Homélie du 8 septembre : 23ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 31 août 2013
Donner la première place au Christ
Textes bibliques : Lire
La première lecture (Livre de la Sagesse) commence par des questions de la plus haute importance : “Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ?” C’est vrai que Dieu nous dépasse infiniment. Mais il intervient dans notre vie pour nous envoyer sa “Sagesse” : il nous envoie son Esprit Saint. C’est lui l’Esprit qui nous fait adhérer au Christ quand nous sommes rassemblés pour célébrer l’Eucharistie. C’est encore lui qui fera découvrir à Philémon qu’Onésime n’est plus seulement un esclave mais un enfant de Dieu. Et c’est toujours le même Esprit qui nous donne de nous attacher à Jésus comme lui-même s’est attaché au Père.
Dans l’Evangile de ce dimanche, nous entendons des paroles difficiles. Nous constatons un changement radical par rapport à tout ce qui précède. Jusque là, nous avons vu le Christ manifester son attention pour ceux qui souffrent. Il a multiplié les pains pour la foule qui avait faim. Il a guéri ceux qui venaient lui présenter leur situation de détresse. Il a ressuscité la fille de Jaïre et le fils de la veuve de Naïm. Avec lui, c’est la bonne nouvelle annoncée aux petits, aux pauvres et aux exclus.
Bien sûr, Jésus devait être heureux de voir ces foules venir à lui. Il les voyait comme un berger à la recherche de ses brebis. Il se mettait à leur tête pour les conduire aux verts pâturages du Royaume qu’il était venu annoncer. Mais Jésus reste lucide. Il sait que leurs motivations sont intéressées. Il sait aussi qu’une foule peut être versatile. Le dimanche des rameaux, elle chantera : “Hosanna au Fils de David” ; quelques jours plus tard, le vendredi Saint, elle criera : “Crucifie-le !” Nous le voyons tous les jours : rien n’est acquis une fois pour toutes.
Aujourd’hui, l’Evangile vient nous rappeler que Jésus ne cherche pas des admirateurs intéressés mais des disciples. Un vrai disciple c’est quelqu’un qui se met à l’école de son maître ; Il s’efforce de le suivre et de lui être fidèle. Si nous voulons être disciples du Christ, il nous faut entendre les conditions qu’il pose : “Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses frères et sœur et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple.” Ce que Jésus nous demande, il l’a réalisé : il a quitté sa famille, ses amis, son travail, sa situation pour se consacrer à sa mission.
Si nous voulons être fidèles aux exigences de l’Evangile, il nous faut donner la première place au Christ ; il nous faut le préférer à notre télé, notre ordinateur et notre téléphone portable. Il n’est plus question de dire : “Je ne vais pas à la messe parce que j’ai un repas de famille” ou encore : “Mon enfant n’ira pas au catéchisme parce qu’il a des activités sportives…” Le chrétien ne peut accepter que son cœur ne soit occupé que par ses biens matériels ou ses intérêts personnels immédiats ; il doit n’y mettre que Jésus. Il doit lui laisser toute sa place. Il doit toujours désirer faire la volonté de Dieu qui est une volonté d’amour. S’il en est autrement, si son cœur est divisé, il ne peut pas être vraiment son disciple.
Jésus nous a montré l’exemple. Il a renoncé à mener sa barque à sa guise pour se mettre au service du Père. Un jour, il a dit : “Ma nourriture (ce qui me fait vivre) c’est de faire la volonté de mon Père. C’est lui, le premier qui a porté sa croix chaque jour. Il a accepté la fatigue sur les chemins poussiéreux de la Palestine. Il a vécu de longues journées de rencontres. Il s’est trouvé en conflit avec des pharisiens et des chefs religieux qui confondaient droiture et raideur. Et cela s’est terminé par une croix bien plus redoutable, celle du Vendredi Saint.
Voilà ce que Jésus a vécu et voilà ce qu’il nous propose. Cela demande réflexion. C’est une œuvre de longue haleine. C’est un investissement lourd, aussi lourd que la construction d’une tour ; il y aura des résistances à vaincre, des conflits à gérer. Les forces du mal attaqueront le disciple comme elles ont attaqué le Maître. Voilà le contrat : il nous faut bien le lire avant de le signer, surtout les petites lignes en bas.
Mais Jésus ne nous prend pas en traître. Et surtout, il ne nous laisse pas seuls ; ce qui est impossible aux hommes est toujours possible pour Dieu. Il suffit de lui faire confiance car il “a les paroles de la Vie Eternelle”. C’est avec lui et en lui que nous pourrons réussir notre vie et trouver le vrai bonheur. Aujourd’hui, il nous invite à nous asseoir pour calculer la dépense. Mais le bonne nouvelle c’est que Jésus ne nous présente pas une facture ; il nous offre un chèque cadeau : la vie même de Dieu.
