4ème dimanche du Carême
Abbé Jean Compazieu | 15 mars 2009Lectures du jour : Lire
La première lecture et l’évangile ont en commun un même message fondamental : Quelles que soient les infidélités des hommes, la miséricorde de Dieu nous est acquise dans défaillance. Toute la Bible nous rappelle que Dieu a fait alliance avec les hommes d’une manière définitive. Il reste toujours fidèle à cette alliance et il attend de la part des hommes une fidélité qui soit à la mesure de la sienne.
Mais la lecture du livre des chroniques nous rappelle que nous sommes loin du compte : “Le peuple multipliait les infidélités… Ils firent ce qui est mal aux yeux du Seigneur.” A plusieurs reprises, le prophète Jérémie était intervenu pour rappeler la loi de Moïse. Il voyait son peuple au bord du précipice ; il a tout fait pour lui éviter la catastrophe. Mais le peuple n’a rien voulu entendre. Le plus grave c’est qu’il est retombé dans l’idolâtrie dans ce qu’elle a de pire, les sacrifices humains. Les commandements envers Dieu et envers les autres sont abandonnés.
Le prophète, très en colère contre cette situation, leur pose la question de la part de Dieu : “Est-ce bien moi qu’ils offensent ? N’est-ce pas plutôt eux-mêmes ? Et ils devraient en rougir…” Il veut faire comprendre à son peuple libéré par Dieu qu’il se fait esclave des faux dieux. Il est tombé dans des pratiques indignes d’hommes libres. Dès lors, le livre des Chroniques nous dit qu’il n’y eut “plus de remède à la colère grandissante de Dieu.” La suite, nous la connaissons. Israël a été envahi par des troupes étrangères et déporté en exil à Babylone. Le but de ce récit n’est pas d’abord de nous dire ce qui s’est passé ; il veut surtout nous rappeler que les hommes sont responsables de leur malheur quand ils ne mesurent pas les conséquences de leurs actes. Ils sont d’autant plus coupables qu’ils n’ont pas su entendre les mises en garde.
Cela vaut aussi pour nous aujourd’hui. Nous vivons dans un monde où le Dieu de l’alliance est souvent oublié. Nos idoles actuelles, nous les connaissons bien, c’est l’argent roi, la course au profit, le souci de paraître. Notre Dieu n’est-il pas en colère quand il voit ce que nous sommes en train de faire de notre planète ? Peut-il continuer à supporter toute cette violence, tous ces actes d’exclusion et de racisme qui empoisonnent notre monde ? A travers le petit, le pauvre et celui qui a faim, c’est notre Dieu qui est rejeté. En refusant d’ouvrir nos yeux, notre cœur et nos mains, nous créons notre propre malheur, tout comme le peuple d’Israël au temps de Jérémie.
Mais le texte des chroniques nous rappelle deux choses absolument capitales pour notre foi : Premièrement, Dieu reste toujours le “Dieu des pères” quelle que soit l’infidélité du peuple. Et il fera tout pour l’empêcher de tomber dans le précipice. Deuxièmement, quand le peuple est tombé dans le précipice, il trouvera toujours le moyen de l’en sortir car rien n’est impossible à Dieu. Il est toujours capable de venir nous chercher très loin et très bas.
Dans la seconde lecture, saint Paul nous annonce précisément cette bonne nouvelle : nous sommes sauvés dans le Christ. “Alors que nous étions morts à cause de nos fautes, il nous a donné sa vie avec le Christ.” Ce qu’il attend de nous en réponse à cet amour premier de Dieu, c’est la foi. Lui qui est riche en miséricorde ne cesse de vouloir tout réunir en Jésus Christ. Paul, qui est un grand missionnaire, a le souci d’annoncer cette bonne nouvelle à tous, juifs et païens. Le Seigneur attend de nous qu’elle soit répercutée dans le monde d’aujourd’hui, en particulier auprès de ceux qui sont loin de Dieu. Ils sont nombreux ceux qui vivent dans l’incroyance, la “mal croyance” ou l’indifférence. Nous ne sommes pas chargés de les amener à croire mais de dire, de témoigner de la foi et de l’espérance qui nous animent.
