Homélie pour la journée de prière pour les défunts (2 novembre)
Abbé Jean Compazieu | 18 octobre 2013
Journée de prière pour les défunts
Evangile : Jean 11, 17-27
Le mois de novembre est traditionnellement consacré à la prière pour les défunts. Ils font partie de notre vie, de notre histoire. Leur départ a été pour nous une séparation douloureuse. Beaucoup ont de la peine à s’en remettre ; pensons à la douleur de ces parents qui ont vu partir leur enfant dans un accident, une maladie, une mort violente… Pour d’autres cela s’est passé d’une manière plus paisible. C’est ce qui arrive quand on sait qu’un défunt a vécu toute sa vie pour cette rencontre avec le Seigneur.
Prier pour les défunts, c’est raviver notre espérance face à la réalité mystérieuse de la mort. Nous nous rappelons que la résurrection de Jésus nous ouvre un chemin. Avec lui nous sommes sûrs de triompher de la mort et du péché, dès maintenant et pour l’éternité. Cette prière nous invite également à réfléchir sur notre vie et à voir ce qui en fait la valeur. La seule chose qui en restera c’est notre amour pour Dieu et pour tous nos frères. Tout ce que nous aurons fait au plus petit d’entre les siens c’est à lui que nous l’aurons fait. « Dis-moi quel est ton amour et je te dirai qui tu es. » (Jean Paul II)
L’évangile de ce jour nous parle d’un passage vers une vie tout autre : « Je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. » Ce message nous rejoint dans notre désir de vivre. Nous le voyons bien, notre société se protège de plus en plus en prenant des assurances tous risques. Elle cherche à prolonger le plus longtemps possible la jeunesse ; elle lutte tant qu’elle peut contre les maladies. Pensons aussi à tous ceux et celles qui fantasment sur la réincarnation. C’est une théorie de plus en plus répandue, surtout chez les jeunes. Mais elle ne fait pas partie de la foi des chrétiens. Tout le message de l’évangile est construit sur la résurrection de Jésus. Sans Jésus ressuscité, notre foi serait vaine. C’est son chemin que nous sommes invités à emprunter.
Il y a un mot qui pourrait résumer le message de cet évangile : C’est le mot « Passage. » L’évangile nous rappelle que toute notre vie nous prépare à passer de ce monde au Père. Mais nous nous rappelons aussi qu’au jour de notre baptême, nous avons été plongés dans l’amour de Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit, Dieu qui est amour. Désormais rien ne peut plus être comme avant. Nous avons sans cesse à passer d’une vie sans Dieu à une vie remplie de son amour.
Cette découverte, nous la faisons à travers le cheminement de Marthe. Elle vient de dire : « Je sais qu’il ressuscitera à la fin des temps. » Mais Jésus l’invite à faire un pas de plus : « Je suis la résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. » Croire à la résurrection à la fin des temps, c’est déjà pas mal. Mais avec l’évangile de ce jour, nous sommes invités à aller plus loin : la résurrection est en Jésus. A la suite de Marthe, nous sommes invités à faire confiance à sa parole.
La suite, nous la connaissons : « Enlevez la pierre… Lazare, viens dehors ! » Lazare est réellement mort. Jésus ne cache pas sa tristesse. Il pleure sur son ami comme nous le faisons pour l’un des nôtres qui vient de mourir. Mais il avait précisé que cette maladie était orientée vers la gloire de Dieu. Ce deuil va être l’occasion de la révéler. En même temps, nous voyons Marthe faire un passage important : Elle passe du « Je sais » au « Je crois. » Elle passe de la certitude théorique à la reconnaissance de celui qui est la résurrection.
Voilà cette bonne nouvelle qui remplit nos cœurs d’espérance : Celui qui croit en Jésus découvre avec émerveillement que la mort n’a pas le dernier mot. Désormais notre vie a un sens. Ce qui compte désormais c’est de suivre Jésus et de lui rester fidèles. Il nous assure que rien ne peut nous séparer de son amour : « Je suis avec vous tous les jours et jusqu’à la fin du monde. » Pour le moment, nous sommes en chemin avec des hauts et des bas. Mais le Seigneur est toujours là pour nous donner la force et le courage de tenir bon jusqu’au bout.
Cette réflexion d’aujourd’hui nous renvoie à ce que nous vivons quand nous célébrons des obsèques. Nous sommes là, auprès d’une famille qui vit une séparation douloureuse. Nous chrétiens, nous voulons que la célébration (avec ou sans messe) soit vraiment soignée. Une équipe de laïcs rencontre la famille et prépare avec elle. Le prêtre, le diacre ou le laïc qui sont là prennent le temps de célébrer convenablement et avec délicatesse. Toute la célébration vise à exprimer au mieux cette foi et cette espérance en la Vie éternelle.
Le cierge pascal, que l’on met en bonne place, est le signe du Christ ressuscité, le signe que la mort est vaincue, que la Lumière l’emporte sur la nuit. La résurrection est vraiment une lumière dans nos vies. Même si la séparation est douloureuse, nous sommes invités à ne pas rester abattus comme ceux qui n’ont pas d’espérance. Rien, pas même la mort, ne peut nous séparer de l’amour qui est en Jésus.
Notre foi en la résurrection est liée à notre foi au vrai Dieu qui est amour et vie. Il n’est pas le Dieu de la mort, mais celui de la vie. Son grand projet c’est de nous faire partager la plénitude de sa vie et de son amour. Pour le moment, nous sommes en apprentissage de notre vie de ressuscités. Nous sommes en train de ressusciter en nous laissant transformer par Jésus au plus profond de nous-mêmes. L’Eucharistie que nous célébrons chaque dimanche nous donne de participer à la vie totale qui s’achève dans la résurrection. Pour cette vie nouvelle, nous pouvons chanter la louange de Dieu.
lectures et homélie du 2 novembre par malingo68