5ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 1 février 2009Lectures du jour : Lire
La première lecture et l’évangile nous montrent la détresse et la souffrance des hommes, le désespoir des uns et la maladie physique et mentale des autres. Ils sont nombreux nos contemporains, y compris les enfants et les jeunes qui souffrent dans leur chair et dans leur esprit. Nous pensons à toutes les victimes d’une maladie implacable ou d’un accident meurtrier. Nous savons que, nous aussi, nous pouvons être pareillement frappés. D’autre part, tous ces drames, petits ou grands, qui font la une de l’actualité nous interrogent, y compris par rapport à notre foi. Beaucoup se demandent : Où est Dieu ? Que fait-il ? Pourquoi tant de souffrances ?
Aujourd’hui, nous avons le témoignage de Job, puis celui de Jésus. A travers ces deux textes, la Bible nous présente deux attitudes très différentes face au malheur. D’un côté, nous entendons le cri douloureux et désabusé d’un homme cruellement éprouvé. Il n’attend plus rien de la vie. Mais si nous lisons le livre de Job jusqu’au bout, nous découvrons que finalement sa révolte n’aura pas le dernier mot. Malgré tout ce qui l’accable, il garde sa confiance en Dieu jusqu’au bout. Il reste que sa clameur a traversé les siècles. Des hommes, des femmes et des enfants continuent à crier leur souffrance. Le piège serait de vouloir agir comme les amis de Job en expliquant et en justifiant le malheur.
Dans l’évangile, nous découvrons le comportement de Jésus devant les malades. Face à toute cette souffrance, il est “saisi de pitié.” Mais ce qui est le plus important, c’est sa volonté farouche de se battre contre le mal. Au début de sa vie publique, il alterne enseignements, exorcismes et guérisons. En libérant les malades, il nous montre qu’il ne veut pas la maladie et la souffrance qui accablent l’homme. Elles ne sont jamais bonnes en elles-mêmes, même s’il est possible d’en faire un chemin de croissance spirituelle.
Le seul état que Dieu désire pour nous, c’est celui de ressuscité. C’est ce que le Christ nous fait comprendre en guérissant la belle mère de Pierre. Il la prend par la main et la fait “se lever”. Ressusciter et se lever, c’est le même verbe. Cela veut dire que le Christ nous veut debout et en marche, disponibles pour servir les autres. Et surtout, il nous veut en état de résurrection. En guérissant les malades, Jésus leur ouvre un chemin d’espérance. Dieu donne sa réponse au cri de Job. Elle se dit dans le silence de la main tendue de Jésus, une main qui relève et qui rend la vie.
Ce dimanche c’est celui de la santé. Il est orienté autour du thème “prendre soin”. Avec le Service Evangélique des malades et les aumôneries d’hôpitaux, nous portons dans notre prière tous ceux et celles qui répondent aux appels des souffrants, le personnel médical, les aumôneries, les bénévoles qui vont visiter les malades, les familles… Chacun à sa manière contribue à prendre soin de celui qui souffre. Il doit bien sûr répondre à des besoins physiques, mais il cherche aussi prendre en compte les besoins spirituels de la personne malade.
Ces besoins spirituels ne sont pas seulement d’ordre religieux. Une personne diminuée par la maladie a besoin d’être reconnue et respectée dans sa dignité. Elle aspire à être écoutée, à pouvoir parler d’elle, de sa souffrance, de sa vie. Prendre le temps d’écouter l’autre, c’est reconnaître que sa parole est importante pour nous, c’est une manière de la mettre en valeur. C’est ainsi que nous avons à témoigner de l’espérance qui nous anime. Le Seigneur nous précède auprès de tous ceux et celles qui sont écrasés par la peur et les épreuves de toutes sortes. Aujourd’hui, nous le prions pour qu’il ouvre notre cœur au désarroi de tous ceux qui souffrent.