Seigneur Jésus, Fils de Dieu, apprends-nous les sentiments de ton Père. Donne-nous de ne jamais oublier ta présence. Alors nous serons heureux d’être aimés tels que nous sommes. Jésus, Fils de Dieu, tu es la joie de nos cœurs. Amen
Sources : revues Signes et Feu Nouveau, lectures bibliques du dimanche (A Vanhoye), dossiers personnels.
Merci père jean, je me sens tellement aimée par le christ que cela me réjouit , je sais qu il me porte durant les épreuves c est pour cela qu il n y a qu une trace de pas dans le sable au lieu de deux. Et quand j appelle au secours, le Seigneur me donne tout de suite la solution.
POUR VIVRE HEUREUX, IL SUFFIT D ETRE SANS CESSE CONNECTÉS AU SEIGNEUR.
23ème dimanche ordinaire – année C – 8 septembre 2013 – Evangile de Luc 14, 25 – 33
LE DEVOIR DE S’ASSEOIR
Un jour, en Galilée, Jésus a pris une grave décision : « Comme arrivait le temps où il allait être enlevé du monde, Jésus serra les dents et prit la route de Jérusalem » (9, 51) car il allait s’y heurter au refus des autorités du temple avec risque de mort (9, 21). Et il enchaîna en prévenant ses disciples : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix quotidienne » (9, 23).
« En route » – grand thème de Luc -, Jésus répéta cet avertissement à plusieurs reprises, mais sans résultats: « Ils ne comprenaient pas cette parole, ils n’en saisissaient pas le sens…ils craignaient même de le questionner à ce sujet » (9, 45). Pour eux, puisque Jésus annonçait la venue du Règne de Dieu et opérait des guérisons inexplicables, il était probable qu’il était le Messie annoncé par les Ecritures, qu’il allait non pas mourir mais chasser Pilate et son armée et rendre à Israël son indépendance. C’est pourquoi, au fil des semaines, une foule d’exaltés le suivait en chantant, racontant ses exploits, partageant de folles espérances.
Voulons-nous sur notre route une foi « sucre d’orge », une Eglise qui triomphe ?……
Aujourd’hui Jésus va tenter à nouveau de nous détromper et de nous ouvrir les yeux.
De grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit :
« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.
Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple ».
Les anciens prophètes ont eu des disciples mais nul d’entre eux n’a osé valoriser sa propre personne à ce point. Jésus ne proclame pas un code de lois à observer : il appelle à un attachement exclusif à sa personne. La foi chrétienne, au-delà de la morale, est relation à quelqu’un. Elle n’est pas statique au sens où il faudrait apprendre et mettre en pratique les préceptes d’un législateur. Elle est dynamique: il s’agit de découvrir un Jésus en marche, de mettre ses pas derrière lui sans trop savoir ce qui va arriver mais en sachant que ce sera très dur, très exigeant.
Jésus ne mobilise pas une troupe qu’il ferait marcher au pas, en rang par deux : l’Eglise n’est pas une armée mais un désordre parfois indéfinissable (dont on ne peut tracer les frontières nettes).
Jésus sollicite les libertés personnelles. « Si quelqu’un vient… » : à chacun de se décider. Un malfaiteur peut tout à coup prendre conscience de ses errements et rejoindre Jésus. Un pécheur peut venir et cheminer à sa suite sans guérir de ses fautes. Par contre quelqu’un qui se croit disciple, « chrétien », ne peut renoncer devant les perspectives crucifiantes qui se profilent à l’horizon.
Parvenus à cette étape de « la route de Jésus », ceux qui veulent aller jusqu’au bout en tant que disciples doivent accepter des déchirures au sein même des liens les plus forts, ceux de la famille. « La route » que Jésus va escalader est tellement rude, le danger de mort y est tellement précis, que le disciple ne peut y entraîner les siens. Il ne cessera pas de les chérir mais « il préférera » Jésus. A un certain moment, l’option sera nécessairement crucifiante: avec, pour et comme Jésus, il se sentira tenu de donner sa vie. Le supplice, la souffrance et la mort garderont leur horreur mais, à travers leur épouvante, la foi les verra comme une suite de Jésus. En Syrie, en Inde, au Nigéria, nos frères sont acculés à cette réalité.
Devant cette option, il importe de réfléchir longuement : 2 paraboles expliquent ce moment du carrefour.
—Quel est celui d’entre vous qui veut bâtir une tour, et qui ne commence pas par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? Car, s’il pose les fondations et ne peut pas achever, tous ceux qui le verront se moqueront de lui : ‘Voilà un homme qui commence à bâtir et qui ne peut pas achever !’
