Homélie du Jeudi Saint
Abbé Jean Compazieu | 24 mars 2015
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En ce Jeudi Saint, nous entrons dans le “Triduum pascal” ; au cours de ces trois jours, nous célébrons ce que Jésus a appelé “son heure”. Aujourd’hui, nous faisons mémoire de la Cène du Seigneur. Ce mémorial est bien plus qu’un simple souvenir ; il permet au passé de s’accomplir dans le présent et il est ébauche de l’avenir. Pour nous préparer à cet événement, nous avons le récit de l’Exode qui a été lu dans la première lecture. Nous y lisons les consignes données par Dieu pour célébrer la Pâque. C’était un peu avant la sortie d’Egypte. C’est là que le peuple D’Israël était esclave. Il y était victime d’une oppression de plus en plus pesante et sanguinaire.
La première lecture nous décrit le rituel que les Hébreux devaient observer pour le repas de la Pâque. Tous les ans, la famille et le voisinage devaient se réunir pour le prendre ensemble en souvenir de la libération d’Egypte. C’était une manière de se rappeler que notre Dieu est un Dieu sauveur. Il a libéré son peuple de l’oppression et du mal qui risquait de le perdre. L’Exode c’est le commencement de l’histoire du salut. Chaque année, les croyants se réunissent pour célébrer la Pâque. Ils se redisent dans ce repas partagé la foi qui les fait vivre : Dieu est le Seigneur sauveur. Les célébrations de ces trois jours nous réinstallent dans le monde de la libération. Elles nous rappellent que nous sommes tous “appelés à la liberté”.
Au soir du Jeudi saint, c’est Jésus qui rassemble ses amis. Il se donne comme nourriture et boisson. Il donne sa chair qui sera bientôt déchirée par les pointes d’épines et les clous. C’est cet aliment qui fortifiera ses disciples quand ils seront affrontés à la persécution. Chaque fois que nous allons communier, c’est Jésus qui nous donne la force de répondre à son commandement : “Demeurez en moi comme moi je demeure en vous.” Avec lui nous ne sommes pas seuls. Comme saint Paul nous pouvons dire : “Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi”.
Au soir de ce jeudi Saint, l’Évangile de saint Jean ne nous parle pas directement de l’Eucharistie. Il nous décrit un geste de Jésus qui nous y prépare. Il s’agit du Christ qui lave les pieds de ses disciples. C’était un geste d’hospitalité qui se pratiquait d’une manière habituelle dans le monde du Moyen Orient. Ce service était normalement accompli par un esclave. Ici, c’est Jésus, celui qu’on appelle “Maître et Seigneur” qui se met à genoux devant les siens pour leur laver les pieds.
Les disciples n’ont certainement pas compris sur le sur le coup. Ce que Jésus nous demande, et que Pierre a eu du mal à accepter, c’est de nous laisser aimer par lui ; c’est là un premier point. Il nous demande surtout d’aimer comme lui, avec la même radicalité et le même absolu. Le disciple doit, lui aussi, se mettre en tablier pour servir ses frères. Comme Jésus, nous avons à les rejoindre au plus bas de leur fragilité en les considérant comme supérieurs à nous-mêmes. Bouleversés de voir le Christ en tablier, les disciples peuvent aussi devenir bouleversants.
En lavant les pieds de ses disciples, Jésus veut nous apprendre à passer de la servitude au service. Chacun de nous pourrait évoquer des personnes qui expriment leur foi par le service de leurs frères. Comment ne pas penser à ceux et celles qui se dévouent au service des petits, des pauvres et des exclus. Nous n’oublions pas également des personnes proches de nous : les éducateurs qui font souvent preuve d’une grande patience, les animateurs d’associations qui donnent beaucoup de leur temps, les soignants qui se dévouent sans bruit auprès des malades. Les exemples ne manquent pas… Toutes ces personnes et bien d’autres nous montrent que le Christ fait passer de la mort à la Vie.
Dans la seconde lecture, Saint Paul vient nous rappeler dans quelles conditions doit être célébré le repas pascal. Son message a été écrit pour des chrétiens qui étaient divisés par des jalousies et des mesquineries. Avant de célébrer l’Eucharistie, il faut en sortir car ces disputes sont en contradiction avec la messe. Sans la charité, la communion n’est qu’une hypocrisie. Comprenons bien : nous sommes rassemblés pour proclamer la mort du Seigneur, célébrer sa résurrection et lui dire que nous attendons sa venue. C’est la nouvelle alliance entre Dieu et le monde. Nous prenons conscience de l’amour extraordinaire de de Dieu pour l’humanité. Nous n’aurons jamais fini de méditer sur cette générosité qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Il est important que notre vie et nos rapports entre nous soient en accord avec cet amour de Dieu.
