Pentecôte (B)
Abbé Jean Compazieu | 24 mai 2009Lectures bibliques : Lire
En ce jour de la Pentecôte, nous célébrons avec tous les chrétiens du monde entier le don de l’Esprit Saint aux apôtres puis à toute l’Eglise. L’Evangile nous rappelle que la veille de sa mort, Jésus avait rassemblé les Douze. Il venait de leur annoncer qu’il allait les quitter ; mais il restera présent d’une autre manière et surtout, il leur enverra l’Esprit Saint. “Quand il viendra l’Esprit de Vérité, il vous guidera vers la Vérité toute entière”
Cette Vérité, c’est Jésus lui-même : C’est ce que nous lisons dans un de ses dialogues avec les disciples : “Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, personne ne va au Père sans passer par moi.” Aller vers la Vérité, faire la Vérité, c’est aller à Jésus, c’est accueillir l’amour qui est en Dieu et nous laisser envahir par lui. C’est ce qui s’est passé au jour de la Pentecôte. Saint Luc nous parle d’un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent. Les apôtres virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se déposa sur chacun d’eux. Ils furent remplis de l’Esprit Saint. C’est comme un cyclone qui s’engouffre dans la maison et qui les pousse à sortir et à aller au devant des foules.
Et là, c’est un changement extraordinaire. Pierre ne mâche pas ses mots. Lui qui, 50 jours plus tôt avait renié Jésus parce qu’il avait peur, se met à faire un discours stupéfiant : “Ce Jésus que vous avez fait mourir sur la croix, Dieu l’a ressuscité… Et maintenant, il a répandu son Esprit dans le monde.” Et parmi tous ces gens qui écoutent Pierre, il y a ceux-là même qui ont réclamé la mort de Jésus. Mais là les apôtres n’ont plus peur. Désormais, rien ne peut les arrêter. Cette Bonne Nouvelle qu’ils annoncent, c’est comme un feu qui doit être répandu dans le monde entier.
Et depuis la première Pentecôte, l’Esprit Saint agit dans l’Eglise pour la guider “vers la vérité tout entière”. Bien sûr, il ne faut pas croire que tout ce qui a été fait dans l’Eglise l’a été sous l’impulsion de l’Esprit Saint. Il y a eu des divisions entre disciples du Christ, des massacres, des abus et même des scandales. Ces derniers temps, les médias nous ont rappelé des événements très douloureux. Le pape Jean-Paul II avait compris qu’il fallait demander pardon. Nous-mêmes, nous pouvons faire notre examen de conscience. Nous reconnaissons nos divisions, nos égoïsmes, toutes ces faiblesses qui ont toujours tendance à reprendre le dessus. Mais le Seigneur ne nous abandonne pas. Il continue à nous envoyer son Esprit Saint pour nous embraser de cet amour qui est en Dieu.
“Le Paraclet, l’Esprit Saint que le Père vous enverra en mon nom vous enseignera et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.” Comprenons bien, l’Evangile n’est pas un texte qu’il nous suffirait de répéter comme si le sens en était donné une fois pour toutes. Tout au long des siècles, le monde a beaucoup changé. Actuellement, il est marqué par les progrès de la technique et de la science. Mais en même temps, il vit des drames très douloureux à cause de la crise, du chômage, de la pauvreté. Les plus faibles y sont victimes de la violence et des injustices de toutes sortes.
C’est là que l’Esprit Saint intervient. Il résonne à chaque étape de notre histoire avec une perpétuelle nouveauté. C’est à sa Lumière que nous découvrons la Bible un peu comme une boussole qui nous montre la direction à prendre. Dans le contexte actuel, il vient nous rappeler que ce qui est premier ce n’est pas l’argent mais la personne. Ce qui fait la valeur d’une vie, ce n’est pas le rendement mais l’amour de tous les jours pour tous ceux et celles qui nous entourent. C’est ainsi qu’il nous remet en mémoire le grand commandement du Christ : “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés”… “Tout ce que vous aurez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’aurez fait…” C’est ainsi que l’Eglise est appelée à avancer sous la conduite de l’Esprit qui lui inspire les exigences de la fidélité inventive.
