Homélie du 22ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 20 août 2015Une religion du cœur
Textes bibliques : Lire
En écoutant la Parole de Dieu chaque dimanche, nous découvrons ce que Dieu dit aux hommes pour conduire leur vie. Cette parole est lumière pour leur route.
La première lecture nous rappelle ce qui s’est passé pour le peuple d’Israël : sous la conduite de Moïse, Dieu les a sortis de l’esclavage d’Égypte. En donnant sa loi à son peuple, Dieu lui offrait “un passeport pour la liberté”. En effet, seuls les peuples libres ont une loi. Les autres sont soumis à l’arbitraire et à la violence. Cela nous le voyons tous les jours. Le livre du Deutéronome, que nous avons écouté, a été écrit bien longtemps après l’Exode. Sur la montagne du Sinaï, Dieu a fait alliance avec son peuple. Il s’est engagé envers lui et il a tenu sa promesse. Mais le peuple n’a pas toujours été fidèle à l’alliance. Il a fini par se détourner de son Dieu. Il n’a pas compris à quel point Dieu les aime. L’auteur du livre du Deutéronome vient rappeler que la loi donnée au Sinaï est une loi à pratiquer et à vivre. Elle est la fierté d’Israël face aux nations païennes. Cette loi se résume en deux grands volets : l’amour de Dieu et l’amour de nos frères.
Le premier volet regarde Dieu : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… Tu sanctifieras le jour du Seigneur…” Ce qui est premier, c’est de nous rappeler que Dieu est notre créateur et qu’il est passionné d’amour pour le monde. En dehors de lui, toute recherche de bonheur est vaine. Tout ce que nous avons, tout ce que nous sommes est un don de Dieu. La seule attitude digne d’un croyant c’est de mettre toute notre confiance en ce Dieu et de construire notre vie sur lui. Nous sommes renvoyés au grand commandement de l’amour. C’est là que nous trouvons le seul vrai bonheur.
Le deuxième volet concerne le prochain : “Tu honoreras ton père et ta mère… Tu respecteras les biens du prochain…” Il s’agit d’éviter tout ce qui peut faire du tort aux autres. Dieu aime son peuple d’un amour passionné. Notre réponse doit devenir de plus en plus à la hauteur de la sienne. Il est essentiel pour tous d’écouter ces deux commandements et de les mettre en pratique. C’est important pour nous aussi. Nous vivons dans un monde affronté à la violence, l’indifférence, le mépris et toutes sortes de malheurs. Notre mission c’est d’y vivre autrement et d’y porter l’amour.
Dans sa lettre, saint Jacques s’adresse à des nouveaux baptisés. Il les invite précisément à vivre autrement. Au jour de leur baptême, ils ont accueilli la vie nouvelle. C’est comme une lumière au milieu des ténèbres de l’humanité. Au centre de cette vie, il y a Jésus Christ. Il est la Parole donnée pour que le monde ait la vie. Cette parole est semée en chacun de nous. Il nous revient de l’accueillir humblement ; elle est capable de nous sauver. Comme le Deutéronome, saint Jacques nous invite à la mettre en pratique : “La manière pure et irréprochable de pratiquer la religion, c’est de venir en aide aux orphelins et aux veuves et de se garder propres au milieu du monde.”
Dans l’évangile, nous voyons Jésus face aux pharisiens. Ces derniers sont les gardiens de la loi de Moïse et des traditions. Aujourd’hui, les pharisiens constatent de nombreuses infractions commises par les disciples. Il s’agit de manquements aux traditions des anciens. Mais Jésus leur reproche de laisser de côté les commandements de Dieu pour s’attacher aux traditions des hommes. Aujourd’hui, il voudrait nous dire que le plus important n’est pas de se laver les mains mais de se laver le cœur. Jésus nous invite à faire la vérité dans tous nos actes religieux, nos pratiques religieuses, notre prière et tout ce qui est important pour nous.
Cet évangile nous invite à faire notre examen de conscience : il y a des paroles qui sonnent creux. Elles ne correspondent pas à des sentiments vrais. Nous n’aimons pas qu’on nous parle comme si on nous récitait une leçon. Pour Dieu c’est pareil. Il n’accepte pas de notre part des prières vides, vides de notre cœur. Nous ne pouvons atteindre Dieu qu’avec le cœur. Dans notre vie de relation de Dieu avec nous et de nous avec Dieu, tout se joue au niveau du cœur. Vivre en chrétien, c’est vivre intensément cette alliance d’amour entre Dieu et nous. Il n’y a que cela qui compte. On comprend alors que Jésus soit déconcerté par les critiques des pharisiens qui lui reprochent de ne pas respecter les traditions religieuses. Si l’évangile nous rapporte cet événement, c’est pour attirer notre attention sur nous. Comme eux, nous avons facilement tendance à juger la religion des autres. L’intolérance n’est pas que chez les Islamiste. Elle peut être aussi chez ceux qu’on pourrait appeler les “christianistes”. L’intolérance n’a rien à voir avec l’Évangile.