Dans l’évangile, Jésus nous parle de l’amour de Dieu pour sa création. Il aime d’un amour passionné tous les hommes, y compris ceux qui sont rebelles et infidèles à son alliance. Cet amour du Père va jusqu’au don de son Fils bien aimé. Son grand projet, c’est que le monde soit sauvé. Mais quand nous regardons ce monde dans lequel nous vivons, nous découvrons les guerres, les pollutions, les maladies, le chômage, la pauvreté sont des fléaux bien présents sur notre terre. Nous prions souvent pour en être délivrés. Mais nous oublions peut-être que nous avons été sauvés de grands dangers sans penser à rendre grâce. Notre Dieu nous donne les moyens de voir clair dans les moments difficiles, d’éviter les erreurs et nous sortir d’un mauvais pas.
L’important, nous dit Saint Jean c’est de tourner notre regard vers le Christ élevé en croix. Ce regard vers notre sauveur est un regard de foi et de confiance, un regard d’amour qui nous attache à lui. Voilà l’enjeu de notre carême : Lever les yeux vers le Seigneur alors que si souvent, nous regardons ailleurs, attirés par tout ce qui nous tente et nous aveugle.
Ce regard de foi nous évitera de céder au pessimisme. Dieu nous a tout donné pour que le monde soit sauvé. Mais il nous rappelle aussi qu’il ne nous sauvera pas sans nous. Il attend de nous que nous agissions selon la vérité, que nous luttions contre le mensonge et le mal pour que la Lumière de la Vie brille en nous et dans le monde. Comme nous le rappelle Saint Jean, nous sommes invités à venir à la Lumière.
Chaque année, pendant le carême, des hommes, des femmes et des enfants s’efforcent de répondre à cet appel. Ils s’organisent en lien avec le CCFD pour aider les plus pauvres à sortir de leur misère et à se prendre en charge. Nous sommes loin du “grand jour”, mais ces petites lumières percent la “nuit”. Là où semblait triompher l’échec et la condamnation, Dieu fait jaillir la Lumière et la Vie. Accueillons cette Lumière pour qu’elle rayonne en nous et autour de nous.
D’après diverses sources.
4ème dimanche de carême – année B – 22 mars 2009 – Evangile de Jean 3, 14 – 21
Dieu aime tant le monde !!
Le Signe de la Guérison du Cœur
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Curieusement l’évangile de ce jour commence de façon abrupte, sans que l’on sache qui prononce ce petit discours. En fait il s’agit de la finale de l’entrevue de Jésus avec Nicodème, membre du grand tribunal du sanhédrin et du parti pharisien. Ce notable de Jérusalem a été très frappé en VOYANT quelques guérisons que Jésus venait d’accomplir et il est venu le VOIR. Cet inconnu serait-il le Messie attendu ? Nicodème est venu “de nuit”: la notation n’est pas seulement temporelle mais spirituelle: le visiteur qui complimente Jésus pour ses miracles, reste encore dans les ténèbres. Au lieu de le remercier, Jésus lui a appris l’exigence indispensable pour VOIR: ” Amen, amen, je te le dis: à moins de renaître d’eau et d’Esprit, nul ne peut VOIR le Royaume de Dieu”. Le vieil homme en est demeuré pantois: “Comment cela peut-il se faire ? “. La réponse de Jésus – révélation extraordinaire – constitue l’évangile de ce dimanche. —- Il faudrait l’apprendre par cœur !
LE SIGNE DU SERPENT MORT
“De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé afin que tout homme qui croit obtienne par lui la Vie éternelle. Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique: ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas mais il obtiendra la Vie éternelle”. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour juger le monde mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit échappe au jugement; celui qui ne veut pas croire est déjà jugé parce qu’il n’a pas cru au Nom du Fils unique de Dieu.
Le monde entier connaît le logo du caducée : cette représentation très antique du serpent enroulé sur un bâton désigne la profession médicale et l’art de guérir. La Bible raconte que, après leur libération d’Egypte, les Hébreux, très éprouvés par leur longue pérégrination dans le désert, se mirent de nouveau à récriminer contre Dieu. Ils installèrent leur tentes en un lieu infesté de petits serpents et il y eut plusieurs morts – ce qui fut interprété comme un châtiment de Dieu. Suite à leurs plaintes, leur chef,
“Moïse fit un serpent d’airain et le fixa à une hampe; et lorsqu’un serpent mordait un homme, celui-ci regardait le serpent d’airain et il avait la vie sauve” ( Nombres 21, 9).
Un signe qui guérit par un seul regard ?! Qu’est-ce à dire ? N’est-ce pas de la magie, de la superstition ?
