12ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 14 juin 2009Lectures bibliques : LIRE
Homélie
Pour mieux comprendre cet évangile, il faut avoir quelques notions du langage symbolique qu’il utilise. Dans le monde de la Bible, la mer c’est le repère des démons et des forces du mal. On se la représentait peuplée de dragons et de monstres marins. Quand le Livre de l’Apocalypse annonce l’avènement d’un ciel nouveau et d’une nouvelle terre, il précise que la mer aura disparu. C’est une manière d’annoncer la victoire de Dieu sur les flots du mal qui continuent à mugir.
Aujourd’hui, Jésus invite ses disciples à passer sur “l’autre rive”. Là aussi, il faut comprendre le symbolisme. Cette autre rive, ce n’est pas seulement l’autre côté du lac ; c’est aussi celle du monde païen. Jésus veut le rejoindre pour lui annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Tout au long des siècles, des prêtres, des religieux et religieuses et des laïcs ont répondu à cet appel du Christ. Ils ont quitté leur famille, leur communauté, leur pays et sont partis ailleurs, à l’autre bout du monde. Mais au moment de la traversée, les puissances du mal se déchaînent pour faire obstacle à cette annonce de l’Evangile. Elles veulent engloutir la barque de la Parole pour l’empêcher d’atteindre cette autre rive.
Quand saint Marc écrit son évangile, il s’adresse à des chrétiens persécutés. L’Eglise est un peu comme la barque de Pierre en train de couler. Ils ont l’impression que Jésus dort. Alors, ils l’appellent au secours : “Seigneur, sauve-nous ; nous périssons.” Et dans son Evangile, Marc leur rappelle ce qui s’est passé autrefois avec Jésus et les Douze sur la mer. Ils étaient complètement désemparés par la violente tempête qu’ils ont dû affronter. Mais avec Jésus, les puissances du mal n’ont jamais le dernier mot.
Ce qui est étonnant dans cet évangile, ce n’est pas la peur des disciples ni leur crainte quand ils reconnaissent Jésus comme Dieu. Le plus surprenant c’est la question qu’il leur pose : “Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ? Quand on se trouve sur un bateau mal maîtrisé, face à une violente tempête, on a vite fait d’avoir peur. Il en est de même pour les tempêtes de notre vie et de celles du monde. Tous les jours, les journaux, la radio et la télévision nous parlent de la crise, du chômage, de la précarité et des violences de toutes sortes. L’Eglise est souvent critiquée, ridiculisée ou incomprise à cause de ses prises de position.
Nous chrétiens, nous crions vers le Christ : “Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ?” Cette tentation d’interpréter le silence de Dieu comme de l’indifférence est toujours bien présente. Aujourd’hui, Jésus a l’air de dire qu’avoir peur est un manque de foi. D’ailleurs, il y a une parole qui revient très souvent dans la Bible : “Ne craignez pas !” C’est vrai que l’Eglise est fragile ; elle est souvent malmenée. Mais un jour, Jésus avait promis à Pierre que les puissances du mal ne l’emporteraient pas sur elle. Dans les tempêtes de nos vies, le Seigneur est toujours là et nous pouvons compter sur lui.
Le problème c’est que lorsque tout va bien, nous l’oublions. Nous savons qu’il est là mais nous n’en avons pas réellement besoin. Il est présent dans nos vies, mais pourquoi le déranger ? Autant le laisser dormir. Mais quand survient le coup dur, nous nous tournons vers lui et nous l’appelons à notre secours. C’est un peu comme si Dieu n’était qu’un parapluie que l’on ne sort que lorsqu’il pleut. Aujourd’hui, la question de Jésus vient nous interpeller : “Vous n’avez donc pas la foi ?” Autrement dit, vous croyez en moi, mais vous ne pensez à moi que lorsque ça va mal pour vous. Si vous vous souveniez de moi quand tout va bien, vous comprendriez mieux que je ne vous abandonne pas quand le coup dur arrive. Au fond, Jésus nous demande quelle place nous lui donnons dans notre vie, quand ça va bien autant que quand ça va mal. A nous de lui donne la réponse.