—Et quel est le roi qui part en guerre contre un autre roi, et qui ne commence pas par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui vient l’attaquer avec vingt mille ? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander la paix.
De même, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple.
Une grande construction à bâtir, une guerre à entreprendre : ces projets sont lourds, accablants, dangereux et on ne s’y lance pas sur un coup de tête. Il importe de réfléchir très sérieusement pour savoir si l’on ne va pas à l’échec, si l’on a les possibilités, les moyens, le courage, la ténacité pour aller jusqu’au terme. De même, affirme Jésus à ce moment de la marche, chacun de vous doit « s’asseoir », méditer pour lui-même, mûrir sa décision. Ne pas s’imaginer que peut-être cela n’ira pas trop mal, que les choses s’arrangeront au mieux, que « Dieu n’en demande pas tant »…
Pour « bâtir » son existence en Dieu, pour « faire la guerre selon l’Evangile », il est nécessaire non d’accumuler des ressources mais au contraire de s’alléger, de renoncer à tout. De même que David a dû se dépouiller de sa lourde armure pour affronter et vaincre le géant Goliath, ainsi le disciple cesse de se fier à ses biens. Sa pauvreté sera sa force. « C’est lorsque je suis faible que je suis fort » (S. Paul)
POUR UNE EGLISE MORDANTE
La lecture de ce dimanche, sans doute devant la difficulté du texte, omet la phrase finale de Jésus : il est bien de la rétablir puisqu’elle donne le sens du renoncement exigé par Jésus.
C’est une bonne chose que le sel ; mais si le sel lui-même se dénature, avec quoi lui rendra-t-on sa force ? Il ne peut servir ni pour la terre, ni pour le fumier : on le jette dehors !
Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende !
Nous apprenons ici les trois caractéristiques du groupe des disciples qui, prévenus, acceptent librement de « suivre Jésus » jusqu’au bout.
Ils ne forment pas une communauté à l’écart du monde, ils ne fuient pas dans le désert : au contraire, comme le sel jeté dans les aliments, ils doivent se plonger en plein monde.
Ensuite il n’est pas requis qu’ils soient très nombreux : comme le sel, quelques grains suffisent. Il est certainement anormal que l’Eglise soit majoritaire.
Enfin le danger ne réside pas dans la puissance de leurs adversaires ni dans les foules qui refusent l’Évangile mais dans leur propre affadissement. Leur tentation sera de se taire devant les menaces, d’édulcorer leur message, de subir la contagion de leur milieu. Saupoudrant une existence conforme au modèle social, « à la mode », par quelques liturgies inoffensives, ils seront fades, insipides, inutiles.
—– Et Jésus conclut, comme pour la parabole du semeur (8, 8), en appelant à une « écoute » sérieuse. Devant nos peurs, nos tentations de faire une religion à notre mesure, il est essentiel de nous adonner à une « écoute » permanente, approfondie, confiante, de la Parole de Jésus. L’inscription à un registre paroissial, le chant des cantiques et les bonnes manières ne se confondront jamais avec la « foi ».
Notre petite homélie n’a d’autre but que de nous aider à assimiler la Parole incisive comme une épée.
Raphaël D, dominicain
Prière universelle
23e dimanche du temps ordinaire C – 8 septembre 2013
Nos pensées sont parfois chancelantes et nous ne savons pas toujours comprendre la volonté de Dieu. Tournons-nous vers lui pour qu’il nous fortifie par son Esprit qui habite en nous.
1. Prions pour le pape et les évêques; qu’ils soient toujours disposés à accueillir chaque membre de l’Église comme un frère, une sœur.
2. En réponse à l’appel du pape François, prions pour la paix en Syrie, au Moyen Orient et partout dans le monde. Afin que nous progressions vers plus de justice et de fraternité, Seigneur, nous te prions
3. Pour les enfants et les jeunes qui vont se retrouver en équipe de catéchisme ou d’aumônerie et pour leurs accompagnateurs qui vont les aider à grandir dans la foi, Seigneur, nous te prions
4. Prions pour tous les baptisés appelés à suivre le Christ, sagesse éternelle du Père; qu’ils trouvent chaque jour l’inspiration et la détermination pour le faire.
5. Prions pour notre communauté; qu’elle soit toujours davantage un lieu d’accueil fraternel ouvert et chaleureux.
Dieu notre Père, source de la sagesse, daigne accorder à tes enfants ce qu’ils désirent dans l’Esprit Saint. Nous te le demandons par ton Fils, Jésus, notre Seigneur. Amen.