Quelques dizaines d’années avant Jésus, un sage réécrivit la saga de l’Exode de ses ancêtres et il donna une interprétation de ce curieux épisode :
” Quand ils périssaient sous la morsure des serpents sinueux,…ils furent effrayés quelque temps tout en ayant un gage de salut qui leur rappelait le commandement de la Loi. Quiconque se retournait était sauvé – non par l’objet regardé mais par Toi, le Sauveur de tous.
Ta miséricorde vint à leur rencontre et les guérit. Ni l’herbe ni la pommade ne vint les soulager mais ta Parole, celle qui guérit tout. Tu as pouvoir sur la vie et la mort…”
( Livre de la Sagesse 16, 5-14)
Afin d’écarter tout relent de magie et combattre le culte du serpent, ce sage expliquait donc que le serpent d’airain n’était qu’un “signe”: pour obtenir la guérison, les Hébreux devaient “se retourner” – c.à.d. se convertir, se détourner de leur péché et croire en Dieu, obéir à sa Parole car Dieu est tendresse et pitié. Lui seul est capable de guérir des morsures du mal.
C’est en prenant appui sur ces textes que Jean explique
la signification profonde de la mort salvatrice de Jésus sur la croix.
LE VERITABLE CADUCEE : JESUS EN CROIX
Nicodème (et aujourd’hui encore tant de gens !) guettait la venue du royaume de Dieu comme un temps de merveilles: à coup de miracles et de prodiges, le Messie transformerait le monde, éliminerait la maladie et la souffrance. Vue superficielle, répond Jésus ! Le salut de l’humanité se joue à un niveau beaucoup plus profond.
C’est le cœur de l’homme qu’il faut changer car c’est là que se joue le drame du monde. Comment faire?
Le caducée, le signe du serpent mort sur un bois, se réalisera au Golgotha: Jésus, haï et rejeté par le Sanhédrin, sera cloué et hissé sur le gibet.
Là sera dressée la CROIX qui sera le grand signe, la manifestation, la preuve que DIEU A TANT AIME LE MONDE QU’IL DONNE SON FILS UNIQUE…
Il ne faudra plus désirer voir un miracle mais VOIR EN JESUS LE FILS QUI OFFRE SA VIE POUR QUE LES HOMMES SOIENT PARDONNES.
En effet le salut ne se limite pas à la santé du corps et c’est pourquoi Jésus n’opérera que quelques rares guérisons: pour S. Jean, ce ne sont que des “signes”. Il faut dépasser l’admiration, regarder ce condamné, comprendre QUI IL EST et CROIRE qu’il s’est offert par amour des hommes afin de leur pardonner.
Sur la croix se révèle le FILS DE L’HOMME qui apporte la Révélation ultime et inaugure le Royaume de Dieu.
L’HOMME SE JUGE DEVANT LA CROIX
Alors question: si la croix est salut, offre de la miséricorde, pardon total, don de la Vie divine, il n’y a plus de jugement ?…
Si ! Jésus poursuit en expliquant :
Le jugement, le voici: Quand la Lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises. En effet tout homme qui fait le mal déteste la lumière, il ne vient pas à la lumière de peur que ses œuvres ne lui soient pas reprochées. Mais celui qui fait la vérité vient à la lumière afin que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu.
Certes la croix n’est pas condamnation, elle n’est que Lumière et Vie, mais il y a des hommes qui ne veulent pas se laisser pardonner, qui ne croient pas que l’amour est de donner sa vie. Ils fuient cette révélation car ils tiennent à persévérer dans leurs mauvaises actions.
Au contraire, l’homme de bonne volonté qui se décide à faire le bien, à se détourner du mal et à agir selon la vérité, peu à peu émerge de sa nuit. Son incroyance est corrodée par son engagement sincère; ses doutes se dissipent; il comprend qu’il n’y a d’autre chemin d’accomplissement de l’homme que celui de l’amour. Non d’un amour possessif et éphémère. Mais de l’amour- charité qui brûlait dans le cœur de Jésus au Golgotha.
La croix dévoile nos forfaits, nos impostures, nos mensonges; mais si le pécheur se tourne vers elle et y VOIT le visage de Dieu qui lui pardonne, alors il n’est plus jugé.
