Homélie de la Pentecôte
Abbé Jean Compazieu | 30 mai 2014
Le don de l’Esprit Saint
Textes bibliques (Messe du jour) : Lire
Certains ne le savent peut-être pas : bien avant d’être une fête chrétienne, la Pentecôte était une fête juive. On la célébrait le cinquantième jour après la Pâque. Ces deux fêtes étaient intimement liées. La Pâque, c’était la libération physique, le passage de l’esclavage vers la terre promise. Mais il y a des esclavages autres que physique. Le grand projet de Dieu c’est la libération spirituelle de son peuple. C’est cela qu’il entreprend sur la montagne du Sinaï en donnant sa loi aux fils d’Israël. Cette loi est considérée par eux comme un chemin de liberté.
Le récit des Actes des Apôtres (1ère lecture) est à situer au cours de cette Pentecôte juive. On était venu de partout pour fêter le don de la loi. Tous ces gens n’avaient certainement pas entendu parler de Jésus de Nazareth. Ils étaient là pour renouveler l’alliance avec Dieu. Mais rien ne se passe comme ils l’avaient prévu : saint Luc nous parle d’un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent, une sorte de feu qui se partageait en langues… c’est le don de l’Esprit Saint.
En y réfléchissant bien, nous comprenons que c’est la même aventure qui se continue. La terre promise vers laquelle nous sommes en marche n’est plus un pays particulier mais le Royaume de Dieu. L’Esprit Saint nous est donné. Il nous souffle l’enseignement divin et nous en fait vivre. Dans la Pentecôte juive et celle des chrétiens c’est le même Dieu qui agit. Le salut nous est donné en Jésus qui nous envoie son “souffle” pour respirer pleinement. Voilà cette bonne nouvelle que Pierre a proclamée. Elle est offerte à tous.
Dans sa lettre aux chrétiens de Corinthe (2ème lecture), Paul rappelle l’action de l’Esprit Saint à l’intérieur de la communauté. Le problème c’est qu’il y a des divisions entre chrétiens. L’apôtre intervient pour rappeler que toutes les considérations de hiérarchie ou de supériorité doivent être éradiquées ; le fait d’être juif ou païen, esclave ou homme libre, ça ne compte plus. Le racisme, l’exclusion n’ont plus leur place chez les chrétiens. Dans l’Eglise de Jésus Christ, on n’apprend plus à penser en termes de supériorité, de hiérarchie, d’avancement ou d’honneur. Désormais, une seule chose compte : notre baptême dans l’unique Esprit. L’Eglise n’est pas une pyramide mais une foule serrée autour de Jésus Christ.
Dans sa lettre, saint Paul nous présente l’Eglise comme un corps. Le Christ en est la tête et nous sommes les membres. Chacun de nous est différent. Il faut voir l’Eglise comme une foule de toutes les couleurs. Les divers membres n’ont pas la même fonction. Cette diversité est un cadeau. Chaque membre est très important aux yeux de Dieu. Nous sommes appelés à vivre l’unité dans la diversité. Ce pari nous ne pourrons le gagner que parce que l’Esprit saint nous est donné.
L’Evangile nous présente l’envoi des disciples en mission au soir de Pâques : “Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie”. Puis il “souffle” sur eux. C’est ainsi qu’ils reçoivent le Saint Esprit en vue de la mission qui leur est confiée. Désormais, ils devront partir pour annoncer à tous l’Evangile du Salut en Jésus Christ. Pour cette grande mission, ils ne sont pas seuls. L’Esprit Saint, le souffle de Dieu, les accompagnera et les précèdera. Il sera agissant dans le cœur de ceux qu’il mettra sur leur route.
Cette fête de la Pentecôte, c’est celle de l’Esprit Saint qui ne cesse de renouveler l’Eglise depuis vingt siècles. C’est ce même Esprit que nous sommes invités à accueillir dans notre vie. Pour cela, il nous faut nous ouvrir à ce don de Dieu. Nous savons bien que cela n’est pas facile. Il y a en nous des résistances qui cherchent à nous détourner de lui. Etre sous l’emprise de l’Esprit c’est sentir en nous la présence de Dieu qui est source de paix et de joie intérieure. Le Christ nous libère en nous orientant vers Dieu.
Cet accueil de l’Esprit Saint nous le faisons dans la prière. C’est vrai que nous avons parfois du mal à prier. Nous cherchons des méthodes, des conseils… En fait, c’est l’Esprit Saint qui prie en nous. La meilleure attitude c’est de faire silence et de le laisser parler. On commence à avancer dans la prière quand on a compris que prier ce n’est pas d’abord parler mais se taire. Ce n’est pas pour rien que Jésus a dit : “Heureux les pauvres de cœur”, ceux qui sont entièrement ouverts au don de Dieu.
Avec lui, nous pourrons nous imprégner de l’amour qui est en Dieu pour le communiquer à tous ceux qui nous entourent. Nous sommes envoyés dans le monde pour témoigner de l’espérance qui nous anime. Notre pape François nous dit que cette espérance doit être combative. La vie chrétienne est un combat contre nous-mêmes et bien souvent contre les idées à la mode. Comme un feu puissant, il chasse leurs ténèbres ; il illumine notre nuit. Devant la foule, les apôtres se mettent à proclamer les merveilles de Dieu. La première de ces merveilles, c’est l’annonce de Jésus Christ mort et ressuscité. Ils n’ont plus peur de témoigner, même devant ceux qui l’ont fait mourir sur une croix.
En ce jour, nous te rendons grâce, Seigneur, pour le don de l’Esprit Saint que tu renouvelles à chaque messe. Apprends-nous à ouvrir nos esprits et nos cœurs à son souffle. Qu’il soit avec nous pour nous aider à mieux comprendre le message de l’Evangile. Avec lui, nous pourrons mieux aimer nos frères ; et nous pourrons leur annoncer la bonne nouvelle avec un zèle que rien ne saurait intimider.
Vidéos de Soeur Claire sur la 1ère lecture et de Mgr Di Falco site Notre Dame dela Paix (vers le fond de la page)
Sources : Revue Signes – L’intelligence des Ecritures A (M. N. Thabut) – Au cœur de ‘Eglise A (P. Chauvet) – Dossiers personnels
Homélie de chaque jour de la semaine
Blog Dimanche prochain (s’inscrire pour recevoir les homélies)
Merci pour cette homélie que j’ai lue plusieurs fois pour m’imprégner de sa substance.
Stage missionnaire (de la part de Claire). Si l’affiche n’apparaît pas, cliquer sur le lien
Allez vous en sur les places…! Ces hommes qui étaient enfermés parce qu’ils avaient peur, les voilà transformés, ce feu les embrase; ils évangélisent dans toutes les langues; l’Esprit Saint les pousse à sortir, à aller annoncer la Bonne Nouvelle. A nous aussi, baptisés, il nous pousse à être audacieux et comme dit le pape François : “Je prie l’Esprit Saint de venir renouveler, secouer, pousser l’Eglise dans une audacieuse sortie de soi pour évangéliser les peuples.”