Homélie du 6ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 2 mai 2015AIMEZ
Textes bibliques : Lire
Les lectures bibliques de ce dimanche se résument en un mot : “AIMEZ”. C’est un commandement que nous trouvons tout au long de la Bible. Mais le livre des Actes des Apôtres (1ère lecture) nous rappelle que ce n’est pas gagné, même chez les chrétiens. Pour les juifs convertis au Christ, tout soldat romain était un ennemi national. Tout étranger était exclu de la plénitude de l’Alliance. Il était interdit à tout juif pieux de fréquenter la maison des païens. Les premiers chrétiens partageaient cette façon de voir. L’expansion de l’Évangile devait se traduire dans un premier temps par le rassemblement des douze tribus d’Israël.
Mais l’Esprit Saint fait voler en éclat cette barrière. Pierre doit intégrer dans la communauté des croyants un païen converti. L’Évangile de Jésus Christ est pour tous, même pour ceux qui sont très loin. C’est très important pour nous qui avons toujours tendance à juger ceux qui ne sont pas de notre bord. Il y a des paroles méprisantes et blessantes qui sont un obstacle à l’annonce de l’Évangile. Nous oublions que ces personnes ont la première place dans le cœur de Dieu. Elles sont son bien le plus précieux. En les rejetant, c’est contre Dieu que nous péchons.
La lettre de saint Jean (2ème lecture) insiste fortement sur le grand commandement de l’amour : “Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres puisque l’amour vient de Dieu”. C’est important pour nous d’entendre cet appel, surtout quand on est confronté aux divisions et aux disputes qui empoisonnent la vie chrétienne. L’amour du frère s’enracine dans l’amour dont Dieu nous aime. Il faut le dire et le redire : Dieu nous a aimés, il a aimé le monde pour que nous vivions de la vie divine. Il s’est offert en sacrifice pour le pardon des péchés. Il attend de nous une réponse qui soit à la mesure de son amour pour nous.
L’Évangile nous rappelle les paroles de Jésus au joie du Jeudi Saint : “Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour.” Ces paroles sont le testament qu’il nous a laissé la veille de sa mort. Elles s’adressent aux apôtres mais aussi à chacun de nous aujourd’hui. Ce sont ses dernières volontés. Elles nous révèlent ce qu’il y a de plus profond en lui, ce qu’il nous confie de réaliser.
Jésus tient à préciser que c’est un commandement nouveau. Ce qui est nouveau, ce n’est pas l’amour. Ce commandement de l’amour existait dans l’Ancien Testament, bien avant la venue de Jésus : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même”. Avec l’Évangile de ce jour, nous faisons un pas de plus : “Aimez-vous les uns les autres COMME je vous ai aimés.” L’amour que nous devons avoir les uns pour les autres nous vient du Père par Jésus. Ce qui est premier, c’est cette affirmation : Dieu est amour. Cet amour, ce n’est pas une simple qualité de Dieu. C’est tout son être qui est amour.
Quant à nous, nous ne sommes pas l’amour, mais nous avons en nous celui qui est l’Amour. C’est pour cette raison que saint Jean écrit : “celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui.” On ne peut pas vivre sans cet amour qui est en Dieu Père, Fils et Esprit Saint. Et cet amour qui vient de Dieu, nous ne pouvons le vivre qu’en passant par les autres.
Il nous appartient d’en tirer toutes les conséquences dans nos familles, nos villages, nos quartiers. Quand un chrétien va visiter une personne malade ou un prisonnier, c’est toujours au nom de cet amour qui est en Dieu. Il en est de même quand nous partageons avec les plus pauvres, ceux qui ont tout perdu. C’est toujours une réponse à Jésus qui nous commande de nous aimer les uns les autres. Aimer nous fait ressembler à Dieu.