L’entrevue se termine sans conclure. Qu’est devenu Nicodème ? L’année suivante, alors que le sanhédrin avait décidé d’arrêter Jésus, il se lèvera pour demander un procès en règle. Contre tous ses confrères, il FERA LA VERITE. ( Jean 7, 50)
Impuissant, il assistera à la crucifixion de Jésus mais ensuite, avec Joseph d’Arimathie, il ensevelira Jésus avec plus de 30 kg d’aromates – quantité énorme qui révèle que Nicodème reconnaît Jésus comme SON ROI ! Il est sorti de sa nuit pour déboucher dans la Lumière: il est sauvé.
Dès qu’il y a maladie, coup, souffrance, nous courons vers la pharmacie, l’hôpital…
La qualité des soins est remarquable: nous sommes heureux d ‘être guéris !!
Mais les blessures mortelles du cœur ?…Qui s’en préoccupe ? Qui peut les guérir ?…
Seul le regard croyant et la prière au Christ crucifié peut nous libérer du mal.
Nous poursuivons notre marche vers Pâques: regardons Jésus: :il a été crucifié mais il VIT Accueillons l’amour infini qu’il nous offre. Il guérit les plaies de notre cœur, il nous dévoile l’amour infini du Père; il nous fait vivre dans la Lumière, il nous sauve. —- A nous de “faire la vérité”, de témoigner de cette Bonne Nouvelle
“Je n’ai rien voulu savoir parmi vous que Jésus Christ et Jésus Christ crucifié” écrira S. Paul ( 1 Cor 2, 2)..
R. D
Profession de foi et prière universelle:
Rassemblés dans la foi
qui nous fait passer des ténèbres à la lumière
unissons-nous dans la prière.
Croyez-vous en Dieu le Père
qui a envoyé son Fils dans le monde,
non pas pour le juger
mais pour que, par lui, le monde soit sauvé?
Oui, je crois.
Dieu notre Père,
nous te prions pour les personnes qui dirigent les destinées du monde;
pour ceux et celles qui cherchent à soulager la croix
des laissés-pour-compte,
afin qu’ils soient inventifs dans la lutte contre le mal.
Croyez-vous en Jésus, le Christ,
qui fut élevé sur la croix
pour que toute personne qui croit
obtienne par lui la vie éternelle?
Oui, je crois.
Dieu notre Père,
nous te prions pour toutes les personnes
qui sont écrasées sous le poids de leur croix;
ceux et celles qui sont sans espérance en ce monde,
afin qu’ils retrouvent confiance en la vie.
Croyez-vous en l’Esprit saint
qui démasque et dénonce le mal
pour faire jaillir la vie et la lumière?
Oui, je crois.
Dieu notre Père,
nous te prions pour tous ceux et toutes celles
qui marchent dans les ténèbres,
à la recherche d’un sens à leur vie;
qu’ils découvrent ta lumière sur leur chemin.
Dieu notre Père,
par la mort et la résurrection de ton Fils,
tu as voulu réconcilier le monde avec toi
et nous montrer jusqu’où va ton amour.
Regarde ton peuple assemblé autour de la croix
et conduis-le à la lumière de Pâques,
par ton Fils, Jésus, le Christ notre Seigneur. Amen.
Merci Maryline pour cette profession de foi et ce commentaire
je voudrais m’abonner pour toute ma vie pour servir mon Dieu entant que pretre de la communaute de la vielle catholique, la congregation des pretre capiccins de Padre Pio.
Elle n’est guère présente et coutumière la fidélité humaine à Dieu, notre Créateur et notre Rédempteur. Dès sa création la Bible souligne cette coupure avec le Seigneur. S’étant constitué un peuple avec Abraham et sa descendance, celle-ci a eu vite fait d’être pécheresse, éloignée d’une vie demandée comme signe de fidélité.
La liturgie de ce jour le signale dans la première lecture où « sous le règne de Sédécias », « se multipliaient les infidélités », des « pratiques sacrilèges » et où était profané « le temple de Jérusalem consacré par le Seigneur ».
L’histoire humaine au cours des siècles n’a fait que prolonger individuellement, et jusqu’au peuple choisi, les infidélités à Dieu malgré son envoi de prophètes rappelant ses lois, méprisés, tournés en dérision.
Notre monde moderne n’échappe pas à cette coutume quand nous voyons représentés tant de divisions, de terrorisme, de crimes, de paradis fiscaux, et une recherche très exagérée du bonheur dans le pouvoir de l’argent. Plus ou moins ne sommes nous pas tous atteints ? Nous sommes et restons un peuple pécheur.