Cet évangile est une bonne nouvelle pour notre Eglise et notre monde affrontés aux tempêtes de la vie. C’est surtout un appel à la foi. Le Seigneur marche à nos côtés. Il est sur la barque de Pierre. Depuis le matin de Pâques, nous sommes passés sur “l’autre rive” celle de la “recréation” du monde. Désormais, plus rien n’est comme avant. Nous vivons de la vie nouvelle du Ressuscité. Cette vie doit être remplie de solidarité, de partage, de justice. Désormais, nous pouvons vivre comme le Christ, non pour être servis mais pour servir. Nous pouvons affronter les mêmes combats que lui pour maîtriser toutes les tempêtes des hommes, celles du mal et de la haine sous toutes ses formes. Avec lui, nous sommes assurés de la victoire. Au fond, le mot “impossible” n’est pas chrétien.
Le Seigneur est toujours là au cœur de nos vies. Son Eucharistie nous le rappelle. Quelles que soient les tempêtes, et même s’il semble dormir, il veille sur nous comme sur son bien le plus précieux. Il est proche de nous, en nous. Il est notre lumière et notre salut. Rien ne saurait nous séparer de son amour.
D’après diverses sources
Amen!!!!
J’apprécie beaucoup vos homélies du dimanche qui me nourissent depuis plus d’un an. Merci.
12ème dimanche – année B – 21 juin 2009 – Evangile de Marc 4, 35 – 41
Passons vers les autres
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Depuis 4 mois, les liturgies des dimanches nous ont fait parcourir l’essentiel de la Révélation (Carême, Croix, Pâques, Pentecôte, Eucharistie). Aujourd’hui, et jusqu’en fin novembre, nous reprenons la série des “dimanches ordinaires”, la lecture suivie de l’évangile de Marc.
Nous pouvons donc commencer par une remarque capitale. L’Evangile, récit de la vie de Jésus, n’est pas un simple compte-rendu minutieux des événements passés: il a été rédigé par quelqu’un qui connaissait la fin de l’histoire ! Marc n’est pas un journaliste neutre: il sait comment la vie de Jésus s’est terminée (croix et résurrection), que le mystère pascal s’est peu à peu révélé à travers les événements de la vie de Jésus. Il montre quel chemin les premiers disciples ont dû parcourir pour se convertir et, du coup, il indique à sa communauté ( et à nous aujourd’hui) les efforts à faire pour découvrir la véritable identité de Jésus et vivre la foi authentique.
C’est ce qu’enseigne l’évangile de ce dimanche.
Toute la journée, Jésus avait parlé à la foule en paraboles.
Le soir venu, il dit à ses disciples: ” Passons sur l’autre rive”.
En effet Jésus s’est installé dans le petit port de Capharnaüm, sans doute dans la maison de Pierre, et il a pris l’habitude de s’adresser aux gens “au bord de la mer” (3, 7 et 4, 1). Il s’agit en réalité du “lac” de Galilée mais nous verrons pourquoi Marc insiste sur le mot mer.
Jésus “prêche” (un mot guère à la mode aujourd’hui !), il annonce la venue du Royaume de Dieu à l’aide de récits imagés (semence, lumière, graine de moutarde…), des paraboles qui sont tout sauf des historiettes pour enfants.
La prédication a duré “toute la journée; “le soir vient” et Jésus doit être recru de fatigue ( d’ailleurs il va s’endormir dans la barque). Il serait donc normal de rentrer à la maison pour goûter un repos bien mérité. Pourquoi donc, à cette heure-là, cet ordre surprenant de passer sur la rive orientale qui est habitée par des populations païennes?…L’urgence est-elle à ce point ?…
Marc a rapporté 4 paraboles: à présent il va raconter 4 actions de puissance (de 4, 35 à 5, 43): Jésus calme la tempête – il guérit un possédé violent – de retour au pays, il guérit la femme souffrant d’hémorragies et rappelle à la vie la fille de Jaïre.
Donc, dans cet ensemble que Marc réunit, Jésus est présenté en train d’effectuer ses deux activités fondamentales et inséparables:
– “PARLER LA PAROLE” (comme dit Marc 4, 33)
– et DOMINER LE MAL, GUERIR ET RELEVER L’HOMME, SAUVER SON EGLISE EN
DANGER
La Parole est première, elle exige l’écoute. Mais elle doit être accompagnée d’actes de puissance qui montrent qu’elle n’est pas un mythe, un rêve. L’homme doit ECOUTER l’enseignement, poser des questions afin de pénétrer le sens des paraboles; puis il doit VOIR des effets: en Jésus la Puissance du Royaume de Dieu est présente et efficace.
