5ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 3 mai 2009Textes bibliques : Lire
L’évangile de dimanche dernier nous parlait du bon Berger. Aujourd’hui, le Christ utilise l’image de la vigne. Dans le texte de ce jour, il ne s’agit pas d’un vignoble mais d’un seul plant. Dans les pays orientaux, certains ceps pouvaient être gros comme des arbres, si bien qu’on pouvait aller se reposer dessous. C’est cette image que Jésus utilise pour nous parler de lui et de nous. Il y a dans cet évangile un message de la plus haute importance qui nous concerne tous.
La véritable vigne c’est Jésus. Son Père est le vigneron. Les disciples sont des sarments. Ces derniers ne pourront porter du fruit que s’ils demeurent rattachés au cep. C’est pour nous que Jésus ajoute : “Ce qui glorifie mon Père c’est que vous portiez du fruit en abondance.” Ces fruits que Dieu attend de nous c’est d’abord notre amour de tous les jours pour tous ceux et celles qui nous entourent. C’est une attention toute particulière aux petits, aux pauvres, aux exclus qui sont de plus en plus nombreux en cette période de crise. Nous ne devons jamais oublier qu’ils ont la première place dans le cœur de Dieu. Si nous les rejetons, nous nous coupons de Jésus lui-même.
Nous chrétiens, nous sommes associés au Christ par la foi et par le baptême. Nous sommes envoyés par lui pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, pour être les témoins et les messagers de son amour auprès de tous ceux qui nous entourent. Cette mission ne pourra porter du fruit que si nous sommes reliés au Christ comme le sarment est relié au cep. “Demeurez en moi comme moi je demeure en vous”, nous dit Jésus. Demeurer cela signifie habiter quelque part et y rester. Nous chrétiens, nous sommes des hommes et des femmes demeurent dans le Christ et qui l’accueillent dans leur vie. En étant reliés à lui comme le sarment au cep de vigne, nous recevons la sève qui nous fait vivre, celle de son amour. Cet amour, nous le recevons de Dieu pour le transmettre aux autres tout au long de la semaine.
L’évangile nous dit que pour produire du fruit, la vigne a besoin d’être taillée. A la bonne saison, le vigneron sacrifie un certain nombre de pousses latérales pour améliorer la récolte. Il accepte de perdre pour gagner. Ces images empruntées à l’art du vigneron nous rappellent plusieurs paroles de Jésus que nous retrouvons tout au long des évangiles.
En effet, de nombreux textes nous parlent de renoncement, de rupture. Quand Jésus appelle des disciples, ces derniers doivent tout laisser derrière eux. Au jeune homme riche qui lui demande ce qu’il doit faire pour avoir en héritage la Vie éternelle, Jésus répond : “Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens et suis-moi.” (Marc 10) Un autre jour, il recommande à ses disciples de prendre la dernière place pour être premiers. A plusieurs reprises, il les met en garde contre le danger des richesses. Nous convertir à Jésus Christ c’est nous libérer de toutes ces chaînes qui nous empêchent d’aller à lui. L’évangile est une rude école d’émondage, il nous invite à pratiquer des coupes sombres dans nos vies, à nous libérer de notre orgueil et de notre égoïsme, à nous désencombrer du superflu qui nous paralyse.
Si nous acceptons tous ces renoncements, c’est en vue d’un bien supérieur. Ce qui est premier dans l’image de la vigne c’est que la sève puisse circuler. C’est elle qui alimente les sarments porteurs de raisins. Elle irrigue tout l’organisme de la vigne. Les sarments coupés n’ont plus de sève. Ils dépérissent et on les brûle. Pour l’évangile, la sève c’est le lien vital qui relie les disciples au Maître. C’est cela qui nous permet de demeurer en Jésus et de porter du fruit. Ceux qui se coupent de lui vont à la dérive. Ceux qui restent reliés à lui bénéficient du ressourcement permanent assuré par la sève. Nous porterons du fruit en écoutant Dieu, en ayant foi en Jésus, en observant les commandements, en étant serviteurs, en priant, en accueillant l’Esprit Saint.
Pour cette mission, nous ne sommes pas seuls ; nous sommes enracinés dans une communauté qui s’appelle l’Église. Rappelons-nous ce qui s’est passé pour l’apôtre Paul : Il a été un grand prédicateur de l’évangile. Mais tout cela n’a été possible que parce qu’il était en communion avec le groupe des apôtres et envoyé par eux. C’est parce qu’il était en communion avec le Christ et avec la communauté des chrétiens que sa mission a pu porter du fruit. Ce qui fait la valeur d’une vie, ce n’est pas les belles paroles mais l’amour mutuel, les gestes de partage, d’accueil et de solidarité.
