Saint Joseph
Abbé Jean Compazieu | 18 mars 2009Saint Joseph : Homélie (Luc 2, 41-51)
Le culte à saint Joseph s’est développé au 16ème siècle avec Ste Thérèse d’Avila qui avait une grande dévotion pour lui. Elle en fit le saint patron des couvents qu’elle fondait. En décembre 1870, le pape Pie IX proclamait st Joseph patron de l’Eglise universelle. Léon XIII son successeur publia une encyclique sur la place de St Joseph dans l’Eglise et dans le monde. Pie XII christianisa la fête du 1er mai, fête du travail, en déclarant st Joseph patron des travailleurs.
Les évangiles ne nous rapportent aucune parole de St Joseph. Quand ils en parlent, c’est toujours en lien avec Jésus et Marie. La mission de Joseph sera de veiller sur eux et de les protéger. Tous trois nous sont présentés comme une famille humaine toute simple mais totalement conduite dans la foi. Jésus, le Fils éternel du Père, s’est incarné dans une famille humaine, celle de Marie et Joseph.
La scène qui nous est rapportée aujourd’hui est la seule que l’on connaisse sur la petite enfance de Jésus. Cette scène doit être vraiment importante pour que ce soit la seule que Marie ait rapportée à l’évangéliste. Cet évangile a été écrit bien après la résurrection. C’est à la lumière de Pâques qu’elle en comprendra vraiment le sens.
A l’heure où Marie et Joseph repartent de Jérusalem pour regagner Nazareth, Jésus ne les rejoint pas. Il s’attarde dans le temple. Ce n’est pas un caprice d’enfant ni une étourderie mais une décision volontaire et réfléchie. Il veut montrer que dans le Temple, dans la maison de Dieu son Père, il est aussi chez lui. Avant d’être le fils de Marie, il est d’abord le Fils de Dieu son Père.
Nous comprenons tous l’angoisse de Marie et Joseph. L’enfant a pu être enlevé par des brigands ou être victime d’un accident. Comme tous les parents dont un enfant a disparu, ils craignent le pire. Pendant trois jours, ils vont le chercher inlassablement et ce n’est que le troisième jour qu’ils le retrouvent au Temple, assis au milieu des docteurs de la loi.
Dans l’anxiété qui l’oppresse, Marie ne peut cacher sa douleur : “Pourquoi nous as-tu fait cela ?” Et c’est là que nous entendons la réponse de Jésus: “Ne saviez-vous pas que je dois être chez mon Père ?” Il leur montre qu’il est entièrement consacré au service de son Père. Dès son plus jeune âge, il en est le parfait adorateur. Il fait passer sa mission avant toute autre considération même d’ordre familial. Marie et Joseph ont dû faire un cheminement difficile pour adhérer au mystérieux projet de Dieu sur leur fils. Pour eux, cela prend l’allure d’une adhésion dans la nuit.
Cet évangile nous renvoie à notre vie chrétienne et à la place que nous donnons à Dieu. Il nous rappelle, tout comme à Joseph, que tout doit être subordonné à Dieu, que Dieu doit être le premier servi. Dieu compte sur chacun de nous, là où nous sommes; il ne veut pas que des considérations d’ordre familial ou matériel ou nous empêchent de lui donner la première place dans notre vie.
Ces considérations, nous les connaissons bien : « Je ne suis pas venu à la messe parce que j’avais un repas de famille… » Ou encore quand des enfants disent : « Je ne suis pas venu au caté parce que j’avais une compétition… » C’est ainsi que notre fidélité au Seigneur risque souvent de passer après bien d’autres choses. Aujourd’hui, nous sommes provoqués à réfléchir sur nos vraies priorités, à ce à quoi nous donnons vraiment de l’importance dans notre vie. Nous sommes souvent très loin de tout subordonner à notre amour pour Dieu notre Père.
L’évangile de ce jour nous renvoie donc à la fidélité du Christ : Plus tard, devenu adulte, Jésus s’arrachera à sa famille pour rejoindre celle des hommes. Pendant trois ans, il va lui parler de son Père. Passionné de son amour pour son Père, Jésus veut nous faire partager cette passion.
Il me semble qu’il y a là un appel pour tous les parents. Élever un enfant, c’est l’aider à devenir lui-même. Les parents doivent découvrir que leur enfant n’est pas un morceau d’eux-mêmes mais qu’il a sa propre originalité, ses projets à lui, sa personnalité. Bien plus, il a sa propre vocation, ses appels personnels, qui ne correspondent pas toujours à ce que ses parents attendent de lui.
Or que voyons-nous ? Bien souvent des enfants abusés sur ce qui devrait vraiment donner sens à leur vie. On veut qu’ils soient les meilleurs en tout, à l’école, dans le sport. C’est sans doute bien ; mais si on oublie que tout doit être subordonné à notre amour pour Dieu, il manque l’essentiel.
Que saint Joseph nous aide, à travers les difficultés, les doutes et les épreuves de cette vie ! Qu’il nous apprenne la confiance totale à la Parole de Dieu, malgré l’obscurité de la foi. Qu’à l’exemple de Jésus, Marie et Joseph nous cherchions à découvrir toujours plus le mystère caché de ce Dieu qui vit au milieu de nous !
Jean C. (D’après diverses sources)