Cela valut au peuple d’Israël déportation à Babylone et destruction de Jérusalem et de son temple.
Serait-ce alors l’abandon de Dieu d’une civilisation humaine recherchant sa destinée hors normes, loin de la voie d’amour tracée par le Seigneur ? Pas question du côté divin. Dieu est un Dieu fidèle, Dieu d’amour « riche en miséricorde », comme l’enseigne St Paul dans la 2ème lecture.
Déjà, au temps du prophète Jérémie, sous le règne de Cyrus, roi de Perse, nous voyons les déportés juifs libérés et rebâti le temple de Jérusalem.
Avec St Paul c’est bien entendu cet aspect d’amour, de pardon, de miséricorde, que Le Christ fait revivre. Son envoi, don de Dieu, nous voit « sauvés par grâce » sans que nous puissions tirer le moindre orgueil de nos actes. « Créés en Jésus Christ » nous dit l’apôtre, la fidélité d’amour va demander des actes « vraiment bons, conformes à la voie que Dieu a tracée pour nous et que nous soyons sauvés ».
Dans l’Evangile, St Jean, rappelant l’image du serpent de bronze élevé par Moïse pour sauver son peuple pécheur, redit cette réalité du Fils de l’homme, Jésus, élevé sur la croix « pour que tout homme qui croit obtienne la vie éternelle ». Il a été envoyé « non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ».
Quelle espérance pour tout homme pécheur – et nous en sommes – pour tous ceux et celles qui comme St Paul lui même persécuteur de l’Eglise, ont pu s’éloigner de Dieu, du véritable amour, pour renaître à une vie nouvelle.
« Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie » (Psaume) chantaient les juifs convertis. Ce temps de Carême est favorable à la conversion, à découvrir ou redécouvrir une fidélité au Seigneur. Elle se veut fidélité à aimer tous nos frères humains à l’image de l’amour du Christ. « Celui qui agit selon la vérité vient à la lumière », et « ses œuvres (seront) reconnues comme des œuvres de Dieu ».
Marie, priée et aimée, saura nous aider sur ce chemin.
L’évangile de ce jour commence par une invitation à regarder, à lever les yeux vers une image. Pour expliquer cela, Saint Jean se sert d’un souvenir de la Bible. Au temps de Moïse, le peuple hébreu a marché dans le désert pendant 40 ans. Au cours de cette marche, ils furent attaqués par un ennemi redoutable, des serpents à la morsure brûlante. Moïse fit alors un serpent de bronze, élevé sur un bâton. Celui qui tournait les yeux vers lui était sauvé. Ce n’était pas l’objet en lui-même qui le sauvait, mais le Seigneur. Celui qui levait les yeux vers ce serpent de bronze montrait qu’il voulait se tourner vers Dieu et mettre sa foi en lui.
Or Saint Jean invite à regarder la croix. Il faut oser regarder ce crucifié, celui qui a été “élevé” devant nos yeux. Saint Jean qui était l’un des douze n’a pas oublié ce jour ni ce spectacle auquel nous sommes trop habitués. D’ailleurs, il était le seul apôtre à être là, au pied de la croix en ce vendredi Saint. Depuis ce jour-là, il avait médité pendant plus de 70 ans cette image. Et c’est le fruit de sa longue et pénétrante méditation qu’il nous livre. Pour Saint Jean, la croix et la Pâque sont le même mystère. Jésus a été élevé de terre. Le Christ crucifié est exalté. Sa glorification et son ascension commencent le vendredi Saint. Il nous faut donc, à notre tour, lever les yeux vers celui qui a été élevé entre ciel et terre et prier.
Cette libre mort de Jésus nous montre l’amour extraordinaire de celui qui donne sa vie pour nous. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Mais cet amour extrême qui dévore Jésus est lui-même signe d’un autre amour extrême, celui du Père. “Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique”. Nous chrétiens, nous avons pour mission de témoigner de cet amour qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Cette mission n’est pas facile car nous vivons dans un monde qui souffre de manque d’amour.
