Homélie du 3ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 16 janvier 2015“Conversion-minute”
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Quand nous entrons dans une galerie marchande ou un centre commercial, nous repérons des enseignes : “clés minute”, “talon minute”. C’est ainsi que certains services sont assurés immédiatement pour répondre à l’urgence. Or voilà que la liturgie nous présente des “conversions-minute” pour répondre à des urgences spirituelles.
C’est ce message que nous trouvons dans la première lecture. Jonas est envoyé par Dieu à Ninive, la grande ville païenne “dont la perversité est montée jusqu’aux cieux”. En plus, c’est une mission à risque car ces païens avaient écrasé Israël. Mais voilà que Dieu se préoccupe de leur sort. Trop souvent, nous classons les gens en deux catégories, les bons et les mauvais. Mais pour Dieu, tous sont ses enfants. Il nous presse d’aller vers les autres pour être les messagers de son amour.
Jonas a répondu à cet appel avec la peur au ventre. Il annonce à cette ville que dans quarante jours, elle sera détruite. Sans plus attendre, les gens se mettent à jeûner et à faire pénitence. Cette conversion leur évite le châtiment dont ils étaient menacés. En lisant cette histoire, nous découvrons un Dieu qui s’intéresse à tous, même à ceux qui n’appartiennent pas à son peuple. Il les aime tous, quelle que soit leur religion, musulmans, juifs, Indouistes. Il offre son salut à tous. Voilà cette découverte fabuleuse que nous découvrons dans le petit roman de Jonas.
Saint Paul a vécu lui aussi une “conversion-minute” sur le chemin de Damas. Dans sa lettre aux Corinthiens, il cherche à les entraîner vers l’essentiel : ce n’est plus “Ninive sera détruite” mais “Le monde dans lequel nous vivons est en train de passer. Nous sommes au seuil d’un monde nouveau”. Nous comprenons alors qu’il est urgent de lever les yeux au-dessus de notre horizon quotidien. Nous devons regarder l’horizon de Dieu. C’est un monde nouveau qui est en train de naître. Et nous ne pouvons que nous en réjouir. La bonne nouvelle est pour tous, riches et pauvres, mariés ou non. Quelle que soit notre situation ici-bas, nous sommes entraînés à vivre dans la perspective du Monde nouveau : “Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, faites tout pour la gloire de Dieu.”
Dans l’évangile de saint Marc, nous assistons également à une “conversion-minute”. Ce retournement n’est pas dû à une menace mais à l’annonce d’une bonne nouvelle : “les temps sont accomplis. Le Règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile.” C’est alors l’appel de Simon et André : “Venez derrière-moi.” Aussitôt, Simon et André laissent tout, leurs filets, leurs barques, leurs familles. Et ils partent derrière Jésus. Un peu plus tard, c’est Jacques et Jean qui répondent à son appel.
Nous remarquons le mot “aussitôt” qui revient deux fois dans ce récit. On est dans l’urgence. Il est urgent d’appeler car “le Royaume est tout proche”. C’est aussi l’urgence de répondre pour devenir “pêcheur d’hommes”. Cette pêche n’est pas une capture mais un sauvetage. Il s’agit de ramener les hommes vers la vraie vie. Avec Jésus et comme lui, nous avons à “crier l’Evangile”. Notre Dieu veut se faire connaître de tous les hommes. Il veut les rassembler tous dans son Royaume. Qui que nous soyons, nous sommes son bien le plus précieux.
En ce dimanche 25 février, c’est la fête de la “conversion-minute” de Saul sur le chemin de Damas. Après trois jours de jeûne, cet homme qui persécutait les chrétiens a été baptisé par Ananias. Par la suite, il est devenu un prédicateur flamboyant de Jésus Christ et de son Evangile. Il y avait urgence pour Paul et pour le monde.
Des “conversions-minute”, nous en trouvons tout au long de l’histoire chrétienne. Nous pensons à saint Augustin et à Charles de Foucauld qui ont passé une première partie de leur vie dans la débauche. Et aujourd’hui encore, des gens qui étaient loin de Dieu se mettent en route vers le baptême et la confirmation. C’est le cas aussi de nombreux persécuteurs qui se convertissent à Jésus Christ comme Paul sur le chemin de Damas. Cette conversion les a obligés à rompre avec leurs familles et leurs relations. Mais ils sont heureux car cette rencontre avec le Christ a changé leur vie.