En critiquant et en dénonçant, nous ne faisons qu’ajouter un peu plus d’amertume à ce monde. Notre bataille contre le mal doit commencer par le cœur. C’est dans le cœur que nous devons planter les bonnes herbes de la solidarité, de l’amitié, de la patience, de l’humilité, de la piété, de la miséricorde et du pardon. Le chemin vers cette plantation, c’est l’Évangile qui nous le trace. Il nous apprend à mettre tous les jours un peu plus d’amour dans notre vie. En ce jour, nous nous tournons vers le Seigneur et nous le supplions : Toi qui es Lumière, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour.”
Sources : Dimanche en Paroisse, Feu Nouveau, Paroles d’Evangile d’un vieux prêtre de Montpellier, Parole de Dieu pour chaque jour de 2012 (V. Paglia, Homélies du dimanche (L. Soulier), L’intelligence des Ecritures (MN Thabut)
Cette homélie est tirée des archives de 2012. Le 30 aout, je serai avec le pèlerinage diocésain à Lourdes. Je vous emporte tous dans mes bagages
Merci pour ton homélie, pour l’intervention de Soeur Claire et bon voyage à Lourdes !
C’est vrai que le Seigneur nous apprend à mettre tous les jours un peu plus d’amour dans notre vie. Je constate que je deviens un peu meilleure avec mon entourage, je m’énerve moins surtout lorsque j’ai de beaux coeur-à-coeur avec Jésus. C’est pour cela que je viens quotidiennement sur NDP me ressourcer.
NDP = http://www.notredamedelapaix.fr
Bon pélérinage, Jean ! Merci de nous emmener avec vous ! les bagages risquent d’être un peu lourds !
Oui, c’est vrai, mais ce fardeau, le Seigneur le porte avec nous
merci abbé pour ce message édifiant; le seigneur vous bénisse
Jésus ne mâche pas ses mots, il ne fait, certes que reprendre les paroles d’Isaïe : “il est inutile, le culte qu’ils me rendent”. “Ce peuple m’honore, des lèvres, mais son coeur est loin de moi”. Ces phrases cinglantes nous donnent à réfléchir; est-ce que notre culte à nous est aussi inutile ? il le serait s’il n’était qu’un culte en paroles, sans engagement de notre coeur, ce qui est contraire à l’Evangile. Nos liturgies; aussi belles soient-elles, ne peuvent se limiter à n’être que des cérémonies où serait respecté tout le rituel, mais où ferait défaut l’amour sincère, l’attachement au Seigneur.
Sans rejeter le rituel, Jésus déplace le centre de la gravité de l’attitude religieuse qui n’est pas le rite, mais le coeur.
Quant à la première lecture, tirée du Deutéronome : la Loi donnée par Dieu, celle qu’il ne faut pas confondre avec les préceptes humains dénoncés par l’Evangile.
Dans sa lettre, Jacques propose un art d’atteindre la perfection par l’écoute de la parole de Dieu et sa mise en pratique dans la vie quotidienne. Cette lecture s’intègre bien aux autres textes. “Mettez la parole en application, ne vous contentez pas de l’écouter.”
La Parole, en effet est “plantée en vous”. Cette semence, à nous de la faire fructifier et lui faire porter du fruit. Chantons avec le psalmiste : “Aujourd’hui, ne fermons pas notre coeur, mais écoutons la voix du Seigneur.
« Son cœur est loin de moi »
La vie intérieure est une chose primordiale… La vie active est la conséquence de la vie intérieure et n’a de valeur que si elle en dépend. On voudrait tout faire le mieux possible, avec perfection. Mais si ce n’est pas relié à la vie intérieure, cela ne sert de rien. Toute la valeur de notre vie et de notre activité relève de la vie intérieure, la vie de l’amour de Dieu et de la Vierge Marie, l’Immaculée, pas de théories ni de douceurs, mais la pratique d’un amour qui consiste dans l’union de notre volonté à la volonté de l’Immaculée.
Avant tout et par-dessus tout, nous devons approfondir cette vie intérieure. S’il s’agit vraiment de la vie spirituelle, les moyens surnaturels sont nécessaires. La prière, la prière et seulement la prière est nécessaire pour entretenir la vie intérieure et son épanouissement ; le recueillement intérieur est nécessaire.
Ne soyons pas inquiets pour des choses sans nécessité, mais doucement et dans la paix, essayons de garder le recueillement de l’esprit et d’être prêts à la grâce de Dieu. Voilà pourquoi le silence nous aide.
Saint Maximilien Kolb