Chaque dimanche, nous nous rassemblons en Eglise pour nous nourrir de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie. Le Christ est là présent : Il rejoint les communautés réunies en son nom. La prière que nous lui adressons nous invite à nous tenir debout devant lui. C’est auprès de lui que nous puisons la force de prendre part à la lutte contre le mal et le malheur des hommes. Dieu accueille notre prière et il nous envoie l’Esprit Saint en vue de cette mission. Demandons-lui qu’il nous garde reliés à lui pour que notre mission porte les fruits qu’il attend de nous.
D’après diverses sources
Merci, Père Jean, pour ta belle homélie.
Mais avant de commencer à la commenter, je voudrais dire une chose : j’ai entendu une messe vraiment dite avec le coeur par le prêtre et cela change tout ! Ce prêtre était tellement convaincu de ce qu’il disait, tous ses gestes étaient faits avec le coeur, que je me suis sentie vraiment transportée par cette messe. Alors, je vous en prie, vous les prêtres, ne parlez pas trop vite et d’une voix atone car sachez que l’on ressent fortement les convictions de chacun. Soyez amoureux fous du Seigneur et cet amour transpirera vers nos coeurs ! En tout cas, merci à ce prêtre si fabuleux car il y avait longtemps que je n’avais pas VECU LA MESSE à ce point !
Je fais ce que je peux pour “porter du fruit”. Tout d’abord, j’aime mon entourage du mieux possible. J’essaie surtout d’ETRE A L’ECOUTE ! et je crois que toute ma famille apprécie car Jean-Yves mon fils, bien qu’il soit installé désormais à ANSE, vient tous les deux jours à la maison chercher une oreille à l’écoute et des repas préparés avec amour. Pour ce qui concerne ma fille Delphine, je fais de mon mieux pour avoir de la PATIENCE. Quant à mon mari Henri, j’essaie d’avoir une maison la plus nette possible, car il est maniaque.
Mercredi, je vais à la bibliothèque à la Part-Dieu, et je serai généreuse non seulement avec un euro, mais aussi un sourire sincère envers les SDF que je rencontrerai. Mais il y a une femme à qui je ne donne jamais rien, c’est une roumaine qui mendie AVEC SON PETIT ENFANT et je suis contre.
Je voudrais bien annoncer la bonne nouvelle mais je ne le peux plus dans ma belle-famille. Car celle-ci en veut énormément au Pape de ses propos et je suis la mal-venue. J’essaie, par contre, d’être toujours la plus aimable et la plus compréhensive possible.
Ma foi demande des renoncements. Mais je mène une vie déjà très sobre alors je fais peu de renoncements : je n’achète plus de friandises pour ne pas être tentée et pour améliorer ma santé, je ne m’abonne plus aux revues chrétiennes, désormais je me contente de livres religieux que je lis et relis jusqu’à m’en imprégner. Je calcule mes repas de dimanche pour qu’ils cuisent longtemps, comme cela j’ai tout le dimanche matin à consacrer au Seigneur. J’accepte de m’occuper du linge de Jean-Yves, comme cela il a un peu de temps à lui etc…
J’avoue que j’ai peu d’orgueil car je suis lucide quant à mes capacités. Par contre, je crois que mon égoïsme se développe car je cherche beaucoup de moyens pour me retrouver seule avec moi – même. C’est un comportement que je dois rectifier à tout prix.
Et pour terminer mon texte, je remets les paroles du Père Jean, qui veulent tout dire :
“Ce qui fait la valeur d’une vie, ce n’est pas les belles paroles mais l’amour mutuel, les gestes de partage, d’accueil et de solidarité”
PORTEZ-VOUS BIEN !!
Christiane
Merci Christiane
Juste une précision : Que des gens en veuillent au pape pour ses propos (mal interprétés et mal répercutés) sur le préservatif, je peux le comprendre. Cependant, il ne faut pas oublier le contexte du continent Africain : On y marie de force des jeunes adolescentes ; on y pratique la polygamie ; Les viols qui s’y passent seraient punis par la loi chez nous. Avant de préconiser le préservatif, il faut commencer par réagir contre la polygamie et les viols des adolescentes. Pour en savoir plus, je vous invite à écouter le lien suivant ICI
Merci à tous pour vos commentaires
Jean C
Merci beaucoup, Père Jean, pour cette vidéo qui m’apprend bien des choses ! Je ne connaissais pas tout ça.