Tout l’évangile nous dit que Dieu est un Père qui aime chacun de ses enfants. Il est une source inépuisable d’amour. On ne peut décidément rien faire d’autre que d’aimer et de le faire connaître au monde entier. C’est ce qu’avait bien compris l’apôtre Paul : Il n’a voulu qu’une seule mission, annoncer l’Evangile. Lui-même le dit : “Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile.” C’est vrai aussi pour chacun de nous. Si nous refusons cette mission, nous ajoutons à l’indifférence des hommes, nous devenons les complices de ceux qui raillent la foi des chrétiens. Bien sûr, tous ne peuvent pas être prédicateurs comme Paul. Mais nous avons le devoir de témoigner de la bonne nouvelle à travers nos paroles et nos gestes auprès de tous ceux et celles que nous rencontrons sur notre route.
Nos Eucharisties sont autant de pas sur ce chemin de libération. Chaque dimanche, nous avons rendez-vous avec le Maître de la Vie. Nous rendons grâce à celui qui prend soin de nous, qui se fait proche de nous pour guérir les cœurs brisés et soigner leurs blessures. Le 11 février, nous fêterons ND de Lourdes : C’est une incitation à nous tourner vers Marie “consolatrice des affligés.” N’oublions jamais qu’elle ne cesse de nous renvoyer vers son Fils ; elle continue à nous redire : “Faites tout ce qu’il vous dira…” Ce que dit Jésus, c’est l’appel à accueillir et à témoigner de “l’amour du Père qui prend soin de tous ses enfants.”
D’après diverses sources
Seigneur plus nous te connaissons, plus nous avons confiance en ton amour et en ton aide !
Bénissons le Seigneur qui guérit nos blessures.
Prions pour toutes les personnes malades en attente de soins et de réconfort, qui vivent une situation de détresse; que la paix du Seigneur les réconforte.
Bénissons le Seigneur qui guérit nos blessures.
Pour tous ceux et toutes celles dont le métier est de prendre soin, d’accueillir et d’être au service des autres, qu’ils restent disponibles à l’écoute de toutes les détresses, prions le Seigneur.
Bénissons le Seigneur qui guérit nos blessures.
Seigneur, Tu nous appelles à vivre dans l’amour, que la parole et les actions des chrétiens dans le monde soient partout un ferment de charité entre les hommes et les peuples!
Bénissons le Seigneur qui guérit nos blessures.
Pour que tous les membres de nos communautés paroissiales apprennent à tendre la main à la manière de Jésus, prions le Seigneur.
Bénissons le Seigneur qui guérit nos blessures.
Dieu lumière d’aujourd’hui, baptisés nous te prions, Ô maître, sois notre secours et notre soutien.Les affligés, sauve-les Les humbles, prends-les en pitié.
Ceux qui sont tombés, relève-les A ceux qui sont dans le besoin, révèle-toi.
Les malades, guéris-les, Les égarés de ton peuple, ramène-les.
Rassasie ceux qui ont faim, Délivre ceux qui sont prisonniers.
Relève ceux qui languissent, Console ceux qui ont peur.
Bénissons le Seigneur qui guérit nos blessures.
Prière universelle
Nourris de la Parole de la Bonne Nouvelle, tournons-nous vers le Père qui prend soin de tous ses enfants, et faisons monter vers Lui notre prière.
1. “Jésus guérit toutes sortes de malades et chassa beaucoup d’esprits mauvais.” Seigneur, notre planète terre est malade. La maladie et les esprits mauvais qui la frappent ont pour nom la faim, la course au profit, les injustices, les épidémies, le “mal développement, les guerres. Des hommes et des femmes souffrent. Nous te prions pour tous les peuples qui ont besoin que l’on prenne soin d’eux. Que ton Esprit inspire les responsables politiques, les militants associatifs, les hommes et femmes de bonne volonté. Qu’il chasse les esprits mauvais de nos cœurs.
“Fais paraître ton jour et le temps de ta grâce. Fais paraître ton jour. Que l’homme soit sauvé !”