Dans le récit de saint Luc, l’Esprit est comparé au vent. C’est une manière de dire qu’il est comme une énergie qui nous fait avancer et qui, à l’occasion, nous bouscule. Depuis 2000 ans, l’Eglise en a connu des tempêtes. Mais l’Esprit Saint n’a jamais cessé de souffler dans ses voiles. L’Eglise d’aujourd’hui a besoin de cette force pour reconstruire son unité. Sans lui, elle serait bien incapable d’évangéliser ce monde où les hommes ont tant de mal à se comprendre et à vivre la solidarité.
C’est avec l’Esprit Saint que nous pourrons retrouver et proposer les valeurs de l’Evangile à tous les hommes et femmes qui vivent sans perspective d’avenir. Dans une de ses lettres, saint Paul nous invite à marcher “sous l’impulsion de l’Esprit”. N’hésitons pas à lui demander son aide dans les décisions et les choix que nous avons à faire. Qu’il nous aide à retrouver la bonne route dans le maquis des sollicitations du monde actuel. Si la Pentecôte est une si grande fête, c’est parce qu’elle est l’exaltation du courage, de la vérité et de la joie. La seule vraie dévotion que nous pouvons avoir à l’égard de l’Esprit Saint c’est de lui dire “VIENS !”
En ce jour, nous rendons grâce au Seigneur pour ce don de l’Esprit qu’il renouvelle à chaque célébration Eucharistique. Ouvrons nos esprits et nos coeurs à son souffle afin de mieux comprendre le message de Jésus, afin de mieux aimer nos frères et de leur annoncer l’Evangile avec un zèle que rien ne saurait intimider.
Jean C (D’après diverses sources
Merci Père Jean pour cette homélie très complète. Le Seigneur a dit : “je suis le chemin, la vérité et la vie”. Combien c’est vrai ! Depuis que je suis ce précepte, je suis vraiment digne de confiance, les commandements du Seigneur sont la vérité, et lorsque je suis le chemin un peu raide qui mène à la sanctification, je me sens bien car je suis alors dans le vrai.
D’autre part, j’ai déjà ressenti la chaleur de l’Esprit Saint lorsque j’étais en groupe et que l’on parlait de foi. Cela fait comme si je recevais une grosse bouffée d’amour qui produit une grande joie.
Les dons de l’Esprit Saint sont nombreux : l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la charité, la bégninité, la fidélité, la modestie, la tempérance, la miséricorde, la continence et la chasteté. Il faut que je cultive tous ces fruits. Mais le fruit le plus important est l’Amour car sans lui, les autres fruits ne sont rien.
Il faut aussi que je développe le don de miséricorde car elle manque tragiquement. Nous avons tant besoin d’êtres de lumière qui osent dire : “je te demande pardon”.
Pour finir, ce qui fait la valeur d’une vie, c’est l’amour dont on entoure ceux que l’on côtoie. Alors, Seigneur, fais que je vibre à toute misère et toute souffrance des miens et fais que je sois là pour apaiser et réconcilier.
Seigneur, écarte de moi le Mauvais !
Christiane
Dimanche 31 mai 2009 – Année B – Evangile de Jean 20, 19 – 23
Fête de la Pentecôte
La Création Nouvelle dans l’Esprit
_______________________________________________________________
Le mystère pascal – mort et résurrection – est bien le cœur de notre foi et la fête de Pâques est le centre et le sommet de notre année liturgique. Encore faut-il que ces beaux mots deviennent réalités en nous, qu’ils ne restent pas dogmes impénétrables, formules radotées, croyances vagues. C’est pourquoi Pâques appelle la venue de la Pentecôte; le Christ extérieur devient Esprit intérieur; la Parole exige le Souffle pour devenir audible et percutante.
La liturgie nous rapporte aujourd’hui deux scènes différentes du don de l’Esprit. N’y voyons pas une contradiction mais au contraire deux manières d’exprimer un événement qui, de toutes façons, sera toujours au-delà de nos expressions.
1. LA PENTECÔTE DE SAINT LUC ( 1ère lecture )
En ouvrant son second livre, les Actes des Apôtres, Luc a reporté le don de l’Esprit au 50ème jour après Pâques, jour de la Pentecôte juive. En ce jour en effet, Jérusalem célébrait dans la liesse le don de la Loi reçue par les ancêtres hébreux au Sinaï (Exode 19). Mais cette Loi tant vénérée, personne ne parvenait à la vivre et l’histoire d’Israël n’était que le triste récit des infidélités perpétuelles.