En ce jeudi saint, nous sommes invités à élargir notre regard à la dimension de celui de Jésus, un regard solidaire de tous ceux qui nous entourent. L’Eucharistie qui nous rassemble chaque dimanche trouve son accomplissement quand elle est suivie du service du frère. Faire mémoire du Christ c’est aussi le suivre dans ce don qu’il fait de lui-même jusqu’au sacrifice de sa vie car “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie.
Oui, Seigneur, donne-nous de t’aimer en toute humilité. Donne-nous de t’aimer dans ton amour pour chacun. Donne-nous de les aimer proches et lointains comme tu les aimes, un amour qui s’éprouve et se prouve.
Sources : Revues signes, Feu Nouveau, Lectures bibliques des dimanches (A Vanhoye), Missel communautaire (André Rebré)
Dieu a sauvé son peuple de l’esclavage des égyptiens; il l’a libéré du joug qui meurtrissait ses épaules. Par le sang des agneaux, signe de reconnaissance, il a épargné son peuple du massacre.
Le soir du Jeudi Saint, alors qu’il est à table avec ses apôtres, Jésus se lève et se met à leur laver les pieds. Lui, le Seigneur et Maître, il se fait serviteur. On comprend la réaction du fougueux Pierre qui refuse; mais le Seigneur lui dit “si je ne te lave pas, tu n’auras pas part avec moi”.
Ce geste significatif d’humilité et de service, le Seigneur nous demande à nous tous d’en faire autant. Etre serviteur, ne pas craindre de s’abaisser pour faire même des besognes les plus ingrates, par amour.
Nous l’avons fait les uns et les autres pour nos proches, malades ou handicapés parce que nous les aimons; c’est plus difficiles pour ceux que nous ne connaissons pas, qui sont sales, pas attirants… Mais le Seigneur, il l’a fait Lui avec le lépreux…
Geste d’humilité, de service et de liberté. Un jour d’audience générale, nous avons vu notre pape François prendre dans ses bras, un homme atteint d’une maladie génétique, Vinicio Riva, l’embrasser, le serrer contre lui tendrement. Cet homme dont on se moquait, qui était un souffre-douleur, était devenu “Quelqu’un”. Le regard qu’il a porté sur lui, Iui a rendu la dignité.
Bien sûr, le Seigneur ne nous demande pas d’être tous des “pape François”, mais savoir être disponible, se mettre au service de nos frères, comme Lui-même l’a fait en s’abaissant.
“Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.”
Apprends-nous, Seigneur à aimer sans calcul, simplement, humblement.
Jesús realizará un gesto admirable dándose en la Eucaristía, y sus palabras “Hagan esto en memoria mía”, bien podríamos entenderlas no solo del gesto del pan y del vino, sino también, del lavar los pies. La memoria de Jesús no es únicamente celebrativa, se hace vida en el servicio a los demás en lo cotidiano de la vida.
Le jeudi Saint, c’est le jour de l’institution de l’Eucharistie, mais c’est aussi Gethsémani, la nuit au Mont des Oliviers. Marc nous dit : après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.
Lieu de la solitude, de la peur; il commence à ressentir frayeur et angoisse “Père, tout est possible pour toi. Eloigne de moi cette coupe; cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.”
C’est dommage que le Jeudi Saint,on ne mentionne pas ce moment douloureux, cette agonie de Jésus. Comme, il était homme, lui, le Fils de Dieu, semblable à nous devant la souffrance et la mort. Pauvre parmi les pauvres.
Hier, célébration de la messe chrismale à Lyon à la cité internationale : 6000 personnes présentes. Une messe magnifique. Belle homélie de notre Evêque le Père Philippe Barbarin, une organisation parfaite. Un temps fort. Mon Dieu que cette semaine est riche.
Ce soir, Célébration de la Sainte Cène avec tout le rituel qui nous rappelle les gestes de Jésus, lors du dernier repas qu’il prit avec ses disciples.
Nous allons vivre encore deux jours d’une grande intensité : chemin de croix médité par des personnes détenues de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, Célébration de la Passion, la grande Nuit Pascale avec bâptème d’une adulte. Journées fatigantes, mais quelle richesse des textes bibliques.