2. Job prit la parole et dit : “Vraiment la vie de l’homme est une corvée.” Seigneur, en entendant ces mots de Job, nous reviennent en mémoire les visages des personnes affrontées à la souffrance, au non-sens, à l’angoisse devant l’avenir. Nous te prions pour qu’ils trouvent des oreilles qui entendent leur souffrance, des regards qui les respectent, des mains qui apaisent, des cœurs qui aiment. Que ton Esprit les aide à retrouver espérance, confiance et paix. Qu’il chasse les esprits mauvais de leurs cœurs.
3. “Notre Dieu guérit les cœurs brisés et soigne leurs blessures.” Seigneur, tu as confié à ton Eglise la mission de transmettre la Bonne Nouvelle, d’annoncer à tous que tu es un Dieu qui prend soin de chacun. Nous te prions pour tous ceux qui participent à la Pastorale de la Santé. Que ton Esprit les aide à être ensemble et chacun des porteurs de ta tendresse pour tous les hommes. Qu’il chasse les esprits mauvais de leurs cœurs
4. “Je me suis fait le serviteur de tous… Je fais cela à cause de l’Evangile.” Seigneur, nous voici rassemblés autour de ta Parole et de ton Pain de Vie en communion avec ceux qui n’ont pu nous rejoindre. Nous te prions pour notre communauté, tout particulièrement ceux qui souffrent. Que ton Esprit nous inspire pour que nous devenions davantage serviteurs de tous ceux qui en ont besoin, pour que nous prenions davantage soin les uns des autres. Qu’il chasse les esprits mauvais de leurs cœurs
Dieu éternel et tout-puissant, consolation des affligés et force de tous ceux qui peinent, laisse monter vers Toi les prières des hommes qui t’appellent, quelles que soient leurs souffrances. Qu’ils aient tous la joie de trouver dans leurs détresses le secours de ta miséricorde. Par Jésus le Christ notre Seigneur. Amen
Urgence de la Mission
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L’évangile de ce dimanche forme un ensemble avec celui de dimanche passé: Marc a construit avec grand soin ce bloc initial des actions de Jésus. A la lumière de la Pâque du Christ Seigneur, et avec sa communauté, il a vu que la Bonne Nouvelle ne peut se confiner dans le récit minutieux de quelques souvenirs historiques: elle doit atteindre le lecteur de toute époque afin que celui-ci puisse non seulement connaître des faits passés (simple information) mais se décider, croire et être sauvé. Voyons la succession telle que Marc la rapporte. Il faut rectifier le vocabulaire de la traduction liturgique
1. JOUR DU SHABBAT, LE MATIN, A LA SYNAGOGUE:
La prédication ordinaire des scribes était savante et éloquente mais inefficace. Jésus survient et il donne un “enseignement nouveau” tant par son contenu (la promesse devient actualité) que par sa puissance. “Avec autorité”, la force de sa Parole pénètre le fond du cœur du pécheur le plus endurci et est capable d’en extirper le mal qui le souillait. (évangile de dimanche passé)
2. JOUR DU SHABBAT, JOURNEE, CHEZ PIERRE
Aussitôt, sortant de la synagogue, Jésus, avec Jacques et Jean, va dans la maison de Simon et André. Or la belle-mère de Simon était couchée avec de la fièvre. Aussitôt, on parle de la malade à Jésus: il s’approche d’elle, la prend par la main et la fait lever. La fièvre la quitte et elle les sert.
Donc Jésus passe du lieu de prière juive (où l’auditoire en est resté à la crainte et au questionnement sur Jésus) à la maison de Simon qui va devenir Pierre, premier des douze apôtres. Il passe donc de la synagogue à l’Eglise. En celle-ci aussi il y a des malades à soigner, des gens travaillés par une fièvre mauvaise. Mais ici il y a la confiance: la communauté intercède, parle de la malade à Jésus. Il n’a pas besoin de faire un discours: il est là, tout proche, saisit la main de la femme et la “LÈVE”: Marc emploie ici le 1er verbe de la Résurrection.