Saint Luc jubile: en ce même jour, dit-il, nous avons reçu, comme des prophètes l’avaient annoncé, l’Esprit de Dieu c’est-à-dire la force d’accomplir ce que la Loi exigeait. Au Sinaï ouragan, tremblement de terre, éclairs plongeaient les hommes dans un climat de peur et de terreur: ici, dans une maison de Jérusalem le Souffle de Dieu annonce sa tendresse et le feu est celui qui brûle les cœurs et fait danser les mots.
La Pentecôte est devenue le jour de LA LOI NOUVELLE qui n’est plus un code de préceptes mais la grâce de l’Esprit qui, enfin, transforme le croyant pour lui permettre de pratiquer la volonté de son Dieu.
Quel est son effet immédiat ? La première communauté jaillit du cénacle où la peur l’enfermait et, en pleine rue, emportée par une joie folle, elle chante les merveilles de Dieu. Et les passants d’être surpris, décontenancés car “chacun les entendait parler dans sa propre langue”!
Le vieux mythe de la Tour de Babel racontait l’utopie dévastatrice des dictateurs voulant imposer à la terre entière leur langue et leur culture à partir d’une métropole et d’une tour qui répandraient leurs diktats impérialistes. Tentative folle qui ne pouvait qu’aboutir à l’éclatement des peuples.
Les hommes ne sont pas des robots, les cultures ont leurs richesses propres, les mœurs ne peuvent être aplanies dans l’uniformité, alignées sur un modèle unique. C’est l’Esprit, dit Luc, qui commence à réaliser l’unité du monde: chaque humain sera respecté tel qu’il est et il pourra exprimer dans sa propre langue les louanges de Dieu. Car l’amour respecte l’autre dans son identité.
“Les Actes des Apôtres”, dit-on, sont comme “l’Evangile de l’Esprit”: d’un bout à l’autre, on voit comment le Souffle de Dieu est une force irrépressible qui emporte les chrétiens dans une mission qui rebondira jusqu’aux extrémités du monde. Pour vaincre peur et timidité, pour avoir l’audace d’annoncer la Bonne Nouvelle en dépit des menaces, pour affronter les persécuteurs, pour réunir la communauté dans la prière, pour mourir comme Jésus en s’offrant pour leurs bourreaux, les disciples de Jésus sans cesse appellent l’Esprit.
Transformés par lui, communiant dans son amour, sans violence, ils rayonnent d’un feu qui peu à peu va se répandre. L’Esprit est force missionnaire irrépressible, joie inextinguible, communion des cœurs.
2. LE DON DE L’ESPRIT CHEZ SAINT JEAN. ( Evangile )
L’Eglise, dans sa liturgie, a accepté la chronologie de Luc en séparant les trois fêtes de Pâques, Ascension, Pentecôte. Jean, lui, situe le don de l’Esprit au soir même du jour de Pâques.
C’était après la mort de Jésus, le soir du 1er jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, il était là au milieu d’eux: ” La Paix avec vous”. Il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. ” La Paix avec vous. De même que le Père m’a envoyé, je vous envoie”. Il souffla sur eux: ” Recevez l’Esprit-Saint: tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis”
Jean souligne fortement que l’Esprit est un don de Jésus mort (ses plaies) et ressuscité (vivant). Le danger est grand en effet de séparer Jésus et Esprit, de transformer celui-ci en spiritualité vague et généreuse, en intelligence subtile, en allégresse humaine. Trop facile, dit Jean, de gazouiller sans fin des alléluias dans une assemblée transportée par l’illusion communionnelle !
Nous devons toujours contempler la source de l’Esprit: les plaies de Jésus ! La vraie paix vient de la croix et ne s’en détache jamais.
” Jésus souffla sur eux”: saint Jean reprend le verbe de la Genèse lorsque Dieu créa l’homme en envoyant son souffle sur la glaise. Ainsi le don de l’Esprit est “re-création” et non amélioration, “renaissance ” et non réparation. Au vieux Nicodème qui basait sa spiritualité pharisienne sur un amas de règlements, Jésus répliqua: ” Amen, amen, à moins de renaître d’en haut, personne ne peut voir le Royaume de Dieu” ( Jn 3, 3).
