Journée de prière pour les défunts (Homélie)
Abbé Jean Compazieu | 25 octobre 2015
Je suis la résurrection et la vie
Évangile : Jean 11, 17-27
Le mois de novembre est traditionnellement consacré à la prière pour les défunts. Ils font partie de notre vie, de notre histoire. Leur départ a été pour nous une séparation douloureuse. Pour d’autres cela s’est passé d’une manière plus paisible. C’est ce qui arrive quand on sait qu’un défunt a vécu toute sa vie pour cette rencontre avec le Seigneur.
Prier pour les défunts, c’est raviver notre espérance face à la réalité mystérieuse de la mort. Nous nous rappelons que la résurrection de Jésus nous ouvre un chemin. Avec lui nous sommes sûrs de triompher de la mort et du péché, dès maintenant et pour l’éternité. Cette prière nous invite également à réfléchir sur notre vie et à voir ce qui en fait la valeur. La seule chose qui en restera c’est notre amour pour Dieu et pour tous nos frères. Tout ce que nous aurons fait au plus petit d’entre les siens c’est à lui que nous l’aurons fait. « Dis-moi quel est ton amour et je te dirai qui tu es. » (Jean Paul II)
L’évangile de ce jour nous parle d’un passage vers une vie tout autre : « Je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. » Ce message nous rejoint dans notre désir de vivre. Nous le voyons bien, notre société se protège de plus en plus en prenant des assurances tous risques. Elle cherche à prolonger le plus longtemps possible la jeunesse ; elle lutte tant qu’elle peut contre les maladies. Pensons aussi à tous ceux et celles qui fantasment sur la réincarnation. Cette croyance ne fait pas partie de la foi des chrétiens. Tout le message de l’évangile est construit sur la résurrection de Jésus. Sans Jésus ressuscité, notre foi serait vaine. C’est son chemin que nous sommes invités à emprunter.
Il y a un mot qui pourrait résumer le message de cet évangile : C’est le mot « Passage. » L’évangile nous rappelle que toute notre vie nous prépare à passer de ce monde au Père. Mais nous nous rappelons aussi qu’au jour de notre baptême, nous avons été plongés dans l’amour de Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit, Dieu qui est amour. Désormais rien ne peut plus être comme avant. Nous avons sans cesse à passer d’une vie sans Dieu à une vie remplie de son amour.
Cette découverte, nous la faisons à travers le cheminement de Marthe. Elle vient de dire : « Je sais qu’il ressuscitera à la fin des temps. » Mais Jésus l’invite à faire un pas de plus : « Je suis la résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. » Croire à la résurrection à la fin des temps, c’est déjà pas mal. Mais avec l’évangile de ce jour, nous sommes invités à aller plus loin : la résurrection est en Jésus. A la suite de Marthe, nous sommes invités à faire confiance à sa parole.
La suite, nous la connaissons : « Enlevez la pierre… Lazare, viens dehors ! » Lazare est réellement mort. Jésus ne cache pas sa tristesse. Il pleure sur son ami comme nous le faisons pour l’un des nôtres qui vient de mourir. Mais il avait précisé que cette maladie était orientée vers la gloire de Dieu. Ce deuil va être l’occasion de la révéler. En même temps, nous voyons Marthe faire un passage important : Elle passe du « Je sais » au « Je crois. » Elle passe de la certitude théorique à la reconnaissance de celui qui est la résurrection.
Voilà cette bonne nouvelle qui remplit nos cœurs d’espérance : Celui qui croit en Jésus découvre avec émerveillement que la mort n’a pas le dernier mot. Désormais notre vie a un sens. Ce qui compte désormais c’est de suivre Jésus et de lui rester fidèles. Il nous assure que rien ne peut nous séparer de son amour : « Je suis avec vous tous les jours et jusqu’à la fin du monde. » Pour le moment, nous sommes en chemin avec des hauts et des bas. Mais le Seigneur est toujours là pour nous donner la force et le courage de tenir bon jusqu’au bout.