Immédiatement la fièvre la quitte et “elle les sert”- autre verbe important de la première Eglise où il désigne le “service”, la diaconie.
Le chrétien remis sur pied assume sur le champ une mission: il n’a pas seulement à se réjouir du cadeau de la santé mais à comprendre qu’il reçoit désormais une tâche essentielle: servir ses frères et sœurs.
3. PREMIER JOUR DE LA SEMAINE, DEVANT LA PORTE.
En ce temps, après le crépuscule, un nouveau jour commence (qui est donc le 1er de la semaine): l’interdiction de voyager et de porter est levée.
Le soir venu, on lui amène tous les malades et les possédés d’esprits mauvais. La ville entière se presse à la porte. Jésus guérit beaucoup de ceux qui souffrent et il chasse beaucoup de démons. Il les empêche de parler car ils savent qui il est.
La rumeur s’étant vite répandue que Jésus est un fameux guérisseur, la foule se presse “à la porte de la maison”. Mais les gens n’ont pas la vraie foi, ils n’entrent pas dans “l’église-maison de Pierre”: ils ne cherchent qu’à profiter d’un bienfait, à recevoir la guérison corporelle. Jésus l’accorde volontiers mais pas à tous. Et à nouveau il intime l’ordre de ne pas divulguer qu’il est le Messie – ce qui serait compris comme un bienfaiteur de l’humanité, celui qui restitue la santé, qui apporte le bonheur, qui est capable de soulever le peuple.
De même l’Eglise est assaillie par des gens qui ne désirent pas en faire partie mais qui sont tout bonnement à la recherche d’avantages immédiats. Il importe certes d’accueillir leur demande mais avec des réserves: l’Eglise n’est pas réductible à une Croix-Rouge ni à un service social.
4. 1er JOUR, LA NUIT, HORS VILLE
La nuit tombe, tout le monde rentre chez soi. Jésus loge chez Pierre et André.
Très tôt, bien avant l’aube, Jésus se lève, sort et s’en va dans un lieu désert:
et là il prie.
Jésus était endormi, couché: en pleine nuit, seul, en silence, sans que personne s’en aperçoive, il SE LEVE ( 2ème verbe pour désigner la Résurrection ! ), quitte la maison, et gagne la solitude pour PRIER: “Père, que dois-je faire?”
Ainsi à la fin de l’Evangile, à l’insu de tous, alors qu’il était “couché” dans le tombeau,”le 1er jour de la semaine”, il SERA RELEVE par son PERE.
5. 1er JOUR, LE MATIN : NE PAS S’INSTALLER
L’aube s’est levée. Stupeur dans la maison de Pierre: Jésus a disparu ! Où peut-il bien être ?…On le cherche partout.
Simon et les autres se mettent à sa recherche et ils le trouvent: ” Tous te cherchent !”. Jésus leur dit: ” Partons ailleurs, dans les villages voisins afin que là aussi JE PROCLAME. Car c’est pour cela que je suis sorti”.
On devine la scène: dès le lever du soleil, des gens ont commencé à se presser devant la maison, attendant une nouvelle séance de guérisons miraculeuses. Sans doute, émerveillés par le succès de la veille, Pierre et les autres ont rêvé de l’installation qu’il faudrait mettre sur pied: barrières de sécurité, service d’ordre pour les différentes sortes de maladies. La belle-mère remise sur pied pourrait ouvrir un snack, vendre boissons, sandwiches, souvenirs pieux. L’affaire Jésus commencerait en trombe ! Succès assuré !
Mais, comme naguère dans le désert, Jésus, dans son oraison nocturne, a consulté son Père: il ne va édifier ni un Vatican, ni un évêché, ni un couvent, ni une institution philanthropique. ” Allons ailleurs ! “. Jésus ne s’installera jamais quelque part: sans cesse il sera en route, perpétuel itinérant.