De toute façon, je suis convaincue que BENOIT XVI a fait SON DEVOIR DE PAPE pour ce qui concerne le préservatif et pour dénoncer toutes les horreurs perpétrées par la sexualité des africains.
Prions le Seigneur pour que tout cela cesse !
Christiane
L’allégorie du Bon Pasteur (dimanche passé) disait déjà l’immense amour que le Christ ressuscité partage avec les siens mais elle notait encore une certaine distance entre eux: pasteur / brebis……..maître / disciples à la suite.
La seconde grande allégorie de saint Jean (évangile de ce jour) va beaucoup plus profond. Le moment est dramatique puisque Jésus sait qu’il vit son ultime soirée avec ses amis.
Les hommes vont le faire mourir de façon horrible mais par cela même, retournant la haine en amour, à la croix du Golgotha, le Père plantera UNE VIGNE qui, jusqu’à la fin des temps et dans le monde entier, produira des fruits extraordinaires. L’amour infini jailli du cœur crucifié de Jésus irriguera les disciples et n’en finira jamais de glorifier le Père.
A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples:
“Moi, je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron.”
Dans le premier Testament, les prophètes comparaient Israël à une vigne que Dieu avait plantée avec amour et à laquelle il prodiguait tous ses soins. Mais hélas, au lieu de donner de beaux fruits, elle n’en portait que des mauvais: à la place du droit et de la justice, on trouvait corruption, cupidité, exploitation des pauvres.
( cf. le célèbre chant de la vigne: Isaïe 5).
Dans les évangiles synoptiques, Jésus reprenait cette image dans quelques paraboles: Dieu avait confié sa vigne à des vignerons mais ils refusaient de donner le fruit attendu et même ils allaient jusqu’à assassiner “le fils” que Dieu venait de leur envoyer.
( Marc 12, 1 et parallèles.).
Dans St Jean, la parabole devient allégorie personnalisée: la Vigne, c’est Jésus lui-même. Oui, il peut se déclarer la VRAIE Vigne car, enfin et de façon définitive, elle va donner à Dieu les fruits excellents qu’il exige.
Tout sarment qui est en moi mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève; tout sarment qui donne du fruit, il le nettoie pour qu’il en donne davantage. Vous voici déjà nets et purifiés grâce à la Parole que je vous ai dite: ” Demeurez en moi comme moi en vous”.
Les brebis suivaient leur pasteur comme les disciples marchaient dans les pas de leur Maître: ici la différence subsiste mais toute distance est abolie. Jésus ressuscité est le cep qui porte des sarments: les disciples deviennent comme son extension. Ils sont EN LUI, ils le prolongent dans l’espace et le temps.
Cependant chaque disciple, chaque sarment conserve sa liberté: chacun peut ou non porter plus ou moins de fruit. Notre responsabilité reste entière.
Le disciple qui se contente du nom de “chrétien” et qui vit comme un païen, Dieu l’arrache comme inutile, superflu, stérile.
Quant au disciple qui s’efforce de porter du fruit, il ne doit pas s’attendre à une existence paisible car il va rencontrer des épreuves de toutes sortes. Qu’il ne s’épouvante pas: qu’il reconnaisse dans ses détresses, la main de Dieu qui émonde sa vigne afin qu’elle produise davantage.
On le voit bien dans les vies des Saints: souvent leurs intentions ont été perturbées ou brisées, leurs amis les ont trahis, leurs projets ont avorté ( parfois non du fait de leurs ennemis mais des autorités de l’Eglise !!). Ils ont connu des moments de découragement, des tentations de tout laisser mais, confiants, ils se sont remis dans les mains du Vigneron et ils ont produit des résultats qui surpassaient leurs premiers desseins.
DEMEURER EN JESUS
De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s’il ne demeure sur la vigne, de même vous non plus si vous ne demeurez pas en moi.
Je suis la Vigne et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est comme un sarment qu’on a jeté dehors et qui se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent.
Impossible de ne pas remarquer la répétition d’un des grands mots de saint Jean: DEMEURER: 10 fois ici en quelques versets ( et 40 fois dans tout son Evangile).
Alors que les pasteurs de l’Eglise multiplient sans arrêt les exhortations à agir, poussent les chrétiens à s’engager, à développer des Œuvres et des institutions, ici le Christ insiste dans l’autre sens. Il est vain de presser les branches pour qu’elles donnent du fruit: il faut au préalable et essentiellement que les sarments soient bien irrigués, qu’ils tiennent au Christ.
