Homélie du 28eme dimanche du temps ordinaire.
Abbé Jean Compazieu | 2 octobre 2015“Un tournant manqué”
Textes bibliques : Lire
La première lecture nous parle d’une perle de Grand prix : la sagesse biblique. Elle est participation à la sagesse de Dieu. Elle consiste à accueillir l’Esprit Saint qui veut habiter le cœur du baptisé. Nous ne pourrons l’acquérir que si nous nous laissons imprégner par l’Évangile. L’Esprit Saint ne demande qu’à agir dans notre cœur. Il nous aide à discerner ce qui est le meilleur. Il n’attend qu’une chose, c’est que nous lui ouvrions notre cœur. La sagesse nous amène à changer notre regard sur Dieu et sur le monde. À côté d’elle les richesses du monde n’ont aucune valeur.
Après cet éloge de la sagesse, nous avons celui de la parole de Dieu. C’est l’extrait de la lettre aux hébreux qui a été proclamé dans la deuxième lecture. C’est une parole qui ne se contente pas de nous instruire. Elle nous révèle à nous-mêmes tels que Dieu nous voit. Elle discerne ce qu’il y a de plus intime dans le cœur de chacun. Il nous faut absolument la prendre au sérieux car elle vient de Dieu. C’est vraiment Dieu qui nous parle et qui nous rejoint dans tout ce que nous vivons. Si nous restons en surface, si nous sommes trop encombrés ou repliés sur nous-mêmes, nous ne pourrons pas entendre celui qui vient frapper à notre porte. Si nous l’accueillons, elle nous illuminera notre vie. Elle viendra nous donner force et courage pour progresser sur le chemin de l’amour.
Avec l’Évangile nous découvrons le Christ qui nous est présenté comme sagesse et parole de Dieu. Il nous montre un homme qui vient trouver Jésus. Il lui pose la question qui lui tient à cœur : « Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus lui rappelle les commandements, celui de l’amour de Dieu et ceux de l’amour du prochain. L’homme répond qu’il a observé tout cela depuis sa jeunesse.
L’Évangile nous dit alors que Jésus posa son regard sur lui. Cette attitude de Jésus, nous la retrouvons très souvent dans les Évangiles. Rappelons-nous la vocation de Pierre. La manière dont Jésus l’a regardé suppose un appel. Quand Jésus appelle un disciple, il fixe son regard sur lui. Il fait rayonner sur lui l’amour même de Dieu. Cette manière d’aimer sort du Cœur de Jésus ; son regard et son amour sont pour nous un appel.
En appelant cet homme qui vient à lui, Jésus met le doigt sur ce qui ne va pas dans sa vie : avoir une vie correcte, ça ne suffit pas. C’est toute la différence entre une vie irréprochable et une vie amoureuse. Jésus nous invite à passer d’une vie délimitée par des commandements à une vie habitée par un amour. Cet amour ne peut se contenter du strict devoir. Il va beaucoup plus loin. Aimer c’est tout donner, c’est se donner à celui qui veut être notre unique berger. Avec lui nous ne manquons de rien. SainteThérèse disait : « Depuis que je suis devenu libre vis-à-vis des biens humains, je suis totalement heureuse. »
Mais l’homme dont parle l’Évangile n’a pas fait ce pas. Il n’a pas voulu renoncer à ses richesses. Il a préféré les garder pour lui plutôt que d’accueillir celle que Jésus lui offrait. Son attachement à la pacotille l’a empêché d’accueillir le seul vrai trésor qui pouvait le combler. Cette conversion qu’il n’a pas acceptée, d’autres l’ont vécue. Nous pensons à Saint François d ‘Assise. Il a rendu ses vêtements de luxe. Il s’en est allé tout joyeux et entièrement libéré pour se mettre à la suite du Christ.
Ce qui nous est proposé, celle de nous laisser envahir par ce regard et cet amour du Christ. Au jour de notre baptême, nous avons été immergés dans cet océan d’amour qui est en lui. Si nous restons en communion avec lui, nous comprendrons que ses exigences ne sont pas une menace mais un appel à vivre en plénitude.