Ce qu’il vient d’accomplir à Capharnaüm est un début: il faut faire la même chose ailleurs, porter la Bonne Nouvelle partout. “C’est pour cela que je suis sorti”: l’expression est ambivalente: sorti de la maison de Pierre, oui, mais plus profondément encore “sorti de chez son Père du ciel” (Jean 8, 42): le Fils est venu pour la mission universelle.
6. EN TOURNEE MISSIONNAIRE
Et il alla, PROCLAMANT dans leurs synagogues, dans toute la Galilée, et CHASSANT les démons.
Sans même repasser par la maison, poussé par le souffle de l’Esprit, Jésus se voit comme une colombe chargée d’apporter la paix aux hommes: “Voici la fin des conflits, des peurs, des racismes, des haines et des vengeances: écoutez la Bonne Nouvelle, croyez-moi, convertissez-vous, changez donc d’optique ! ”
Il PROCLAME la Bonne Nouvelle, il lance à tous vents le Joyeux Message capable de transformer le cœur de l’homme; et en signe de son pouvoir, il CHASSE LES DEMONS, car il est beaucoup plus fort que l’ennemi qui rend l’homme esclave de ses passions de son égoïsme, de son orgueil.
7. LA MISSION UNIVERSELLE
Marc ne se veut pas un historien qui, après enquête, rapporte des faits précis avec une foule de détails: il est “un évangéliste”, chargé d’une mission capitale: montrer comment Jésus qui a parlé, guéri, marché, dormi jadis en Galilée poursuit sa mission aujourd’hui et jusqu’à la fin des temps. Car le récit est plein d’allusions à la Pâque, à la fin de la vie de Jésus: il a été couché mais il est debout, VIVANT, il est le FILS sorti du Père pour marcher sur la terre des hommes, pour les introduire dans les derniers temps, pour les appeler à faire confiance, à croire, à se convertir.
Donc les chrétiens – nous – se doivent de poursuivre son œuvre de la même façon: à la liturgie, faire retentir sa voix, son enseignement nouveau qui non seulement énonce des vérités mais les réalise en exorcisant le pécheur de son mal.
Dans la maison-Eglise: intercéder pour les malades, tendre une main secourable afin de calmer les fièvres des rivalités, des rancunes.
Refuser le succès populaire et la tentation des institutions. S’enfoncer dans la prière solitaire afin d’écouter la Volonté du Père et connaître son projet.
“Sortir” pour “aller ailleurs”, de plus en plus loin; accomplir la mission universelle. Proclamer la Bonne Nouvelle, parole incisive qui perce les cœurs, arrache le mal, remet debout.
Jusqu’à la fin des temps rien ne dépassera l’importance de cette Œuvre.
R. D…, dominicain
La souffrance ! – 8 février 2009 – 5ème Dimanche temps ordinaire
Une condition humaine à laquelle nul n’échappe en ce monde : la souffrance. Qui un jour ou l’autre n’a pas eu à souffrir ? Corporellement, intellectuellement, spirituellement ?
Les causes en sont multiples : maladies, accidents, séparations, décès ; nombreuses souffrances du fait d’évènements dits naturels : inondations, tremblements de terre, tsunamis, éruptions volcaniques … ; du fait souvent d’actions humaines : crimes, guerres, tortures, divisions, suscitées par la haine, le mensonge, l’orgueil, l’égoïsme, un refus de partage … La liste n’est pas exhaustive.
La liturgie de ce dimanche nous la propose à notre réflexion.
Du livre de Job (1ère lecture) est extrait un passage où Job, prenant la parole, dit : « la vie de l’homme sur terre est une corvée », disons une souffrance, ses dernières paroles citées, adressées au Seigneur, confirmant sa pensée : « ma vie n’est qu’un souffle, mes yeux ne verront plus le bonheur ». Il est bon de signaler qu’auparavant il avait connu un bonheur familial excellent pour le voir disparaître avec quantité d’épreuves des plus douloureuses. Le livre se terminera, après bien des controverses avec des amis et Dieu même, par un bonheur renouvelé avec encore plus d’ampleur qu’antérieurement, avant ses épreuves.
