Homélie du 25ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 12 septembre 2015Sur les chemins de la Vie…
Textes bibliques : Lire
Dimanche dernier, le prophète Isaïe nous parlait d’un homme persécuté, tout simplement parce qu’il avait reçu de Dieu une mission et un engagement. Aujourd’hui, le livre de la Sagesse nous renvoie à la situation des juifs qui sont partis à l’étranger. Dans le cas présent, il s’agit de ceux qui sont à Alexandrie. Les grecs le ridiculisent parce qu’ils prétendent avoir une connaissance particulière de Dieu. Ils se disent fils de Dieu et mis à part.
C’est ainsi qu’on les voit dénigrés de toutes les manières. Mais ils ont la ferme certitude que Dieu ne les abandonnera pas : “Les justes sont dans la main de Dieu qui veille sur eux.” Ils sont victimes de la haine des païens mais aussi des juifs qui ont renié leur foi. Pour ces derniers ce n’est pas supportable. La fidélité des croyants est un reproche vivant pour ceux qui ont renié leur foi. Mais le mal et la haine n’auront pas le dernier mot. Quelqu’un disait à Lourdes : “Là où il y a des montagnes de souffrance, il y a un Himalaya d’amour (L’Himalaya c’est la plus haute montagne du monde). Nous sommes donc invités à demander au Seigneur qu’il nous rende fermes dans la foi. Il n’abandonne jamais ceux qui comptent sur lui.
Dans la seconde lecture, saint Jacques s’adresse à des chrétiens qui sont dispersés dans l’empire Romain. Beaucoup sont éblouis par le prestige de la culture grecque. Ils finissent, eux aussi, par abandonner leur foi et la pratique de leur religion. Ils raillent et persécutent ceux qui sont restés fidèles. Saint Jacques dénonce cette hypocrisie. Il leur rappelle que les guerres et les conflits viennent de tous ces instincts qui mènent leur combat en nous. Tout cela finit par polluer la prière. Personne ne songe à prier quand il se livre à la recherche avide des biens d’ici-bas. La vraie lumière, nous ne pouvons la trouver que dans la sagesse qui descend de Dieu. Elle est “droiture, paix, tolérance, compréhension, féconde en bienfaits”. Elle transforme notre cœur. Elle rendra possible la vraie paix.
L’Évangile nous montre également cette opposition entre l’esprit du monde et l’esprit de Dieu. L’événement qui nous est rapporté se passe juste après la Transfiguration. Les apôtres Pierre, Jacques et Jean ont été les témoins émerveillés de la gloire de Dieu. Ils ont entendu la voix du Père qui le déclarait “Bien aimé de Dieu”. Ils s’attendaient pour lui à un destin glorieux et victorieux.
Or voilà que Jésus leur annonce qu’il va affronter la souffrance et la haine des hommes. Il sera arrêté, condamné et mis à mort sur une croix. Les disciples ne comprennent plus parce que c’est totalement contraire à l’idée qu’ils se font du Messie. Ils découvrent que celui qui prendra la tête de l’humanité sera traité comme un rebut.
La suite du récit nous montre bien qu’ils n’ont rien compris. En effet, ils en viennent à discuter entre eux pour savoir qui est le plus grand parmi eux. C’est l’éternelle question du pouvoir. Que ce soit en politique, en économie ou dans le milieu professionnel, on veut se mettre en position de force, on veut dominer l’autre et le soumettre à son vouloir personnel.
Ce n’est pas ainsi que Jésus voit les choses. Pour les conduire vers une vraie perfection, il prend un enfant et le place au milieu d’eux. Dans le monde de la Bible, l’enfant c’est celui qui n’a pas droit à la parole. C’est le dernier de tous. Accueillir un enfant comme celui qu’il leur montre, c’est accueillir Jésus lui-même. La vraie grandeur, c’est l’accueil et le service des petits. C’est ainsi que l’humble service est élevé au rang de service de Dieu. C’est important pour nous, en particulier pour ceux qui sont engagés dans des associations caritatives.
A travers ces trois lectures de la Bible, c’est Dieu qui nous parle. Le juste qui souffre (1ère lecture) nous renvoie aux chrétiens persécutés qui sont obligés de fuir leur pays. Nous pouvons aussi nous reconnaître à travers l’intrigant dont nous parle saint Jacques. Le Seigneur veut nous libérer de cette recherche de nous-mêmes. Dans l’Évangile, il nous rappelle que les vrais grands ne sont pas ceux qui recherchent les premières places et les honneurs mais ceux dont le cœur est ouvert aux autres.
Nous voilà donc provoqués à réviser nos positions puisque, aux yeux de Jésus, le plus grand c’est le plus petit. Quand notre monde fonctionnera selon cet ordre de grandeur, quand les plus fragiles seront au cœur de la communauté, la vie sera tout autre. Chacun peut, à son niveau, mettre en pratique cette parole qui sera celle de l’accueil final : “Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait”. Amen
Sources : Revue Signes – Homélies du dimanche (Mgr Léon Soulier) – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes – Homélies de l’année liturgique B (Simon Faivre – Reste avec nous quand vient le soir (Laurette lepage) – Homélies année B (Amédée Brunot) – Entretiens du dimanche (Noël Quesson)
Ils sont nombreux, ceux qui méditent le mal, qui s’en pennent aux petits sans défense, sans ressource, qui leur tendent des pièges, les dépouillent et les abandonnent au gré des courants. Bien sûr les circontances sont différentes, mal le mal est toujours omniprésent. Le croyant est toujours persécuté, spolié, déraciné… Suivre le Christ demande du courage car nous vivons dans un monde de l’indifférence, du chacun pour soi, du tout, tout de suite. Suivre le Christ, c’est aussi porter sa croix avec lui, se faire serviteur, il n’y a pas d’autre chemin pour nous que ce chemin dans lequel Jésus s’engage. “Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le serviteur de tous.’ comme Jésus l’est lui-même. Pour cela, il nous demande d’accueillir les plus petits d’entre les siens en qui il nous révèle son visage.
Voilà un Messie qui dérange ses disciples qui rêvaient d’un Messie vainqueur, glorieux, puissant, alors qu’il annonce sa Passion, qu’il sera maltraité, mis à mort et qu’il ressuscitera…
Suivre le Christ, comme le dit Jacques, c’est renoncer à la violence, à la jalousie et à toutes sortes d’actions malfaisantes.
Seigneur, donne-nous ta Sagesse qui est paix, droiture, tolérance, pleine de miséricorde.