Car la tentation de l’homme est toujours de croire qu’il a assez de bonne volonté, assez de talents, assez de courage pour accomplir ce qu’il croit bien. Il s’élance dans l’action, il fonde une œuvre…mais l’idée de départ déraille, la réalisation s’atrophie ou dévie parce que la source vitale manquait.
Mère Térésa avait toujours soin d’envoyer ses postulantes prier chaque jour, et pendant des heures, à la chapelle, avant de courir soigner les lépreux et les mourants. Elle savait que, sans le lien profond à la personne du Christ, l’enthousiasme le plus sincère allait fondre comme neige au soleil devant l’immensité et la dureté de la tâche à accomplir.
Celui qui ne “demeure” pas près du Christ, qui n’aime pas le Christ, qui ne reste pas attaché à lui, demeure stérile, il s’étiole, se dessèche. On ne peut rien en faire sinon du feu – rare allusion à la géhenne dans s. Jean.
Qui ne brûle pas d’amour brûle pour rien; son désir le consume sans signification. Terrifiante perspective !
NECESSSITE DE LA PRIERE
Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez et vous l’obtiendrez.
Ce qui fait la Gloire de mon Père, c’est que vous donniez beaucoup de fruit: ainsi vous serez pour moi des disciples.
DEMEURER EN JESUS ne consiste pas en extases et phénomènes extraordinaires mais dans l’obéissance fidèle, tenace, permanente à ses Paroles.
Lire et relire l’Evangile. S’en imprégner, se redécider sans cesse à le mettre en œuvre. Et bien sûr, manger le Corps du Christ, boire son Sang , prendre part à l’Eucharistie afin que le Christ fasse sa DEMEURE en nous.
Alors le disciple comprend que ses ressources et ses talents sont terriblement limités, qu’il lui faut prier, demander, supplier. La croissance et la fertilité de la Vigne – c’est-à-dire la Mission de l’Eglise dans l’histoire – ne sont pas affaire du génie humain, elles dépassent infiniment toutes nos possibilités.
La prière n’est pas réservée aux moines, elle ne se réduit pas à quelques minutes grappillées sur le travail, ni à quelques formules marmonnées.
Elle est action capitale, retour à la Source, re-sourcement, demande de sève, de Vérité, de Vie, de Charité à celui qui seul peut les offrir.
“Sans moi, vous ne pouvez rien faire”
Alors, en bonne santé et très humblement, le sarment devient canal de grâce et, avec joie, dans la douleur, il produit du fruit POUR LA GLOIRE DU PERE.
Quel est donc ce fruit ? La suite le dira dimanche prochain: ce n’est évidemment rien d’autre que la charité: “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés”
R. D , dominicain
Merci Père !
C’est émouvant de savoir que notre Dieu “DEMEURE en nous” et nous veut “DEMEURANT ” en Lui…”accrochés à lui”…
***”Demeurez, demeurez”.
ce mot vient comme un refrain tout au long de cet évangile : ce n’est pas en n’ayant que des rapports épisodiques avec Dieu qu’il pourra me faire “porter beaucoup de fruit”. Mon esprit doit savoir se tenir en sa présence, se reposer en lui, quelque soit mon activité.
***”Je suis la vigne, vous êtes les sarments”. On imagine souvent “un fossé” entre Dieu et nous alors que nous sommes “du même bois” ! Nous sommes le prolongement de Dieu, c’est à travers nous qu’il porte son fruit. La vie qui coule en lui n’est faite que pour couler en nous.
Une vigne sans sarments pour porter fruits, c’est quoi ?
***Ce que Jésus attend de disciples, ce n’est pas “la connaissance” de l’Évangile. Beaucoup peuvent l’avoir qui ne sont pas de véritables disciples. Le véritable disciple écoute, mais aussi “accueille” la Parole. Et plus que la Parole, accueille Celui qui parle.
***”Aimer en actes et en vérité”, ce n’est pas simplement pratiquer “la solidarité”, mais “aimer comme Dieu aime”.
Oui Heureux qui demeure vivant dans le Seigneur : il est comme un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps. Alléluia !
Dieu de bonté, Maître de la Vigne, merci de rester auprès de ton peuple, auprés de moi , car sans toi notre vie tombe vite en ruines.
Donne un élan nouveau à chacun de nous sur le terre: O seigneur envoie ton Esprit et tout sera crée et tu renouvelleras la face de la terre!
Amen !