Une Eglise qui ne fait que parler est bavarde et lassante. Une Eglise qui ne fait que des bonnes œuvres est philanthropique et sécularisée.
Quittant la foule, ils emmènent Jésus dans la barque comme il était; d’autres barques le suivaient. Survient une violente tempête: les vagues se jetaient sur la barque si bien que déjà elle se remplissait d’eau.
Les pêcheurs de Capharnaüm le savent encore aujourd’hui: entre grands vents d’est et d’ouest, le lac peut être soudain secoué par de terribles tourbillons capables de faire chavirer les fragiles embarcations.
Lui dormait sur le coussin à l’arrière !!!!
Jésus n’est pas un prédicateur distingué qui distille de temps en temps un sermon bien huilé avant de prendre le temps de se détendre et de se distraire. La mission que son Père lui a confiée il y a peu lors de son baptême dans le Jourdain l’a mobilisé corps et âme. Aucun temps à perdre ! Le Royaume n’attend pas ! Il y va du salut des hommes ! Fourbu par la fatigue des derniers jours, il est effondré dans un sommeil profond alors même que la barque tangue.
Mais où est-il installé ? A la poupe, c’est-à-dire à l’endroit d’où le timonier dirige ! Comment arriver à bon port, comment ne pas périr si celui qui a charge de diriger l’Eglise dort ?…La panique saisit les hommes.
Ses compagnons le réveillent et lui crient :” Maître, nous sommes perdus ! Cela ne te fait rien ?”. Eveillé, il interpella le vent avec vivacité et dit à la mer: ” Silence ! Tais-toi !”. Le vent tomba et il se fit un grand calme.
Bizarre: Jésus interpelle les éléments comme s’ils étaient quelqu’un ! Et sa voix est plus puissante que celle des flots déchaînés. Il exorcise la mer qui, dans la tradition biblique, représente toujours la puissance ennemie qui cherche à engloutir et à anéantir le dessein de salut de Dieu.
Jésus leur dit: ” Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ?”. Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux:
” Qui est-il donc pour que même le vent et la mer lui obéissent ?”.
La foi n’est pas un savoir dogmatique mais un don de soi, une confiance absolue.
Lorsque les circonstances secouent violemment notre vie, lorsque les attaques des ennemis nous font craindre la mort, lorsque Jésus ne répond pas à nos cris de détresse, lorsque l’Eglise nous paraît un navire en perdition…: si nous croyions vraiment, nous n’aurions pas peur.
Mais qu’il est difficile d’atteindre à la vraie foi, de s’en remettre à Dieu comme un enfant, d’accepter son terrible silence !…
Le récit se termine par la question qui rebondit à travers tout l’évangile, qui taraudera les disciples tout au long de leur compagnonnage avec cet homme de Nazareth qui les a attirés à sa suite: QUI EST-IL DONC ?… Car ils connaissent bien leur bible et notamment ce psaume:
“Un vent de tempête se leva….;ils roulent et tanguent , il sont malades à rendre l’âme…Ils crient au Seigneur dans leur détresse, et il les tire de leurs angoisses; il réduit la tempête au silence et les vagues se sont tues. Ils se sont réjouis de ce retour au calme et Dieu les a guidés au port désiré” ( Psaume 107, 25-30).
Ils voyaient en Jésus un prophète, un guérisseur, un sage, un leader… et ils le découvrent capable d’accomplir les merveilles attribuées au seul Dieu !!
Qui donc est-il pour dominer la mer et la mort ?
Lentement mais sûrement nos assemblées chrétiennes d’Occident se délitent, nos institutions vacillent, nos prêtres se raréfient. Et aujourd’hui retentit l’ordre du Seigneur: “Passons sur l’autre rive”. Allons vers les autres….
La tentation est grande de prétexter la fatigue, le grand âge, le manque de ressources, l’heure tardive, les orages qui menacent. Il est terrible d’essayer de rendre nos paroisses missionnaires, de les extraire de leurs routines, de leur demander des initiatives nouvelles. Même changer l’heure des messes provoque le charivaris ! Au lieu d’être passionné par le désir de transmettre l’évangile, on s’accroche à ses habitudes. La peur est là devant tout changement.