Cet Évangile est un appel à ne pas nous crisper sur nos biens mais à les mettre au service des blessés de la vie. C’est à ce prix que nous serons des témoins de l’Évangile du Christ. Au terme de notre vie, nous serons jugés sur l’amour. Même si nous commettons des erreurs, nous ne devons jamais cesser d’aimer. C’est l’unique chemin pour avoir en héritage la vie éternelle.
Ta parole, seigneur, nous bouscule et nous réveille. Elle met dans la lumière nos zones d’ombre. Nous te prions : ouvre nos cœurs et nos oreilles. Que ta parole trace dans nos vies un chemin de lumière et de paix. Amen
Sous le figuier avec Nathanaël
Sources : Revue Signes – Homélies du Dimanche B (Mgr Léon Soulier) – Commentaires de Claire Patier – Semainier chrétien – Lectures bibliques des dimanches (A Vanhoye) – Reste avec nous quand vient le soir (Laurette Lepage)
Merci pour cette homélie qui m’a particulièrement touchée et pour le beau chant.
Merci Christiane pour ton commentaire. Tout le plaisir a été pour moi.
Elle est tranchante la Parole de Dieu ! elle entre en nous comme une épée , quand elle met en cause notre attitude vis à vis de l’argent. A notre époque, dans nos pays riches où l’argent fait loi, où il domine tout, où le profit justifie tout… Elle vient vraiment à contre-courant, cette phrase du Livre de la Sagesse : à côté de la Sagesse, l’argent sera regardé comme de la boue.
Oui, la Parole de Dieu nous interpelle. Que ferions-nous si Jésus nous demandait : Va, vends tout ce que tu as, et suis-moi ?” Mais le Seigneur nous demande de ne pas nous laisser entraîner, dominer par l’amour de l’argent, savoir se détacher de tout ce qui nous empêche de le suivre, être libre et se détacher de tout ce qui nous entrave.
Je rentre d’une réunion de tous les groupes liturgiques de notre ensemble paroissial. J’ai fait mon petit commentaire juste avant d’y aller, mais je pense que les textes de ce dimanche méritent d’être plus approfondis.
bonne nuit.
Moi aussi, je me rends compte qu’il y aurait beaucoup plus à dire. La Parole de Dieu est tellement riche
Mille merci Sr Claire pour ce beau commentaire. Vous m’avez fait aimer la Bible davantange.
En effet, Jean, la Parole de Dieu est tellement riche, que je trouve mon commentaire un peu mince. L’Evangile de ce 28ème dimanche s’intègre dans une succession de chapitres qui précèdent la montée de Jésus à Jérusalem; Jésus va vers l’abaissement, les souffrances, sachant qu’il va y trouver la mort. Ses disciples se rendent-ils vraiment compte que le Christ, le Messie de Dieu, n’est pas un Christ glorieux qui vient restaurer la royauté en Israël ? qu’il est le Serviteur souffrant chanté par le prophète Isaïe ? Jésus est clair : “Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie, la perdra.
Prendre sa croix et suivre Jésus, ce sera désormais pour tout chrétien, de s’arracher à l’égoîsme qui ne vit que pour soi, s’ouvrir aux autres, se donner aux autres. C’est ce
que le jeune homme riche a bien compris et le chemin sur lequel il a eu peur de s’engager. Rude chemin ! tout quitter pour aller mourir sur une croix ?
C’est pourtant la sagesse de Dieu et non pas celle des hommes, celle qu’a choisi Jésus.. Elle vient de Dieu,, elle est Esprit de Dieu. Elle s’est faite homme en Jésus Christ; “Sagesse Eternelle du Dieu vivant”. C’est elle qui nous fait connaître Dieu et l’appeler “Abba”.
Des nos jours, j’ai l’impression que nous avons perdu l’essence de l’église. Partir à l’église, prier… expression de nos actes de piété deviennent folklorique. Si nous prenons notre temps de contemplation, de méditation comme une obligation d’une pression extrinsèque, nous perdons le temps. Arriver à sentir, à goûter à la joie en Dieu et prendre le considérer comme source d’un vrai bonheur, nous permet à expérimenter l’omniprésence de Dieu en nous. Cette sensation nous libere des