L’Evangile, en dernier lieu, trace principalement l’action de Jésus face à la souffrance. Tout d’abord en se rendant chez Simon et André où il trouve la belle-mère de Simon-Pierre « au lit avec de la fièvre ». Il la guérit.
Le soir ensuite, amenés en foule, « il guérit toutes sortes de malades, il chassa beaucoup d’esprits mauvais », révélant ainsi sa puissance divine, face à bien des souffrances, même celles occasionnées par des pouvoirs démoniaques.
« Bénissons le Seigneur qui guérit nos blessures » avons nous chanté, et le Psaume précise : « il guérit les cœurs brisés », « il élève les humbles ». « Nul n’a mesuré son intelligence ». Nul n’a mesuré non plus son amour pour l’humanité pécheresse qui dépasse tout entendement et promet vie éternelle et résurrection à tous ceux et celles dont le cœur recèlera l’amour plus fort que le péché.
La fin du livre de Job, bon à consulter, est une réponse divine à la souffrance dont Jésus donne le sens dans sa « Bonne Nouvelle », l’Evangile.
C’est pourquoi, dans sa lettre aux chrétiens de Corinthe (2ème lecture) St Paul , pas plus que Job, ne veut tirer orgueil de sa vie, pour lui, annoncer l’Evangile. « C’est une nécessité qui s’impose à moi ». « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile », charge que lui a confié le Seigneur. « Je me suis fait le serviteur de tous » … « à cause de l’Evangile, pour bénéficier, moi aussi, du salut ».
N’est-ce pas là exigence tracée à chaque chrétien qui se veut disciple de Jésus ? Guérie, la belle-mère de Simon « les servait ». « Le Fils de l’homme est venue non pour être servi mais pour servir » dira Jésus. (Marc 10, 45)
Notons encore que dans l’Evangile, après avoir accompli des guérisons de nombreuses souffrances, Jésus se retire « dans un endroit désert et là il priait ». Combien de fois dans sa « Bonne Nouvelle » il a relaté et donné l’exemple de la prière comme une nécessité pour ses disciples. Elle transforme le cœur pour aimer à son image.
En indiquant à ses apôtres de se rendre ailleurs qu’à Capharnaüm c’est aussi mentionner de sa part que l’Evangile est à répandre à toutes les nations, ce qu’il demandera clairement à son Eglise naissante après sa résurrection. (Matthieu 28, 19)
Enfin nous ne pouvons ignorer, avec Lourdes et Bernadette, l’intercession de Marie auprès du Seigneur pour guérir bien des souffrances, de toutes natures, ou donner, en union à la croix, la force de les supporter dans la foi et l’espérance.
Père Jean M
Homélie du diacre François Serres pour le dimanche de la Santé
DIMANCHE DE LA SANTE 8 FEVRIER 2009-02-02
En ce Dimanche de la Santé, je suis heureux de me retrouver parmi-vous en cette église de Marcillac. Je tiens aussi à remercier le Père Compazieu de m’avoir invité à cette célébration . La Pastorale de la Santé qui regroupe en elle tous ceux et celles qui s’efforcent d’amener un maximum de confort auprès de la personne malade. Cela regroupe tout le personnel soignant mais aussi le Service Evangélique des Malades et Aumôneries d’Hôpitaux. Depuis maintenant vingt cinq ans la Pastorale de la Santé exerce sa mission dans nôtre pays. L’an dernier à Lourdes le 13- 14 et 15 Novembre ce sont tenues les premières assises Nationales de la Santé autour du thème :Dignité de l’homme chemin de vie. Les orientations pastorales, ont surtout insisté sur le respect et la dignité de la personne malade . Elles ont aussi rappelée l’attention à la personne comme sujet et non comme objet de soins.
