieu récriminait contre Lui et se tournait vers des idoles. « Pourtant ils avaient vu mon exploit », celui de la libération de l’esclavage égyptien.
Ce nouveau prophète, rempli de la Parole de Dieu, n’est autre bien sûr que Jésus.
C’est Jésus qui, dans l’Evangile, s’exprime avec une autorité qui surprend ses auditeurs. « Il enseignait en homme qui a autorité » ; « un enseignement nouveau, proclamé avec autorité ».
Sa Parole, Jésus en affirmera la puissance jusqu’à dominer celle du démon, de l’esprit mauvais envoûtant un homme venu jusqu’à lui tout en reconnaissant qu’il est « Le Saint de Dieu ». « Silence ! Sors de cet homme ». Au commandement du Seigneur, avec un grand cri, l’esprit mauvais quitte cet homme.
Si St Paul (2ème lecture) proclame la valeur supérieure du célibat pour l’homme ou la femme qui se met au service du Seigneur, ce n’est pas pour déprécier l’état de mariage mais pour indiquer une condition plus facile de communication de l’Evangile au monde lorsqu’on s’y consacre tout entier. Cette communication se doit d’être celle de tous les disciples sans exception.
C’est là qu’il nous faut recommander fortement l’usage de tous les moyens de communication dont les progrès scientifiques nous donnent accès pour les mettre au service du Seigneur, au service de l’Amour dont Dieu est la source. Internet est du nombre et les internautes, de plus en plus nombreux, ont à leur service un moyen excellent de communiquer leur foi en Jésus Christ. Lui seul est le Sauveur de l’humanité toute entière. Comme St Paul , sans crainte et avec vigueur, proclamons-le dans l’espérance du monde à venir. Il ne sera que paix, vérité et amour. Père Jean M du diocèse d’Atun