C’est vrai, les situations de souffrance ne manquent pas : Partout on voit des violences de toutes sortes, des prises d’otage, des attitudes égoïstes. Des hommes sont exploités par d’autres hommes. On utilise le mensonge pour faire passer ses idées ou pour faire acheter. La liste de ce qui va mal serait longue. Dieu lui aussi voit tout cela. Et pourtant, il aime ce monde. Il ne se résigne pas à son mal. Il veut le sauver. Ce monde qui nous paraît si mal fait, Dieu l’aime. Il en est passionné. Il veut le conduire jusqu’à sa perfection. Si nous le regardons comme Dieu avec un regard d’amour, alors, au lieu de continuer à gémir, nous allons donner notre vie à notre tour pour nos frères.
C’est ce qui se passe quand nous acceptons de nous dévouer, de rendre service, ou encore de partager avec d’autres. Le Carême nous donne l’occasion de manifester notre solidarité avec ceux qui cherchent à se libérer de leur misère. Il s’agit d’être avec Jésus qui aime ce monde et qui veut le sauver. Mais comprenons bien. Il ne s’agit pas seulement d’une libération extérieure. Ce que Dieu voit c’est aussi notre indifférence. Beaucoup vivent comme si Dieu n’existait pas. On organise sa vie et son avenir sans tenir compte de lui.
Or Dieu veut nous communique Sa vie à LUI, sa vie divine, éternelle. Il veut sauver tous les hommes de partout et de tous les temps. Cela ne sera possible que si nous acceptons d’être sauvés par lui. Mais Dieu ne veut pas forcer la porte de celui qui le refuse. Il respecte notre liberté. Mais il nous avertit: celui qui refuse la vie que Dieu nous offre reste dans la mort. L’évangile insiste très fortement sur ce point. Dieu ne condamne personne. Il veut sauver tous les hommes car il les aime tous. C’est l’homme qui se juge et qui se condamne lui-même quand il refuse obstinément Dieu.
Ainsi la condamnation n’est pas quelque chose qui vient de l’extérieur. Elle vient de nous. C’est nous qui nous condamnons quand nous refusons l’amour de Dieu qui s’est manifesté dans le don du Fils unique jusqu’à la croix. Ce qu’il nous faut bien comprendre, c’est que Dieu a tout fait pour nous. Il est allé jusqu’au bout pour nous sauver. Tout se passe comme si la condamnation ne faisait pas partie du monde de Dieu. C’est une réalité extérieure au Royaume. Ceux qui refusent la lumière de Dieu se condamnent à être un monde en dehors de Dieu, un monde mort, un monde sans vie éternelle.
Si nous voulons être fidèles à Jésus, il nous faut agir comme lui, éviter de condamner qui que ce soit, vouloir sauver tous nos frères et tout faire pour cela. Celui qui juge son frère fait le contraire de Dieu. Il se met en dehors du monde de Dieu qui n’est pas venu pour juger mais pour sauver.
Au cours de cette messe, Dieu continue à nous envoyer son Fils unique qui nous manifeste le même amour que sur la croix. Demandons au Seigneur qu’il nous guide pour que ce Carême soit vraiment un temps de conversion, un temps d’ouverture, de partage et d’accueil. Aujourd’hui comme autrefois, Dieu continue à nous envoyer son Fils unique qui nous manifeste le même amour que sur la croix. Accueillons-le avec joie et confiance et demandons-lui qu’il soit toujours avec nous tout au long de notre vie.
Prière universelle
Par sa parole toute puissante, Jésus est venu libérer l’homme. Prions avec foi pour nos frères et sœurs du monde entier.
1. Seigneur, nous te prions pour les messagers de la Bonne Nouvelle, les prêtres, les catéchistes, les animateurs d’aumônerie et tous ceux qui ont pour mission de te faire connaître. Fais qu’ils soient des témoins fidèles et courageux.
2. Nous te prions pour les enfants et les jeunes. Aide-les à cheminer ensemble à la découverte de ton amour.
3. Nous te prions pour les prêtres, les religieux, les laïcs qui sont partis fonder ton Église en terre lointaine, en particulier pour ceux qui ont accepté d’aller vers les plus pauvres. Donne-leur force et courage pour la mission que tu leur confies.
4. Nous te prions aussi pour les malades et les infirmes qui ne peuvent pas venir à l’élise. Ils font partie de notre Communauté au même titre que nous. Nous te prions en communion avec eux.
Que ta parole toute puissante, Père très bon, retourne le cœur de tes enfants. Qu’elle leur donne de toujours marcher dans la lumière à la suite de ton Fils bien aimé, Jésus le Christ notre Seigneur. AMEN
Merci Pere pour le bon commentaire que tu nous livre.
Bon Careme