Vendredi Saint
Abbé Jean Compazieu | 31 mars 2009Textes bibliques : Lire
“Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime” (Jean 14, 13). Ce récit de la Passion du Christ nous le connaissons bien parce que nous l’avons entendu et médité nombre de fois. Et pourtant, il ne peut jamais nous laisser indifférent. C’est la Passion d’un homme abandonné, trahi et bafoué. Elle nous montre un chemin déroutant, révoltant où apparemment Dieu se tait.
Mais si nous nous réunissons à l’Eglise le Vendredi Saint, ce n’est pas seulement pour commémorer l’anniversaire d’un événement vieux de 2000 ans ; c’est d’abord pour communier au sacrifice volontaire de Jésus qui donne sa vie pour sauver tous les hommes.
La croix est la victoire de l’amour. Voilà une affirmation absolument capitale qui résume bien le message de ce Vendredi Saint. A nous de nous demander si nous sommes capables de l’accueillir en vérité. Sommes-nous remplis de l’Esprit Saint pour en témoigner aujourd’hui dans le quotidien de nos vies ?
En ce Vendredi Saint, notre regard se porte vers la Croix du Christ. Cette croix symbolise la souffrance de l’homme, notre souffrance. Pour beaucoup, elle s’appelle longue maladie, souffrance, échec, violence, le deuil. Mais la croix du Christ n’est pas une croix comme les autres. Elle est pour tous les hommes et pour chacun absolument UNIQUE. Elle est notre unique espérance parce qu’elle est la victoire de l’amour. En ce Vendredi Saint, nous ne célébrons pas la souffrance ni la mort. Nous célébrons le signe de l’immense amour de Jésus Christ et de Dieu notre Père pour tous les hommes sans exception. Ce n’est pas une croix ignominieuse, c’est une croix glorieuse, c’est la Croix de l’Amour.
La croix du Christ, signe d’amour et signe de notre salut, reste pour chacun de nous un mystère. Il n’est pas facile de l’accueillir en vérité surtout si nous connaissons la morsure de la souffrance. Quand tout va bien, quand la réussite, le succès et la santé sont au rendez-vous, il est assez facile de chanter la croix victoire de l’amour. Mais quand le Seigneur nous invite à Gethsémani, nous reconnaissons bien vite nos limites. Alors que faire en ce Vendredi Saint ?
En ce Vendredi Saint, nous nous réunissons pour méditer sur la mort prématurée du Christ. Sa vie terrestre n’a pas été longue mais elle a été parfaitement réussie parce qu’elle était centrée sur l’Amour. Elle n’a trouvé sa plénitude qu’au-delà de la mort, dans la résurrection et la communion définitive avec le Père. C’est bien là le symbole de notre propre aventure personnelle. Et pourtant… nous oublions trop souvent que, sur cette terre, nous ne sommes que des voyageurs. Nous avons trop tendance à nous installer. Nous savons que la Vie Eternelle commence sur terre, mais nous oublions que son terme se situe dans la rencontre définitive de Dieu.
Pour progresser dans l’intelligence du mystère de la croix, il ne suffit pas d’acclamer la croix ou de la vénérer. Ce n’est pas non plus de discuter à perte de vue sur ce mystère. Le plus important c’est de prendre modèle sur le Christ : Il n’a pas attendu le Calvaire pour donner sa vie. Il l’a fait jour après jour au hasard des rencontres, chaque fois qu’il s’est mis au service des petits, des malades et des pauvres.
Beaucoup ont compris que la meilleure manière de porter sa croix c’est de porter celle des autres ; c’est de faire renaître et aider à renaître à l’espérance tous ceux qui sont méprisés, asservis, malades, découragés. C’est ainsi que nous sommes appelés à célébrer la croix du Christ.
En ce Vendredi Saint, les uns pour les autres, nous prierons l’Esprit Saint pour qu’il ouvre chacun de nos cœurs à l’intelligence de plus en plus grande de ce mystère d’amour qu’est le mystère de la Croix. Et c’est alors seulement que nous pourrons chanter en toute vérité : “Victoire ! Tu règneras. O croix, tu nous sauveras.”
Jean C. (D’après diverses sources)
Aujourd’hui c’est l’évènement des Rameaux, où, dans l’Evangile de St Jean (12, 12-16) nous voyons à Jérusalem « une grande foule venue pour la fête » de la Pâque, accueillir Jésus, selon les coutumes du lieu, avec « des branches de palmier », celui qu’ils avaient apprécié par ses paroles et son amour de tous. Monté sur un petit âne il ne présente guère un héros de classe supérieure.
Mais ce jour c’est surtout le récit de sa passion qui va nous retenir dans l’Evangile de St Matthieu. Si nous avons pris la lecture brève il est bon de redonner les divers évènements qui précèdent : le repas de Jésus chez Simon le lépreux avec le versement d’un parfum en signe de son ensevelissement ; puis le dernier repas de Jésus où il réalise l’Eucharistie, suivi de son agonie au jardin de Gethsémani ; avec ensuite la trahison de Juda ; sa comparution devant le grand prêtre d’Israël ; enfin, où nous avons débuté la lecture, son procès devant Pilate.
Tout cela peut donner lieu à bien des commentaires évangéliques. Retenons particulièrement : la position des chefs des prêtres désireux d’éliminer Jésus comme blasphémateur ; le revirement d’attitude de la foule jusqu’à préférer la mort de Jésus à celle d’un criminel ; la constance de son obéissance au Père. Elle lui fait accepter, sans recours à la puissance divine, insultes, moqueries, tortures, jusqu’à sa mort en croix tandis que l’occupant romain « s’en lave les mains ».
Sa mort termine cette lecture avec l’exclamation d’un centurion de l’armée romaine : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu »
Que cette lecture nous conduise à son imitation de foi en Jésus, Dieu parmi nous, et à renouveler nos cœurs dans un amour toujours plus généreux du Seigneur, mais aussi de tous les hommes, pour édifier son Corps dont il est tête, tous appelés à nous unir à Lui pour notre résurrection et la vie éternelle.
La lecture que nous avons fait de St Paul tient à conforter cet aspect de Jésus comme serviteur, dépouillé de sa condition divine pour être « semblable aux hommes », « jusqu’à mourir et à mourir sur une croix ». Dieu lui a confié de ce fait « un nom qui surpasse tous les noms » afin de proclamer « Jésus Christ est le Seigneur » pour la gloire de Dieu le Père : une tâche qui nous appartient de vivre !
Christiane