Et il est exact que prendre le cap vers d’autres auditoires expose à des tourbillons périlleux, à des nuits opaques, à des maux de mer, à des paniques. D’autant que le Seigneur timonier semble dormir. On a même parfois l’impression qu’il n’est plus là.
Mais, comme au Golgotha, il est bien capable tout à coup de se lever et de montrer sa puissance.
Comment les hommes nous croiraient-ils s’ils ne voient qu’une Eglise transie de peur, se demandant si elle ne va pas couler ?
“N’ayez pas peur” lança un jour Jean-Paul II en visite dans sa Pologne sous la botte communiste et, peu après, le rideau de fer s’écroulait.
R. D , dominicain
Père Jean, depuis toujours j’ai peur de la mer, surtout quand je n’ai plus pied. Il n’y a pas que pour l’Eglise que la mer est le symbole des forces du mal.
Merci en tous les cas d’avoir expliqué le symbolisme de “passer sur l’autre rive”. Heureusement, avec Jésus les forces du mal n’ont jamais le dernier mot !
Jésus dit : “comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ?” Moi j’ai tellement confiance en Dieu que je crois toujours que tout va s’arranger. Et en fait, mes ennuis finissent toujours par s’arranger. En effet, d’une part je n’ai pas eu à débourser un seul euro pour la réparation de mon ordinateur et d’autre part, j’essaie de convaincre Jean-Yves de retourner chez le médecin car il a une angine blanche qui ne guérit pas. Et je vais y arriver ! Pour finir mon mari et plusieurs de ses collaborateurs vont aux prud’hommes mais j’ai encore et toujours confiance dans le Seigneur et là aussi je suis persuadée que tout s’arrangera !
Mais je vais davantage me souvenir du Seigneur quand tout va bien. Il doit être tout au fond de mon coeur tout au long des jours. Seigneur, vois-tu, tu fais partie de mon inconscient car je rêve souvent de la messe la nuit. Je devrais y aller plus souvent.
Alors, à quelle place se tient Jésus dans ma vie ? Eh bien, cela dépend hélas des jours. Lorsque j’ai Internet je peux me plonger dans les messages religieux plusieurs fois par jour ce qui me fait grand’bien ! Sinon, j’ai quelques revues chrétiennes qui me nourrissent un peu et des livres qui m’apportent beaucoup. D’ailleurs, le 29 juin c’est mon anniversaire de mariage (35 ans avec bien du bonheur) et à cette occasion, je m’abonnerai à la très belle revue PRIER.
pour finir, je vais faire encore plus d’efforts pour être une digne disciple du CHRIST..
Christiane
Très cher père Jean, je suis emerveillé par ce partage de foi et je loue votre générosité. Je suis grand séminariste au Burkina Faso et je nourrit ma spiritualié beaucoup à partir de vos homélies. Bon courage pour ce travail.
A Paul et à vous tous
Merci de vos commentaires et de vos encouragements. A ce jour, vous êtes 408 abonnés. Tous les 408 et même les autres peuvent proposer un commentaire, une idée lumineuse, une prière universelle… D’avance merci à tous
Voici une homélie audio du Père Meynen
http://meynen.homily-service.net/an2006/mp3/b12dmann.mp3
Cette homelie convient pour tous les temps, mais elle vaut encore plus en ce moment. Meme nous chretiens, nous avons cede a la peur, on a perdu confiance et foi aussi bien en Dieu qu’en Jesus-Christ. A leur egard nous sommes devenus plaintifs, ce qui veut dire que pour nous aussi, quand bien meme chretiens Jesus dort et ronfle. Il ne s’occupe pas de nous. Or nous oublions, comme vous l’avez souligne, que quand tout va bien pour nous, on l’enferme dans nos tiroirs. Il n’en ressort qu’au moment de l’epreuve. Il est devenu comme un parapluie qui n’a sa valeur que periodiquement, cad quand il pleut. Nous sommes appeles a renouveler notre confiance et notre foi en Dieu et en son Fils aussi bien pour le meilleur que pour le pire. Nous sommes rappeles a nous recharger nos batteries de foi. Prions les uns pour les autres, encourageons-nous mutuellement surtout pendant ce moment de crise afin que notre foi et confiance demeure vives pour notre salut et le salut de tous nos freres et soeurs. Dieu nous exauce. grand merci pour ta devotion grace a laquelle nous sommes spirituellement nourris chaque semaine. Dieu vous illumine toujours.