En ce dimanche 25 janvier, nous clôturons la semaine de prière pour l’unité des chrétiens ; nous prions en communion avec nos frères et sœurs de différentes confessions. Cette prière doit nous conduire vers une conversion du regard que nous portons sur les autres. Nous nous découvrons tous frères et sœurs, tous membres de la même famille de Dieu. Ce qui doit guider notre vie c’est l’amour que le Seigneur met en nous. En ce jour, nous faisons nôtre cette prière du psaume : “Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur”.
Sources : Revues Signes, Feu Nouveau, Dimanche en Paroisse – L’Intelligence des Écritures (Marie-Noëlle Thabut) – Dossiers personnels.
Semaine de prière pour l’unité des chrétiens :
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Merci Monsieur l’Abbé Jean de ce changement en un clic. Bon dimanche
On vient à peine de fêter Noël, qu’on prépare déjà le Carême au CCFD : réunions, répartition des tâches… tous les soirs quelque chose, je n’ai plus une minute pour me rendre à mon rendez-vous avec vous tous, amis de “dimanche prochain”. Ce soir, les voeux de notre curé. Demain, journée Espférance et Vie. Quelle vie !
Mais ce commentaire de Jean et ce petit bohomme de Jonas, me plaisent trop !
J’y viendrai dès que possible. Infatigable Jean, déjà l’homélie du 4ème dimanche ! merci, bon dimanche à tous.
Sacré Jonas ! on ne connaît de lui surtout que l’histoire de la baleine. Je m’en suis rendu compte quand nous avons préparé la messe de ce 3ème dimanche.
Et si on s’en tient à ce court extrait, on le trouve bien diligent, obeissant; obéissant, lui ? peureux, furieux; au lieu d’obéir à Dieu qui lui demande de crier contre Ninive pour qu’elle se convertisse de ses crimes, de ses abominations, il s’enfuit loin de la face de Dieu qui lui demande quelque chose d’incroyable, d’insensé. Ninive la païenne, la pervertie, jamais de la vie !
Pour la deuxième fois, Dieu lui demande d’aller proclamer la publication : encore quarante jours et Ninive sera détruite…Il fit preuve de tant de zèle qu’il parcourut la grande ville en un jour au lieu des trois qu’il fallait pour la parcourir….il se pressait pour la voir détruir, ne pensant jamais qu’ils changeraient de vie. Mais les ninivites crurent en Dieu et se convertir. Dieu a vu leur coeur et Ninive échappa au châtiment. Ce qui déplût à Jonas. Et oui, Jonas était furieux, comment Dieu pouvait -il pardonner après tout ce qu’ils avaient fait et en plus, c’étaient des étrangers, quelle horreur !
Ne sommes-nous pas un peu comme Jonas parfois ? Mon Dieu, c’est MON DIEU…
Jonas ne voulait Dieu que pour lui; mais Dieu n’appartient à personne. Nous sommes ses créatures Il aime tous les hommes, les bons comme les mauvais; nous sommes à Lui. Il est le maître de l’univers, de tout ce qui vit. Et Dieu est tenace et patient, il obtient toujours ce qu’il veut. La preuve : la conversion “minute” !
Et comme disait un de mes curé : Dieu nous mène par le bout du nez !
J’aime bien cette expression de talon-minute, clé-minute…conversions-minute.
Dans l’Evangile à combien de conversions-minute, n’avons-nous pas assisté ? et même à des résurrections-minute ?Tout est possible à Dieu. C’est l’Esprit d’amour qui balaie les réticences, qui vivifie, qui redonne vie.
Comme pour Paul, il suffit parfois de faire tomber les écailles qui obstruent nos yeux. Les écaillent de l’intolérance, de la certitude de posséder la vérité… Qui a la vérité, sinon Dieu seul ? Lui qui aime tous les hommes quels qu’ils soient : Jonas et Ninive… Les croyants et les incroyants, les pratiquants et les non pratiquants.
Il nous demande de nous convertir et de croire à la bonne nouvelle, convertissez-vous car le royaume est proche. Saint Paul nous dit : il passe ce monde tel que nous le voyons.
Se convertir c’est l’affaire de tout instant; on voudrait bien se convertir une fois pour toute ! être tranquille et attendre que ce monde passe… hélas, c’est un combat de tous les jours, nous avons tant de choses à changer dans nos vies… Le Père Ambroise -Marie Carré disait : Chaque jour je commence.
Oui, chaque jour est une étape nouvelle à gagner. La route est parfois rude, parfois en pente douce, parfois, elle grimpe, les cyclistes le savent, eux; comme il faut souffrir des jours pour arriver au sommet…
Seigneur, enseigne-moi tes voies,
Fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu esle Dieu qui me sauve.
Venez à ma suite, je ferai de vous des pêcheurs d’hommes …