Le récit de l’Evangile de ce Dimanche nous rapporte la guérison de la belle-mère de Pierre. Dans la Bible, les récits évangéliques accordent une large place à l’action de Jésus auprès des malades et aux guérisons qu’il à opérés. Nous voyons donc Jésus qui quitte la synagogue pour se rendre chez Simon. Il sort donc d’un lieu de prière et de rencontre avec Dieu pour aller au chevet de l’humanité souffrante . Jésus va donc prendre soin de la belle-mère de Pierre . Prendre soin dans l’Evangile ce n’est pas seulement l’affaire de Jésus, cela concerne aussi tous ceux qui sont proches des personnes malades ou handicapées . Il y a donc la un appel pour chacun d’entre-nous. Prendre soin cela commence par nôtre attention à l’autre par cette prédisposition du cœur qui nous rend sensible à celui ou celle qui est plongée dans la souffrance et la détresse.
Un instant regardons comment Jésus lui-même s’y est pris. Tout d’abord il s’approche, se fait proche il prend la malade par la main. A la suite de ce geste que pose Jésus se dégage une solidarité fraternelle, il se fait compagnon de route sur son chemin de souffrance et d’isolement. Geste de compassion, au sens fort que le prophète Isaïe avait annoncé, je cite :Ce sont nos souffrances qu’il à portées ; ce sont nos douleurs qu’il à supportées. Jésus ne nie pas le mal, il le regarde en face. Refusant le rôle de guérisseur, Jésus pose des gestes qui sont des signes : il est venu guérir les cœurs brisés et blessés, pas seulement les corps.
Dans cet Evangile st Marc nous rapporte deux détails qui ne sont pas anodins. Il nous dit que Jésus la prit par la main et la fit se lever, puis elle les servait. Remettre debout, cela nous rappelle bien sur la résurrection du Christ, mais ici c’est surtout le retour à une vie normale . La belle-mère de Pierre est réintégrée dans son rôle familial. Quand Jésus prend soin il restaure les personnes dans leur corps, dans leur cœur et dans leur fonction sociale.
Souvent la personne malade se sent en dehors de la vie qui bourdonne autour d’elle. Elle à le sentiment d’une mise à l’écart. La question qu’elle se pose le plus souvent est celle-ci :A quoi je sers . Il nous appartient alors de leur faire percevoir que même diminues physiquement et psychologiquement ils gardent toute leur place et un rôle auprès de nous. Même si cela n’est pas simple, nos gestes d’attention , d’écoute seront signes envers le malade de cette dignité qu’il garde toujours auprès des biens-portants. Bien-sur il n’est pas dans nôtre pouvoir de guérir les personnes malades comme le Seigneur le pouvait, mais nous avons à accueillir ce qu’ils nous apportent par leur courage, leur affection intacte, le partage de ce qu’ils vivent et leur rencontre avec Dieu parfois.
En conclusion je voudrais terminer par ces quelques mots de l’homélie de Benoît Seize à Lourdes lors de la messe aux malades. Je cite : Quand la parole ne sait plus trouver les mots justes, s’affirme le besoin d’une » présence aimante. Nous recherchons alors la proximité non seulement de ceux qui partagent le même sang ou qui nous sont liés par l’amitié, mais aussi la proximité de ceux qui nous sont intimes par le lien de la foi. Je souhaite dire à tous ceux qui souffrent et à ceux qui luttent et sont tentés de tourner le dos à la vie : Tournez-vous vers Marie. Dans le sourire de la Vierge se trouve mystérieusement cachée la force de poursuivre le combat contre la maladie et pour la vie.
Ces quelques paroles de Benoît Seize sont remplies d’espérance. Elles nous rappellent l’importance de l’amour de Dieu pour chacun de nous et notamment les plus éprouvés. Alors auprès des malades soyons les témoins de la tendresse de Dieu qui, en son Fils, s’est fait solidaire de ceux qui souffrent. AMEN.