Bien sûr, quand nous parlons d’amour, il faut éviter les contrefaçons. Nous le savons bien : le verbe aimer comporte des nuances qui vont du sublime au sordide. L’amour vrai trouve sa source en Dieu. Il fait sans cesse le premier pas vers nous. C’est la croix du Christ qui nous le révèle. Elle nous le montre livrant son corps et versant son sang pour nous et pour la multitude. C’est ce don de Dieu qui nous rassemble chaque dimanche à la messe. Nous accueillons celui qui est l’Amour pour le porter aux autres.
Seigneur, toi qui es l’Amour, nous te prions les uns pour les autres et pour notre monde. Rassemble-nous tous dans la paix de ton amour. Amen
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Vidéo
Sources : revues Signes et Feu Nouveau – Lectures bibliques d’un vieux prêtre de Montpellier (anonyme) – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP. Bagot) – Ta Parole est ma joie (Joseph Proux)
c’est très bien fait! merci beaucoup à vous! Aujourd’hui s’il y a les guerres dans le monde, c’est parce que l’amour est absent; la couleur de la peau, la religion le pays, le clan, la famille, le quartier, les parcelles et que sais-je encore nous divise d’une façon radicale. Dans un monde où l’on associe parfois la vengeance au nom de Dieu, ou même le devoir de la haine et de la violence, le message de l’amour, est un message qui a une grande actualité et une signification très concrète. L’amour de Dieu pour nous est une question fondamentale pour la vie et pose des interrogations décisives sur qui est Dieu et sur qui nous sommes.
Une amie me signale la réflexion suivante à propos du commandement : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même”. Nous devons donc nous aimer nous-mêmes avec nos qualités et nos défauts. Ces défauts qui sont dans notre vie, nous finissons par nous en accommoder ; “Par contre les défauts chez les autres, c’est souvent de l’ordre de l’insupportable. Alors aimer son prochain comme soi-même c’est aimer l’autre avec ses qualités mais aussi ce qui nous déplaît en eux.”
Dieu sème son amour, son Esprit sur tous les hommes. “Même sur les nations païennes, le don de l’Esprit Saint avait été répandu”, nous dit Luc dans les actes des apôtres.
Notre Dieu nous aime tous, sans distinction, à un tel point qu’on a du mal à l’imaginer quand on sait de quoi nous sommes capables; c’est vrai, qu’on a parfois du mal à s’aimer, quand on a manqué d’indulgence envers les autres, qu’on a eu la critique facile; la langue est leste. Mais le Seigneur nous aime tels que nous sommes; alors aimons-nous un peu et essayons de mieux aimer ces frères qui nous ressemblent.
Que de douceur, de tendresse dans la lettre de Jean : “bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu”. Comme, il sait parler de l’amour de Dieu, celui que le “Seigneur aimait”. Comme il sait nous exhortait par des mots tendres, d’une douceur ineffable; ça donne envie de relire ses lettres.
Et encore lui, dans l’Évangile qu’il a pris le temps d’écrire; comme il a compris et su faire passer le message de Jésus : Aimer comme Dieu aime, car l’amour vient de Dieu qui nous a envoyé son Fils unique, humble reflet de l’Amour du Père.
Demeurer dans l’amour de Dieu, c’est de faire sa volonté et sa volonté, c’est d’aimer comme lui-même nous a aimés. C’est lui-même qui nous le dit :
“Mon commandement, le voici : il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime”. Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés”.
Jésus, doux et humble de cœur, rends notre cœur semblable au tien.
Votre commentaire est excellent. La question d’amour est complexe .Aujourd’hui, nous vivons dans un monde capitaliste où chacun cherche son intérêt et tous ces gens sont en majorité des chrétiens qui font des détournements des deniers publics. Comment exprimer l’amour du prochain? On pourrait dire que le Christ qui nous a été apporté est un Christ lointain.
Frère Nicolas HAPPI, licencié en théologie .
Merci cher frère
Merci de votre partage sur la parole du 6eme semaine de pâques. Vraiment l’amour de Dieu est quelque chose de plus importante dans notre foi. C’est cela qui manque dans notre pays qui ne vit que l’égoïsme. Je vous demande une aide de prière pour notre pays Burundi pour cette fièvre près électorale.