Homélie du 6ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 28 avril 2013
Une Eglise ouverte
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L’évangile de ce dimanche nous parle de l’intimité de Jésus avec son Père et avec l’Esprit Saint. Ce qui est merveilleux, c’est que Jésus nous fait entrer dans cette intimité. Dieu veut être notre hôte intérieur. Il attend de nous que nous lui donnions la première place dans toute notre vie. Sa présence parmi nous et en nous est un privilège extraordinaire. Quand nous allons communier, nous recevons Dieu qui daigne habiter en nous. Nous n’aurions jamais pu imaginer un privilège aussi grand. Dans plusieurs de ses lettres, saint Paul nous rappelle que “nous sommes le temple de Dieu”.
Si Jésus fait de nous sa demeure, c’est au nom de l’amour qu’il nous porte. Cela suppose de notre part un profond respect et une sincère docilité. Il est hors de question de déplaire à ce Dieu qui vient en nous par amour. Il est important de vivre en harmonie avec lui, une harmonie pleine de confiance et d’amour. C’est le message que Jésus nous adresse en ce jour : “Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, et nous établirons chez lui notre demeure.” Aimer, c’est avant tout écouter et accueillir la Parole du Christ. La Parole d’un tel Maître ne ressemble en rien à celle des hommes. A travers lui, c’est le Père qui vient à nous et se révèle.
Il y a une troisième complicité : Jésus nous parle d’une troisième personne qui prendra en charge ses disciples : c’est l’Esprit Saint. Il agira à la manière d’un avocat, d’un défenseur. Il veillera à faire correspondre l’enseignement de Jésus aux difficultés nouvelles qui ne manqueront pas de surgir. Cette promesse du Christ nous rejoint dans un monde qui connaît bien des bouleversements. Chaque jour, les médias nous parlent de guerres, de violences et de scandales. Le chômage et la précarité sont des fléaux qui frappent de plus en plus de monde. C’est dans ce monde bouleversé que nous avons à vivre l’Evangile du Christ. L’Esprit saint est là pour nous aider à le mettre en pratique jour après jour.
Les premiers chrétiens ont eux aussi connu des difficultés. Beaucoup venaient d’un monde païen. Ils avaient sincèrement adhéré à la foi et vivaient dans la charité. Or voilà que des chrétiens d’origine juive prétendaient imposer leur des traditions qui venaient de la loi de Moïse. Mais ces nouveaux venus leur répondaient : “Nous n’avons rien à voir avec la loi de Moïse ; c’est à Jésus Christ que nous nous sommes convertis”. La loi de Moïse avait été une étape très importante dans l’histoire du Peuple de Dieu. Avec Jésus elle n’est pas abolie ; bien au contraire, avec lui, nous sommes entrés dans une nouvelle alliance. Sa présence dans notre vie et notre monde vient tout bouleverser. Il ne suffit plus de respecter une loi et des interdits. Ce qui nous est proposé c’est de plonger dans cet océan d’amour qui est en Dieu. Si nous faisons cela, plus rien ne peut être comme avant.
Tout cela nous parle de la mission de l’Eglise. Le premier concile de Jérusalem a mis les choses au point : l’Eglise n’est pas une institution close sur elle-même. Elle n’a pas à annexer les hommes en leur imposant des traditions et des structures rigides. Notre pape François nous le dit à sa manière : “Une Eglise fermée sur elle-même finit par sentir le renfermé.” Il est essentiel qu’elle soit ouverte au monde. Les nouveaux convertis n’ont pas à se dépouiller de leur origine culturelle ni de leurs valeurs humaines.
Bien sûr, il y aura toujours des esprits chagrins pour croire que l’ouverture au monde est un abandon de la foi et que la diversité des cultures est une entorse à l’unité. Les responsables de l’Eglise primitive n’en ont pas jugé ainsi. Guidés par l’Esprit Saint, ils ont voulu qu’elle soit ouverte à tous. Le Concile Vatican II nous l’a rappelé à sa manière : la foi n’est pas liée à des rites liturgiques ni à des prescriptions religieuses. Elle doit commander toute notre vie ; nous n’avons pas à souhaiter que tous les chrétiens soient bâtis sur le même modèle. Ce qui est premier c’est notre amour pour le Christ.
La lecture de l’Apocalypse nous adresse un message de la plus haute importance. Elle nous redit à sa manière la foi de Pâques : la résurrection de Jésus ouvre un monde neuf et tout autre. Nous savons que dans la tradition biblique, la ville de Jérusalem est le lieu que Dieu a choisi pour habiter parmi les hommes. Mais l’Apocalypse nous parle de la “Jérusalem nouvelle” ; et là, c’est tout autre chose car elle “descend du ciel”. Il n’y a plus besoin de temple pour signifier la présence de Dieu. Il est l’Agneau victorieux des temps nouveaux.
Les lectures de ce dimanche nous disent que l’Eglise n’est pas d’abord une administration ni “une ONG” (pape François). C’est d’abord une communauté de frères et de sœurs. Notre pape nous dit qu’elle est “née du cœur de Dieu”. A travers notre manière de vivre, nous disons quelque chose de l’amour de Dieu. En ce dimanche, il est présent parmi nous puisque nous sommes réunis en son nom. C’est avec nous, avec nos pauvres moyens, qu’il veut construire une Eglise plus missionnaire et plus engagée au service des autres. “Seul l’amour nous sauvera” (Pape François.
En ce mois de Mai, nous nous tournons vers la Vierge Marie notre Maman du ciel. Elle ne cesse de nous redire : “Faites tout ce qu’il vous dira”. Elle était avec les apôtres qui se préparaient à recevoir l’Esprit Saint en vue de la mission. Elle est aussi avec nous aujourd’hui. Sa présence vient raviver notre foi, notre lien profond avec Jésus Christ, notre désir de le suivre sur le chemin vers la Maison du Père. En ce jour, nous te prions, Seigneur : “envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre”. Fais que notre humanité s’ouvre à la paix et à la joie. Amen
Sources : Revues Feu Nouveau et Dimanche en paroisse, Lectures bibliques des dimanches © (A.Vanhoye), Commentaires du missel communautaire (A. Rebré), Homélies pour l’année D (A Brunot)