L’homme est incapable de fignoler son être à coup de volonté, d’héroïsme, de sacrifices; Dieu n’est pas au bout de nos efforts. Il peut même survenir au moment de l’échec désespérant.
En effet, en ce jour de Pâques, les apôtres venaient de commettre le plus gros péché de leur vie: toutes leurs belles promesses ( “Je donnerai ma vie pour toi”, etc……) s’étaient effondrées. Parce qu’ils étaient des “pauvres types”, parce qu’ils constataient, enfin, qu’ils étaient impuissants à construire le Royaume de Dieu, Jésus pouvait les rejoindre dans leur enfermement, leur remords, la conscience épouvantable de leur lâcheté congénitale.
” Paix à vous”. Non parce que vous m’avez bien défendu, mais parce que je vous aime. Seul mon pardon peut vous changer et vous faire autres.
Tel est le miracle: ne le gardez pas pour vous; allez le dire, transmettez-le à tout homme qui, dans sa boue, comme Adam, acceptera de se laisser renaître par l’Esprit.
A Pâques, Jésus a tout accompli: le Vie triomphe !
Encore faut-il que Pâques nous rejoigne, que la Vie nous soit transmise: c’est l’œuvre de Pentecôte. Les deux lectures nous ont détaillé quelques-unes de ses richesses: à nous de bien les percevoir. Méditons ces textes tous ces jours-ci non pour les connaître mais pour “co-naître” avec eux.
VIENS, ESPRIT DE SAINTETE ! VIENS ! VIENS !…
SAINT LUC:
– L’Esprit est la Loi nouvelle. Nous ne sommes plus sous la loi, dira Paul, nous sommes libres. Joie énorme !
– L’Esprit ne nivelle pas les personnalités ou les peuples: il les fait communier dans une charité qui respecte toute particularité. Il opère la véritable “mondialisation”.
– L’Esprit est force missionnaire, il presse à une activité incessante.
SAINT JEAN :
– L’Esprit est don du Christ crucifié et vivant; la paix vient des plaies.
– L’Esprit re-crée; il est perpétuelle genèse de l’Eglise. Joie profonde.
– L’Esprit est pardon, réconciliation, destruction du péché.
R. D.
La séquence à l’Esprit est chantée à la Pentecôte. Elle nous appelle à accueillir le père des pauvres :
Viens en nos coeurs, Esprit Saint
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.
Viens en nous, père des pauvres,
viens, dispensateur des dons,
viens, lumière de nos coeurs.
Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, le repos ;
dans la fièvre, la fraîcheur ;
dans les pleurs, le réconfort.
Ô lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le coeur de tous tes fidèles.
Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.
À tous ceux qui ont la foi
et qui en toi se confient
donne tes sept dons sacrés.
Donne mérite et vertu,
donne le salut final,
donne la joie éternelle.
***********************************************
……prière universelle choisie pour notre paroisse (prions en église)
Regarde, Seigneur, les serviteurs de ton Église : certains sont
désemparés ou inquiets, d’autres donnent le témoignage de
leur fidélité dans les épreuves des persécutions ou l’incertitude
de l’avenir. Répands sur eux la force de ton Esprit.
Regarde, Seigneur, la diversité des peuples qui vivent sur cette
Terre et qui te cherchent, ou ne connaissent pas ton Nom.
Ils habitent des pays éloignés, ou dans nos cités, nos quartiers.
Répands sur eux les dons de ton Esprit.
Regarde, Seigneur, ceux qui peinent en raison de la crise économique.
Certains n’ont plus le minimum pour vivre décemment,
d’autres craignent de perdre leur emploi.
Répands sur eux les dons de ton Esprit.
Regarde, Seigneur, les chrétiens qui se rassemblent ce dimanche.
Ils attendent de ce temps fort un renouvellement de leur foi
et de leurs engagements en vivant leur diversité.
Répands sur eux la sagesse de ton Esprit et le don de la louange.
***********************************
L’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par son Esprit
qui habite en nous, alléluia. (Rm 5, 5; 8, 11)