Notre foi en la résurrection est liée à notre foi au vrai Dieu qui est amour et vie. Il n’est pas le Dieu de la mort, mais celui de la vie. Son grand projet c’est de nous faire partager la plénitude de sa vie et de son amour. Pour le moment, nous sommes en apprentissage de notre vie de ressuscités. Nous sommes en train de ressusciter en nous laissant transformer par Jésus au plus profond de nous-mêmes. L’Eucharistie que nous célébrons chaque dimanche nous donne de participer à la vie totale qui s’achève dans la résurrection. Pour cette vie nouvelle, nous pouvons chanter la louange de Dieu.
grand merci pour cette espérance que vous semez inlassablement
Que le Seigneur vous bénisse
Monique
FETE DE TOUS-LES-SAINTS – année B – Dimanche 1er novembre 2015 – Evangile de Matthieu 5, 1-12
DU BONHEUR TERRESTRE AU BONHEUR DU CIEL
Chaque fois que survient une catastrophe ou une calamité naturelle, il y a toujours un journaliste ou un témoin rescapé pour s’exclamer : « Une vision d’apocalypse ! ». Ce mot est devenu synonyme d’horreur, de destruction épouvantable. Curieuse dérive car les dictionnaires grecs nous apprennent que « apocalypse » signifie « révélation », dévoilement d’une réalité cachée. Lorsque Jean, jadis, à Patmos, intitule son livre « Apocalypse de Jésus Christ », il transmet l’heureuse révélation qu’il a reçue : si l’histoire des hommes ressemble souvent à un enfer de crimes, de cruautés et de désastres, à travers ces dévastations qui font des millions de victimes, Dieu réalise le salut des hommes.
L’Apocalypse est donc une Bonne Nouvelle : en dépit des apparences, il n’y a pas une fatalité de la victoire du mal, une dictature de la mort, une déchéance inéluctable vers l’abîme. Jean contemple la réussite du projet de Dieu et nous y sommes convoqués. – 1ère lecture de ce jour.
J’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toutes nations. Ils se tenaient debout devant le Trône de Dieu et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. Et ils s’écriaient d’une voix forte : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau ! » Tous les anges se prosternèrent devant Dieu et ils disaient : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! » L’un des Anciens me dit : « Ces gens vêtus de robes blanches viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont purifiées par le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, et le servent, jour et nuit, dans son sanctuaire. Celui qui siège sur le Trône établira sa demeure chez eux. L’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. »
La vie de ces hommes a toujours été un dur combat contre les tentations mais ils sont devenus tous saints non par leur héroïsme, leurs talents, leurs extases mais parce qu’ils ont cru que le sang de Jésus leur donnait le pardon de toutes leurs fautes et les comblait de Vie.
Maintenant déjà, en suivant l’Agneau qui leur montre le chemin dans l’Evangile, leur existence est comme un pèlerinage qui les conduit à leur Père tandis que la multitude des Anges loue Dieu capable de cette merveille. Ils ne pleureront plus, ils étancheront leur désir d’amour aux sources du salut.
Prodigieuse vision apte à nous remplir d’espérance et de force pour continuer le combat. Marie, la Mère de Jésus, Joseph, Pierre et les Apôtres, les plus grandes figures de l’histoire – St Benoît, St François, St Dominique, St Vincent de Paul, P. Damien, M. Kolbe…- mais également les milliards d’hommes et de femmes, de tous âges, de toutes conditions, de toutes nations : enfin l’Humanité est reconstituée dans sa beauté. Enfin apparaît sa véritable grandeur, non celle que donnent la richesse, la gloire, la renommée, mais celle de l’amour portant les stigmates du service, des coups et de la persécution.
S’ils ont atteint le terme bienheureux de leur existence, c’est parce que, ici bas, ils avaient décidé de chercher le bonheur par le chemin révélé par Jésus, le Bon Pasteur qui veut nous éviter les impasses, les bonheurs mensongers pour nous accomplir en plénitude. – évangile du jour.
HEUREUX CEUX QUI S’ENGAGENT SUR LA VOIE DES BEATITUDES
Portique d’entrée de la mission de Jésus, ce message ne promulgue pas une loi : il invite quiconque à entrer, à prendre ce chemin étroit sans s’égarer sur la route large de la perdition.
Les huit Béatitudes vont par paires : nous ne cesserons jamais de les méditer.
Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Le trésor du Royaume ne peut être donné qu’aux pauvres. La pauvreté est d’abord intérieure, « en esprit », celle du cœur débarrassé de son orgueil et de sa vanité ; mais elle entraîne évidemment la sobriété, la simplicité du mode de vie. En effet « les doux héritant la terre » sont, d’après le psaume 37, les croyants qui jugulent leur avidité, n’accumulent pas les possessions, n’usent pas de violence pour accroître leurs biens, ont pitié des malheureux. Le pauvre attend le Seigneur avec confiance, il limite son avidité, il partage, il est désencombré de lui-même.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Il ne s’agit pas des gens qui sont en deuil et que l’on console par une vague promesse mais « des endeuillés de Sion » (Isaïe 61, 7), c.à.d. des gens qui souffrent terriblement de voir les impies saccager la Ville que Dieu voudrait bâtir avec les hommes qui désirent la justice de tout leur cœur. Que de raisons de sangloter en constatant la perversité de certains, en énumérant les victimes de leurs carnages, en voyant des femmes vendues comme esclaves et des enfants violés ! Ces spectacles à répétition nous jetteraient par terre, nous entraîneraient dans le désespoir : Jésus nous appelle à tenir bon dans l’espérance. Tandis que s’écrouleront les unes après les autres les folles constructions des impies, ceux qui ont faim de la justice et de la paix seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Dans la Bible, le cœur ne désigne pas l’affection mais le lieu central de la personne, là où elle prend ses décisions, où elle opte pour des valeurs. Le cœur peut se fermer, devenir insensible à autrui : il étouffera dans son blockhaus. Mais il est heureux s’il se garde tendre et fragile, s’il compatit aux détresses des autres, s’il se donne afin d’alléger leurs peines, les guérir de leurs maladies. Ce cœur recevra au centuple ce qu’il a pu donner, Dieu le comblera de sa miséricorde infinie.
Le cœur peut aussi être indécis, voltiger dans tous les sens, s’ouvrir à toutes les mixtures et impuretés : refusant d’opter, il reste aveugle. Mais le cœur qui rassemble ses énergies pour chercher vraiment, celui qui sera unifié, purifié par sa recherche de vérité, découvrira Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute
et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux !
C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.
Certains rêvent de paix, y aspirent, se fient à d’autres pour la faire ou, lassés, abandonnent toute recherche. Le croyant « heureux de Dieu » n’attend pas la paix : il la construit peu à peu, à longueur de vie comme un petit artisan. Il ne rate aucune occasion, il invente des procédés, il multiplie les démarches et lorsque son œuvre est détruite par les impies, sans se lasser il recommence. L’essentiel n’est pas que la paix surgisse définitive mais que le travail, l’artisanat opéré par la charité, se poursuive.
Pire que ses maladresses et ses échecs, l’artisan de paix fera l’expérience douloureuse, sanglante, de l’opposition, de la contradiction, des injures, des coups et même de la mort. Car la paix qu’il veut n’est pas celle d’un clan, d’une nation, d’une armée mais celle qui cherche à rassembler la diversité des hommes en une seule humanité, celle qui croit au respect de l’autre et non à la violence, celle qui se bâtit par le dialogue et le pardon. Toujours, hélas, certains enragés se lèveront contre cet idéal.
Devant le danger, la peur risquera de nous arrêter : aussi Jésus insiste fortement. Si on t’injurie, si on te frappe, si on te condamne au nom de ta foi et par attachement à Moi, ne crains pas. Car c’est alors que tu vivras l’ensemble des 8 Béatitudes :
Tu seras vraiment pauvre, dépouillé de tes biens et surtout de toi-même ; tu seras atteint par la souffrance des hommes, tu gémiras, tu pleureras avec eux sur tant de vies perdues ; ainsi ton cœur sera purifié de ses scories, unifié par un seul amour ; alors comblé par la miséricorde du Père tu pourras pardonner de tout ton cœur ; sans idéologie ni illusions mais avec patience et ténacité, tu apporteras ta petite pierre pour bâtir la paix. Et « ta récompense » sera d’être parfois incompris, critiqué, moqué et parfois frappé, condamné, persécuté pour ta foi.
Et tout cela, nous le recevrons, nous le vivrons comme une Bonne Nouvelle, un « Bonheur ». Alleluia !!
En suivant l’Agneau en compagnie de la multitude infinie de nos frères en foi, ensemble, rescapés de la grande épreuve, nous exulterons dans la Louange éternelle.
Raphaël D, dominicain.
“Ô mort, où est ta victoire ? Ô mort, où est ton dard venimeux ? ” (1 Co 15,55).
N’empêche que la mort nous bouleverse, elle nous remue intérieurement; elle nous met en face de notre finitude, de la limite temporelle de notre existence terrestre.
Perdre un être cher, un conjoint, un enfant, est un moment de grande souffrance. La vie est bouleversée; il faut du temps pour retrouver la paix, la sérénité.
La foi, seule peut nous aider à passer ce cap difficile. Nous savons que ceux qui nous ont quittés ne sont pas perdus, nous sommes toujours en communion avec eux; “je crois à la communion des saints, à la vie éternelle.”
C’est notre crédo, notre espérance.
Nous sommes en communion dans le Christ avec tous nos frères qui sont déjà morts et qui ont trouvé en Dieu, la vraie vie. Notre bien-aimé Seigneur, par sa résurrection, nous a ouvert les portes du Royaume . ” Jésus disait à la foule : “Tous ceux que me donne le Père viendront à moi; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors.”